La Bible de Rome
Psaumes N°51 à 100
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Introduction
1° La place du Psautier dans le canon biblique; ses divers noms. — Dans la Bible hébraïque, le livre des Psaumes ouvre la série des Ketubim ou Hagiographes (voyez le tome 1, p. 13. Cependant un certain nombre de manuscrits ne lui attribuent que le second rang, et mettent en tête le petit livre de Ruth). Les Septante et la Vulgate le rangent parmi les écrits sapientiaux, au second rang, le poème de Job occupant la première place.
Il porte très habituellement chez les Hébreux le nom de Séfer teillim, « livre des louanges » — par abréviation, tillim ou tillin, « louanges » — de la racine halal, d'où dérive aussi le mot alléluia. Quoique cette dénomination ne soit directement employée qu'une seule fois dans le psautier pour caractériser en particulier l'une de ses hymnes (Ps. 144, l; hébr. 145), il est certain qu'elle exprime fort bien le but et la nature des Psaumes en général, la plupart d'entre eux étant au fond des « alléluia », des louanges divines. Un autre nom, également très exact, est celui de tefillôt, « prières » que l'on trouve soit dans les titres de quelques psaumes isolés (Ps. 16, hébr. 17; 85, hébr. 86;. 89, hébr. 90; 101, hébr. 102; 141, hébr. 142), soit à la fin du Ps 72 de l'hébreu. Tous les Psaumes sont en réalité des prières dans le sens large de cette expression, selon la belle remarque de saint Jérôme : « lisez le psautier au complet. Vous n'y trouverez rien d'autre qu'une prière à Dieu adaptée à toutes les circonstances. (Contra Pelag., 1, 5). » Néanmoins une autre dénomination, également hébraïque par son origine, a prévalu dans l'Église chrétienne: c'est celle de psalmi, « psaumes ». Ce nom vient du grec ψαλμός, qui correspond très exactement à l'hébreu mizmor, et qui servait à désigner soit les sons d'un instrument à cordes, soit un chant accompagné de ce genre de musique. Dans le texte primitif de la Bible, cinquante-six psaumes sont intitulés mizmor. C'est par une métonymie analogue que l'on a appelé la collection des Psaumes: ψαλτήριον (nom d'un instrument à cordes chez les Grecs; le nébel des Hébreux. Voyez l'Atl. Arch. de la Bible, pl. 63, fig. 8 et 9), psalterium, d'où nous avons fait « psautier ».
2° Le nombre et la numération des Psaumes. - Cent cinquante : tel est le chiffre normal et canonique des poèmes contenus dans le psautier. Tout ce qui dépasse ce nombre est apocryphe, notamment le psaume 151, qu'on trouve dans plusieurs versions anciennes (il raconte la victoire de David sur Goliath).
Quoique d'accord pour le total, l'hébreu d'une part, les Septante et la Vulgate d'autre part, diffèrent pour la coupure de quelques psaumes; ce qui produit une divergence presque perpétuelle dans la numération (cette remarque a son importance à cause des citations). Les psaumes 9 et 10, 64 et 65 de l'hébreu, sont réunis de manière à n'en former que deux dans les Septante et la Vulgate; en outre, ces mêmes versions divisent en deux parties les psaumes 116 et 147 de l'hébreu (la version syriaque a aussi des différences de numération qui lui sont propres). Le tableau suivant indiquera ces variantes en détail. Ps. 1-8 Hébreu = Ps. 1-8 Septante et Vulgate ; Ps. 9-10 Hébreu = Ps. 9 Septante et Vulgate ; Ps. 11-93 Hébreu = Ps. 10-112 Septante et Vulgate ; Ps. 94-115 Hébreu = Ps. 113 Septante et Vulgate ; Ps. 116 Hébreu = Ps. 114-115 Septante et Vulgate ;
Ps. 117-146 Hébreu = Ps. 116-145 Septante et Vulgate ; Ps. 147 Hébreu = Ps. 146-147 Septante et Vulgate ; Ps. 148-150 Hébreu = Ps. 148-150 Septante et Vulgate.
On le voit, les Septante et la Vulgate sont ordinairement en retard d'un chiffre sur l'hébreu. A moins d'indication contraire, nous suivrons la numération de notre version latine, quoique celle de l'hébreu paraisse être la plus exacte.
Quelques psaumes ou parties de psaumes existent à l'état double : comparez Ps. 13 et 52; Ps. 39, 14-18, et 64; Ps. 16, 8-12; 59, 7-14, et 107.
3° Division du Psautier. — Les cent cinquante psaumes sont partagés, dans la Bible hébraïque, en cinq livres, que marquent soit des titres spéciaux (Séfer rišôn, Séfer šéni, etc., « Livre premier, Livre second, » etc.) (placés entre les psaumes 41 et 42, 72 et 73, 89 et 90, 106 et 107, d'après la numération du texte hébreu), soit des doxologies finales (Ps. 40, 14; 71, 19; 88, 53; 105, 48), ajoutées par les collecteurs des psaumes (excepté à la fin du cinquième et dernier livre, le psaume 150 formant lui-même une admirable doxologie). Cette division est antérieure aux Septante, puisqu'ils ont inséré les doxologies dans leur traduction; elle est même plus ancienne que la composition des Chroniques, puisque le passage 1 Chroniques 16, 36 cite la doxologie du quatrième livre (Ps. 150, 48) comme partie intégrante du psaume 150. Elle correspond vraisemblablement aux différentes phases de la collection du psautier, ainsi qu'on le verra bientôt. Elle correspond pareillement à celle du Pentateuque, l'ouvrage aux cinq tomes. « Moïse a donné aux Israélites les cinq livres du Pentateuque, dit un ancien midraš ou commentaire juif du Ps. 1, 1, et David leur a donné aussi les cinq livres des Psaumes, pour correspondre au Pentateuque. » Le psautier est donc une sorte de « Pentateuque, l'écho du Pentateuque mosaïque, résonnant du cœur d'Israël; c'est le livre quintuple de la synagogue à Dieu, de même que la Loi est le livre quintuple de Dieu à la synagogue ».
4° Histoire de la collection des Psaumes.- Les poèmes sacrés dont se compose le psautier n'ont pas été rassemblés par une seule et même main, ni à la même époque. Divers traits de la Bible démontrent jusqu'à l'évidence la pluralité des collecteurs, et fournissent de précieux indices sur les temps où ils vivaient.
Nous trouvons le premier de ces traits dans le psautier même, où nous lisons, à la fin du second livre (Ps. 72 hébr., 20) : « Ici se terminent les prières de David, fils d'Isaïe. » (la Vulgate, Ps. 71, 20, traduit imparfaitement : Defecerunt laudes David, filii Jesse). C'est là, bien certainement, une formule qui servait de conclusion à un très ancien recueil des psaumes, tout différent de la collection actuelle, et remontant à David ou à Salomon.
Second fait : la destination liturgique de la plupart des poésies de David, et des poètes contemporains de ce prince, rendit promptement nécessaire un recueil de ce genre, qui alla grossissant peu à peu, à mesure que de nouveaux psaumes étaient composés ou retrouvés. Troisième fait: nous apprenons précisément, 2 Chroniques 29, 30 (cf. Prov. 25, 1), que le saint roi Ezéchias manifesta un grand zèle pour la littérature inspirée, et que, de concert avec les lévites, il fit chanter les cantiques de David et d'Asaph. Or les psaumes 72-88, qui composent le troisième livre du psautier, appartiennent en grande partie à ces deux écrivains sacrés; d'où l'on a conclu qu'Ezéchias aurait lui-même réuni ou fait réunir en son nom cette partie du psautier. Quatrième fait : le passage 2 Mach. 2, 13 rapporte que Néhémie, - et sans doute Esdras avec lui, comme l'ajoute saint Jérôme, - s'occupa de rassembler les psaumes de David, les livres des prophètes, etc. Voilà un nouveau stade dans l'histoire de la collection du psautier. Avant, pendant et après l'exil, d'autres chants lyriques avaient paru; des psaumes plus anciens, qui ne faisaient pas partie des recueils précédents, avaient été découverts: on réunit alors le tout à ce qu'on possédait précédemment, et les deux derniers livres furent ainsi formés, tandis que les trois premiers subissaient quelques changements, par suite d'insertions nouvelles. C'est donc probablement au temps d'Esdras et de Néhémie, vers l'an 450 avant J.- C., que remonte le psautier sous sa forme actuelle (plusieurs textes du Nouveau Testament nous montrent que les Psaumes occupaient leur rang actuel au temps de Notre-Seigneur. Cf. Luc. 20, 42; 24, 44; Act. 1, 20, 13, 33).
Ces hypothèses, déjà garanties par des faits sérieux, le sont encore par l'étude intrinsèque du psautier, dans les parties duquel on reconnaît sans peine, d'une manière générale, « un progrès manifeste du plus ancien au plus récent : » les psaumes 1-42 ne contenant guère que des chants de David; les psaumes 43-90 renfermant la masse des cantiques de l'époque intermédiaire; les psaumes 91-150 la masse des chants plus modernes.
Souvent les psaumes ont été simplement ajoutés les uns à la suite des autres, sans liaison logique d'aucun genre; d'autres fois, il est visible que certains principes généraux de ressemblance ont servi de base pour les grouper: ainsi les psaumes 3 et 4 sont tous deux une prière du soir; les psaumes 5 et 6, tous deux une prière du matin; les psaumes 20 et 21 s'enchaînent mutuellement, comme font la prière et l'action de grâces, etc. (sur l'emploi très varié des noms divins 'Elohim et Yehovah dans les cinq livres du psautier, voyez le Man. Bibl., t. 2, n. 651. Ce fait est sans importance grave pour la critique, quoi qu'aient dit les rationalistes.)
5° Le sujet des Psaumes, leurs principales espèces. - « Dieu et l'homme, voilà le sujet des Psaumes : Dieu dans sa grandeur, sa bonté, sa miséricorde, ses bienfaits, sa justice; l'homme dans sa faiblesse, sa petitesse, sa misère, ses infidélités, et le besoin qu'il a du secours de son Créateur (Man. Bibl., t. 2, n. 655). » Ou plus brièvement, et d'une manière peut-être encore plus exacte : « Dieu, et l'homme en face de Dieu. » Comme l'a dit un autre interprète, Dieu est, pour ainsi dire, le soleil autour duquel gravitent tous les psaumes. Il est vraiment leur thème unique et perpétuel, à tel point que, « sur cent cinquante qui composent la collection, il n'y en a que dix-sept où il ne soit pas nommé dès le premier verset. » (Man. Bibl., l.c. Ce sont les Ps. 1, 2, 31, 36, 38, 44, 48, 51, 57, 77, 86, 113, 115, 120, 128, 132, 136).
Mais ce sujet unique est envisagé et traité sous des aspects très divers : quelques psaumes s'adressent directement à Dieu, pour l'invoquer, pour l'adorer et le louer, pour le remercier; d'autres célèbrent ses attributs, ses perfections sans nombre, ou admirent les merveilles opérées par lui dans la nature et dans l'histoire; d'autres exposent d"une manière subjective sa loi sainte, que le Pentateuque avait promulguée objectivement; d'autres contemplent les mystérieux problèmes de la vie humaine dans ses relations avec la providence divine, etc. De là des essais multiples de classification. La grande variété et le changement rapide des sentiments dans un même psaume rendent ce genre d'opération très difficile (voyez le Man. Bibl., t. 2, n. 656). On peut du moins distinguer : les psaumes eucharistiques, ou d'action de grâces (Ps. 8, 17, 18, etc.); les psaumes élégiaques, ou de prière plaintive (les sept psaumes pénitentiaux (6, 31, 37, 50, 101, 129, 142) en font naturellement partie) (Ps. 3, 5, 7, etc.); les psaumes didactiques (Ps. 1, 48, 118, etc.); les psaumes historiques (Ps. 77, 54, 55, etc.); les psaumes prophétiques ou messianiques (Ps. 2, 15, 21, etc.) (sur cette catégorie importante, voyez plus bas, au 9°).
6° Les titres des Psaumes et leur valeur.- Dans la version des Septante et dans la Vulgate, tous les psaumes, à part les deux premiers, sont munis d'un titre. Dans le texte hébreu, ces titres existent aussi habituellement; mais il y a jusqu'à trente-quatre psaumes qui en sont dépourvus. Ils indiquent tantôt le caractère, le sujet, le but du poème; tantôt l'auteur, tantôt l'occasion historique, tantôt l'accompagnement musical, tantôt tous ces détails en même temps. Ils sont d'ordinaire très courts, ne se composant parfois que d'un simple « Alléluia »; celui du psaume 59 est le plus long et le plus complet de tous.
Depuis la fin du 18ème siècle, on a beaucoup discuté sur leur origine, et plusieurs critiques ont nié soit leur authenticité, soit leur antiquité. Il est néanmoins vraisemblable qu'ils proviennent pour la plupart des auteurs mêmes des psaumes, car il est certain qu'ils sont très anciens. On démontre ce second point à l'aide de trois preuves principales. 1° Les titres des psaumes ne sont pas seulement antérieurs à la version des Septante, qui les contient; mais les traducteurs d'Alexandrie ne les ont quelquefois pas compris, et les rendent d'une manière inintelligible (de même la Vulgate, à leur suite): fait qui atteste une grande antiquité; on avait perdu la clef des expressions assez souvent énigmatiques qu'ils renferment. 2° D'autres poèmes bibliques ont des titres analogues, dont l'authenticité n'est pas douteuse. Cf. 2 Samuel 1,18, et 23, 1; Is. 38, 9; Hab. 3, 1, etc. 3° « Ils forment une partie intégrante de la collection (des Psaumes), et jusqu'aux temps modernes ils ont été, dans leur ensemble, admis sans contestation. Théodore de Mopsueste est, dans, l'antiquité, le seul qui ait élevé des doutes à ce sujet. » D'ailleurs « leur diversité, l'absence d'esprit de système, leur forme souvent obscure... sont des garanties d'une haute antiquité (Man. Bibl. , T. 2, n. 652). » Si les Septante en ajoutent un certain nombre qui ne se trouvent pas dans l'hébreu, ils l'ont fait assurément pour de bonnes raisons, et en s'appuyant sur des traditions alors existantes. Néanmoins on admet communément que les titres de quelques psaumes sont inexacts, et on n'hésite pas à les rejeter (nous les indiquerons dans le commentaire). Il en est plusieurs qui offrent à l'interprète des difficultés très sérieuses, et leur sens ne saurait être marqué que d'une manière hypothétique.
7° Les auteurs des Psaumes. — Les titres donnent le nom des auteurs de cent un psaumes dans la Bible hébraïque; de cent quinze dans les Septante et la Vulgate. Soixante-treize psaumes sont attribués à David par le texte hébreu (ce sont les Ps. 3-9, 11-32, 34-41, 51-65, 68-70, 86, 101, 103, 108-110, 122, 124, 131, 133, 138-145, d'après la numération de l'hébreu), quatre-vingt-huit par les Septante (ajoutez à la liste précédente les Ps. 10 suivant l'hébr., 32, 42, 66, 70, 90, 92-98, 113, 136). Toujours d'après les titres, le psaume 89 est de Moïse; deux psaumes (71 et 126) sont de Salomon; Asaph, maître de chœur du temple sous le règne de David (cf. 1 Chroniques 15, 16 et ss.; 2 Chroniques 24, 30), en aurait composé douze; de même « les fils de Coré », c.-à-d. les descendants du lévite révolutionnaire qui avait reçu un châtiment si terrible au temps de Moise (cf. Num. 16); Héman et Éthan, chargés de la musique du temple par David, avec Asaph (cf. 1 Chroniques 15, 16 et ss.), en composèrent chacun un.
Selon le texte hébreu, trente-quatre psaumes sont « orphelins », comme s'exprime le Talmud, c.-à-d. anonymes. Dans ce nombre, il en est plusieurs encore qui eurent probablement David pour auteur (par exemple, le Ps. 2. Cf. Act. 4, 25). Les Septante et la Vulgate en attribuent quelques-uns aux prophètes Jérémie, Ézéchiel, Aggée et Zacharie : simples conjectures, qui ne reposent pas toujours sur des bases bien solides.
Le livre des Psaumes est donc loin d'appartenir en entier à David, qui ne paraît pas en avoir composé beaucoup plus de la moitié. Divers écrivains, soit juifs, soit ecclésiastiques, ont pourtant affirmé, avec une énergie digne d'une meilleure cause, que tous les psaumes sans exception étaient du poète royal. « Sciamus errare, leur répondait saint Jérôme (Epist. 140, 4. Comparez ces lignes de saint Hilaire, Prob. In Ps., &2 : «Il est absurde d'attribuer tous les psaumes à David, et non à ceux dont ils portent manifestement les noms, puisqu'ils ont eu un si grand nombre d'auteurs, dont les noms figurent dans toutes les éditions. » Lorsque la Bible désigne le psautier par les noms de τά τού Δαυίδ (2 Mach. 2, 13) et de Δαυίδ (cf. Matth. 2, 45; Act. 4, 25, etc.), lorsque le concile de Trente lui donne l'épithète de Davidicum (Sess. 4), cela a lieu en vertu de l'adage: A fortiori fit denominatio. David demeure quand même « le principal et le plus grand poète lyrique d'Israël », le psalmiste par antonomase, comme le nomment les saints Livres: egregius psaltes Israel. (2 Samuel 23, 1. Cf. Eccli. 47, 8-10. D'après une gracieuse légende talmudique, le roi David avait suspendu sous ses fenêtres une harpe éolienne. Dès qu'elle rendait un son, il s'éveillait, et, piqué d'émulation, il composait un chant à la gloire de Dieu).
De cet aperçu relatif aux auteurs des Psaumes, il résulte que les dates extrêmes de la composition du psautier sont, d'une part, environ l'an 1050; d'autre part, environ l'an 450 avant J.-C., formant une ère d'à peu près six cents ans. Quant à l'opinion récente, d'après laquelle un grand nombre de psaumes ne remonteraient pas au delà de l'époque des Machabées, nous n'avons pas à la réfuter ici, tant elle est vaine; même dans les rangs rationalistes, elle a rencontré des adversaires très énergiques. (voyez Cornely, Historica et critica Introductio in utriusque Testamenti libros sacros, t. 2, pars 2, pp. 107-111)
8° Notre traduction latine des Psaumes. — La version grecque des Septante et la Vulgate, telles sont les deux plus importantes traductions du Psautier dans l'antiquité. La première « laissant fréquemment beaucoup à désirer dans les détails », et ayant en maint endroit, par suite d'une littéralité outrée, un coloris hébraïque non moins pénible que prononcé, l'on doit s'attendre à ce que la seconde, qui n'est qu'une version latine de cette traduction grecque, présente aussi un nombre considérable d'imperfections.
Voici en quelques mots, que nous empruntons au Manuel biblique (tome 2, n. 663), l'histoire du psautier tel qu'il est contenu dans la Vulgate. « Notre traduction latine des Psaumes est celle de l'ancienne italique; elle n'a pas été faite directement sur l'original hébreu... : c'est donc une œuvre de seconde main. Comme, du temps de saint Jérôme, par suite de la multitude des transcriptions qui en avaient été faites, elle était remplie de fautes, ce grand docteur, sur la demande du pape saint Damase, la retouche vers 383; ses corrections furent peu nombreuses, parce qu'il craignait de troubler, par de trop grands changements, les habitudes des fidèles qui savaient, la plupart, les Psaumes par cœur. Cette première révision est connue sous le nom de Psautier romain (du lieu où elle fut composée. « Jusqu'à saint Pie V, on se servit, dans toutes les églises de Rome, du Psalterium romanum; actuellement on ne s'en sert plus que dans l'église Saint-Pierre, pour le Bréviaire. L'invitatoire de Matines, Ps. 94, est tiré du Psalterium romanum; mais ce même psaume, intercalé dans le 3è nocturne de l'office de l'Épiphanie, est pris du Psalterium gallicanum. Les passages des Psaumes placés dans le Missel sont empruntés au Psautier romain, et non au Psautier gallican, employé dans le Bréviaire. »,Thalhofer, Erklaerung der Psalmen, pp. 12-13 de la 3è édit., 1871). On la jugea bientôt insuffisante. Saint Jérôme se remit donc à l'œuvre, entre 387 et 39l , et publia une seconde édition, plus soigneusement et plus amplement corrigée, de la version italique des Psaumes; elle porte le nom de Psautier gallican, parce qu'elle fut adoptée par les Églises des Gaules. Quand il entreprit plus tard une version nouvelle de l'Ancien Testament, sur le texte hébreu, il fit aussi, en 405, une traduction des Psaumes sur l'original: c'est le Psautier hébraïque. Quel que soit le mérite de cette version, les fidèles étaient si familiarisés avec l'ancienne italique, que l'Église a cru devoir, dans sa sagesse, conserver cette dernière dans les éditions de la Vulgate, d'après la recension désignée sous le nom de Psautier gallican. »
Quant aux caractères de notre version officielle des Psaumes, la même source les détermine fort bien, dans les termes suivants (Man. Bibl., ibid., n. 604): « Notre vieux Psautier latin a des défauts; il est souvent d'un style incorrect et barbare, obscur en quelques endroits, et même quelquefois il ne prend pas exactement le sens de l'original. Mais, quoiqu'il existe des différences nombreuses entre le texte hébreu et le texte latin, le fond de la doctrine est tout à fait le même, et les divergences sont, par conséquent, sans portée pour la religion (cf. Bossuet, Dissertatio de Psalmis, cap. 5. Oeuvres, édit. Lebel, t. 1, p. 52). De plus, quoique notre version de la Vulgate ne soit pas parfaite, elle a une force, une concision admirables, jointes à je ne sais quelle saveur agréable qui lui donne le plus grand prix, et fait que les paroles des chantres sacrés, sous cette forme de la langue populaire latine, frappent l'esprit et se gravent dans la mémoire beaucoup mieux que si elles étaient parées de toutes les élégances d'une langue moderne. » (voyez dans le Man. Bibl., t. 2, n. 686, une explication, par ordre alphabétique, des mots difficiles de la Vulgate en ce qui concerne les Psaumes.).
9° L'importance des Psaumes est évidente. C'est à bon droit qu'on les a nommés « une Bible dans la Bible », parce qu'ils en résument l'essence (« La raison pour laquelle le psautier est si fréquemment utilisé c'est qu'il contient toute l'Écriture. » S. Thom. Aq., Expositio aurea ad Davidem, Proleg. « A la vérité dire, je n'estime livre soubs le ciel qui puisse être comparé au Psaultier. Parquoy s'il nous fallait impétrer de Dieu par grandes prières et souhaits un long livre contenant sommairement la moelle de l'Écriture et les choses d'eslites d'icelle, il ne pourrait estre autre que le Psaultier, ou du tout semblable à iceluy. » Préface d'un vieux Psautier datant de 1552), ou « le cœur de la Bible ». « le livre des Psaumes, écrivait saint Augustin d'une manière plus générale encore (Proleg. In Psalmos), contient ce qui est utile à toutes choses. Il prédit les choses futures, il rappelle les gestes des anciens, il présente la loi aux vivants, il détermine une façon de faire les choses. »
Mais nous pouvons envisager cette importance à divers points de vue. 1. Sous le rapport historique. Rien ne saurait nous aider mieux que les Psaumes à connaître le peuple théocratique dans la partie supérieure et en même temps la plus intime de sa vie. Sans le psautier, nous n'aurions qu'une idée très imparfaite et superficielle de la religion israélite. Au contraire, les chants lyriques des Hébreux nous permettent d'étudier à fond leurs relations avec Dieu, leur foi, leur amour, leur tendre piété. Les Psaumes sont, de plus, en connexion perpétuelle et très étroite avec l'Ancien Testament.
Sous le rapport théologique. « Le livre des Psaumes, dit saint Basile (Hom. 1 in Psalm., n.2), contient une théologie complète. La prophétie de la venue de Notre-Seigneur dans la chair, les menaces du jugement, l'espérance de la résurrection, la crainte du châtiment, les promesses de la gloire, la révélation des mystères : toutes ces choses sont recueillies dans ce livre comme dans un vaste trésor ouvert à tous. » Rien de plus riche que la théologie, soit dogmatique, soit morale, des Psaumes, et l'on a pu composer des volumes spéciaux sur ce sujet intéressant (en particulier, J.Koenig, Theologie der Psalmen, Fribourg-en-Brisgau, 1852). Mais l'importance théologique des Psaumes consiste avant tout dans leurs prophéties relatives au Messie et à son Église : prophéties nombreuses, d'une grande clarté, qui nous aident d'une manière surprenante à suivre le progrès de la révélation sur la plus belle et la plus grave des questions. Non seulement le psautier est imprégné dans son ensemble de l'idée du Messie, telle que les oracles antérieurs l'avaient transmise, mais cette idée y prend un magnifique accroissement; elle se précise et se clarifie de plus en plus. Aussi ne faut-il pas s'étonner que, de tous les livres de l'Ancien Testament, le psautier soit le plus fréquemment cité dans le Nouveau (on a supputé que sur deux cent quatre-vingt-trois citations empruntées à l'Ancien Testament par le Nouveau, cent seize sont tirées des Psaumes).
Cependant tous les psaumes ne s'occupent pas du Messie, et, parmi ceux qui s'en occupent, tous ne le font pas de la même manière; de là le nom de Psaumes messianiques, appliqué seulement à un certain nombre d'entre eux. Et ici encore il faut distinguer, car les psaumes messianiques ne méritent pas tous cette épithète au même degré : quelques-uns annonçant le Christ et son règne d'après leur sens direct, littéral, de sorte qu'ils ne sauraient souffrir aucune autre application ; d'autres se rapportant tout d'abord, selon leur sens propre, à divers faits ou personnages de l'Ancien Testament, mais de telle sorte que ces faits, ces personnages, sont des types du Messie. Dans le premier cas, qui est relativement rare, on dit que les psaumes sont directement ou exclusivement messianiques (tels sont les Ps. 2, 21, 44, 71, 109; peut être aussi les Ps. 15 et 68); dans le second, ils le sont indirectement, ou suivant le sens typique et figuré (entre autres, les Ps. 8, 18, 34, 39, 40, 67, 77, 96, 101, 108, 116, 117, pour ne citer ici que les principaux).
Les psaumes messianiques nous sont parfois indiqués par les écrivains du Nouveau Testament, ou par le témoignage unanime de l'Église : leur caractère est alors indiscutable (à cette catégorie appartiennent les Ps. 2, 8, 15, 21, 39, 40, 44, 47, 48, 71, 77, 96, 101, 108, 109, 116, 117). D'autres fois, c'est le fond même des choses, un trait plus ou moins frappant, qui nous rappelle le Messie (Ps. 20, 23, 46, 84, 86, 88, etc) : garantie assurément bien inférieure à la précédente. Le consentement de quelques Pères ou exégètes anciens a également sa valeur pour établir le caractère messianique d'un psaume (Ps. 3, 17, 48, 54, 58, 66, 70, 87, 110, etc); mais il est nécessaire alors que l'application faite par eux à Notre-Seigneur Jésus-Christ et à son Église ne soit pas purement accommodatice. (« On ne doit pas ranger parmi les psaumes messianiques ceux que la liturgie applique, dans un sens accomodatice, à Jésus-Christ et à son Église, parce que celle-ci n'a pas certainement l'intention de décider par là, en vertu de son autorité, que l'application qu'elle fait d'un passage au Messie et à son royaume est réelle, objective, et voulue comme sens premier par le Saint-Esprit ». Thalhofer, Erklaerung der Psalmen, p. 16 de la 3è édition. Voyez dans l'excellent ouvrage du P. Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884, passim, l'explication concise des principaux passages messianiques du psautier. Cf. G. Reinke, Die messianischen Psalmen, Giessen, 1857-1858).
Sous le rapport liturgique. Chacun sait le rôle immense que les Psaumes ont joué et joueront à jamais dans les liturgies juive et chrétienne. Non qu'ils aient été tous composés dans un but liturgique; mais ceux-là même qui n'étaient à l'origine que l'effusion d'un sentiment individuel et privé s'adaptèrent merveilleusement à cette destination.
Nous possédons peu de détails sur l'emploi des Psaumes dans les cérémonies religieuses d'Israël avant l'exil. Plusieurs textes bibliques supposent cependant que le psautier formait dès lors le fond et la partie essentielle du culte public. Comp. 1 Chroniques 16; Is. 38, 20; Jer. 33, 11, etc., et les titres d'un certain nombre de psaumes. Il en fut de même après l'exil, ainsi que le dit clairement le Talmud en divers endroits, allant jusqu'à noter les psaumes qui étaient chantés à tels et tels jours (actuellement encore les Psaumes constituent une portion très importante du culte dans les synagogues).
Du culte juif, l'emploi des Psaumes passa dans le culte chrétien dès l'origine de l'Église (cf. 1 Cor. 14, 15, Eph. 5, 19; Col. 3, 16). Et rien de plus naturel, puisque les apôtres, et ceux des premiers chrétiens qui étaient issus du judaïsme, avaient été accoutumés à ce genre de prière. D'ailleurs le psautier n'a rien de spécifiquement juif; ses supplications et ses louanges convenaient mieux encore à la religion nouvelle qu'à l'ancienne (« Psalmus vox Ecclesiae est », a dit saint Ambroise, Praef. In Psalm., n. 9); aussi, lorsque la liturgie chrétienne s'organisa peu à peu, elle fit un usage très large des psaumes (voyez Bona, Opera omnia, Anvers, 1723, pp. 402 et ss.; Gerbert, De musica sacra, t. 1, cap. 1-3, etc): à tel point que les Églises de Syrie chantaient intégralement le psautier, « le cœur de Dieu, » ainsi qu'elles l'appelaient, à toutes les vigiles des fêtes; les Églises grecque et latine, une fois par semaine.
Sous le rapport moral et mystique. Cet emploi public et solennel des Psaumes n'empêchait pas leur emploi privé, qu'il excitait au contraire. « In Christi villa (c.-à-d. à Bethléem), écrivait saint Jérôme (Ep. 18. Cf. S. Greg. Nyss., in Psalm. c. 3), - et ce qu'il dit de Bethléem s'applique à cent autres villes, - extra psalmos silentium est; quocumque te vertas, arator stivam tenens Alleluia decantat, sudans messor psalmis se avocat, et curva attondens vites falce vinitor aliquid Davidicum canit. ». C'est que les Psaumes renferment un trésor inépuisable de saints enseignements, de consolations et d'encouragements célestes, qui s'approprient à tous les temps, à tous les pays, à chaque âme individuelle, à chaque situation de la vie. Le psautier est, comme l'Imitation de Jésus-Christ, un livre qui ne saurait vieillir. « Il a ceci de propre et d'admirable qu'il contient , décrits en lui, les mouvements de l'âme de chacun, ses mutations et ses punitions , de telle sorte que quiconque voudrait les recevoir de lui comme d'une image, et les comprendre, pourrait se transformer lui-même et devenir ce qui est écrit....Dans chaque chose, chacun trouvera des cantiques divins parfaitement adaptés à nous, à nos mouvements et à leur modération. (S. Athanase, Epist. ad Marcellinum, n. 10. Comparez Bossuet, Dissertatio in Psalmos, cap. 8). » « David est... le prince de la prière,.... le père de l'harmonie surnaturelle, le musicien de l'éternité dans les choses du temps, et sa voix se prête à qui le veut, pour gémir, pour invoquer, pour intercéder, pour louer, pour adorer (Lacordaire, Lettres à un jeune homme sur la vie chrétienne, pp. 190 et ss.).
10° Beautés littéraires du Psautier. — « Je ne m'étendrai pas sur les beautés littéraires du livre des Psaumes: les saints Pères ont tout dit, en mettant ces divins cantiques infiniment au-dessus des productions des lyriques profanes (le mot de saint Jérôme est bien connu : « David, notre Simonides, notre Pindare, notre Aldeus, notre Flaccus et notre Catullus, chante le Christ avec la lyre, et un plasterium à dix cordes. » Epist, L ad Paulin). Ils l'emportent, en effet, et par le fond des choses qu'ils renferment, et par la manière dont ils les expriment... Pour exprimer de si grandes pensées, les poètes de Sion avaient des images vives, des expressions pittoresques, des comparaisons frappantes, des tons hardis, des mouvements sublimes, enfin toutes les ressources du génie oriental secondé par l'inspiration. Lisez l'un après l'autre les lyriques anciens et modernes, vous ne trouverez rien dans leurs odes qui approche de la majesté et de la douceur des Psaumes; mais, à côté de ces richesses, vous n'admirerez pas moins la simplicité du style, qui contraste toujours dans la Bible avec la recherche des écrivains profanes (H.Laurens, Job et les Psaumes, pp. 158 et ss., Paris, 1839).
Nous pourrions citer, sur ce thème intéressant, toute une chrestomathie de passages remarquables, empruntés aux plus grands écrivains modernes. Les lignes suivantes de Lamartine suffiront: « Ce chantre divin (David) m'a souvent touché le cœur et ravi la pensée. C'est le premier des poètes du sentiment; c'est le roi des lyriques. Jamais la fibre humaine n'a résonné d'accords si intimes, si pénétrants, si graves; jamais la pensée du poète ne s'est adressée si haut et n'a crié si juste; jamais l'âme de l'homme ne s'est répandue devant l'homme et devant Dieu en expressions et en sentiments si tendres, si sympathiques et si déchirants. Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de cet homme, et si l'on remonte à l'époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre, si l'on pense qu'alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l'amour, le sang et les victoires des Muses et des coursiers dans les jeux de l'Élide, on est saisi d'un profond étonnement aux accents du Roi-Prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues... Lisez de l'Horace ou du Pindare après un psaume; pour moi, je ne le peux plus. » (Voyage en Orient).
En un mot, c'est à bon droit que les Psaumes « passent chez tous les peuples pour l'ouvrage le plus parfait que la poésie lyrique ait produit » (Ch. Nodier. Voyez les trésors de l'éloquence, Lille, 1846, 3è édit., t. 1, pp. 35 et ss.)
11° Les ouvrages à consulter ne manquent pas ici, puisque « les Psaumes sont le livre de l'Ancien Testament sur lequel on a le plus écrit », et que l'on compte « environ douze cents commentaires de ces chants sacrés » (Man. Bibl., t. 2, n. 672). Voici quelques-uns des plus utiles, tous sortis de la plume d'écrivains catholiques. Au temps des Pères, l'Expositio in Psalmos, attribuée à saint Athanase; les admirables Homiliae in Psalmos de saint Basile, qui ne portent malheureusement que sur vingt-deux psaumes; l'œuvre analogue et également incomplète de saint Jean Chrysostome; l'Interpretatio in Psalmos, de Théodoret de Cyr; les Tractatus super Psalmos, de saint Hilaire de Poitiers; les célèbres Enarrationes in Psalmos, de saint Augustin. Au moyen âge, de Psalmorum libro exegesis, du Vén. Bède; le commentaire incomplet de saint Thomas d'Aquin. Aux temps modernes, la Paraphrasis in Psalmos cum annotationibus, de Cornélius Jansénius, évêque de Gand (Anvers, 1614; travail concis et solide); le Commentarius in Psalmos de Génébrard (1582); le Commentarius in Psalmos et in cantica divini officii, de A. Agellius (Paris, 1611), qui est regardé à bon droit comme le meilleur ouvrage catholique du 17ème siècle
sur les Psaumes ; l'excellente Explication des Psaumes de Robert Bellarmin [Paris, Librairie de Louis Vives, 1855, en trois tomes téléchargeables gratuitement sur JesusMarie.com] [...] H. Lesêtre, le Livre des Psaumes, Paris, 1883 ; Mgr Meignan, David, roi, psalmiste, prophète, avec une introduction sur la nouvelle critique, Paris, 1889 (tous ces commentaires contemporains ont de la valeur, et peuvent rendre de grands services pour l'étude des Psaumes). […] (Voyez, dans le Man. bibl., t. 2, nn. 668-671, quelques excellentes recommandations pratiques sur l'étude des Psaumes.)
Psaume hébreu N°51 (Psaume N°50 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, psaume de David. 2 Lorsque Nathan le prophète vint le trouver, après qu'il fut allé vers Bethsabée. Le Psalmiste demande pardon de ses péchés, la conversion de son cœur et la réédification de la cité de Dieu, afin que les sacrifices qui y seront offerts lui soient agréables. 3 Aie pitié de moi, ô Dieu, selon ta bonté, selon ta grande miséricorde efface mes transgressions. Nathan avait remis à David, au nom de Dieu, aussitôt qu'il en eut fait l'aveu et témoigné son regret, le péché qu'il avait commis par son adultère et le meurtre qui en fut la suite (2 Samuel 12, 13). David ne laisse pas néanmoins d'implorer encore la miséricorde divine ; c'est que même après que la faute a été remise, il reste encore beaucoup de choses qui doivent être effacées par la miséricorde de Dieu, à savoir la concupiscence et les suites des péchés en général (Chrysostome, Théodoret). 4 Lave-moi complètement de mon iniquité et purifie-moi de mon péché. Faites-en disparaître toutes les traces de mon âme, tous les mauvais penchants qu'il y a fait naître ou fortifiés. 5 Car je reconnais mes transgressions et mon péché est constamment devant moi. Connaître son péché est un bon signe, parce que là où il y a le sentiment de la douleur, est aussi le sentiment de la vie (Ambroise). 6 C'est contre toi seul que j'ai péché, j'ai fait ce qui est mal à tes yeux, afin que tu sois trouvé juste dans ta sentence, sans reproche dans ton jugement. Quoique, par mes péchés, j’aie bien offensé les hommes, mes semblables, cependant toutes les offenses dont je me suis rendu coupable envers eux disparaissent en présence des offenses dont je me suis rendu coupable envers vous, Ô Dieu très-haut et très-bon. L'effet des péchés dont je me suis rendu coupable, surtout envers vous, a été de faire reconnaître comme vraies les promesses et les menaces que vous faites relativement au pardon et au châtiment du péché, et de vous rendre ainsi victorieux de vos adversaires, qui ont la témérité de vous accuser d'injustice (Thomas). Ou : Mon péché fait encore éclater davantage votre justice (Chrysostome), soit par votre miséricorde, grâce à laquelle j'ai obtenu mon pardon, soit par les peines temporelles qui me restent à subir, en sorte que vous apparaîtrez aux yeux de vos ennemis tout à la fois véritablement juste, sévère et plein de douceur. 7 Voici que je suis né dans l'iniquité et ma mère m'a conçu dans le péché. Ma mère, elle-même coupable par nature, m'a conçu vicié par le péché. Par ce péché, tous les anciens exégètes juifs et chrétiens entendent le péché originel, tous les hommes sont souillés par leur descendance selon la chair d'Adam pécheur (Jean 3, 6). Cette souillure est appelée péché, parce que le péché originel est la racine de tous les péchés, le texte en porte avec plus de précision : «dans le péché». 8 Voici que tu veux que la sincérité soit dans le cœur au dedans de moi fais-moi connaître la sagesse. Voici que vous aimez la vérité dans les cœurs ; c'est pourquoi enseignez-moi la sagesse cachée, c'est-à-dire de quelle manière je pourrai devenir un homme meilleur. 9 Purifie-moi avec l'hysope et je serai pur. Lave-moi et je serai plus blanc que la neige. la purification des lépreux se faisait avec l'hysope (Voir Lévitique 14, 6. Nombres 19, 6. 18) L’aspersion avec l’hysope était d’ailleurs une figure de la purification par le sang de Jésus-Christ. Hébreux 9, 10. 2. Que le chrétien réfléchisse donc, au sujet de ce passage, à ce sang adorable par lequel il obtient sa réconciliation. 10 Annonce-moi la joie et l'allégresse et les os que tu as brisés se réjouiront. Donnez-moi à entendre au fond de mon âme que mes péchés me sont remis (Jérôme, Théodoret). Alors, après avoir été entièrement abattu par la douleur, la joie me fera revivre. 11 Détourne ton visage de mes péchés, efface toutes mes iniquités. 12 Ô Dieu, crée en moi un cœur pur et renouvelle au dedans de moi un esprit ferme. 13 Ne me rejette pas loin de ton visage, ne me retire pas ton esprit saint. 14 Rends-moi la joie de ton salut et soutiens-moi par un esprit de bonne volonté. 15 J'enseignerai tes voies à ceux qui les transgressent et les pécheurs reviendront à toi. 16 Ô Dieu, Dieu de mon salut, délivre-moi du sang versé et ma langue célébrera ta justice. Pardonnez-moi le meurtre d’Urie et de ses compagnons (2 Samuel 11, 17). Saint Augustin et saint Jérôme prennent le sang comme synonyme de péché, parce que le péché est le fruit de la concupiscence qui réside dans la chair et dans le sang. 17 Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche publiera ta louange. 18 Car tu ne désires pas de sacrifices, je t'en offrirais, tu ne prends pas plaisir aux holocaustes. Je pourrais bien vous offrir des sacrifices mais vous ne les agréez pas sans un cœur repentant et contrit. C’est ce cœur que je vous offrirai et ce ne sera qu'alors que les victimes, comme signes des sentiments de mon cœur et comme type du sacrifice du Messie, pourront vous être agréables. 19 Les sacrifices de Dieu, c'est un esprit brisé, ô Dieu, tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit. 20 Dans ta bonté, répands tes bienfaits sur Sion, bâtis les murs de Jérusalem. Par Sion, il faut entendre, comme cela arrive souvent, le peuple élu (2 Rois 19, 21. Ps. Hébreux 48, 12. 69, 36. Isaïe 52, 8), et par Jérusalem, l'Église, l'assemblée des élus, qui devait être édifiée à neuf (Isaïe 60, 1). Sens : Puisqu'il n'y a qu'un cœur contrit qui vous soit agréable, donnez à votre peuple votre grâce, afin avec la grâce il se forme une Église nouvelle et sainte qui ait un cœur selon vos désirs. 21 Alors tu agréeras les sacrifices de justice, l'holocauste et le don parfait, alors on offrira des taureaux sur ton autel. Alors, quand Jérusalem aura été rebâtie, lorsque toutes les âmes se seront converties etc., on offrira le sacrifice dû, c'est-à-dire un sacrifice pacifique (de demande et d'action de grâces) promis par vœu ; dans le sens plus relevé le sacrifice de Jésus-Christ, et en général les sacrifices spirituels de l'Église nouvelle.
Psaume hébreu N°52 (Psaume N°51 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant. Cantique de David. 2 Lorsque Doëg l'Édomite vint faire à Saül ce rapport : David s'est rendu dans la maison d'Achimélech. David prédit à Doëg que sa trahison (1 Samuel 22) le rendra malheureux, et il espère pour lui en la miséricorde de Dieu. Le chrétien peut en même temps penser aux ennemis de Dieu, de l'Église et de son salut. 3 Pourquoi te glorifies-tu dans le mal, ô héros. La bonté de Dieu subsiste toujours. La bonté de Dieu ne veille-t-elle pas tous les jours sur moi, qui suis en butte à vos persécutions ? 4 Ta langue ne médite que malice, comme une lame aiguisée, fourbe que tu es. 5 Tu aimes le mal plutôt que le bien, le mensonge plutôt que la droiture. Séla. 6 Tu aimes toutes les paroles de perdition, ô langue menteuse. 7 Aussi Dieu va te renverser pour toujours, il te saisira et t'arrachera de la tente, il te déracinera de la terre des vivants. Séla. 8 Les justes le verront et ils seront effrayés et ils se riront de lui : 9 "Voilà l'homme qui ne prenait pas Dieu pour sa forteresse, mais qui se confiait dans la grandeur de ses richesses et se faisait fort de sa malice." Doëg était intendant des troupeaux du roi, position qui lui fournit les moyens d'amasser de grandes richesses. 10 Et moi, je suis comme un olivier verdoyant dans la maison de Dieu, je me confie dans la bonté de Dieu à tout jamais. Le traître Doëg sera exterminé ; moi, au contraire, je serai, dans le service de Dieu, verdoyant comme un olivier. L’olivier est le symbole de la paix et de la douceur. 11 Je te louerai sans cesse parce que tu as fait cela et j'espérerai en ton nom, car il est bon, en présence de tes fidèles. parce qu'il est consolant pour vos serviteurs.
Psaume hébreu N°53 (Psaume N°52 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, sur le ton plaintif. Cantique de David. 2 L'insensé dit dans son cœur : "il n'y a pas de Dieu." Ils sont corrompus, ils commettent des crimes abominables, il n'en est aucun qui fasse le bien. 3 Dieu, du haut des cieux, regarde les fils de l'homme, pour voir s'il se trouve quelqu'un d'intelligent, quelqu'un qui cherche Dieu. 4 Tous sont égarés, tous sont pervertis, il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul. 5 N'ont-ils pas de connaissance ceux qui commettent l'iniquité ? Ils dévorent mon peuple comme ils mangent du pain, ils n'invoquent pas Dieu. 6 Ils trembleront tout à coup d'épouvante, sans qu'il y ait sujet d'épouvante car Dieu a dispersé les os de celui qui campait contre toi. Tu les as confondus, car Dieu les a rejetés. Dieu détruit la puissance, les projets, les œuvres de ceux qui cherchent à plaire aux hommes, qui, en vue de leur avantage, par amour-propre, aspirent à la faveur des hommes. Il n’est pas ici question des moyens légitimes que l'en peut prendre pour gagner la bienveillance des hommes, c’est-à-dire des efforts que l’on fait pour leur être agréable eu vue du salut de leur âme (1 Corinthiens 10, 8). 7 Oh ! Puisse venir de Sion la délivrance d'Israël quand Dieu ramènera les captifs de son peuple, Jacob se réjouira, Israël sera dans l'allégresse.
Psaume hébreu N°54 (Psaume N°53 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant. Avec instruments à cordes. Cantique de David. 2 Lorsque les Ziphéens vinrent dire à Saül : David est caché parmi nous. Voir 1 Rois 23, 19. 26, 1). 3 Ô Dieu, sauve-moi par ton nom, et rends-moi justice par ta puissance. 4 Ô Dieu, écoute ma prière, prête l'oreille aux paroles de ma bouche. 5 Car des étrangers se sont levés contre moi, des hommes violents en veulent à ma vie, ils ne mettent pas Dieu devant leurs yeux. Séla. Les Ziphéens étaient bien indigènes, mais par leurs dispositions hostiles, ils étaient comme des étrangers, des barbares, par rapport à David. 6 Voici que Dieu est mon secours, le Seigneur est le soutien de mon âme. 7 Il fera retomber le mal sur mes adversaires dans ta vérité, anéantis-les. David, ayant appris de Dieu d’une manière surnaturelle qu'il parviendrait à la royauté, pouvait prédire la ruine de ses ennemis. C’est ainsi que le chrétien, appuyé sur les promesses divines, peut prédire la ruine des ennemis de l’Église et de son salut. 8 De tout cœur je t'offrirai des sacrifices, je louerai ton nom, Seigneur, car il est bon. sans y être obligé par vœu, par un pur sentiment de reconnaissance. 9 Il me délivre de toute angoisse et mes yeux s'arrêtent avec joie sur mes ennemis. m’ayant délivré en cette circonstance, je dois vous être reconnaissant. David peut aussi parler de sa délivrance de dangers antérieurs.
Psaume hébreu N°55 (Psaume N°54 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, avec instruments à cordes. Cantique de David. Selon l'opinion commune des exégètes David se plaint dans ce Psaume de la révolte d'Absalon, et spécialement du rebelle Achitophel (voir 2 Samuel 15, 31). Que le chrétien encore ici se souvienne des ennemis de son salut. 2 Ô Dieu, prête l'oreille à ma prière, ne te dérobe pas à mes supplications. 3 Écoute-moi et réponds-moi. J'erre çà et là, plaintif et gémissant, sous l’effet des afflictions (S. Augustin), en considération de mes peines (S. Jérôme) 4 devant les menaces de l'ennemi, devant l'oppression du méchant car ils font tomber sur moi le malheur et ils me poursuivent avec colère. Ils m'ont faussement imputé des fautes, et de cette manière ils ont attiré sur moi le malheur. 5 Mon cœur tremble au dedans de moi et sur moi fondent les terreurs de la mort. 6 La crainte et l'épouvante m'assaillent et le frisson m'enveloppe. 7 Et je dis : Oh si j'avais les ailes de la colombe, je m'envolerais et m'établirais en repos, afin que je fuie en quelque lieu, où je serai en sûreté contre mes ennemis (contre Absalon) (S. Jérôme). 8 voici que je fuirais bien loin et je demeurerais au désert. Séla. David, dans sa fuite devant Absalon, se retira dans le désert au-delà du Jourdain. 2 Samuel 15 et suiv. Dans le sens spirituel les ailes de la colombe sont les moyens qui nous communiquent les grâces de l'Esprit-Saint, grâces qui nous détachent de l’amour des créatures et nous établissent dans cette solitude où il n'y a que Dieu et l'âme (S. Augustin, S. Bernard). 9 Je me hâterais de chercher un asile, loin du vent impétueux, loin de l'ouragan. 10 Réduis-les à néant, Seigneur, divise leurs langues car je vois dans la ville la violence et la discorde. Faites que la division se mette dans leurs conseils (Voyez 2. Rois, 15, 31). David put avoir connaissance des menées et des projets de rébellion du parti d’Absalon, même avant sa fuite de Jérusalem. 11 Jour et nuit, ils font le tour de ses remparts, l'iniquité et la vexation sont au milieu d'elle, 12 la perversité est dans son sein, l'oppression et l'astuce ne quittent pas ses places. Les catastrophes la remplissent, et l’oppression et la fraude ne s'éloignent pas de ses places publiques. 13 Car ce n'est pas un ennemi qui m'outrage, je le supporterais. Ce n'est pas un adversaire qui s'élève contre moi, je me cacherais devant lui. 14 Mais toi, tu étais un autre moi-même, mon confident et mon ami. Tel était Achitophel. les Pères de l’Église, qui mettent ce psaume dans la bouche de Jésus-Christ, entendent par cet ami Judas et les autres traîtres qui trahissent la religion. 15 Nous vivions ensemble dans une douce intimité, nous allions avec la foule à la maison de Dieu. 16 Que la mort les surprenne, qu'ils descendent vivants au schéol car la méchanceté est dans leur demeure, au milieu d'eux. voir Nombres 16, 33. 17 Pour moi, je crie vers Dieu et le Seigneur me sauvera. 18 Le soir, le matin, au milieu du jour, je me plains, je gémis et il entendra ma voix. Je prie sans cesse, ou aux trois heures de prière de la journée (voir Daniel 6, 11). Les Hébreux commencent le jour par le soir. 19 Il délivrera en paix mon âme du combat qui m'est livré, car ils sont nombreux ceux qui me font la guerre. 20 Dieu entendra et il les humiliera, lui qui siège éternellement sur son trône. Séla. Car il n'y a pas en eux de changement et ils n'ont pas la crainte de Dieu. 21 il porte la main sur ceux qui étaient en paix avec lui, il viole son alliance. Chacun d’eux a étendu sa main contre ceux qui vivaient en paix avec lui, et profané son alliance (l’amitié). 22 De sa bouche sortent des paroles douces comme le lait et la guerre est dans son cœur. Ses discours sont plus onctueux que l'huile, mais ce sont des épées nues. 23 Remets ton sort au Seigneur et il te soutiendra, il ne laissera pas à jamais chanceler le juste. Le Psalmiste engage, dans une semblable persécution, à ne mettre sa confiance qu’en Dieu. Il ne permettra qu'il succombe devant ses ennemis ; ce seront eux, au contraire, qui succomberont. 24 Et toi, ô Dieu, tu les feras descendre dans la fosse de perdition. Les hommes de sang et de ruse ne verront pas la moitié de leurs jours. ils mourront d'une mort prématurée. Pour moi, je mets en toi ma confiance.
Psaume hébreu N°56 (Psaume N°55 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, sur la Colombe muette des pays lointains. Hymne de David. Lorsque les Philistins le saisirent à Geth. David s'étant retiré de la cour du roi Achis dans la caverne d’Odollam, plusieurs de ses anciens amis et une multitude de gens du peuple, au nombre d’environ quatre mille hommes, allèrent s’y joindre à lui. Ce fut, selon toute apparence, pour consoler ces compagnons de son infortune, qui se voyaient contraints de vivre loin de Jérusalem, où était fixé le sanctuaire, qu’il composa ce Psaume. Par les mots «la colombe lointaine», David veut, selon les uns, parler de lui-même, selon d’autres, faire entendre que le Psaume devait être adapté à la musique d’un chant commençant par les mêmes paroles. 2 Aie pitié de moi, ô Dieu, car l'homme s'acharne après moi tout le jour on me fait la guerre, on me persécute. Saül était le persécuteur de David. Le chrétien peut, en employant ces paroles dans sa prière, se souvenir de la corruption de la nature humaine, qui est avec l'Esprit dans un combat continuel. 3 Tout le jour mes adversaires me harcèlent car ils sont nombreux ceux qui me combattent le front levé. 4 Quand je suis dans la crainte, je me confie en toi. 5 Par le secours de Dieu, je célébrerai l'accomplissement de sa parole. Je me confie en Dieu, je ne crains rien, que peut me faire un faible mortel ? 6 Sans cesse ils enveniment mes paroles, toutes leurs pensées sont contre moi pour me perdre. Chaque jour ils épient tout ce que je dis et fais, et ils interprètent tout en mal. 7 Ils complotent, ils épient, ils observent mes traces, parce qu'ils en veulent à ma vie. 8 Chargés de tant de crimes, échapperont-ils ? Dans ta colère, ô Dieu, abats les peuples. 9 Tu as compté les pas de ma vie errante, tu as recueilli mes larmes dans ton outre, ne sont-elles pas inscrites dans ton livre ? …dans ton outre : souvenez-vous de mes larmes. 10 Alors mes ennemis retourneront en arrière, au jour où je t'invoquerai. Je le sais, Dieu est pour moi. 11 Par le secours de Dieu, je célébrerai l'accomplissement de sa parole, par le secours du Seigneur, je célébrerai l'accomplissement de sa promesse. 12 Je me confie en Dieu, je ne crains rien, que peut me faire un faible mortel ? 13 Les vœux que je t'ai faits, ô Dieu, j'ai à les acquitter. Je t'offrirai des sacrifices d'actions de grâces. Lorsque je serai délivré, j'accomplirai les voeux que je vous ai faits. 14 Car tu as délivré mon âme de la mort, n'as-tu pas préservé mes pieds de la chute ? Afin que je marche devant Dieu à la lumière des vivants.
Psaume hébreu N°57 (Psaume N°56 dans la Vulgate). 1 Au maître de chant. "Ne détruis pas." Hymne de David, lorsque, poursuivi par Saül, il se réfugia dans la caverne. Dans ce psaume David, après avoir été délivré d'un premier danger durant son exil, prie Dieu de continuer à le secourir. Il loue sa miséricorde, et lui en rend des actions de grâces. Le titre ne fait pas connaître avec précision quelle était la situation de David, lorsqu'il écrivit ce psaume, s’il faut nous reporter à l’histoire de 1 Samuel 22, ou à celle de 24, 4. Le verset 7 semblerait indiquer qu'il s’agit de ce qu’on lit 24, 4, savoir que Saül, pendant qu’il dressait des embûches à David, tomba lui-même en son pouvoir. Que le chrétien encore ici se souvienne des dangers et des ennemis de son salut. 2 Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi, car en toi mon âme cherche un refuge. Je m'abriterai à l'ombre de tes ailes, jusqu'à ce que la calamité soit passée. 3 Je crie vers le Dieu Très-Haut, le Dieu qui fait tout pour moi. 4 Il m'enverra du ciel le salut, mon persécuteur m'accable d'outrages Séla. Dieu enverra sa bonté et sa vérité. 5 Je couche au milieu des lions, des hommes qui vomissent la flamme, qui ont pour dents la lance et les flèches et dont la langue est un glaive tranchant. David était, durant son exil toujours environné, des troupes de Saül. 6 Élève-toi au-dessus des cieux, ô Dieu, que ta gloire brille par toute la terre. Faites voir, ô Dieu, que vous êtes le Dieu très-haut et très-puissant. 7 Ils avaient tendu un piège devant mes pas, déjà mon âme se courbait, ils avaient creusé une fosse devant moi, ils y sont tombés Séla. 8 Mon cœur est affermi, ô Dieu, mon cœur est affermi, je chanterai et ferai retentir de joyeux instruments. 9 Éveille-toi, ma gloire. Éveillez-vous, ma lyre et ma harpe. Que j'éveille l'aurore. Ma gloire : c'est-à-dire mon âme, car l'âme étant l’image de Dieu, est la gloire de l’homme. 10 Je te louerai parmi les peuples, Seigneur, je te chanterai parmi les nations. 11 Car ta fidélité atteint jusqu'aux cieux et ta vérité jusqu'aux nues. 12 Élève-toi au-dessus des cieux, ô Dieu, que ta gloire brille sur toute la terre.
Psaume hébreu N°58 (Psaume N°57 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant. Ne détruis pas. Hymne de David. 2 Est-ce donc en restant muets que vous rendez la justice ? Est-ce selon le droit que vous jugez, fils des hommes ? La justice peut-elle rester muette? Parlez, jugez selon l'équité, etc. 3 Non, au fond du cœur vous tramez vos desseins iniques, dans le pays vous vendez au poids la violence de vos mains. vous vendez comme étant de droit, l'injustice de vos actions. 4 Les méchants sont pervertis dès le sein maternel, dès leur naissance, les fourbes se sont égarés. 5 Leur venin est semblable au venin du serpent, de la vipère sourde qui ferme ses oreilles 6 et n'entend pas la voix de l'enchanteur, du charmeur habile dans son art. Ils sont endurcis, ils ne veulent pas revenir à de meilleurs sentiments. Encore de nos jours on cherche en Orient à ôter aux serpents, par divers moyens qu’on appelle enchantements, leur venin, et à les apprivoiser ; si la tentative ne réussit pas, on dit que les serpents sont sourds, et qu’ils n'entendent pas l'enchanteur. 7 Ô Dieu brise leurs dents dans leur bouche. Seigneur, arrache les mâchoires des lionceaux. 8 Qu'ils se dissipent comme le torrent qui s'écoule. S'ils ajustent des flèches, qu'elles s'émoussent. 9 Qu'ils soient comme la limace qui va en se fondant. Comme l'avorton d'une femme, qu'ils ne voient pas le soleil. 10 Avant que vos chaudières sentent l'épine, verte ou enflammée, l'ouragan l'emportera. Avant que vos marmites, ô impies, soient, dans vos campements au milieu du désert, réchauffées par le feu, un vent violent s’élèvera et emportera les épines (les branches), celles qui seront vertes comme celles qui seront embrasées. Tout cela est une manière de parler proverbiale : Avant que vos plans soient mis à exécution, ils seront anéantis. 11 Le juste sera dans la joie à la vue de la vengeance, il baignera ses pieds dans le sang des méchants. Le juste se réjouira du châtiment des impies, non par un sentiment de vengeance, mais par zèle pour la justice divine. Les pécheurs succomberont devant Dieu en si grand nombre, que les justes pourront se laver les mains dans leur sang. Saint Augustin dit que les justes lavent leurs mains dans le sang des pécheurs, en ce sens qu'ils s'efforcent de rendre leurs œuvres, qui sont marquées par les mains, de plus eu plus parfaites, lorsqu'ils voient la vengeance divine frapper les impies. 12 Et l'on dira : "Oui, il y a une récompense pour le juste. Oui, il y a un Dieu qui juge sur la terre". Véritablement le juste est récompensé et Dieu ne laisse pas l’injustice impunie.
Psaume hébreu N°59 (Psaume N°58 dans la Vulgate). 1 Au maître de chant. Ne détruis pas. Hymne de David. Lorsque Saül envoya garder sa maison pour le mettre à mort. Mais David, que Michol descendit par une fenêtre, s’enfuit à Najoth, Voir 1 Samuel 1, 19. 2 Délivre-moi de mes ennemis, ô mon Dieu, protège-moi contre mes adversaires. 3 Délivre-moi de ceux qui commettent l'iniquité et sauve-moi des hommes de sang. 4 Car voici qu'ils sont aux aguets pour m'ôter la vie. Des hommes violents complotent contre moi sans que je sois coupable, sans que j'aie péché, Seigneur. 5 Malgré mon innocence, ils accourent et s'embusquent. Éveille-toi, viens au-devant de moi et regarde. 6 Toi, Seigneur, Dieu des armées, Dieu d'Israël, lève-toi pour châtier toutes les nations, sois sans pitié pour ces traîtres et ces malfaiteurs. Séla. Ce n’est pas seulement sur ses propres ennemis que David appelle la justice de Dieu, mais dans l’ardeur de son zèle, il l'appelle encore sur les pécheurs en général, afin que le monde entier craigne Dieu, et que le nom de Dieu soit sanctifié. 7 Ils reviennent le soir, ils grondent comme le chien, ils font le tour de la ville. En se retirant, ils seront affamés comme des chiens sans maître, et parcourront la ville pour me trouver. Plusieurs Pères de l'Église entendent par là les ennemis de Dieu en général, et plus particulièrement les Juifs qui ont renié Jésus-Christ, et qui ne se convertiront au Seigneur qu’à la fin des temps, après avoir recherché avec inquiétude dans le monde les biens temporels, et avoir souffert la faim du pain de vie. 8 Voici que leur bouche vomit l'injure, il y a des glaives sur leurs lèvres : "Qui est-ce qui entend ?" disent-ils. Qui est celui qui entend, qui avons-nous à craindre ? 9 Et toi, Seigneur, tu te ris d'eux, tu te moques de toutes les nations. 10 Ma force, c'est vers toi que je regarderai, car Dieu est ma forteresse. 11 Le Dieu qui m'est propice viendra au-devant de moi. Dieu me fera contempler mes ennemis. 12 Ne les tue pas, de peur que mon peuple n'oublie, fais-les errer par ta puissance et renverse-les, ô Seigneur, notre bouclier. de peur que mes peuples ne l'oublient, ne permettez pas qu'ils meurent subitement, afin que ceux qui dépendent de moi, mes partisans, puissent prendre exemple sur le châtiment dont vous les aurez frappés. Ceux qui mettent ce Psaume dans la bouche de Jésus-Christ, comme en effet beaucoup de psaumes peuvent être mis dans sa bouche, puisque David était un type du Messie, voient dans les paroles de ce verset la prière de Jésus-Christ pour la conservation des Juifs, afin qu’ils soient pour les chrétiens un exemple qui leur tienne lieu d’avertissement. 13 Leur bouche pèche à chaque parole de leurs lèvres, qu'ils soient pris dans leur propre orgueil, à cause des malédictions et des mensonges qu'ils profèrent. 14 Détruis-les dans ta fureur, détruis-les, et qu'ils ne soient plus ; qu'ils sachent que Dieu règne sur Jacob, jusqu'aux extrémités de la terre. Séla. 15 Ils reviennent le soir, ils grondent comme le chien, ils font le tour de la ville. 16 Ils errent çà et là, cherchant leur proie et ils grognent s'ils ne sont pas rassasiés. Les versets 15 et 16 sont, ainsi que le verset 7, appliqués, dans un sens spirituel, à tous les esprits inquiets et épris du monde, qui vivent loin de Dieu. 17 Et moi, je chanterai ta force et le matin je célébrerai ta bonté car tu es ma forteresse, un refuge au jour de mon angoisse. 18 O ma force, je chanterai en ton honneur, car Dieu est ma forteresse, le Dieu qui m'est propice. Plein de reconnaissance pour les bienfaits de Dieu, dit saint Augustin, David ne sait lui donner aucun nom qui lui convienne mieux que celui de Dieu miséricordieux, nom qui doit être pour tous une source de consolation, sans que personne puisse désespérer.
Psaume hébreu N°60 (Psaume N°59 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, sur le Lys du témoignage. Hymne de David, à enseigner. C'était l’usage de remettre au peuple des chants nationaux, pour qu'il les apprenne de mémoire et en fasse le sujet de ses méditations (voir 2 Samuel 1, 18. Deutéronome 31, 19). 2 Lorsqu'il fit la guerre aux Syriens de Mésopotamie et aux Syriens de Soba et que Joab revint et battit Édom dans la vallée du Sel, lui tuant douze mille hommes. Après l’heureuse victoire qu’il remporta sur les Syriens et les Édomites (2 Samuel 8), les ennemis que David avait encore autour de lui ne furent pas entièrement abattus ; ils demeurèrent même encore puissants (2 Samuel 10, 6). Il serait donc possible qu'ils se fussent jetés dans le pays, et qu'ils tinssent Israël dans une dure oppression. Dans cette extrémité, le Psalmiste adresse sa prière à Dieu, il trace le tableau des maux de son peuple (3-7), il espère qu’il sera secouru et qu’il domptera les ennemis du dehors (8-10), et il est plein de confiance en Dieu, qui lui a donné la dernière victoire sur Édom (11-14). Il n'est rien dit de cette oppression du peuple d'Israël dans les livres de Samuel, des Rois et des Chroniques ; mais ce n’est pas là une preuve contre l'exactitude du titre, puisque ces livres ne sont que des extraits d'annales plus étendues. On lit 1 Chroniques 18, 12 le nombre 18000, et le nom d'Abisaï au lieu de Joab, ce nombre peut être une rectification des 12000, ou une faute de copiste, et Abisaï est mis à la place de Joab comme commandant l’armée sous ses ordres. Saint Augustin, saint Jérôme et d’autres Pères de l'Église mettent ce Psaume dans la bouche de l’Église, qui est souvent sur la terre en butte aux persécutions, mais qui ne laisse pas d'attendre avec confiance de Dieu son maintien et son accroissement. Le chrétien, qui en sa qualité de membre de l’Église, partage en petit ses destinées, se souviendra dans sa prière du règne de la vertu, qu’il est appelé, non sans obstacle, il est vrai, mais avec le secours de la grâce de Dieu et le concours de sa propre volonté, à établir et à affermir en lui. 3 Ô Dieu, tu nous as rejetés, tu nous as dispersés, tu étais irrité, rends-nous ta faveur. 4 Tu as ébranlé le pays, tu l'as déchiré. Répare ses brèches car il chancelle. Images du désordre qui suivit l'invasion des ennemis, et des plaies qui à cette occasion furent faites à l’État. 5 Tu as fait voir à ton peuple de rudes épreuves, tu nous as fait boire un vin de vertige. Le calice (le vin) marque en général le sort que Dieu fait (Ps. Hébreux 16, 5) ; le calice ou le vin de vertige marque un état de stupeur, d’effroi, et spécialement l’état de celui qui est frappé par les jugements de Dieu. Ps. Hébreux 75, 9. Isaïe 51, 17, 22. Apocalypse 13, 10. 6 Mais tu as donné à ceux qui te craignent une bannière, afin qu'elle s'élève à cause de ta vérité. Séla. Vous avez néanmoins élevé un signal de guerre, auprès duquel tous ceux qui me sont fidèles ont pu, après le malheur dont ils ont été affligés, se réfugier. 7 Afin que tes bien-aimés soient délivrés, sauve par ta droite et exauce-moi. 8 Dieu a parlé dans sa sainteté : "Je tressaillirai de joie. J'aurai Sichem en partage et je mesurerai la vallée de Succoth. Le Psalmiste s'en réfère à la parole même de Dieu. Suit maintenant la promesse relative à l’expansion du royaume de Juda, qui était une figure de l’Église de Dieu. Sichem est la ville de Jacob, et elle est mise pour le pays en deçà du Jourdain ; la vallée de Succoth est mise pour le pays d'au-delà. Sens : je domine à mon gré sur les contrées d’en-deçà et d’au-delà du Jourdain (nous n'avons donc pas à craindre de les perdre, pour les voir passer à nos ennemis). 9 Galaad est à moi, à moi Manassé. Éphraïm est l'armure de ma tête et Juda mon sceptre. Manassé, Éphraïm et Juda étaient situés de ce côté-ci du Jourdain. Sens : je demeure maître de mon pays, et mon peuple le tient comme son héritage. Le chrétien pensera sur les versets 8, 9, 10, aux promesses de protection et d'agrandissement faites à l’Église : ou au règne de la vertu, qui doit prendre racine et avoir son principe dans son propre cœur. 10 Moab est le bassin où je me lave. Sur Édom, je jette ma sandale. Terre des Philistins, pousse des acclamations en mon honneur." Moab est le vase de mon bain, c’est-à-dire me sera profondément soumis ; je placerai mon pied sur Édom, je me l’assujettirai. 11 Qui me mènera à la ville forte ? Qui me conduira à Édom ? 12 N'est-ce pas toi, ô Dieu, qui nous avais rejetés, ô Dieu, qui ne sortais plus avec nos armées ? N'êtes-vous pas le Dieu clément qui ferez, et qui avez fait tout cela ? n'avons-nous donc pas sujet d'espérer en vous, même dans les afflictions présentes ? 13 Prête-nous ton secours contre l'oppresseur. Le secours de l'homme n'est que vanité. 14 Avec Dieu nous accomplirons des exploits, il écrasera nos ennemis.
Psaume hébreu N°61 (Psaume N°60 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, sur les instruments à cordes, de David. David, durant sa fuite devant Saül ou Absalon, demande à Dieu la conservation de la dignité royale pour lui et ses descendants, spécialement pour le descendant qui devait sortir de lui, le Messie, au sujet duquel il avait été instruit (Ps. Hébreux 2). Le chrétien adressera la même prière à Dieu dans les afflictions, ranimant en lui l'espérance dans le bonheur à venir et l’éternité du royaume de Dieu. 2 Ô Dieu, entends mes cris, sois attentif à ma prière. 3 De l'extrémité de la terre je crie vers toi, dans l'angoisse de mon cœur conduis-moi sur le rocher que je ne peux pas atteindre. David était alors ou bien poursuivi par Saül, ou en fuite devant Absalon. Le chrétien se souviendra de son séjour sur la terre, qui est comme un exil, ou de ses autres tribulations. 4 Car tu es pour moi un refuge, une tour puissante contre l'ennemi. 5 Je voudrais demeurer à jamais dans ta tente, me réfugier à l'abri de tes ailes. Séla. Je prierai encore, et pour toujours, dans votre sanctuaire. 6 Car toi, ô Dieu, tu exauces mes vœux, tu m'as donné l'héritage de ceux qui révèrent ton nom. Le nom est ce qui distingue l'être ; c'est pourquoi il est mis pour l'être lui-même. 7 Ajoute des jours aux jours du roi, que ses années se prolongent d'âge en âge. 8 Qu'il demeure sur le trône éternellement devant Dieu. Ordonne à ta bonté et à ta vérité de le garder. Le roi sera ensuite pour toujours auprès de Dieu. Comme chaque chrétien règne avec Jésus-Christ, et est, dans l’ordre de la nature, un roi qui a le monde sous ses pieds, il est donc roi également, et se souviendra à la lecture de ce passage de l'éternelle félicité dont il jouira auprès de Dieu. 9 Alors je célébrerai ton nom à jamais et j'accomplirai mes vœux chaque jour.
Psaume hébreu N°62 (Psaume N°61 dans la Vulgate). 1 Au maître de chant... Idithun, psaume de David. 2 Oui, à Dieu mon âme en paix s'abandonne, de lui vient mon secours. 3 Oui, il est mon rocher et mon salut il est ma forteresse, je ne serai pas tout à fait ébranlé. 4 Jusqu’à quand vous jetterez-vous sur un homme, pour l'abattre tous ensemble, comme une clôture qui penche, comme une muraille qui s'écroule ? 5 Oui, ils complotent pour le précipiter de sa hauteur, ils se plaisent au mensonge, ils bénissent de leur bouche et ils maudissent dans leur cœur. Séla. 6 Oui, ô mon âme, à Dieu abandonne-toi en paix, car de lui vient mon espérance. 7 Oui, il est mon rocher et mon salut il est ma forteresse, je ne chancellerai pas. 8 Sur Dieu reposent mon salut et ma gloire le rocher de ma force, mon refuge, est en Dieu. 9 En tout temps, ô peuple, confie-toi en lui, épanchez devant lui vos cœurs, Dieu est notre refuge. Séla. 10 Oui les mortels sont vanité, les fils de l'homme sont mensonge dans la balance ils monteraient, tous ensemble plus légers qu'un souffle. Quand on met les enfants des hommes dans la balance de la justice, ils montent, parce qu'ils sont sans poids, comme les choses les plus vaines. La liaison avec ce qui précède et ce qui suit est : Placez votre espérance en Dieu (v. 9) ; les hommes n'inspirent aucune confiance ; n’espérez pas davantage dans l'injustice et les richesses, qui les rendent puissants. 11 Ne vous confiez pas dans la violence et ne mettez pas un vain espoir dans le vol. Si vos richesses s'accroissent, n'y attachez pas votre cœur. Voir 1 Corinthiens 7, 30-31. 12 Dieu a dit une parole, ou deux, que j'ai entendues : "La puissance est à Dieu, 13 à toi aussi, Seigneur, la bonté." Car tu rends à chacun selon ses œuvres.
Psaume hébreu N°63 (Psaume N°62 dans la Vulgate) 1 Psaume de David. Lorsqu'il était dans le désert de Juda. Dans le temps où il était fugitif devant Saül. 1 Samuel 22, 5. 2 Ô Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aurore, mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi, dans une terre aride, desséchée et sans eau. 3 C'est ainsi que je te contemplais dans le sanctuaire, pour voir ta puissance et ta gloire. De même que David, tous les justes sont sur la terre comme dans un désert, où les eaux de la consolation et de la vraie paix ne coulent que lorsque Dieu les donne. 4 Car ta grâce est meilleure que la vie : que mes lèvres célèbrent tes louanges. La faveur d’être devant vous dans votre sanctuaire, le sentiment de votre adorable présence, vaut mieux que le sentiment de la force vitale, vaut mieux que la vie même. 5 Ainsi te bénirai-je toute ma vie, en ton nom j'élèverai mes mains. 6 Mon âme est rassasiée, comme de moelle et de graisse et, la joie sur les lèvres, ma bouche te loue. Je suis comblé de la joie de votre présence dans votre sanctuaire. La graisse est ici l’image de la joie. 7 Quand je pense à toi sur mon lit, je médite sur toi pendant les veilles de la nuit. Le Psalmiste exprime avec quelle ardeur il soupire après Dieu. Lorsque, dit-il, je pense à vous durant les veilles de la nuit, je ne m’endors plus, mais j’ai l'esprit et le cœur occupés de votre amour et de votre grâce jusqu’au matin. La nuit était divisée en trois veilles, et plus tard elle le fut en quatre (voir Juges 7, 19. Matthieu 14, 25). 8 Car tu es mon secours et je suis dans l'allégresse à l'ombre de tes ailes. 9 Mon âme est attachée à toi, ta droite me soutient. 10 Mais eux, cherchent à m'ôter la vie, ils iront dans les profondeurs de la terre. 11 On les livrera au glaive, ils seront la proie des chacals. 12 Et le roi se réjouira en Dieu. Quiconque jure par lui se glorifiera, car la bouche des menteurs sera fermée.
Psaume hébreu N°64 (Psaume N°63 dans la Vulgate). 1 Au maître de Chant, psaume de David. 2 Ô Dieu, écoute ma voix, quand je fais entendre mes plaintes défends ma vie contre un ennemi qui m'épouvante, 3 protège-moi contre les complots des malfaiteurs, contre la troupe soulevée des hommes iniques, 4 qui aiguisent leurs langues comme un glaive, qui préparent leurs flèches, leur parole amère, leurs flèches : leurs paroles empoisonnées, douloureuses, nuisibles 5 pour les décocher dans l'ombre contre l'innocent, ils les décochent contre lui à l'improviste, sans rien craindre. 6 Ils s'affermissent dans leurs desseins pervers, ils se concertent pour tendre leurs pièges ils disent : "Qui les verra ?" 7 Ils ne méditent que forfaits : "Nous sommes prêts, disent-ils, notre plan est bien dressé." L'intérieur de l'homme et son cœur sont un abîme. 8 Mais Dieu a lancé sur eux ses flèches : soudain les voilà blessés. 9 On les jette par terre, les flèches de leur langue retombent sur eux. Tous ceux qui les voient hochent la tête. Leur langue les soulèvera les uns contre les autres (excitera la division parmi eux), en sorte que tous ceux qui les verront, hocheront la tête, et que tous les hommes seront saisis de frayeur 10 Tous les hommes sont saisis de crainte, ils publient l'œuvre de Dieu, ils comprennent ce qu'il a fait. Dieu a rendu vains les funestes projets de mes ennemis, et en sera loué. 11 Le juste se réjouit dans le Seigneur et se confie en lui, tous ceux qui ont le cœur droit se glorifient.
Psaume hébreu N°65 (Psaume N°64 dans la Vulgate). 1 Au maître de chant, psaume de David. Cantique. Dans ce Psaume, Dieu est loué pour tous les bienfaits qu’il répand sur la terre. Il fut, suivant quelques-uns, composé par David comme un hymne d'action de grâces pour la fête de la moisson (Exode 23, 16). D'après plusieurs exégètes catholiques, c'est un Psaume prophétique qui contient l'expression de à reconnaissance de l’Église formée des nations (v. 3). Le chrétien qui l’emploiera dans sa prière se souviendra des faveurs qu'il a reçues pour le corps et pour l’âme. 2 A toi est due la louange, ô Dieu, dans Sion c'est en ton honneur qu'on accomplit les vœux. 3 O toi, qui écoutes la prière, tous les hommes viennent à toi. Tous les hommes se tourneront vers vous, et un jour toutes les nations se convertiront à vous. Isaïe 66, 23. 4 Un amas d'iniquités pesait sur moi : tu pardonnes nos transgressions. Le Psalmiste commence son hymne d'action de grâces et de louanges par l’aveu sincère que lui et son peuple sont coupables, parce que toute prière qui ne procède pas d’un cœur humble et pénitent, est rejetée de Dieu. 5 Heureux celui que tu choisis et que tu rapproches de toi, pour qu'il habite dans tes parvis. Puissions-nous être rassasiés des biens de ta maison, de ton saint temple. Des grâces que vous accordez dans votre temple. 6 Par des prodiges, tu nous exauces dans ta justice, Dieu de notre salut, espoir des extrémités de la terre et des mers lointaines. Vous en qui espèrent tous les peuples, toutes les contrées et toutes les îles. 7 Il affermit les montagnes par sa force, il est ceint de sa puissance, 8 il apaise la fureur des mers, la fureur de leurs flots et le tumulte des peuples. Après avoir conjuré le Seigneur avec humilité de l’exaucer (v. 3-4), et hautement déclaré que le bonheur consistait à paraître devant Dieu pour le prier, le Psalmiste commence son hymne de louange (7-14). 9 Les habitants des pays lointains craignent devant tes prodiges, tu réjouis les extrémités, l'Orient et l'Occident. Dans les contrées où apparaît l'aurore, et dans celles où se montre le crépuscule, partout à l'Occident et à l'Orient, on découvre les traces de vos bénédictions. 10 Tu as visité la terre pour lui donner l'abondance, tu la combles de richesses. La source divine est remplie d'eau : tu prépares le blé, quand tu la fertilises ainsi. La rosée et la pluie qui tombent du ciel, images de la grâce divine. 11 Arrosant ses sillons, aplanissant ses mottes, tu l'amollis par des ondées, tu bénis ses germes. 12 Tu couronnes l'année de tes bienfaits, sur tes pas ruisselle la graisse. La graisse est ici l’image de la joie. 13 Les pâturages du désert sont abreuvés et les collines se revêtent d'allégresse. 14 Les prairies se couvrent de troupeaux et les vallées se parent d'épis, tout se réjouit et chante.
Psaume hébreu N°66 (Psaume N°65 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant. Cantique, psaume. Pousse vers Dieu des cris de joie, terre entière. Dans un sens plus élevé, ce Psaume est un hymne d'action de grâces pour les bienfaits dont nous sommes redevables à Jésus-Christ, et dont la résurrection est le sceau. Le Psaume est en général un cantique d'action de grâces pour la délivrance, et le chrétien peut par conséquent très bien en faire l'application à son salut. 2 Chantez la gloire de son nom, célébrez magnifiquement ses louanges. 3 Dites à Dieu : "Que tes œuvres sont redoutables à cause de ta toute-puissance, tes ennemis te flattent. Vos ennemis ne pouvant vous résister, ils se soumettront à vous, il est vrai, mais non avec sincérité et de bonne volonté ; ils ne se soumettront que par contrainte, et seulement par dissimulation. 4 Que toute la terre se prosterne devant toi, qu'elle chante en ton honneur, qu'elle chante ton nom." Séla. 5 Venez et contemplez les œuvres de Dieu. Il est redoutable dans ses desseins sur les fils de l'homme. Admirable dans ce qu'il fait pour les hommes. 6 Il a changé la mer en une terre sèche, on a passé le fleuve à pied, alors nous nous réjouîmes en lui. Allusion au passage miraculeux des Israélites à travers la mer Rouge (Exode 14) et le Jourdain (Josué 3, 13 et suiv.). L'un et l'autre fait était une figure du passage des chrétiens par les eaux du baptême, ou une figure du baptême, où le chrétien renonce à tout ce qui est mal, de même que les Israélites furent, par ces événements miraculeux, délivrés de la misère et de la servitude d’Égypte (1 Corinthiens 10, 1). 7 Il règne éternellement par sa puissance ses yeux observent les nations : que les rebelles ne s'élèvent pas. Séla. Comme s'ils pouvaient échapper à ses châtiments, car il les voit ainsi que leurs actions. 8 Peuples, bénissez notre Dieu, faites retentir sa louange. 9 Il a conservé la vie à notre âme et n'a pas permis que notre pied chancelât. 10 Car tu nous as éprouvés, ô Dieu, tu nous as fait passer au creuset, comme l'argent. 11 Tu nous as conduits dans le filet, tu as mis sur nos reins un fardeau. 12 Tu as fait marcher des hommes sur nos têtes, nous avons passé par le feu et par l'eau mais tu nous en as tirés pour nous combler de biens. On ne peut déterminer avec certitude quelles sont les souffrances du peuple d'Israël que le Psalmiste a ici (10-12) dans la pensée. Le chrétien peut sur ces versets, se souvenir des persécutions que l’Église et ses saints, spécialement les martyrs, ont eu à endurer (Voir 2 Corinthiens 12, 6 et suiv.), ainsi que des afflictions et des épreuves par lesquelles il faut que toute âme chrétienne passe, pour devenir semblable à Jésus-Christ. 13 Je viens dans ta maison avec des holocaustes, pour m'acquitter envers toi de mes vœux, 14 que mes lèvres ont proférés, que ma bouche a prononcés au jour de ma détresse. 15 Je t'offre des brebis grasses en holocauste, avec la fumée des béliers, j'immole le taureau avec le jeune bouc. Séla. 16 Venez, écoutez et je vous raconterai, à vous tous qui craignez Dieu, ce qu'il a fait à mon âme. 17 J'ai crié vers lui de ma bouche et sa louange était sur ma langue. 18 Si j'avais vu l'iniquité dans mon cœur, le Seigneur ne m'exaucerait pas. L’iniquité de mon cœur : le défaut de sincérité, l'hypocrisie et autres péchés 19 Mais Dieu m'a exaucé, il a été attentif à la voix de ma prière. 20 Béni soit Dieu, qui n'a pas repoussé ma prière et n'a pas éloigné de moi sa grâce.
Psaume hébreu N°67 (Psaume N°66 dans la Vulgate). 1 Au maître de chant. Avec instruments à cordes, psaume. Cantique. 2 Que Dieu nous soit favorable et qu'il nous bénisse, qu'il fasse briller sur nous son visage. Séla. 3 afin que l'on connaisse sur la terre ta voie et parmi toutes les nations ton salut. Les préceptes que vous nous avez donnés pour notre salut, votre religion. 4 Que les peuples te louent, ô Dieu, que les peuples te louent tous. 5 Que les nations se réjouissent, qu'elles soient dans l'allégresse car tu juges les peuples avec droiture et tu conduis les nations sur la terre. Séla. 6 Que les peuples te louent, ô Dieu, que les peuples te louent tous. 7 La terre a donné ses produits que Dieu, notre Dieu, nous bénisse. Non pas seulement ses productions, qui servent à la nourriture de l'homme, mais encore celui que les peuples attendent (Genèse 49, 10), le grand Roi, fils de l’homme (S. Jérôme). les Pères de l’Église prennent tout le psaume pour l'expression d’ardents soupirs après l’avènement du Messie, en qui tous les peuples devaient trouver leur salut, et par conséquent un sujet de faire éclater leur joie. 8 Que Dieu nous bénisse et que toutes les extrémités de la terre le révèrent.
Psaume hébreu N°68 (Psaume N°67 dans la Vulgate). 1 Au maître de chant, psaume de David. Cantique. Ce psaume est un chant de triomphe après quelque victoire signalée, et qui fut chanté à l'occasion de la solennité de la translation de l’arche, lorsqu’à la suite de la guerre, où elle fut conduite (comp. 1 Samuel 4, 4. 14, 18. Ps. Hébreux 47, 6), on la reporta au milieu d’une grande pompe (v. 25-29), accompagnée des captifs (v. 19), sur le mont Sion (v. 16). Les idées dans cet hymne obscur se coordonnent comme suit. Le chantre sacré reconnaît et demande d'abord que devant Dieu tous ses ennemis disparaissent (v. 1-3) ; il exhorte à louer Dieu au sujet de sa puissance (v. 4-5), ce Dieu qui a comblé son peuple de tant de bienfaits (5-15), et qui notamment a daigné habiter sur Sion (16-19), où il retourne en triomphe, menant après lui les captifs (v. 19) : il continue son exhortation à louer Dieu, qui les délivrera encore à l’avenir de tous leurs ennemis (20-24). Il décrit la pompe avec laquelle Dieu, après sa victoire, triomphe de ses ennemis (25-28) : il le conjure d'accorder à son peuple un bonheur durable, et de le rendre victorieux des nations idolâtres (29-32), et invite tous les peuples à célébrer la majesté du Dieu d'Israël. — Selon les exégètes catholiques, qui s'appuient sur l’autorité de saint Paul (Éphésiens 4, 8) et des saints Pères, le sujet de ce psaume n’est pas seulement le triomphe du peuple d'Israël après quelque victoire, mais surtout la victoire de Jésus-Christ sur tous ses ennemis, et son ascension. En effet, le Chantre sacré y décrit le présent sous des traits tels, qu’il fait en même temps une prophétie relative à l’avenir. Le chrétien qui, dans la lecture des psaumes, doit toujours rapprocher les institutions judaïques des institutions chrétiennes, se souviendra donc, dans les endroits où Dieu est loué, de Jésus-Christ, et fera l’application de ce qui est marqué à son règne sur la terre et dans le ciel. 2 Que Dieu se lève, et que ses ennemis soient dispersés et que ceux qui le haïssent fuient devant son visage. C'étaient là les paroles qui étaient toujours prononcées, lorsqu'au changement de campement des Israélites, l'Arche sainte était enlevée pour être transportée d’un lieu à un autre. (Nombres 10, 35) Elles sont mises ici par rapport à la victoire qui venait d’être remportée, et elles veulent dire : Comme Dieu s’est levé cette fois-ci, et nous a accordé la victoire, ainsi puisse-t-il toujours se lever et dissiper nos ennemis. Le chrétien priera Jésus-Christ de réduire ses ennemis à lui servir d'escabeau pour ses pieds. 3 Comme se dissipe la fumée, dissipe-les comme la cire se fond au feu, que les méchants disparaissent devant Dieu. 4 Mais que les justes se réjouissent et tressaillent devant Dieu qu'ils soient transportés d'allégresse. 5 Chantez à Dieu, célébrez son nom. Frayez le chemin à celui qui s'avance à travers les plaines, le Seigneur est son nom, tressaillez devant lui. Redressez la voie pour Dieu qui revient à Sion sur l’Arche. Le chrétien : redressez la voie pour Jésus-Christ ; préparez vos cœurs par l’humilité et la pénitence, afin qu’il y entre et y habite. 6 Il est père des orphelins et juge des veuves, Dieu dans sa sainte demeure. 7 Aux abandonnés, Dieu donne une maison, il délivre les captifs et les rend au bonheur, seuls les rebelles restent au désert brûlant. Dieu rassemble les Israélites dans la terre qu'il leur a donnée. Jésus-Christ rassemble les siens dans son Église, et forme des sociétés plus parfaites encore, comme les cloîtres. Il délivre les captifs, en brisant les liens de Satan et du péché (Luc 1, 79) ; les rebelles sont ceux qui vont contre la volonté de Dieu, les pécheurs obstinés, qui dorment dans la mort, dans le tombeau de leurs crimes. 8 Ô Dieu, quand tu sortais à la tête de ton peuple, quand tu t'avançais dans le désert, Séla. Le Chantre sacré, dans une apostrophe à Dieu, lui rappelle que lors de la sortie d’Égypte, il daigna tracer miraculeusement la voie aux Israélites, les introduire dans la terre promise, et les favoriser de victoires que la renommée répandait au loin. 9 la terre fut ébranlée, les cieux eux-mêmes se fondirent devant Dieu, le Sinaï trembla devant Dieu, le Dieu d'Israël. Alors vous vous fîtes connaître, vous fîtes éclater votre puissance et votre majesté par des prodiges et des signes, spécialement en donnant votre loi sur le Sinaï. (Comp. Juges 5, 4-5). Lorsqu’au jour de la Pentecôte Jésus-Christ écrivit sa loi dans les cœurs par le Saint-Esprit, il le fit en excitant un ébranlement d’une autre nature ; ce fut surtout par une émotion intérieure, dont l'effet fut la conversion et le changement au cœur. 10 Tu fis tomber, ô Dieu, une pluie de bienfaits, ton héritage était épuisé, tu le réconfortas. Votre héritage : le peuple qui est votre possession (Deutéronome 9, 29) ; Jésus-Christ nous a donné le vrai pain du ciel dans sa doctrine et dans son corps adorable. 11 Envoyés par toi, des animaux vinrent s'y abattre dans ta bonté, ô Dieu, tu prépares leur aliment aux malheureux. 12 Le Seigneur a fait entendre sa parole, les femmes qui annoncent la victoire sont une troupe nombreuse. Le Seigneur donnera la parole aux femmes qui annoncent les heureuses nouvelles. C'étaient des chanteuses qui ordinairement annonçaient les victoires (Exode 15, 20. 1 Samuel 18, 6-8). La victoire de Jésus-Christ sera annoncée par les hérauts de la foi vivant dans la virginité. 13 "Les rois des armées fuient, fuient et celle qui habite la maison partage le butin." Des rois puissants du pays de Canaan furent assujettis au bien-aimé de Dieu, au peuple d'Israël. Jésus-Christ, le bien-aimé du Père, fait prosterner les rois à ses pieds. Lorsque les rois auront été vaincus, ce sera aux femmes de la maison à partager le butin qu'on aura remporté. L’Église, l'épouse de Jésus-Christ, est la dispensatrice des grâces que Jésus-Christ nous a méritées, et qu'il a enlevées comme une dépouille à Satan et au monde. 14 Quand vous étiez couchés au milieu des bercails, les ailes de la colombe étaient recouvertes d'argent et ses plumes brillaient de l'éclat de l'or. Alors vous brillerez de l'éclat de l'argent et de l'or, semblables aux colombes, dont les ailes reflètent l'or et l'argent, c'est-à-dire vous deviendrez très-riches. Lorsque vous, chrétiens, vous aurez été mis en possession de votre héritage dans la lumière (Colossiens 1, 12) , alors revêtus de l'habit blanc du triomphe (Apocalypse 3, 4 ; 6, 11), vous ressemblerez à de blanches colombes, et serez riches en toutes sortes de grâces. 15 Lorsque le Tout-Puissant dispersait les rois dans le pays, la neige tombait sur le Selmon. 16 Montagne de Dieu, montagne de Basan, montagne aux cimes élevées, montagne de Basan, de la montagne de Selmon le Chantre sacré passe à la montagne de Sion, qui était une preuve spéciale de la faveur de Dieu, en ce que Dieu y avait sa demeure. Par Sion le chrétien entendra l’Église. 17 pourquoi regardez-vous avec envie, montagnes aux cimes élevées, la montagne que Dieu a voulue pour séjour ? Oui, le Seigneur y habitera à jamais. Une montagne de Dieu est une montagne très haute ; les montagnes de Basan, célèbres par leurs gras pâturages, étaient situées au-delà du Jourdain. 18 Le char de Dieu, ce sont des milliers et des milliers, le Seigneur vient du Sinaï dans son sanctuaire. La puissance guerrière de Dieu, les anges qui environnent Dieu (2 Rois 6, 17. Daniel 7, 10). Le Chantre sacré ajoute au tableau qu’il a tracé de la gloire du mont Sion un nouveau trait ; il fixe l'attention sur l'éclat tout céleste de la cour qui environne Dieu sur sa montagne sainte. Des milliers et des milliers : innombrables 19 Tu montes sur la hauteur emmenant la foule des captifs, tu reçois les présents des hommes. Même les rebelles habiteront près du Seigneur Dieu. Sens : Le Seigneur monte sur cette montagne avec l'Arche d'alliance. Quoique ce passage puisse s'appliquer dans le sens prochain à la translation triomphale de l'Arche, toutefois le Prophète a fait choix d'expressions qui ne sont vraies dans toute l'étendue de leur signification, que lorsqu'on les rapporte à l'ascension de Jésus-Christ, laquelle, ainsi que l'apôtre saint Paul nous l'apprend (Éphésiens 4, 8), a été ici prédite. Jésus-Christ, notre Seigneur, est monté au ciel après avoir consommé son œuvre, a mené avec lui, en quelque sorte comme captifs, dans son triomphe, ceux qu'il avait délivrés de l'esclavage du péché et de Satan, et du haut du ciel il distribue ses grâces, tellement que même les païens incrédules deviennent les demeures de Dieu et de son Esprit. 20 Béni soit le Seigneur. Chaque jour il porte notre fardeau, il est le Dieu qui nous sauve. Séla. Après avoir parlé des bienfaits de Dieu (5-19), le Chantre sacré exhorte de nouveau à le louer. 21 Dieu est pour nous le Dieu des délivrances, le Seigneur, le Seigneur, peut retirer de la mort. 22 Oui, Dieu brisera la tête de ses ennemis, le front chevelu de celui qui marche dans l'iniquité. 23 Le Seigneur a dit : "Je les ramènerai de Basan, je les ramènerai du fond de la mer, 24 afin que tu plonges ton pied dans le sang et que la langue de tes chiens ait sa part des ennemis." Je rassemblerai les ennemis d'Israël de l'Orient et de l'Occident, afin qu'ils trouvent leur mort dans la terre de Canaan. Jésus-Christ fait tomber d’affreux châtiments sur ses ennemis (Ps. Hébreux 2, 9. Apocalypse 2, 27. 12, 5. 19, 15). 25 On voit tes marches, ô Dieu, les marches de mon Dieu, de mon roi, au sanctuaire. Le Chantre sacré dépeint maintenant la marche de Dieu s’avançant vers le mont Sion. 26 En avant sont les chanteurs, puis les musiciens, au milieu, des jeunes filles battant du tambourin. 27 "Bénissez Dieu dans les assemblées, le Seigneur, vous qui êtes de la source d'Israël." vous qui êtes les descendants d'Israël (de Jacob). Isaïe 48. 1. C'est là un fragment de l'hymne des chantres. 28 Voici Benjamin, le plus petit, qui domine sur eux, voici les princes de Juda avec leur troupe, les princes de Zabulon, les princes de Nephthali. Benjamin, le plus jeune des enfants de Jacob. Quoique le plus jeune, Benjamin était le premier. Du reste, une partie de Jérusalem et la plus grande partie du temple était située dans le district de Benjamin (Voir Deutéronome 33, 12). Dieu fait choix de ce qui est petit. Le Chantre sacré fait mention de quelques tribus seulement, comme tenant lieu de toutes. L'ascension de Jésus-Christ au ciel, menant à sa suite son Église, sera pleine de majesté. Il rassemblera des douze tribus d'Israël ceux qui lui appartiendront (Apocalypse 7, 4 et suiv.). Ce seront les plus petits qui jouiront du plus haut degré de faveur, et qui le suivront de plus près. 29 Commande, ô Dieu, à ta puissance, affermis, ô Dieu, ce que tu as fait pour nous. montrez-vous fort, ô Dieu, dans ce que vous avez fait pour nous, achevez ce que vous avez commencé. 30 A ton sanctuaire, qui s'élève au-dessus de Jérusalem, les rois t'offriront des présents. 31 Menace la bête des roseaux, la troupe des taureaux avec les veaux des peuples, afin qu'ils se prosternent avec des pièces d'argent. Disperse les nations qui se plaisent aux combats. les crocodiles (bête des roseaux) sont mis comme figure pour les Égyptiens (Ézéchiel 29, 3. 32, 2). Forcez la puissante Égypte, qui domine sur le monde, et assujettissez-la à votre peuple. Contraignez l’Égypte, toute la troupe des princes sans frein qui sont parmi les peuples, à vous apporter en tribut des fragments d'argent. 32 Que les grands viennent de l'Égypte, que l’Éthiopie s'empresse de tendre les mains vers Dieu. L’Égypte et l’Éthiopie se soumettront à Dieu. Ces deux pays furent en effet les premiers du monde païen qui embrassèrent la foi chrétienne (Voir Isaïe 19, 19. Sophonie 3, 10. Actes 8, 39). 33 Royaumes de la terre, chantez à Dieu, célébrez le Seigneur. Séla. 34 Chantez à celui qui est porté sur les cieux, les cieux antiques. Voici qu'il fait entendre sa voix, sa voix puissante. Celui qui a son séjour dans les cieux les plus élevés, qu'il a créés au commencement. Le Christ fera entendre le tonnerre de sa parole, de son Évangile, par la bouche des prédicateurs de la foi. 35 Reconnaissez la puissance de Dieu. Sa majesté est sur Israël et sa puissance est dans les nuées. 36 De ton sanctuaire, ô Dieu, tu es redoutable. Le Dieu d'Israël donne à son peuple force et puissance. Béni soit Dieu.
Psaume hébreu N°69 (Psaume N°68 dans la Vulgate). 1 Au maître de chant, sur les lys, de David. Dans ce Psaume, David souffrant, type du Sauveur, s’exprime en termes qui conviennent parfaitement à Jésus-Christ. Les Apôtres eux-mêmes, qui se reportent à ce psaume, et l’Église ancienne tout entière, ont cru que c'était Jésus-Christ qui parlait par la bouche de David. 2 Sauve-moi, ô Dieu, car les eaux montent jusqu'à mon âme. Je suis en danger d'être submergé, c'est-à-dire les souffrances que j’endure me conduiront à la mort. 3 Je suis enfoncé dans une fange profonde et il n'y a pas où poser le pied. Je suis tombé dans un gouffre d'eau et les flots me submergent. 4 Je m'épuise à crier, mon gosier est en feu, mes yeux se consument dans l'attente de mon Dieu. A force de regarder vers le secours (Voir Ps. Hébreux 119, 82. Lamentations 4, 17) 5 Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, ceux qui me haïssent sans cause, ils sont puissants ceux qui veulent me perdre, qui sont, sans raison, mes ennemis. J'ai dû porter la peine de péchés dont je n'étais pas coupable. L'Apôtre tient le même langage. 2 Corinthiens 5, 21. Celui qui ne connaissait pas le péché, Dieu l’a fait péché pour nous (Voir Romains 8, 3). Ce que je n'ai pas dérobé, il faut que je le rende. 6 Ô Dieu, tu connais ma folie et mes fautes ne te sont pas cachées. vous savez, ô Dieu jusqu’à quel point je suis coupable. Jésus-Christ était personnellement sans péché ; mais il a pris sur lui les péchés de tous les hommes. 7 Que ceux qui espèrent en toi n'aient pas à rougir à cause de moi, Seigneur, Seigneur des armées que ceux qui te cherchent ne soient pas confondus à mon sujet, Dieu d'Israël. Ne permettez pas que mes souffrances soient pour vos adorateurs un sujet de scandale, qu'ils en prennent occasion, et qu'ils sen fassent un motif de m'abandonner (Voir Isaïe 53, 1. Matthieu 11, 25). La croix est un scandale pour les Juifs, et une folie pour les païens. Combien qui consentent volontiers à marcher avec Jésus-Christ dans le sentier fleuri des consolations spirituelles, mais qui refusent de le suivre dans celui de la croix. 8 Car c'est pour toi que je porte l'opprobre, que la honte couvre mon visage. 9 Je suis devenu un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère. Même mes disciples m'ont abandonné et renié. 10 Car le zèle de ta maison me dévore et les outrages de ceux qui t'insultent retombent sur moi. Ceux qui vous outragent, dont les œuvres sont une preuve qu'ils sont pour vous sans respect, m’outragent aussi, parce que je me suis attaché à vous (Voir Jean 2, 11. Romains 15, 3). 11 Je verse des larmes et je jeûne, on m'en fait un sujet d'opprobre. 12 Je prends un sac pour vêtement et je suis l'objet de leurs sarcasmes. 13 Ceux qui sont assis à la porte parlent de moi et les buveurs de liqueurs fortes font sur moi des chansons. Les gens désœuvrés font de moi leur sujet de conversation. 14 Et moi, je t'adresse ma prière, Seigneur dans le temps favorable, ô Dieu, selon ta grande bonté, exauce-moi, selon la vérité de ton salut. Que votre salut soit à mon égard une vérité. Ou : Exaucez-moi selon la fidélité que vous mettez à prêter secours. 15 Retire-moi de la boue et que je n'y reste plus enfoncé, que je sois délivré de mes ennemis et des eaux profondes. Des dangers imminents qui me menacent. Jésus-Christ pouvait fort bien faire cette prière ; car s’il était semblable à Dieu, il était aussi en même temps homme, et partageait en conséquence avec nous, à l'exception du péché, toutes les faiblesses de notre nature, telle qu’est la crainte des souffrances. 16 Que les flots ne me submergent plus, que l'abîme ne m'engloutisse pas, que la fosse ne se ferme pas sur moi. Que le tombeau ne me retienne pas. Jésus-Christ savait, en sa qualité de Dieu, qu'il consommerait son œuvre et triompherait de la mort, du tombeau et de l'enfer ; il ne laissa pas néanmoins de demander cette grâce à son Père, parce qu’il voulait, en sa qualité d'homme, nous donner un exemple par sa prière filiale. 17 Exauce-moi, Seigneur, car ta bonté est compatissante dans ta grande miséricorde tourne-toi vers moi, 18 Et ne cache pas ton visage à ton serviteur. Je suis dans l'angoisse, hâte-toi de m'exaucer. 19 Approche-toi de mon âme, délivre-la, sauve-moi à cause de mes ennemis. 20 Tu connais mon opprobre, ma honte, mon ignominie, tous mes persécuteurs sont devant toi. 21 L'opprobre a brisé mon cœur et je suis malade, j'attends de la pitié, mais en vain, des consolateurs et je n'en trouve aucun. 22 Pour nourriture ils me donnent l'herbe amère. Dans ma soif, ils m'abreuvent de vinaigre. Voir Matthieu 27, 34. 48. Jean 19, 29. 23 Que leur table soit pour eux un piège, un filet au sein de leur sécurité. Qu'à leur tour ils soient abreuvés d'un fiel amer, pernicieux et rebutant, c’est-à-dire que leur sort soit un sort amer (Jérôme). Les v. 23-30 ne sont pas l'expression d'un vœu ou désir de vengeance, mais une prédiction des châtiments qui devaient frapper toute la nation juive, laquelle a méconnu son Messie, et même l’a mis à mort. C'est en ce sens que saint Paul s’y reporte dans la lettre aux Romains 11, 9-10. Jésus-Christ s’est exprimé de la même manière. Matthieu 23, 37-39. Ces paroles ne sont du reste pas en contradiction avec le caractère plein d’indulgence et de douceur de Jésus ; car les chefs des Juifs n'ayant pas connu la faveur de la visite qui leur était faite, il était nécessaire qu'ils ressentent, de même que tous les pécheurs endurcis, les effets des vengeances de la justice divine. 24 Que leurs yeux s'obscurcissent pour ne plus voir. Fais chanceler leurs reins pour toujours. Cela s’est accompli, car ils ne reconnaissent pas même les prophéties les plus évidentes, qui ont rapport à Jésus-Christ (Voir 2 Corinthiens 3, 14) 25 Déverse sur eux ta colère et que le feu de ton courroux les atteigne. 26 Que leur demeure soit dévastée, qu'il n'y ait plus d'habitants dans leurs tentes. Comp. Matthieu 24, 2. Actes 1, 20. 27 Car ils persécutent celui que tu frappes, ils racontent les souffrances de celui que tu blesses. 28 Ajoute l'iniquité à leur iniquité et qu'ils n'aient pas part à ta justice. C'est là la conséquence de l’endurcissement dans lequel trop s'obstinent (Voir Romains 1, 24) 29 Qu'ils soient effacés du livre de vie et qu'ils ne soient pas inscrits avec les justes. 30 Moi, je suis malheureux et souffrant, que ton secours, ô Dieu, me relève. 31 Je célébrerai le nom de Dieu par des cantiques, je l'exalterai par des actions de grâces. 32 Et le Seigneur les aura pour plus agréables qu'un taureau, qu'un jeune taureau avec cornes et sabots. La louange de Dieu au milieu de la pauvreté et des souffrances vaut mieux que les victimes. 33 Les malheureux, en le voyant, se réjouiront et vous qui cherchez Dieu, votre cœur revivra. 34 Car le Seigneur écoute les pauvres et il ne méprise pas ses captifs. 35 Que les cieux et la terre le célèbrent, les mers et tout ce qui s'y meut 36 car Dieu sauvera Sion et bâtira les villes de Juda, on s'y établira et l'on en prendra possession. La céleste Sion, l’Église. Les villes de la nouvelle foi peuvent aussi être appelées villes de Juda, c'est-à-dire les villes de la confession. 37 La race de ses serviteurs l'aura en héritage et ceux qui aiment son nom y auront leur demeure.
Psaume hébreu N°70 (Psaume N°69 dans la Vulgate). 1 Au maître de chant, de David. En mémorial. Ce psaume est presque identique avec Ps. Hébreux 40, 44 et suiv. 2 Ô Dieu, hâte-toi de me délivrer. Seigneur, hâte-toi de me secourir. 3 Qu'ils soient honteux et confus, ceux qui cherchent mon âme. Qu'ils reculent et rougissent ceux qui désirent ma perte. 4 Qu'ils retournent en arrière à cause de leur honte, ceux qui disent : "Ah ! Ah !" 5 Qu'ils soient dans l'allégresse et se réjouissent en toi tous ceux qui te cherchent. Qu'ils disent sans cesse : "Gloire à Dieu" ceux qui aiment ton salut. 6 Moi, je suis pauvre et indigent. Ô Dieu, hâte-toi vers moi. Tu es mon aide et mon libérateur : Seigneur, ne tarde pas.
Psaume hébreu N°71 (Psaume N°70 dans la Vulgate). 1 Seigneur, en toi j'ai placé mon refuge que jamais je ne sois confondu David, qui composa ce psaume dans une vieillesse avancée (v. 9. 18), demande du secours contre ses ennemis, témoigne à Dieu sa confiance, et exalte la bonté de Dieu. 2 Dans ta justice, délivre-moi et sauve-moi. Incline vers moi ton oreille et secours-moi. Dans votre justice, en vertu de la conduite juste que vous me faites tenir ; ou en vertu de votre justice comme juge. 3 Sois pour moi un rocher inaccessible où je puisse toujours me retirer. Tu as commandé de me sauver, car tu es mon rocher et ma forteresse. 4 Mon Dieu, délivre-moi de la main du méchant, de la main de l'homme inique et cruel. 5 Car tu es mon espérance, Seigneur Dieu, l'objet de ma confiance depuis ma jeunesse. 6 C'est sur toi que je m'appuie depuis ma naissance, toi qui m'as fait sortir du sein maternel, tu es ma louange à jamais. 7 Je suis pour la foule comme un prodige, mais toi, tu es mon puissant refuge. Par la manière merveilleuse dont Dieu m'a conservé la vie au milieu de tant de souffrances. David pouvait bien parler de la sorte, car ce ne fut que par une intervention toute miraculeuse de Dieu que la vie put, durant tant d'années, lui être conservée au milieu des pièges que Saül lui tendait continuellement. Chaque chrétien peut également faire l’application de ces paroles à son âme, qui est dans un danger continuel, et serait infailliblement perdue, si Dieu ne la prenait sous sa protection. 8 Que ma bouche soit pleine de ta louange, que chaque jour elle exalte ta magnificence. 9 Ne me rejette pas aux jours de ma vieillesse. Au déclin de mes forces ne m'abandonne pas. 10 Car mes ennemis conspirent contre moi et ceux qui épient mon âme se concertent entre eux, 11 disant : "Dieu l'a abandonné. Poursuivez-le. Saisissez-le il n'y a personne pour le défendre." Les partis d'Absalom et de Saül n'étaient pas entièrement détruits. Dans les dernières années de David, lorsque ses forces commencèrent à faiblir, ils conçurent de nouvelles espérances. 12 Ô Dieu, ne t'éloigne pas de moi, mon Dieu, hâte-toi de me secourir. 13 Qu'ils soient confus, qu'ils périssent, ceux qui en veulent à ma vie. Qu'ils soient couverts de honte et d'opprobre, ceux qui cherchent ma perte. C’est une prophétie, non une malédiction. 14 Pour moi, j'espérerai toujours à toutes tes louanges, j'en ajouterai de nouvelles. 15 Ma bouche publiera ta justice, tout le jour tes faveurs, car je n'en connais pas le nombre. 16 Je dirai tes œuvres puissantes, Seigneur Dieu, je rappellerai ta justice, la tienne seule. 17 Ô Dieu, tu m'as instruit dès ma jeunesse et jusqu'à ce jour je proclame tes merveilles. 18 Encore jusqu'à la vieillesse et aux cheveux blancs, Ô Dieu, ne m'abandonne pas, afin que je fasse connaître ta force à la génération présente, ta puissance à la génération future. 19 Ta justice, ô Dieu, atteint jusqu'au ciel, toi qui accomplis de grandes choses, ô Dieu, qui est semblable à toi ? 20 Toi qui nous a causé des épreuves nombreuses et terribles. Mais tu nous rendras la vie et des abîmes de la terre, tu nous feras remonter. 21 Tu relèveras ma grandeur et de nouveau tu me consoleras. 22 Et je louerai au son du luth, je chanterai ta fidélité, ô mon Dieu, je te célébrerai avec la harpe, Saint d'Israël. 23 L'allégresse sera sur mes lèvres, quand je te chanterai et dans mon âme, que tu as délivrée. 24 Et ma langue chaque jour publiera ta justice car ils seront confus et ils rougiront, ceux qui cherchent ma perte.
Psaume hébreu N°72 (Psaume N°71 dans la Vulgate) 1 De Salomon. Ô Dieu, donne tes jugements au roi et ta justice au fils du roi. Salomon, c’est-à-dire le Pacifique (Genèse 49, 10, Isaïe 9, 6). Le psaume contient l'éloge du Roi par excellence, du Prince éternel de la paix (3. 5. 6. 7. 46. 17), de l’ami des pauvres (12. 15), du Seigneur de toute la terre, en qui toutes les nations sont bénies (8. 11. 17). Que ce roi soit le Messie, c’est ce qui résulte clairement non seulement des qualités qui lui sont attribuées, mais du consentement unanime des anciens Juifs et des Pères. Le chrétien peut se servir de ce psaume comme de prière pour l’expansion de l’Église catholique romaine. 2 Qu'il dirige ton peuple avec justice et tes malheureux avec équité. Donnez, telle que vous la possédez vous même, votre juridiction au Messie ; c’est-à-dire une juridiction qui s’étende à tous les peuples, une juridiction avec le pouvoir d'exécution. 3 Que les montagnes produisent la paix au peuple, ainsi que les collines, par la justice. Que toute la terre soit pleine de paix et de justice. 4 Qu'il fasse droit aux malheureux de son peuple, qu'il assiste les enfants du pauvre et qu'il écrase l'oppresseur. 5 Qu'on te révère, tant que subsistera le soleil, tant que brillera la lune, d'âge en âge. 6 Qu'il descende comme la pluie sur le gazon, comme les ondées qui arrosent la terre. Selon plusieurs saints Pères, le sens caché dans ce verset est que le Libérateur descendrait du ciel dans le sein de la très-sainte Vierge, sans porter atteinte à sa virginité. 7 Qu'en ses jours le juste fleurisse, avec l'abondance de la paix, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de lune. La paix avec soi-même et avec les autres est un effet de la justice, de l'état de justification, de la vertu et de la sainteté. Lorsque Jésus-Christ vint sur la terre, les anges annoncèrent la paix. Luc 2, 14. 8 Il dominera d'une mer à l'autre, du Fleuve aux extrémités de la terre. La mer Méditerranée et le fleuve de l'Euphrate ne formeront plus les limites de son royaume, comme jusqu'à ce jour, mais les extrémités les plus reculées de le terre (v. 10. 11). 9 Devant lui se prosterneront les habitants du désert et ses ennemis mordront la poussière. Ils embrasseront la terre en signe d’obéissance. Isaïe 49, 23. 10 Les rois de Tharsis et des îles paieront des tributs, les rois de Saba et de Méroé offriront des présents. Tartessus en Espagne. C'était là, vers l'Occident, le pays maritime le plus reculé connu des Hébreux, et par conséquent les rois des côtes maritimes les plus éloignés du côté du Couchant, donc à l’ouest. 11 Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront. 12 Car il délivrera le pauvre qui crie vers lui et le malheureux dépourvu de tout secours. Dans les jugements devant les tribunaux (v. 2). 13 Il aura pitié du misérable et de l'indigent et il sauvera la vie du pauvre. Jésus-Christ a proclamé les pauvres heureux. 14 Il les affranchira de l'oppression et de la violence et leur sang aura du prix à ses yeux. 15 Ils vivront et lui donneront de l'or de Saba. Ils feront sans cesse des vœux pour lui, ils le béniront chaque jour. 16 Que les blés abondent dans le pays, jusqu'au sommet des montagnes, que leurs épis s'agitent comme les arbres du Liban, que les hommes fleurissent dans la ville comme l'herbe des champs. Avec lui paraîtra la fertilité de la terre. Le christianisme a amené et propage la culture sur la terre ; les moines et les solitaires surtout ont converti les solitudes désolées en campagnes fertiles. Songez en même temps à la plénitude des grâces spirituelles que Jésus-Christ a apportées sur la terre. Les hommes mèmes, les citoyens de la nouvelle Jérusalem, de l’Église, se multiplieront d'une manière extraordinaire. 17 Que son nom dure à jamais tant que brillera le soleil, que son nom se propage, qu'on cherche en lui la bénédiction, que toutes les nations le proclament heureux. Voir Genèse 22, 18. 18 Béni soit le Seigneur Dieu, le Dieu d'Israël, qui seul fait des prodiges. Au verset 17 se termine le second livre des Psaumes ; les versets qui suivent forment la doxologie qui se trouve à la fin de chaque livre. 19 Béni soit à jamais son nom glorieux. Que toute la terre soit remplie de sa gloire. Amen. Amen. 20 Fin des prières de David, fils d'Isaï. Saint Jérôme dit à propos de ces paroles : Il est dit que ce Psaume est la fin des Cantiques de David, parce qu’il y a décrit ce qui devait arriver à la fin, l'époque de Jésus-Christ.
Psaume hébreu N°73 (Psaume N°72 dans la Vulgate) 1 Psaume d'Asaph. Oui, Dieu est bon pour Israël, pour ceux qui ont le cœur pur. Il y a un Asaph qui vivait du temps de David (1 Chroniques 16, 7. Comp. Ps. Hébreux 50). 2 Toutefois j'étais sur le point de fléchir, mon pied a presque glissé. j'ai presque été ébranlé dans mes convictions. 3 Car je m'indignais contre les impies, en voyant le bonheur des méchants. 4 Pour eux, pas de douleurs jusqu'à la mort, leur corps est plein de vigueur. 5 Ils n'ont pas de part au labeur des mortels, ils ne sont pas frappés avec le reste des hommes. 6 Aussi l'orgueil est la parure de leur cou et la violence, la robe précieuse qui les couvre. L'orgueil leur sert de collier, la violence les couvre comme un vêtement. 7 L'iniquité sort de leurs entrailles, les pensées de leur cœur se font jour. Leur cœur est privé de sentiment et d'idées, sans aucune sensibilité, sans retenue. 8 Ils raillent, ils parlent iniquité et violence, ils profèrent des discours hautains. 9 Ils dirigent leur bouche contre le ciel même et leur langue s'exerce sur la terre. Ils parlent des choses du ciel, et même contre ces choses. Ils ont la présomption de parler et de juger de tout ce qui arrive sur la terre. 10 C'est pourquoi mon peuple se tourne de leur côté, il avale l'eau à grands traits. 11 Ils disent : "Comment Dieu saurait-il ? Comment le Très-Haut connaîtrait-il ?" 12 Tels sont les méchants, toujours heureux, ils accroissent leurs richesses. 13 C'est donc en vain que j'ai gardé mon cœur pur, que j'ai lavé mes mains dans l'innocence, 14 tout le jour je suis frappé, chaque matin mon châtiment est là." C'est donc inutilement que j'ai supporté les fatigues qui m'accablent dès le matin, et tout le long du jour. 15 Si j'avais dit : "Je veux parler comme eux", j'aurai trahi la race de tes enfants. Le Chantre sacré se reprend lui-même : Mais je vois que j'avais tort de tenir de pareils propos et de témoigner un tel doute, parce qu'ainsi je m'adjoignais aux impies, et j’abandonnais, je réprouvais vos vrais adorateurs. Ou : parce qu’ainsi je condamnais la manière d'agir des enfants de Dieu, qui, dans leur infortune, comme dans le bonheur des impies, demeurent paisibles, et s’abandonnent en silence à la Providence divine. 16 J'ai réfléchi pour comprendre ces choses, la difficulté a été grande à mes yeux, 17 jusqu'à ce que j'aie pénétré dans le sanctuaire de Dieu et pris garde à leur sort final. 18 Oui, tu les places sur des voies glissantes, tu les fais tomber et ils ne sont plus que ruines. Le Chantre sacré fait voir maintenant combien le bonheur ces impies est trompeur, puisqu'ils tombent subitement, sans qu'ils s’en doutent, dans leur perte. 19 Eh quoi ! En un instant les voilà détruits. Ils sont anéantis, ils disparaissent dans des catastrophes. 20 Comme on fait d'un songe au réveil, Seigneur, à ton réveil, tu repousses leur image. De même que les songes, lorsqu'on est réveillé, se réduisent à rien, de même, dans votre État, vous ferez disparaître leur image, leur existence, qui est semblable à la vaine représentation d’un songe. 21 Lorsque mon cœur s'aigrissait et que je me sentais profondément ému, de zèle contre le bonheur des impies 22 j'étais stupide et sans intelligence, j'étais comme une brute devant toi. je ne comprenais rien à ce qui arrivait aux impies. 23 Mais je serai à jamais avec toi, tu m'as saisi la main droite, 24 par ton conseil tu me conduiras et tu me recevras ensuite dans la gloire. Vous m’avez dirigé par vos conseils, je partagerai votre gloire 25 Quel autre que toi ai-je au ciel ? Avec toi, je ne désire rien sur la terre. 26 Ma chair et mon cœur se consument, le rocher de mon cœur et mon partage, c'est Dieu à jamais. 27 Voici que ceux qui s'éloignent de toi périssent, tu extermines tous ceux qui te sont infidèles. 28 Pour moi, être uni à Dieu, c'est mon bonheur. Dans le Seigneur Dieu je mets ma confiance afin de raconter toutes tes œuvres.
Psaume hébreu N°74 (Psaume N°73 dans la Vulgate) 1 Cantique d'Asaph. Pourquoi ô Dieu nous as-tu rejetés pour toujours ? Pourquoi ta colère est-elle allumée contre le troupeau de ton pâturage ? Le Psaume est ainsi intitulé parce qu'il se trouve parmi ceux d’Asaph ; car il ne fut composé, semble-t-il, qu'après la captivité de Babylone, et l’on doit le rapporter soit à la captivité (2 Chroniques 36), durant laquelle le temple fut brûlé (v. 7), soit à la profanation du temple par Antiochus-Épiphane (1 Machabées 1). Le chrétien peut se servir de ce Psaume comme de prière dans les temps de persécution contre l’Église. 2 Souviens-toi de ton peuple que tu as acquis aux jours anciens, que tu as racheté pour être la tribu de ton héritage. Souviens-toi de ta montagne de Sion où tu faisais ta résidence. Souvenez-vous du peuple que vous avez racheté comme la portion de votre héritage dès les temps d’Abraham. 3 Porte tes pas vers ces ruines irréparables, l'ennemi a tout ravagé dans le sanctuaire. 4 Tes adversaires ont rugi au milieu de tes saints parvis, ils ont établi pour emblèmes leurs emblèmes. 5 On les a vus, pareils au bûcheron, qui lève la cognée dans une épaisse forêt. Les Chaldéens, après s'être emparés de Jérusalem, plantèrent leurs étendards sur les hauteurs, et y mirent les images de leurs dieux. 6 Et maintenant, toutes les sculptures ensemble, ils les ont brisées à coups de hache et de marteau. 7 Ils ont livré au feu ton sanctuaire, ils ont abattu et profané la demeure de ton nom. 8 Ils disaient dans leur cœur : "Détruisons-les tous ensemble." Ils ont brûlé dans le pays tous les lieux saints. 9 Nous ne voyons plus nos signes, il n'y a plus de prophète et personne parmi nous qui sache jusqu’à quand Nos cérémonies religieuses, qui sont appelées des signes spirituels, parce qu'elles étaient des figures de vérités plus hautes, des vérités chrétiennes. Les Israélites qui avaient été emmenés en captivité étaient sans prophètes, parce que Jérémie avait été conduit en Égypte. cf.Jérémie 43. 10 Jusqu’à quand, ô Dieu, l'oppresseur insultera-t-il, l'ennemi blasphémera-t-il sans cesse ton nom ? 11 Pourquoi retires-tu ta main et ta droite ? Tire-la de ton sein et détruis-les. Faites usage de votre main puissante et mettez un terme à la désolation 12 Pourtant Dieu est mon roi dès les temps anciens, lui qui a opéré tant de délivrances sur la terre. 13 C'est toi qui as divisé la mer par ta puissance, toi qui as brisé la tête des monstres dans les eaux. C’est vous qui, lors du passage de votre peuple, avez fait de la mer Rouge une terre ferme. 14 C'est toi qui as écrasé les têtes de Léviathan et l'as donné en pâture au peuple du désert. C’est-à-dire aux bêtes féroces. Sur le Léviathan, voir Job 40, 20. 15 C'est toi qui as fait jaillir la source et le torrent, toi qui as mis à sec les fleuves qui ne tarissent pas. Les fleuves stables et réguliers qui ne tarissent pas comme les torrents et les sources grossis par la pluie qui ne font que passer (Voir Josué 3, 15-16). 16 A toi est le jour, à toi est la nuit, c'est toi qui as créé la lune et le soleil. 17 C'est toi qui as fixé toutes les limites de la terre, l'été et l'hiver, c'est toi qui les as établis. 18 Souviens-toi, l'ennemi insulte le Seigneur, un peuple insensé blasphème ton nom. 19 Ne livre pas aux bêtes l'âme de ta tourterelle, n'oublie pas pour toujours la vie de tes pauvres. N’oubliez pas ceux qui continuent à vous louer, ceux que vous affligez. 20 Prends garde à ton alliance car tous les coins du pays sont pleins de repaires de violence. N’oubliez pas l’alliance que vous avez contractée avec les Israélites, promettant de les délivrer de tous leurs ennemis. 21 Que l'opprimé ne s'en retourne pas confus, que le malheureux et le pauvre puissent bénir ton nom. Que le faible ne s’en retourne pas couvert de confusion, que l’affligé et le pauvre louent votre nom. 22 Lève-toi, ô Dieu, prends en main ta cause, souviens-toi des outrages que t'adresse chaque jour l'insensé. 23 N'oublie pas les clameurs de tes adversaires, l'insolence toujours croissante de ceux qui te haïssent.
Psaume hébreu N°75 (Psaume N°74 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant. "Ne détruis pas." Psaume d'Asaph. Cantique. Le Psalmiste rend grâces à Dieu pour le secours dont il a favorisé son peuple (v. 2), et il prend du jugement qui a atteint les impies (v. 3-4) occasion de les avertir, et de les rendre à l'avenir attentifs aux jugements de Dieu (5-9). 2 Nous te louons, ô Dieu, nous te louons, ton nom est proche, on raconte tes merveilles. Votre nom : votre assistance est proche 3 "Quand le temps sera venu, je jugerai avec justice. Lorsque le temps sera venu, je ferai éclater mes jugements contre les impies. Au lieu de faire lui-même le récit des merveilles de la délivrance, et de dire de quelle manière Dieu ferait à l’avenir éclater ses jugements, le Chantre sacré fait parler Dieu lui-même, et Dieu déclare qu'il est le juge souverain. 4 La terre est ébranlée avec tous ceux qui l'habitent, moi, j'affermis ses colonnes." Séla. Les expressions énergiques de ces versets se rapportent moins au jugement particulier, des impies individuellement, qu'au jugement général du monde. Comp. 2 Pierre 3, 10. 5 Je dis aux orgueilleux : Ne vous enorgueillissez pas et aux méchants : Ne levez pas la tête. C’est ici le Psalmiste qui parle, et il tire du discours de Dieu la conséquence que les impies ont lieu de redouter le jugement de Dieu. 6 Ne levez pas si haut la tête, ne parlez pas avec tant d'arrogance. 7 Car ce n'est ni de l'orient, ni de l'occident, ni du désert des montagnes. Vous n’aurez aucun lieu de refuge, aucun secours contre le jugement de Dieu 8 Non, c'est Dieu qui exerce le jugement, il abaisse l'un et il élève l'autre. 9 Car il y a dans la main du Seigneur une coupe, où bouillonne un vin plein d'aromates. Et il en verse : oui, ils en suceront la lie, ils boiront, tous les méchants de la terre. Dieu est présenté ayant la coupe de sa colère à la main. Les impies boiront sa lie. 10 Et moi, je publierai à jamais, je chanterai les louanges du Dieu de Jacob. 11 Et j'abattrai toutes les cornes des méchants et les cornes du juste seront élevées. J'humilierai l'orgueil des pécheurs, en publiant les châtiments de Dieu, et les justes prendront courage.
Psaume hébreu N°76 (Psaume N°75 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant. Avec instruments à cordes, psaume d'Asaph, cantique. Plusieurs anciens Juifs, la version grecque et la latine rapportent le Psaume à la défaite que l’armée assyrienne éprouva sous Sennachérib (2 Rois 19) ; d'autres, comme saint Augustin, prennent la victoire et l’action de grâces à ce sujet dans un sens général, sans cette application. 2 Dieu s'est fait connaître en Juda, en Israël son nom est grand. 3 Il a son tabernacle à Salem et sa demeure en Sion. Salem (Jérusalem) signifie paix (Genèse, 14, 18) 4 C'est là qu'il a brisé les éclairs de l'arc, le bouclier, l'épée et la guerre. Séla. En effet, toute guerre devait s’éteindre contre la cité de la paix, ne serait-ce qu’à cause de son nom (de ce qu’elle est en elle-même). 5 Tu resplendis dans ta majesté, sur les montagnes d'où tu fonds sur ta proie. Lorsque de votre demeure éternelle vous nous envoyiez votre secours admirable 6 Ils ont été dépouillés, ces héros pleins de cœur, ils se sont endormis de leur sommeil, ils n'ont pas su, tous ces vaillants, se servir de leurs bras. Les incrédules, les impies se sont endormis dans le sommeil de la mort (Ps. Hébreux 13, 4) après que l’Ange les a frappés (2 Rois 19). 7 A ta menace, Dieu de Jacob, char et coursier sont restés immobiles. 8 Tu es redoutable, toi. Qui peut se tenir devant toi, quand ta colère éclate ? 9 Du haut du ciel tu as proclamé la sentence, la terre a tremblé et s'est tue, 10 lorsque Dieu s'est levé pour faire justice, pour sauver tous les malheureux du pays. Séla. 11 Ainsi la fureur de l'homme tourne à la gloire et les restes de la colère. La fureur de l’homme tournera à votre gloire lorsque vous ferez éclater vos derniers châtiments. 12 Faites des vœux et acquittez-les au Seigneur, votre Dieu, que tous ceux qui l'environnent apportent des dons au Dieu terrible. 13 Il abat l'orgueil des puissants, il est redoutable aux rois de la terre.
Psaume hébreu N°77 (Psaume N°76 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, Idithun, psaume d'Asaph. Voir Ps. Hébreux 4. 39. 73. Le Psaume contient les plaintes d’un infortuné privé de toute consolation, mais qui se ranime par le souvenir des bienfaits de Dieu, et conçoit une nouvelle espérance. Le chrétien peut s'en servir comme de prière dans ses heures de désolation. 2 Ma voix s'élève vers Dieu et je crie. Ma voix s'élève vers Dieu, qu'il m'entende. 3 Au jour de ma détresse, je cherche le Seigneur, mes mains sont étendues la nuit sans se lasser, mon âme refuse toute consolation. C’est parce que mon âme a refusé toute consolation, que j'ai cherché, etc. 4 Je me souviens de Dieu et je gémis, je médite et mon esprit est abattu. Séla. je me suis rappelé quelle avait été autrefois sa bonté à mon égard. 5 Tu tiens mes paupières ouvertes et, dans mon agitation, je ne peux parler. 6 Alors je pense aux jours anciens, aux années d'autrefois. Aux années des siècles passés. 7 Je me rappelle mes cantiques pendant la nuit, je réfléchis au dedans de mon cœur et mon esprit se demande : 8 "Le Seigneur rejettera-t-il pour toujours, ne sera-t-il plus favorable ? 9 Sa bonté est-elle épuisée pour jamais, en est-ce fait de ses promesses pour les âges futurs ? 10 Dieu a-t-il oublié sa clémence, a-t-il, dans sa colère, retiré sa miséricorde ?" Séla. 11 Je dis : "Ce qui fait ma souffrance, c'est que la droite du Très-Haut a changé." 12 Je veux rappeler les œuvres du Seigneur, car je me souviens de tes merveilles d'autrefois. Le Chantre sacré s’affermit dans la confiance par la considération des bienfaits dont Dieu a favorisé le peuple d'Israël, bienfaits qu’il fait connaître ici, et il espère. 13 Je veux réfléchir sur toutes tes œuvres et méditer sur tes hauts faits. 14 Ô Dieu, tes voies sont saintes, quel Dieu est grand comme notre Dieu ? 15 Tu es le Dieu qui fait des prodiges, tu as manifesté ta puissance parmi les nations. 16 Par ton bras, tu as délivré ton peuple, les fils de Jacob et de Joseph. Séla. Joseph est mis ici comme chef de tribu, parce qu'il fournit pendant un certain temps des aliments aux Israélites en Égypte. 17 Les eaux t'ont vu, ô Dieu, les eaux t'ont vu et elles ont tremblé, les abîmes se sont émus. Allusion au passage de la mer Rouge (Voir Ps. Hébreux 114-115. Exode 14) 18 Les nuages déversèrent leurs eaux, les nuées firent entendre leur voix et tes flèches volèrent de toutes parts. 19 Ton tonnerre retentit dans le tourbillon, les éclairs illuminèrent le monde, la terre frémit et trembla. 20 La mer fut ton chemin, les grandes eaux ton sentier et l'on ne put reconnaître tes traces. La mer s'est divisée en deux, et, après le passage, elle s’est refermée. 21 Tu as conduit ton peuple comme un troupeau, par la main de Moïse et d'Aaron. C’est pourquoi, comme un troupeau, je m’abandonnerai à votre conduite ; et dans la joie et dans la peine, dans la lumière et dans les ténèbres, je mettrai en vous ma confiance.
Psaume hébreu N°78 (Psaume N°77 dans la Vulgate) 1 Cantique d'Asaph. Écoute, ô mon peuple, mon enseignement, prête l'oreille aux paroles de ma bouche. Ce psaume retrace la manière dont Dieu a conduit le peuple d'Israël jusqu'à David ; et le principal dessein du psalmiste, en traçant ce tableau, était de prémunir les Israélites contre la rébellion de leurs pères, et de les rassembler sous David leur roi. 2 Je vais ouvrir ma bouche pour dire des sentences, je publierai les mystères des temps anciens. Je tracerai l'histoire du peuple de Dieu depuis le commencement. Cette histoire est désignée sous le nom de mystères, parce qu’elle contient l'alliance de la grâce voilée sous des figures ; car, dit saint Paul (1 Corinthiens 10, 11), tout ce qui est arrivé en figures aux Juifs, a été écrit pour notre instruction, renferme en soi pour notre instruction, l'esprit de la loi chrétienne. Comp. Matthieu 13, 35. Hébreux 8, 5. 3 Ce que nous avons entendu, ce que nous avons appris, ce que nos pères nous ont raconté, 4 nous ne le cacherons pas à leurs enfants, nous dirons à la génération future, les louanges de Seigneur et sa puissance et les prodiges qu'il a opérés. 5 Il a mis une règle en Jacob, il a établi une loi en Israël, qu'il a enjoint à nos pères d'apprendre à leurs enfants, une règle : le témoignage de sa sagesse et de son amour, à savoir la loi. 6 pour qu'elles soient connues des générations suivantes, des enfants qui naîtraient et qui se lèveraient, pour les raconter à leur tour à leurs enfants. 7 Ainsi ils mettraient en Dieu leur confiance, ils n'oublieraient pas les œuvres de Dieu et ils observeraient ses préceptes, 8 ils ne seraient pas, comme leurs pères, une race indocile et rebelle, une race au cœur volage dont l'esprit n'est pas fidèle à Dieu. Une race dont le cœur ne se dirigeait pas vers Dieu avec simplicité, et qui ne lui est pas demeurée attachée avec constance. 9 Les fils d'Éphraïm, archers habiles à tirer de l'arc, ont tourné le dos au jour du combat, Nos pères, ainsi infidèles et rebelles à Dieu, ont été comme les Éphraïmites qui souvent (Juges 12, 1 et suiv. 1 Rois 12, 13-16), quoique pourvus de bonnes armes, ont lâchement tourné le dos dans la guerre. 10 ils n'ont pas gardé l'alliance de Dieu, ils ont refusé de marcher selon sa loi, 11 ils ont mis en oubli ses grandes œuvres et les merveilles qu'il leur avait montrées. 12 Devant leurs pères, il avait fait des prodiges, au pays de l’Égypte, dans les campagnes de Tanis. Tanis, une ville servant de résidence aux rois d’Égypte (Nombres 13, 23. Isaïe 19, 11. 13). 13 Il ouvrit la mer pour les faire passer, Il retint les eaux dressées comme un monceau. 14 Il les conduisit le jour par la nuée et toute la nuit par un feu brillant. Voir Exode 13, 21. 22. 15 Il fendit les rochers dans le désert et il donna à boire comme des flots abondants. 16 Du rocher il fit jaillir des ruisseaux et couler l'eau par torrents. Voir Exode 17, 6. 4. Nombres 20, 8. 17 Mais ils continuèrent de pécher contre lui, de se révolter contre le Très-Haut dans le désert. 18 Ils tentèrent Dieu dans leur cœur, en demandant de la nourriture selon leur convoitise. Non pour leurs corps, pour apaiser la faim, mais pour la satisfaction des désirs sensuels, de la convoitise de l’âme (Voir Exode 16, 3. Nombres 11, 4-6). 19 Ils parlèrent contre Dieu et dirent : "Dieu pourra-t-il dresser une table dans le désert ? 20 Voici qu'il a frappé le rocher et des eaux ont coulé et des torrents se sont répandus, pourra-t-il aussi nous donner du pain ou bien procurer de la viande à son peuple ?" 21 Le Seigneur entendit et il fut irrité, un feu s'alluma contre Jacob et ta colère s'éleva contre Israël, La colère de Dieu est proprement en nous, dans notre conscience qui est la voix de Dieu, et qui s'élève contre nous lorsque nous faisons le mal. 22 parce qu'ils n'avaient pas eu foi en Dieu et n'avaient pas espéré en son secours. 23 Cependant il commanda aux nuées d'en haut et il ouvrit les portes du ciel, 24 il fit pleuvoir sur eux la manne pour les nourrir et leur donna le froment du ciel. Malgré leur incrédulité, il ne cessa pas de faire tomber la manne du ciel (Exode 16, 3 et suiv.). 25 Chacun mangea le pain des forts. Il leur envoya de la nourriture à satiété. les forts sont les anges, de même que Ps. Hébreux 103, 20 (Voir Sagesse 16, 20). La manne est appelée le pain des anges, le pain du ciel comme figure de l’adorable sacrement de l'Autel (Jean 6, 31. 49. 50. 1 Corinthiens 10, 3). 26 Il fit souffler dans le ciel le vent d'orient, il amena par sa puissance le vent du midi, 27 il fit pleuvoir sur eux la viande comme de la poussière et les oiseaux ailés comme le sable des mers. 28 Il les fit tomber au milieu de leur camp, autour de leurs tentes. 29 Ils mangèrent et se rassasièrent à l'excès. Dieu leur donna ce qu'ils avaient désiré. 30 Ils n'avaient pas encore satisfait leur convoitise et leur nourriture était encore à leur bouche, 31 quand la colère de Dieu s'éleva contre eux, il frappa de mort les mieux repus, il abattit les jeunes hommes d'Israël. Les principaux et ceux qui étaient revêtus du pouvoir, lesquels, selon toute apparence, furent les premiers à manifester le désir d'avoir de la chair. 32 Après tout cela, ils péchèrent encore et n'eurent pas foi dans ses prodiges. 33 Alors il dissipa leurs jours comme un souffle et leurs années par une fin soudaine. 34 Quand il les frappait de mort, ils le cherchaient, ils revenaient, empressés à retrouver Dieu, 35 ils se rappelaient que Dieu était leur rocher et le Dieu Très-Haut leur libérateur. 36 Mais ils le trompaient par leurs paroles et leur langue lui mentait, 37 leur cœur n'était pas ferme avec lui, ils n'étaient pas fidèles à son alliance. 38 Mais lui est miséricordieux, il pardonne le péché et ne détruit pas, souvent il retint sa colère et ne se livra pas à toute sa fureur. 39 Il se souvenait qu'ils n'étaient que chair, un souffle qui s'en va et ne revient plus. 40 Que de fois ils se révoltèrent contre lui dans le désert, ils l'irritèrent dans la solitude. 41 Ils ne cessèrent de tenter Dieu et de provoquer le Saint d'Israël. 42 Ils ne se souvinrent plus de sa puissance, du jour où il les délivra de l'oppresseur, de sa puissance, qu’il fit paraître dans ses actions au jour, etc. 43 où il montra ses prodiges en Égypte, ses actions merveilleuses dans les campagnes de Tanis. 44 Il changea leurs fleuves en sang et ils ne purent boire à leurs ruisseaux. Des Égyptiens 45 Il envoya contre eux le moucheron qui les dévora et la grenouille qui les fit périr. 46 Il livra leurs récoltes à la sauterelle, le produit de leur travail à ses essaims. 47 Il détruisit leurs vignes par la grêle et leurs sycomores par les grêlons. 48 Il abandonna leur bétail à la grêle et leurs troupeaux aux coups de la foudre. 49 Il déchaîna contre eux le feu de son courroux, la fureur, la rage et la détresse, toute une armée d'anges de malheur. 50 Il donna libre carrière à sa colère, il ne sauva pas leur âme de la mort, il livra leur vie à la destruction. 51 Il frappa tous les premiers-nés en Égypte, les prémices de la force sous les tentes de Cham. L’Égypte est, dans la langue Copte, appelée Chémi, du premier père des Égyptiens, Cham. 52 Il fit partir son peuple comme des brebis, il les mena comme un troupeau dans le désert. 53 Il les dirigea sûrement, sans qu'ils eussent rien à craindre et la mer engloutit leurs ennemis. 54 Il les fit arriver jusqu'à sa frontière sainte, jusqu'à la montagne que sa droite a conquise. Dans la Terre promise, qui est désignée sous le nom de montagne, à cause de sa situation. Voir Exode 15, 17. Deutéronome 3, 25 ; et sur Sion (Ps. Hébreux 76, 3) 55 Il chassa les nations devant eux, leur assigna par le sort leur part d'héritage et fit habiter dans leurs tentes les tribus d'Israël. 56 Cependant ils ont encore tenté et provoqué le Dieu Très-Haut et ils n'ont pas observé ses ordonnances. 57 Ils se sont détournés et ont été infidèles comme leurs pères, ils se sont détournés comme un arc trompeur. Un arc trompeur, qui porte à faux, relâché (Voir Osée, 7, 16). 58 Ils l'ont irrité par leurs hauts lieux, ils ont excité sa jalousie par leurs idoles. Les hauts lieux où ils avaient érigé des autels aux idoles (1 Rois 3, 2). Dieu est un Dieu jaloux. De même que l’époux a de la jalousie, et est sans ménagement (Proverbes 6, 24), de même Dieu conçoit de la jalousie (Exode 20, 5) lorsqu'il voit l'infidélité de son peuple, avec lequel il s’est fiancé (Osée 2, 19). 59 Dieu entendit et s'indigna, il prit Israël en grande aversion. 60 Il dédaigna la demeure de Silo, la tente où il habitait parmi les hommes. Le peuple s'étant montré désobéissant, et ayant abandonné Dieu, Dieu cessa d’être présent sur l'Arche sainte à Silo, où fut primitivement dressé le saint tabernacle (Josué 18, 4. 1 Rois 1, 3), ce qui fut cause que l'Arche sacrée put devenir la proie des ennemis (1 Samuel 4, 17). 61 Il livra sa force à la captivité et sa majesté aux mains de l'ennemi. La force et la gloire des Israélites étaient l'Arche d'alliance (1 Rois 4, 21. Ps. Hébreux 132, 8). 62 Il abandonna son peuple au glaive et il s'indigna contre son héritage. 63 Le feu dévora ses jeunes hommes et ses vierges n'entendirent pas le chant nuptial. Le feu de la guerre. 64 Ses prêtres tombèrent par l'épée et ses veuves ne se lamentèrent pas. 65 Le Seigneur se réveilla, comme un homme endormi, pareil au guerrier subjugué par le vin. Durant ces revers et ces calamités, il semblait que le Seigneur soit endormi. Lorsqu'ils furent passés, et que son peuple eut été châtié, il se réveilla, pour ainsi dire, et recueillit ses forces comme un héros à son réveil, lorsque l’ivresse l’a fait tomber dans le sommeil. Les divines Écritures s’expriment avec nous d'une manière humaine. Et de même que le Seigneur a paru sur la terre avec toute la faiblesse humaine, il a pareillement voilé sa pensée sous la pauvreté et la faiblesse du langage humain. 66 Il frappa ses ennemis par derrière, il leur infligea une honte éternelle. 67 Mais il prit en aversion la tente de Joseph et il répudia la tribu d'Éphraïm. Il ne voulut pas que le saint tabernacle demeure à l'avenir à Silo, dans la portion d'Éphraïm, fils de Joseph, en punition de l’infidélité de cette tribu. 68 Il choisit la tribu de Juda, la montagne de Sion qu'il aimait. 69 Et il bâtit son sanctuaire comme les hauteurs du ciel, comme la terre qu'il a fondée pour toujours. Le Psalmiste a pu dire que la terre et le sanctuaire que Dieu y érigea, étaient affermis pour toujours, parce que c’étaient des types de l'Église et du royaume de Dieu dans le ciel. 70 Il choisit David, son serviteur et le tira des bergeries ; 71 Il le prit derrière les brebis mères, pour paître Jacob, son peuple et Israël, son héritage. 72 Et David les guida dans la droiture de son cœur et il les conduisit d'une main habile. Lorsqu'on fait réflexion au sujet de ce Psaume, il semble que le Chantre sacré n'avait pas uniquement en vue de retracer l’histoire de la conduite du peuple d'Israël : ses lecteurs connaissaient déjà cette histoire ; il se proposait bien plutôt, ce semble, puisqu'il parle de paraboles, de donner les enseignements mystérieux qui sont cachés sous la lettre de l’histoire. Ce qu'il voulait vraisemblablement, était d'apprendre à tous les Israélites à voir dans les destinées et la conduite du peuple tout entier, l’histoire de la vie de chacun d'eux, et à régler là-dessus leurs actions. En effet, comme le peuple d'Israël fut, par le ministère de Moïse, délivré de l’Égypte, de la terre de servitude, et introduit dans la terre promise, de même celui qui entend au fond de son cœur la voix de Dieu qui l‘appelle, est tiré de la terre de servitude, du péché, pourvu qu'il observe sa loi, et que, au milieu du désert de la vie, il ne soit pas incrédule envers Dieu. Il est nourri, dirigé, comme Israël dans toutes ses voies, et introduit dans la patrie, où, sous la houlette pacifique du céleste David, il jouit du repos éternel.
Psaume hébreu N°79 (Psaume N°78 dans la Vulgate) 1 Psaume d'Asaph. Ô Dieu, les nations ont envahi ton héritage, elles ont profané ton saint temple, elles ont fait de Jérusalem un monceau de pierres. Le chrétien peut se servir de ce Psaume comme de prière dans les temps où l’Église est en danger. 2 Elles ont livré les cadavres de tes serviteurs en pâture aux oiseaux du ciel et la chair de tes fidèles aux bêtes de la terre. 3 Elles ont versé leur sang comme de l'eau tout autour de Jérusalem et personne pour leur donner la sépulture. 4 Nous sommes devenus un objet d'opprobre pour nos voisins, de risée et de moquerie pour ceux qui nous entourent. 5 Jusqu’à quand, Seigneur, seras-tu irrité pour toujours et ta colère s'allumera-t-elle comme le feu ? 6 Répands ta fureur sur les nations qui ne te connaissent pas, sur les royaumes qui n'invoquent pas ton nom. 7 Car ils ont dévoré Jacob et ravagé sa demeure. 8 Ne te souviens plus contre nous des iniquités de nos pères. Que ta compassion vienne en hâte au-devant de nous, car notre misère est à son comble. 9 Secours-nous, Dieu de notre salut, pour la gloire de ton nom. Délivre-nous et pardonne nos péchés à cause de ton nom. 10 Pourquoi les nations diraient-elles : "Où est leur Dieu ?" Qu'on connaisse parmi les nations et sous nos yeux, la vengeance que tu tires du sang de tes serviteurs, quand il est répandu. 11 Que les gémissements des captifs montent jusqu'à toi. Selon la grandeur de ton bras, sauve ceux qui vont périr. 12 Fais retomber sept fois dans le cœur de nos voisins les outrages qu'ils t'ont faits, Seigneur. 13 Et nous, ton peuple, le troupeau de ton pâturage, nous te rendrons gloire à jamais, d'âge en âge, nous publierons tes louanges.
Psaume hébreu N°80 (Psaume N°79 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, sur les lis du témoignage, psaume d'Asaph. Le chrétien peut faire usage de ce Psaume comme de prière pour conjurer Dieu de protéger l’Église catholique romaine. 2 Pasteur d'Israël, prête l'oreille, toi qui conduis Joseph comme un troupeau, toi qui trônes sur les Chérubins, parais avec splendeur. Joseph, le bien-aimé de Jacob, est mis ici pour tous ses frères, pour tous les Israélites (Voir Ps. Hébreux 77, 16. 81, 6). 3 Devant Éphraïm, Benjamin et Manassé, réveille ta force et viens à notre secours. Les trois tribus qui sont ici désignées étaient campées les plus près de l'Arche et la suivaient immédiatement dans la marche (Voir Nombres 2, 18 et suiv. 10, 21-24). 4 Ô Dieu, rétablis-nous, fais briller ton visage et nous serons sauvés. 5 Seigneur, Dieu des armées, jusqu’à quand seras-tu irrité contre la prière de ton peuple ? 6 Tu les as nourris d'un pain de larmes, tu les as abreuvés de larmes abondantes. 7 Tu as fait de nous un objet de dispute pour nos voisins et nos ennemis se raillent de nous. La Palestine fut souvent la pomme de discorde entre les Égyptiens et les Assyriens. 8 Dieu des armées, rétablis-nous, fais briller sur nous ton visage et nous serons sauvés. 9 Tu as arraché de l’Égypte une vigne, tu as chassé les nations et tu l'as plantée. Le nom de vigne est donné ici, ainsi qu'en plusieurs autres endroits (Isaïe 5, 2. Jérémie 2, 21. Ézéchiel 17, 6), au peuple d’Israël, comme étant un type de Jésus-Christ, qui se nomme lui-même le cep. 10 Tu as ménagé de la place devant elle, elle a enfoncé ses racines et rempli la terre. Devant les hébreux s’avançait la colonne de feu et de nuée, comme étant l’Ange de l'alliance, le Dieu de la délivrance. Malachie 3, 1. Description de l’expansion du peuple d'Israël dans la terre de Canaan (11, 12), laquelle figurait l’expansion de l’Église chrétienne. 11 Son ombre couvrait les montagnes et ses rameaux les cèdres de Dieu, c’est-à-dire : les arbres les plus hauts. 12 elle étendait ses branches jusqu'à la Mer et ses rejetons jusqu'au Fleuve. La mer Méditerranée. L’Euphrate, jusqu'au bord duquel alla le royaume d'Israël dans le temps de sa plus grande extension (2 Chroniques 9, 26). 13 Pourquoi as-tu rompu ses clôtures, en sorte que tous les passants la dévastent ? Pourquoi avez-vous retiré au peuple d'Israël sa défense, en sorte qu'il a été dépouillé de ses biens les plus précieux, de sa liberté et de l’exercice de sa religion ? Ce qui fait la défense du peuple, ce sont des princes pieux, fidèles et dévoués à la religion, et des pasteurs et des docteurs zélés. Lorsque Dieu permet que cette défense manque, alors l'ennemi se répand au milieu du peuple et le dépouille de tous ses biens les plus précieux. 14 Le sanglier de la forêt la dévore et les bêtes des champs en font leur pâture. Nabuchodonosor, si l'on rapporte à la prise de Jérusalem par les Chaldéens l’histoire contenue dans le Psaume. 15 Dieu des armées, reviens, regarde du haut du ciel et vois, considère cette vigne. 16 Protège ce que ta droite a planté et le fils que tu t'es choisi. Jetez vos yeux sur votre peuple, qui est ainsi désigné (Osée, 11, 1) comme type de Jésus-Christ, Fils de l'Homme. C'est en effet le sentiment commun des anciens Juifs et des Pères de l’Église, que Jésus-Christ entre, avec le peuple juif, dans le sujet du Psaume. 17 Elle est brûlée par le feu, elle est coupée, devant ton visage menaçant, tout périt. 18 Que ta main soit sur l'homme de ta droite, sur le fils de l'homme que tu t'es choisi. Le peuple est ainsi appelé parce que Dieu lui avait fait serment par sa droite ; ou parce qu'il le conduisait au moyen de sa droite ; ou parce que de tous les peuples c'était lui qui s’approchait le plus de lui ; mais surtout parce qu'il était le type du Fils de Dieu, assis à la droite de son Père (Ps. Hébreux 110, 1 Zacharie 13, 7). 19 Et nous ne nous éloignerons plus de toi. Rends-nous la vie et nous invoquerons ton nom. 20 Seigneur, Dieu des armées, rétablis-nous. Fais briller sur nous ton visage, et nous serons sauvés.
Psaume hébreu N°81 (Psaume N°80 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, sur la Gitthienne. D'Asaph. 2 Chantez avec allégresse en l'honneur de Dieu, notre force, poussez des cris de joie en l'honneur du Dieu de Jacob. 3 Entonnez l'hymne, au son du tambourin, de la harpe harmonieuse et du luth. 4 Sonnez de la trompette à la nouvelle lune, à la pleine lune, pour le jour de notre fête. Les Hébreux avaient des mois lunaires. Ils célébraient, chaque mois, le premier jour de la nouvelle lune par une fête, afin de sanctifier le commencement du mois, et en général le temps, en élevant leurs regards vers Dieu (Nombres 10, 10). Il est vraisemblablement ici question de la néoménie du mois d’Abib, où la fête de Pâques se célébrait. Ce mois fut depuis appelé Nisan. Abib veut dire épi. Ce nom fut dans le principe donné au premier mois, parce que l'orge était alors en épi. La fête, que le Psalmiste exhorte ici à célébrer, était vraisemblablement la Pâque, car il est marqué v. 6, qu'elle fut établie en Égypte (Exode 12, 1 et suiv.). 5 Car c'est un précepte pour Israël, une ordonnance du Dieu de Jacob. Cette fête 6 Il en fit une loi pour Joseph, quand il marcha contre le pays d’Égypte. J'entends une voix qui m'est inconnue : à savoir, la voix de Dieu leur libérateur, qui les invitait. Au lieu de célébrer par lui-même les merveilles que Dieu opéra lors de sa sortie d’Égypte, et d’exhorter le peuple à l’obéissance, le Chantre sacré fait parler Dieu, et donne ainsi à l’exhortation plus de force. 7 "J'ai déchargé son épaule du fardeau et ses mains ont quitté la corbeille. À la voix de Dieu qui l’appelait pour le délivrer (v. 6), le peuple fut déchargé de ses fardeaux, étant auparavant contraint de porter la corbeille pesante (Exode 1, 14). 8 Tu as crié dans la détresse et je t'ai délivré, je t'ai répondu du sein de la nuée orageuse. Je t'ai éprouvé aux eaux de Mériba. Séla. Dieu, du sein de la nuée tempétueuse, jeta les yeux sur les Égyptiens pour les faire périr (Exode 14, 24. 25). 9 "Écoute, mon peuple, je veux te donner un avertissement, Israël, puisses-tu m'écouter. 10 Qu'il n'y ait pas au milieu de toi de dieu étranger, n'adore pas le dieu d'un autre peuple. 11 "C'est moi, le Seigneur, ton Dieu, qui t'ai fait monter du pays d’Égypte. Ouvre la bouche et je la remplirai. C’est un grand bienfait de vous avoir tirés de l’Égypte, mais dilatez encore vos désirs, vous obtiendrez ce que vous désirerez, pourvu que vous obéissiez à mes commandements. 12 "Mais mon peuple n'a pas écouté ma voix, Israël ne m'a pas obéi. 13 Alors je l'ai abandonné à l'endurcissement de son cœur et ils ont suivi leurs propres conseils. 14 "Ah si mon peuple m'écoutait, si Israël marchait dans mes voies, 15 bientôt je confondrais leurs ennemis, je tournerais ma main contre leurs oppresseurs. 16 "Ceux qui haïssent le Seigneur le flatteraient et la durée d'Israël serait assurée pour toujours. Les ennemis du Seigneur se seraient soumis à lui, et ensuite ils auraient flatté Israël. Les Israélites auraient été éternellement en grâce et dans le bonheur (Voir Ecclésiastique 37, 25-27). 17 Je le nourrirais de la fleur de froment et je le rassasierais du miel du rocher." Si les Juifs avaient connu la visite de Dieu au temps de Jésus-Christ, ils se seraient nourris dans la maison de Dieu de la divine eucharistie, et rassasiés du miel de la sagesse chrétienne. Sois docile, ô chrétien afin que le Seigneur te rassasie de son pur froment et de la sagesse céleste.
Psaume hébreu N°82 (Psaume N°81 dans la Vulgate) 1 Cantique d'Asaph. Dieu se tient dans l'assemblée du Tout-Puissant, au milieu des dieux il rend son arrêt : dans l'assemblée de ceux qui le représentaient dans l'exercice de sa puissance. Sens : Dieu est le maître et l'arbitre des juges et des rois. Le Psaume est un blâme que Dieu adresse à ces juges et à ces rois qui abusent de leur pouvoir. 2 "Jusqu’à quand jugerez-vous injustement et prendrez-vous parti pour les méchants ? Séla. Ceux qui sont revêtus du pouvoir ne veulent pas comprendre qu’une stricte justice envers les peuples est le fondement du repos et du bonheur. 3 "Rendez justice au faible et à l'orphelin, faites droit au malheureux et au pauvre, 4 sauvez le misérable et l'indigent, délivrez-les de la main des méchants. 5 "Ils n'ont ni savoir ni intelligence, ils marchent dans les ténèbres, tous les fondements de la terre sont ébranlés. Parce qu'ils ne comprennent pas cela, tout est sens dessus-dessous, et dans la perturbation. 6 "J'ai dit : Vous êtes des dieux, vous êtes tous les fils du Très-Haut. En ce que vous tenez la place de Dieu, et que vous agissez en son nom (cf. v. 1). Dans saint Jean 10, 34-36, Jésus-Christ applique ce passage à tous les hommes, en tant qu'ils sont sortis de Dieu (Genèse 1, 27). Il n'y a de Fils de Dieu proprement dit que Jésus-Christ qui, pour cette raison, est appelé le Fils unique de Dieu. Jean 1, 14. 18. 3, 16. 18. 1 Jean 4, 9. 7 Cependant, vous mourrez comme des hommes, vous tomberez comme le premier venu des princes." Des tyrans (Augustin, Jérôme). Ayez donc Dieu et votre devoir devant les yeux ; car vous paraîtrez un jour devant mon tribunal. 8 Lève-toi, ô Dieu, juge la terre, car toutes les nations t'appartiennent. Le Psalmiste prend de nouveau la parole, et prie Dieu de se charger lui-même de rendre la justice, puisque les juges oublient leurs devoirs dans leurs fonctions.
Psaume hébreu N°83 (Psaume N°82 dans la Vulgate) 1 Cantique, psaume d'Asaph. Il est difficile de déterminer à quelle histoire ce Psaume se rapporte, car celles qu’on lit 2 Samuel 10. 2 Chroniques 20 ne sont pas d'accord avec son contenu, puisque tous les peuples dont il est fait mention dans le Psaume (v. 7, 8, 9) n'y sont pas nommés. Ce qu'il y a de mieux à faire, c’est de prendre le Psaume pour une prière générale en vue d'obtenir du secours contre les ennemis du royaume de Dieu. Dans cette hypothèse les peuples qui sont désignés dans le Psaume sont mis en général pour les ennemis du peuple de Dieu, ce qui est très juste, puisque, dans une multitude d'occasions, ils se sont montrés animés de dispositions hostiles vis-à-vis du peuple d'Israël. Le chrétien se souviendra des ennemis de l’Église et de la foi. 2 Ô Dieu, ne reste pas dans l'inaction, ne te tais pas et ne te repose pas, ô Dieu. Ne vous retenez pas, Ô Dieu, n’arrêtez pas les effets de vos châtiments. 3 Car voici que tes ennemis s'agitent bruyamment, ceux qui te haïssent lèvent la tête. 4 Ils forment contre ton peuple un dessein perfide, ils conspirent contre ceux que tu protèges. 5 "Venez, disent-ils, exterminons-les d'entre les nations et qu'on ne prononce plus le nom d'Israël." 6 Ils se concertent tous d'un même cœur, contre toi ils forment une alliance, 7 les tentes d'Édom et les Ismaélites, Moab et les Agaréniens, 8 Gébal, Ammon et Amalec, les Philistins avec les habitants de Tyr. 9 Assur aussi se joint à eux et prête son bras aux enfants de Lot. Séla. Tous ces peuples habitaient dans l'Arabie, et menaient une vie nomade et vouée au brigandage. Le mot philistin veut dire, en hébreu, étranger. 10 Traite-les comme Madian, comme Sisara, comme Jabin au torrent de Cison. Madian voir Juges 7, Sisara voir Juges 4, Cison voir Juges 5, 21. 11 Ils ont été anéantis à Endor, ils ont servi d'engrais à la terre. 12 Traite leurs chefs comme Oreb et Zeb et tous leurs princes comme Zébée et Salmana. Voir Juges 7, 25. 8, 21. 13 Car ils disent : "Emparons-nous des demeures de Dieu." Emparons-nous de Jérusalem et de la Terre-Sainte. C'est ainsi que les ennemis de la religion prétendent tout régler à leur gré dans le sanctuaire de la foi et de l’Église. 14 Mon Dieu, rends-les semblables au tourbillon, au chaume qu'emporte le vent. C'est-à-dire qu’ils soient sans consistance, sans stabilité. 15 Comme le feu dévore la forêt, comme la flamme embrase les montagnes, 16 ainsi poursuis-les dans ta tempête, épouvante-les dans ton ouragan. 17 Couvre leurs faces d'ignominie, afin qu'ils cherchent ton nom, Seigneur. Ils vous chercheront, ils vous honoreront, et vivront selon votre loi. C’est là le but que Dieu se propose dans tous ses châtiments ; il veut que le pécheur se convertisse ; mais ce sont surtout l'instabilité, le trouble de l'esprit (v. 14) qui cherche partout la paix, sans la trouver nulle part, le feu que Dieu allume dans la conscience et qui la brûle (v. 15), et la confusion à ses propres yeux et aux yeux du monde (v. 17) qui mènent à Dieu. 18 Qu'ils soient à jamais dans la confusion et l'épouvante, dans la honte et dans la ruine. S’ils ne vous cherchent pas. 19 Qu'ils sachent que toi, ton nom est le Seigneur, tu es seul le Très-Haut sur toute la terre.
Psaume hébreu N°84 (Psaume N°83 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, sur la Gitthienne, psaume des fils de Coré. C’est le sentiment commun des exégètes que ce Psaume fut composé durant la fuite de David devant Absalon, lorsque ce roi se trouvait avec ceux qui lui étaient restés fidèles au-delà du Jourdain, éloignés du sanctuaire. Cf. Ps. Hébreux 42. 2 Que tes demeures sont aimables, Seigneur des armées. Le tabernacle formait un espace composé de trois murs en planches, sur lesquelles étaient tendus un tapis de grand prix, et trois autres couvertures. Il était divisé en deux compartiments : le Saint, et le Saint des Saints. Ces compartiments étaient appelés parvis. 3 Mon âme s'épuise en soupirant après les parvis du Seigneur, mon cœur et ma chair tressaillent vers le Dieu vivant. Vers le Dieu qui montre qu'il est vivant par la grâce qui vivifie nos âmes, en sorte que le corps même y participe à sa manière. 4 Le passereau même trouve une demeure et l'hirondelle un nid où elle repose ses petits : tes autels, Seigneur des armées, mon roi et mon Dieu. le passereau trouve sa maison, et l’hirondelle son nid, pour placer ses petits, près de vos autels, Seigneur... Dieu pourquoi ne soupirerais-je pas aussi après eux ? 5 Heureux ceux qui habitent ta maison. Ils peuvent te louer encore. Séla. 6 Heureux les hommes qui ont en toi leur force, ils ne pensent qu'aux saintes montées. 7 Lorsqu'ils traversent la vallée des Larmes, ils la changent en un lieu plein de sources et la pluie d'automne la couvre aussi de bénédictions. Il faut estimer heureux l’homme qui, dans votre maison, est favorisé de votre secours ; cet homme, non-seulement se convertira, mais il ornera son cœur de toutes les vertus, qui peuvent être considérées comme autant de degrés qui conduisent de cette vie pleine de souffrances à la patrie céleste, à laquelle il est destiné (Augustin, Jérôme). 8 Pendant la marche s'accroît la vigueur et ils paraissent devant Dieu à Sion : Ils iront de force en force, jusqu’à ce qu'ils paraissent devant Dieu sur Sion. 9 "Seigneur, Dieu des armées, disent-ils, écoute ma prière, prête l'oreille, Dieu de Jacob." Séla. 10 Toi qui es notre bouclier, vois, ô Dieu et regarde la face de ton Oint. Le chrétien rappellera à son souvenir l’Oint par excellence, celui que Dieu a oint d’une onction plus excellente que tous les autres (Ps. Hébreux 45, 8), dans lequel tous les autres sont oints, deviennent oints, chrétiens ; il se souviendra de celui qui intercède pour tous (1 Jean 2, 1), de Jésus-Christ. 11 Car un jour dans tes parvis vaut mieux que mille, je préfère me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, plutôt que d'habiter sous les tentes des méchants. Un jour passé dans la maison de Dieu, vaut mieux, est plus heureux et plus méritoire que mille autres jours que l’on passe dans la dissipation de la vie terrestre. 12 Car le Seigneur Dieu est un soleil et un bouclier, le Seigneur donne la grâce et la gloire, il ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l'innocence. 13 Seigneur des armées, heureux celui qui se confie en toi.
Psaume hébreu N°85 (Psaume N°84 dans la Vulgate) 1 Au maître de chant, psaume des fils de Coré. Voir Ps. Hébreux 42. Ce Psaume contient la prière d’un Israélite pour obtenir d'être maintenu dans la faveur divine, après la délivrance de la captivité (vraisemblablement celle de Babylone) (2-8), puis la promesse de la part de Dieu d’accorder cette grâce, à la condition que son peuple lui sera fidèle (9-14). Le chrétien se servira de ce Psaume comme de prière pour obtenir la grâce de la sainteté, après avoir été délivré de l'esclavage du péché. 2 Tu as été favorable à ton pays, Seigneur, tu as ramené les captifs de Jacob, 3 tu as pardonné l'iniquité à ton peuple, tu as couvert tous ses péchés. Séla. 4 Tu as retiré toute ton indignation, tu es revenu de l'ardeur de ta colère. 5 Rétablis-nous, Dieu de notre salut, mets fin à ton sentiment contre nous. Conservez-nous, après notre conversion, dans votre grâce. 6 Seras-tu toujours irrité contre nous, prolongeras-tu ton courroux éternellement ? Voudriez-vous donc nous châtier encore une fois, traiter les enfants comme les pères, et de cette manière laisser votre colère se prolonger de génération en génération ? 7 Ne nous feras-tu pas revenir à la vie, afin que ton peuple se réjouisse en toi ? 8 Seigneur, fais-nous voir ta bonté et accorde-nous ton salut. 9 Je veux écouter ce que dira le Seigneur Dieu. Il a des paroles de paix pour son peuple et pour ses fidèles, pourvu qu'ils ne retournent pas à leur folie. Il donnera désormais à son peuple la paix, le repos, le bonheur, s'il marche devant lui avec une sainte crainte (v. 10). La prophétie se rapporte aussi au temps plus éloigné qui devait voir naître le prince de la paix, le Messie (Jean 14, 27). 10 Oui, son salut est proche de ceux qui le craignent et la gloire habitera de nouveau dans notre pays. Ceux qui ont le cœur contrit (Ps. Hébreux 34, 19). Faites pénitence, dit Jésus-Christ, le royaume de Dieu est proche. Dieu lui-même sera présent dans les cœurs, et il se rendra un jour visible dans la personne de Jésus-Christ (Jean 1, 14), qui était dès-lors ainsi désigné (Ps. Hébreux 36, 8), parce qu’il était l'Ange de Dieu qui reposait sur l’Arche d'alliance (Exode 25, 22). 11 La bonté et la vérité vont se rencontrer, la justice et la paix s'embrasseront. Dieu continue à parler (v. 9) : la miséricorde et la fidélité deviendront alors, par l’accomplissement des promesses, de plus en plus sensibles, spécialement lorsque viendra le Messie, temps auquel la miséricorde apparaîtra principalement dans la vocation des païens, et la fidélité dans l’admission des Juifs. La justice et la paix se sont réconciliées, en ce que l'amour a mis fin à la vengeance. Plus encore à l’avènement du Christ, dans lequel la justice et l'amour de Dieu se sont manifestés en même temps de la manière la plus parfaite. 12 La vérité germera de la terre et la justice regardera du haut du ciel. La fidélité dans l'accomplissement des promesses s’est montrée encore avec un éclat particulier dans Jésus-Christ qui, étant la vérité éternelle, a pris par son incarnation une existence visible. 13 Le Seigneur lui-même accordera tout bien et notre terre donnera son fruit. Son fruit naturel ; dans le sens plus élevé : Jésus-Christ, Fils de l'homme. 14 La justice marchera devant lui et tracera le chemin à ses pas.
Psaume hébreu N°86 (Psaume N°85 dans la Vulgate) 1 Prière de David. Prête l'oreille, Seigneur, exauce-moi, car je suis malheureux et indigent. David adressa, semble-t-il, Dieu la prière contenue dans ce Psaume, lorsqu'il était persécuté par Saül. Le chrétien peut la faire pour obtenir du secours contre les tentations et les attaques des ennemis du dedans et du dehors. 2 Garde mon âme car je suis pieux, sauve ton serviteur, ô mon Dieu, il met sa confiance en toi. Pieux c’est à dire je vous suis consacré, je vous appartiens. 3 Aie pitié de moi, Seigneur, car je crie vers toi tout le jour. 4 Réjouis l'âme de ton serviteur, car vers toi, Seigneur, j'élève mon âme. 5 Car tu es bon, Seigneur et clément et plein de compassion pour tous ceux qui t'invoquent. 6 Seigneur, prête l'oreille à ma prière, sois attentif à la voix de mes supplications. 7 Je t'invoque au jour de ma détresse et tu m'exauceras. 8 Nul ne t'égale parmi les dieux, Seigneur, rien ne ressemble à tes œuvres. 9 Toutes les nations que tu as faites viendront se prosterner devant toi, Seigneur et rendre gloire à ton nom. 10 Car tu es grand et tu opères des prodiges. Toi seul, tu es Dieu. 11 Enseigne-moi tes voies, Seigneur, je veux marcher dans ta fidélité. Attache mon cœur à la crainte de ton nom. 12 Je te louerai de tout mon cœur, Seigneur, mon Dieu et je glorifierai ton nom à jamais. 13 Car ta bonté est grande envers moi, tu as tiré mon âme du fond du schéol. 14 Ô Dieu, des orgueilleux se sont élevés contre moi, une troupe d'hommes violents en veulent à ma vie, sans tenir aucun compte de toi. 15 Mais toi, Seigneur, tu es un Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité. 16 Tourne vers moi tes regards et aie pitié de moi, donne ta force à ton serviteur et sauve le fils de ta servante. ta force : la force spirituelle qui fait triompher. Le fils de ta servante : celui qui est comme votre esclave-né 17 Signale ta bonté envers moi, que mes ennemis le voient et soient confondus car c'est toi, Seigneur, qui m'assistes et me consoles. Faites-moi la grâce que les choses tournent bien pour moi.
Psaume hébreu N°87 (Psaume N°86 dans la Vulgate) 1 Psaume des fils de Coré. Cantique. Il l'a fondée sur les saintes montagnes. Ce Psaume contient la prophétie qu’un jour Sion sera le centre de la religion qui doit s'étendre dans le monde entier. Ce fut à Jérusalem où Jésus-Christ consomma son sacrifice, que l’Église fut fondée. Jérusalem était bâtie sur trois montagnes ; les appuis spirituels de l’Église sont les apôtres et leurs successeurs (Voir Éphésiens 2, 20). 2 Le Seigneur aime les portes de Sion, plus que toutes les demeures de Jacob. Le Seigneur aime la ville de Sion, en tant que l’Église doit en sortir, plus que les autres demeures de Jacob, qui forme la Synagogue. L’Église est comme une cité fortifiée, invincible, éternelle, la Synagogue comme une hutte fragile, transitoire. 3 Des choses glorieuses ont été dites sur toi, cité de Dieu. Séla. Des choses glorieuses, honorables ont été prédites de toi (Voir ce qui suit et Tobie 13, 13-17. Apocalypse 21, 9 et suiv.) 4 "Je nommerai Rahab et Babylone parmi ceux qui me connaissent, voici les Philistins et Tyr, avec l’Éthiopie : c'est là qu'ils sont nés." Je visiterai (c’est Dieu qui parle) l’Égypte et Babylone, c’est-à-dire tous les peuples (les deux peuples qui dominaient alors par leur puissance dans le monde sont mis pour la terre en général), par ma grâce, afin qu'elles se convertissent et qu'elles apprennent à me connaître, moi qui suis le vrai Dieu et la vraie religion. Même les peuples les plus éloignés et les plus hostiles seront reçus dans la Sion nouvelle, l’Église. 5 Et l'on dira de Sion : Celui-ci et celui-là y est né, c'est Lui, le Très-Haut, qui l'a fondée. Tous les hommes sont nés en Sion à une nouvelle vie. 6 Le Seigneur inscrira au rôle des peuples : "Celui-ci est né là." Séla. Le Seigneur comptera (inscrira) ces nouveaux-nés dans le livre où seront marqués les peuples et les princes qui recevront le droit de cité dans sa nouvelle ville. 7 Et chanteurs et musiciens disent : "Toutes mes sources sont en toi." Comme des chantres louant Dieu, tous diront : Tout ce que j’ai de bonheur et de force sont en vous, pour vous.
Psaume hébreu N°88 (Psaume N°87 dans la Vulgate) 1 Cantiques, psaume des fils de Coré. Au maître de chant. A chanter sur le ton plaintif. Cantique d'Héman l'Ezrahite. Il est fait mention d'un chantre appelé Heman en 1 Chroniques 15, 19. 2 Seigneur, Dieu de mon salut, quand je crie la nuit devant toi, 3 que ma prière arrive en ta présence, prête l'oreille à mes supplications 4 car mon âme est rassasiée de maux et ma vie touche au schéol. A l’autre monde, à la mort. Le chrétien en proie à l’affliction fera l’application de ces paroles à l’état de son âme. 5 On me compte parmi ceux qui descendent dans la fosse, je suis comme un homme à bout de forces. 6 Je suis comme délaissé parmi les morts, pareil aux cadavres étendus dans le tombeau, dont tu n'as plus le souvenir et qui sont soustraits à ta main. 7 Tu m'as jeté au fond de la fosse, dans les ténèbres, dans les abîmes. Image de la plus extrême misère. 8 Sur moi s'appesantit ta fureur, tu m'accables de tous tes flots. Séla. 9 Tu as éloigné de moi mes amis, tu m'as rendu pour eux un objet d'horreur, je suis emprisonné sans pouvoir sortir. 10 Mes yeux se consument dans la souffrance. Je t'invoque tout le jour, Seigneur, j'étends les mains vers toi. 11 Feras-tu un miracle pour les morts, ou bien les ombres se lèveront-elles pour te louer ? Séla. Sera-t-il possible après la mort, selon les lois de la nature, d'après le cours ordinaire de votre Providence, de ressusciter, en sorte que si je viens à mourir, je recouvre la vie et puisse encore vous louer, ce que je ne puis dans le tombeau ? (Voir Ps. Hébreux 6, 6). Le chrétien, dans les souffrances, se souviendra ici (v. 11-13) du délaissement de l'esprit, durant lequel les louanges joyeuses de Dieu cessent, et dont Dieu seul peut délivrer. 12 Publie-t-on ta bonté dans le tombeau, ta fidélité dans l'abîme ? 13 Tes prodiges sont-ils connus dans la région des ténèbres et ta justice dans la terre de l'oubli ? 14 Et moi, Seigneur, je crie vers toi, ma prière va au-devant de toi dès le matin. 15 Pourquoi, Seigneur, repousses-tu mon âme, me caches-tu ton visage ? 16 Je suis malheureux et moribond depuis ma jeunesse, sous le poids de tes terreurs, je ne sais que devenir. Je porte le poids de votre fureur, et je suis dans l’abattement. 17 Tes fureurs passent sur moi, tes épouvantes m'accablent. 18 Comme des eaux débordées elles m'environnent tout le jour, elles m'assiègent toutes ensemble. 19 Tu as éloigné de moi mes amis et mes proches ; mes compagnons, ce sont les ténèbres de la tombe.
Psaume hébreu N°89 (Psaume N°88 dans la Vulgate) 1 Cantique d'Ethan l'Ezrahite. Il est fait mention de deux Ethan, d’un 1 Chroniques 2, 6. 8, d’un autre 1 Rois 4, 31 ; mais il ne parait pas qu'aucun des deux soit l’auteur du Psaume ; en effet, comme le Chantre sacré vivait dans un temps où la maison de David était tombée en décadence (v. 39-46), ce qui l’engage à demander à Dieu de réédifier cette maison, selon les promesses qu’il en avait faites (2-5 20-38), il semble que le Psaume fut composé dans les temps malheureux qui précédèrent la captivité de Babylone, et peu avant cette captivité. Le chrétien peut penser aux dévastations qui arrivent dans la vigne du Seigneur, et demander à Dieu qu’il daigne, comme il l’a promis, rendre son royaume glorieux sur la terre. 2 Je veux chanter à jamais les bontés de Seigneur, à toutes les générations ma bouche fera connaître ta fidélité. Votre fidélité dans l'accomplissement de vos promesses. 3 Car je dis : La bonté est un édifice éternel, dans les cieux tu as établi ta fidélité. La miséricorde sera édifiée pour l'éternité ; votre miséricorde et votre fidélité seront aussi bien affermis que le ciel. 4 "J'ai contracté alliance avec mon élu, j'ai fait ce serment à David, mon serviteur : Voir 2 Samuel 7, 12. 13. 5 je veux affermir ta race pour toujours, établir ton trône pour toutes les générations." Séla. 6 Les cieux célèbrent tes merveilles, Seigneur et ta fidélité dans l'assemblée des saints. Les cieux : les esprits célestes (Job 5, 1. 15, 15. Zacharie 14, 5). 7 Car qui pourrait, dans le ciel, se comparer au Seigneur ? Qui est semblable au Seigneur parmi les fils de Dieu ? 8 Dieu est terrible dans la grande assemblée des saints, il est redoutable pour tous ceux qui l'entourent. 9 Seigneur, Dieu des armées, qui est comme toi? Tu es puissant, Seigneur, et ta fidélité t'environne. Votre fidélité est autour de vous ; tout autour de vous rend témoignage de votre fidélité. 10 C'est toi qui domptes l'orgueil de la mer, quand ses flots se soulèvent, c'est toi qui les apaises. 11 C'est toi qui écrasas Rahab comme un cadavre, qui dispersas tes ennemis par la force de ton bras. Vous avez blessé Rabab, ce qui peut marquer l’Égypte ou son roi Pharaon. 12 A toi sont les cieux, à toi aussi la terre, le monde et ce qu'il contient, c'est toi qui l'as fondé. 13 Tu as créé le nord et le midi, le Thabor et l'Hermon tressaillent à ton nom. Vous avez également créé l'Occident et l'Orient, et c'est pourquoi ils publient votre nom. Ces deux montagnes, qui sont situées la première à l'occident, la seconde à l'orient de la Palestine, sont mises pour ces deux régions du monde. 14 Ton bras est armé de puissance, ta main est forte, ta droite élevée. 15 La justice et l'équité sont le fondement de ton trône, la bonté et la fidélité se tiennent devant ton visage. 16 Heureux le peuple qui connaît les joyeuses acclamations, qui marche à la clarté de ton visage, Seigneur. Le peuple qui connaît la jubilation, qui sait publier les louanges de Dieu. 17 Il se réjouit sans cesse en ton nom et il s'élève par ta justice. 18 Car tu es sa gloire et sa puissance et ta faveur élève notre force. Ils ont leur force en vous, et c’est pourquoi ils se glorifient en vous. 19 Car du Seigneur vient notre bouclier et du Saint d'Israël notre roi. 20 Tu parlas jadis dans une vision à ton bien-aimé, en disant : "J'ai prêté assistance à un héros, j'ai élevé un jeune homme du milieu du peuple. A savoir David, comme il suit immédiatement. 21 J'ai trouvé David, mon serviteur, je l'ai oint de mon huile sainte. Les rois et les prêtres recevaient l’onction de l'huile sainte, en signe qu'ils avaient besoin d’être revêtus de la force d’en-haut, pour l'exercice de leurs fonctions. Ce que le Prophète dit ici et dans les versets suivants de David, n’est qu'une figure ; dans le sens littéral cela s'applique à Jésus-Christ, dans son exaltation jusqu'au v. 38, et dans son abaissement depuis le v. 39 jusqu'à 52. 22 Ma main sera constamment avec lui et mon bras le fortifiera. 23 "L'ennemi ne le surprendra pas et le fils d'iniquité ne l'emportera pas sur lui. Ses injustes ennemis n’obtiendront pas la domination sur lui. 24 J'écraserai devant lui ses adversaires et je frapperai ceux qui le haïssent. 25 Ma fidélité et ma bonté seront avec lui et par mon nom grandira sa puissance. 26 J'étendrai sa main sur la mer et sa droite sur les fleuves. Je ferai qu’il dominera sur mer et sur terre. 27 "Il m'invoquera : Tu es mon père, mon Dieu et le rocher de mon salut, Voir 2 Samuel 7, 14 ; Ps. Hébreux 2, 7. Jean 1, 18. 28 et moi je ferai de lui le premier-né, le plus élevé des rois de la terre. Tous les rois sont mes fils (Ps. Hébreux 82, 6) ; mais il aura la prééminence sur tous. 29 Je lui conserverai ma bonté à jamais et mon alliance lui sera fidèle. 30 J'établirai sa postérité pour jamais et son trône aura les jours des cieux. 31 "Si ses fils abandonnent ma loi et ne marchent pas selon mes ordonnances, 32 s'ils violent mes préceptes et n'observent pas mes commandements, 33 je punirai du bâton leurs transgressions et par des coups leurs iniquités, 34 mais je ne lui retirerai pas ma bonté et je ne ferai pas mentir ma fidélité. 35 "Je ne violerai pas mon alliance et je ne changerai pas la parole sortie de mes lèvres. 36 Je l'ai juré une fois par ma sainteté, non, je ne mentirai pas à David. 37 Sa postérité subsistera éternellement, son trône sera devant moi comme le soleil, 38 comme la lune, il est établi pour toujours et le témoin qui est au ciel est fidèle." Séla. Son trône sera aussi éclatant et aussi durable que le soleil et la lune (Voir Ps. Hébreux 72, 5 & 17). 39 Et toi, tu as rejeté et tu as dédaigné et tu t'es irrité contre ton Oint. Le Chantre sacré va maintenant rapprocher de la promesse qu'il a rapportée le triste état présent des choses ; il fait voir dans quelle décadence sont tombées la religion et la royauté, que Dieu lui-mème avait fondée, et de quel opprobre le roi lui-même est couvert (39-46). A ce tableau il rattache ensuite une longue prière pour obtenir du secours, prière que, dès le commencement du psaume, il avait déclaré avec confiance devoir être exaucée. 40 Tu as pris en dégoût l'alliance avec son serviteur, tu as jeté à terre son diadème profané. 41 Tu as renversé toutes ses murailles, tu as mis en ruines ses forteresses. Tout ce qui pouvait protéger le roi. 42 Tous les passants le dépouillent, il est devenu l'opprobre de ses voisins. Dans les derniers temps qui précédèrent la captivité de Babylone, la terre de Palestine, son peuple et son roi étaient sans cesse exposés au pillage des royaumes puissants qui les avoisinaient, et aux insultes de leur orgueil. 43 Tu as élevé la droite de ses oppresseurs, tu as réjoui tous ses ennemis. 44 Tu as fait retourner en arrière le tranchant de son glaive et tu ne l'as pas soutenu dans le combat. 45 Tu l'as dépouillé de sa splendeur et tu as jeté par terre son trône. 46 Tu as abrégé les jours de sa jeunesse et tu l'as couvert d'ignominie. Séla. Les rois, avant la destruction du royaume de Juda, ne régnaient que peu de temps (Voir 2 Rois 33, 31 et suiv.). 47 Jusqu’à quand, Seigneur, te cacheras-tu pour toujours et ta fureur s'embrasera-t-elle comme le feu ? 48 Rappelle-toi la brièveté de ma vie et pour quelle vanité tu as créé les fils de l'homme. Ne nous anéantissez pas ; souvenez-vous que, sans cela, nous ne vivons pas longtemps ; ou l’homme naîtra-t-il inutilement, c’est-à-dire seulement pour souffrir ? Ce n’est pas là assurément ce que votre amour a voulu. Le Chantre sacré en appelle non-seulement à la fidélité de Dieu dans ses promesses, mais encore à son amour. 49 Quel est le vivant qui ne verra pas la mort, qui soustraira son âme au pouvoir du schéol ? Séla. L'enfer marque ici en général le séjour des morts. Qui peut échapper à la puissance de la mort ? Nous sommes tous mortels, apaisez donc votre colère. 50 Où sont, Seigneur, tes bontés d'autrefois, que tu juras à David dans ta fidélité ? 51 Souviens-toi, Seigneur, de l'opprobre de tes serviteurs, souviens-toi que je porte dans mon sein les outrages de tant de peuples nombreux. De l'opprobre que tant de peuples ont fait souffrir à vos serviteurs, et que je ne pourrai ainsi jamais oublier. 52 Souviens-toi des outrages de tes ennemis, Seigneur, de leurs outrages contre les pas de ton Oint. De l'état d'humiliation où il est réduit. 53 Béni soit à jamais le Seigneur. Amen. Amen. C’est là la formule finale par laquelle se termine le troisième livre
Psaume hébreu N°90 (Psaume N°89 dans la Vulgate) 1 Prière de Moïse, homme de Dieu. Seigneur, tu as été pour nous un refuge d'âge en âge. Ministre de l’ancienne alliance (Deutéronome 33, 1) et prophète de la nouvelle (Hébreux 3, 5). Suivant saint Jérôme et les anciens Juifs, Moïse aurait composé ce Psaume lorsque le peuple se révolta dans le désert, refusant d'entrer dans le pays de Canaan, et que Dieu, en punition de cette révolte, déclara que tous ceux qui avaient dépassé leur vingtième année mourraient dans le désert, et ne verraient pas la terre promise, Josué et Caleb exceptés (Voir Nombres 14). 2 Avant que les montagnes fussent nées et que tu eusses enfanté la terre et le monde, de l'éternité à l'éternité tu es, ô Dieu. Tout, jusqu'au v. 11 appartient au tableau de l'éternité de Dieu et de la caducité de l’homme. 3 Tu réduis les mortels en poussière et tu dis : "Retournez, fils de l'homme." 4 Car mille ans sont, à tes yeux, comme le jour d'hier, quand il passe et comme une veille de la nuit. Ce qu'est par rapport à l'homme un jour qui n'est plus, ou l'espace plus court encore d'une veille de la nuit (Ps. Hébreux 63, 7), qui, lorsqu'elle est écoulée, ne lui paraît qu'un instant, c’est ce que sont mille ans par rapport à Dieu. Image de l'éternité. 5 Tu les emportes, semblables à un songe, le matin, comme l'herbe, ils repoussent. Les hommes. 6 Le matin, elle fleurit et pousse. Le soir, elle se flétrit et se dessèche. 7 Ainsi nous sommes consumés par ta colère et ta fureur nous terrifie. La colère de Dieu contre l'indocilité des Israélites dans le désert fut la cause de leur prompte mort. Il est vrai néanmoins, sans faire cette application, que la colère de Dieu, ou proprement le péché qui la mérite (v. 8), consume la vie de l’homme, et lui fait quitter ce monde avec effroi. 8 Tu mets devant toi nos iniquités, nos fautes cachées à la lumière de ton visage. 9 Tous nos jours disparaissent par ton courroux, nous voyons nos années s'évanouir comme un son léger. 10 Nos jours s'élèvent à soixante-dix ans, et dans leur pleine mesure à quatre-vingts ans et leur splendeur n'est que peine et misère, car ils passent vite et nous nous envolons. 11 Qui comprend la puissance de ta colère et ton courroux, selon la crainte qui t'est due ? 12 Enseigne-nous à bien compter nos jours afin que nous acquérions un cœur sage. 13 Reviens Seigneur, jusqu’à quand ? Aie pitié de tes serviteurs. Jusqu’à quand serez-vous impitoyable ? 14 Rassasie-nous le matin de ta bonté et nous serons tous nos jours dans la joie et l'allégresse. 15 Réjouis-nous autant de jours que tu nous as humiliés, autant d'années que nous avons connu le malheur. 16 Que ton œuvre se manifeste à tes serviteurs, ainsi que ta gloire, pour leurs enfants. Montrez vos œuvres (la puissance que vous avez d'opérer des merveilles) à vos serviteurs, et votre gloire à vos enfants. 17 Que la faveur du Seigneur, notre Dieu, soit sur nous. Affermis pour nous l'ouvrage de nos mains. Oui, affermis l'ouvrage de nos mains. L’Église met chaque jour, dans l'office ecclésiastique, les paroles des deux derniers versets dans la bouche des prêtres, et elle fait cette prière pour ses ministres, pour le succès de leurs travaux et le salut de ses enfants spirituels.
Psaume hébreu N°91 (Psaume N°90 dans la Vulgate) 1 Celui qui s'abrite sous la protection du Très-Haut repose à l'ombre du Tout-Puissant. Il semble aussi qu'il était chanté à deux chœurs. Le premier chœur chantait les v. 1, 2 ; le second reprenait depuis v. 3-8 ; le premier disait le 1° hémistiche du v.9 ; puis le second continuait depuis le 2° hémistiche du même v. jusqu'au v. 14, où Dieu lui-même prend la parole et parle jusqu'à la fin. 2 Je dis au Seigneur : "Tu es mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie." 3 Car c'est lui qui te délivre du filet de l'oiseleur et de la peste funeste. Du piège des hommes astucieux (Augustin). On habite en sûreté sous la protection du Tout-Puissant. Par la peste, David entend peut-être par-là la peste que Dieu envoya en punition de ses péchés, ou la révolte d’Absalom, ou bien encore en général un malheur quelconque. 4 Il te couvrira de ses ailes, et sous ses plumes tu trouveras un refuge. Sa fidélité est un bouclier et une cuirasse. 5 Tu n'auras à craindre ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole pendant le jour, c'est-à-dire ni les attaques ouvertes de vos ennemis. 6 ni la peste qui marche dans les ténèbres, ni la contagion qui ravage en plein midi. La peste frappe ses victimes en secret, à l’improviste, et comme dans les ténèbres. 7 Que mille tombent à ton côté et dix mille à ta droite, tu ne seras pas atteint. 8 De tes yeux seulement tu regarderas et tu verras la rétribution des méchants. 9 Car tu as dit : "Tu es mon refuge, Seigneur." Tu as fait du Très-Haut ton asile. Il y a ici changement de personnes (Voir v. 1, note). 10 Le malheur ne viendra pas jusqu'à toi, aucun fléau n'approchera de ta tente. 11 Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies. 12 Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre la pierre. 13 Tu marcheras sur le lion et sur l'aspic, tu fouleras le lionceau et le dragon. Le chrétien se souviendra ici des ennemis de son salut, spécialement des puissances de l’enfer. 14 "Puisqu'il s'est attaché à moi, je le délivrerai, je le protégerai, puisqu'il connaît mon nom. C’est Dieu qui maintenant prend la parole pour l'entière confirmation de ce qui a été dit. Mon nom : moi, parce que le secours vient de moi. 15 Il m'invoquera et je l'exaucerai. Je serai avec lui dans la détresse. Je le délivrerai et le glorifierai. 16 Je le rassasierai de longs jours et je lui ferai voir mon salut."
Psaume hébreu N°92 (Psaume N°91 dans la Vulgate) 1 Psaume. Cantique pour le jour du sabbat. Pour être chanté le jour, etc. Ce psaume contenant l'éloge de la toute puissance de Dieu, c’est avec raison qu'on le chantait le jour du Sabbat qui, étant le jour du repos, était destiné à louer Dieu de ses œuvres. 2 Il est bon de louer le Seigneur et de célébrer ton nom, ô Très-Haut, 3 de publier le matin ta bonté et ta fidélité pendant la nuit, votre fidélité dans l’accomplissement de vos promesses. 4 sur l'instrument à dix cordes et sur le luth, avec les accords de la harpe. 5 Tu me réjouis, Seigneur, par tes œuvres et je tressaille devant les ouvrages de tes mains. 6 Que tes œuvres sont grandes, Seigneur, que tes pensées sont profondes. 7 L'homme stupide n'y connaît rien et l'insensé ne peut rien y comprendre. 8 Quand les méchants croissent comme l'herbe et que fleurissent tous ceux qui font le mal, c'est pour être exterminés à jamais. La gloire des actions de Dieu éclate surtout par le châtiment des impies. 9 Mais toi, tu es élevé pour l'éternité, Seigneur. 10 Car voici que tes ennemis, Seigneur, voici que tes ennemis périssent, tous ceux qui font le mal sont dispersés. 11 Et tu élèves ma corne, comme celle du buffle, je suis arrosé avec une huile fraîche. Je suis tout baigné d'huile nouvelle (je suis dans l'abondance) (Voir Ps. Hébreux 23, 5). 12 Mon œil se plaît à contempler mes ennemis et mon oreille à entendre les méchants qui s'élèvent contre moi. Je verrai le malheur des méchants, et j’en entendrai parler. 13 Le juste croîtra comme le palmier, il s'élèvera comme le cèdre du Liban. Le pécheur mourra subitement et disparaîtra comme l'herbe tendre ; le juste au contraire fleurira et prendra de l’accroissement comme le palmier ou le cèdre qui, par l'incorruptibilité de leur bois et leur verdure toujours fraîche, se distinguent entre tous les autres arbres. 14 Plantés dans la maison du Seigneur, ils fleuriront dans les parvis de notre Dieu. Ceux qui visitent le temple et y honorent le Seigneur, recevront, à cause de leur piété, une vie impérissable. 15 Ils porteront encore des fruits dans la vieillesse, ils seront pleins de sève et verdoyants, 16 pour proclamer que le Seigneur est juste : il est mon rocher et il n'y a pas en lui d'injustice. Les justes seront une preuve parlante que Dieu est fidèle dans ses promesses, qu'on ne peut lui faire aucun reproche d'injustice relativement au sort des hommes pieux et des impies.
Psaume hébreu N°93 (Psaume N°92 dans la Vulgate) 1 Le Seigneur est roi, il est revêtu de majesté, le Seigneur est revêtu, il est ceint de force, aussi le monde est ferme, il ne chancelle pas. Le Seigneur s’est, par la création de l'univers, comme revêtu d’un vêtement de gloire ; c'est pourquoi il est le roi de ses créatures, et les fait subsister. Jésus-Christ, créateur de l'humanité régénérée, est environné de gloire ; en lui l’humanité nouvelle ne chancelle pas (Jérôme, Théodoret). 2 Ton trône est établi dès l'origine, tu es dès l'éternité. 3 Les fleuves élèvent, ô Seigneur, les fleuves élèvent leurs voix, les fleuves élèvent leurs flots retentissants. 4 Plus que la voix des grandes eaux, des vagues puissantes de la mer, le Seigneur est magnifique dans les hauteurs. Les phénomènes de la nature les plus violents, le bruit et le tumulte du monde, doivent se soumettre à la vertu merveilleuse du Seigneur, qui est leur roi : ces commotions sont, il est vrai, admirables ; mais la puissance du Seigneur est plus admirable encore. Jésus-Christ fait taire la mer, il domine sur tous ses ennemis (Augustin). 5 Tes témoignages sont immuables, la sainteté convient à ta maison, Seigneur, pour toute la durée des jours. Le pouvoir que vous exercez sur la nature fait que vos commandements, qui rendent témoignage de vous, sont très dignes de foi. Et c’est pourquoi votre maison, vos adorateurs, doivent travailler à devenir saints.
Psaume hébreu N°94 (Psaume N°93 dans la Vulgate) 1 Dieu des vengeances, Seigneur, Dieu des vengeances, parais. Ce n’est pas par le désir du mal d'autrui que le Psalmiste fait cette prière ; il demande seulement que la justice de Dieu se manifeste pour inspirer de la crainte aux méchants et de la consolation aux bons, et que les châtiments servent à la conversion des impies. Ce n’est que dans ces sentiments que le chrétien peut adresser des prières à Dieu contre les ennemis de la religion. En aucun cas il ne lui est permis de souhaiter du mal à ses ennemis privés ; son devoir, au contraire, est de prier pour leur bien et leur conversion. 2 Lève-toi, juge de la terre, rends aux superbes selon leurs œuvres. aux oppresseurs de l’assemblée sainte, du peuple de Dieu. 3 Jusqu’à quand les méchants, Seigneur, jusqu’à quand les méchants triompheront-ils ? 4 Ils se répandent en discours arrogants, ils se glorifient, tous ces artisans d'iniquité. 5 Seigneur, ils écrasent ton peuple, ils oppriment ton héritage, 6 ils égorgent la veuve et l'étranger, ils massacrent les orphelins. 7 Et ils disent : "le Seigneur ne regarde pas, le Dieu de Jacob ne fait pas attention." 8 Comprenez-donc, stupides enfants du peuple. Insensés, quand aurez-vous l'intelligence ? Le Psalmiste exhorte ces hommes superbes à considérer combien leurs dispositions perverses sont contraires à la raison, et à craindre Dieu. 9 Celui qui a planté l'oreille n'entendrait-il pas ? Celui qui a formé l'œil ne verrait-il pas ? 10 Celui qui châtie les nations ne punirait-il pas ? Celui qui donne à l'homme l'intelligence ne reconnaîtrait-il pas ? 11 Le Seigneur connaît les pensées des hommes, il sait qu'elles sont vaines. que leur orgueil ne réussit pas. 12 Heureux l'homme que tu instruis, Seigneur et à qui tu donnes l'enseignement de ta loi, 13 pour l'apaiser aux jours du malheur, jusqu'à ce que la fosse soit creusée pour le méchant. Heureux l’homme qui vit selon les commandements de Dieu ; il jouira de la paix dans l’infortune, et il la supportera avec patience jusqu’à la ruine des pécheurs qui la préparaient pour lui-même. 14 Car le Seigneur ne rejettera pas son peuple, il n'abandonnera pas son héritage, 15 mais le jugement redeviendra conforme à la justice et tous les hommes au cœur droit y applaudiront. Le Chantre sacré exprime ici, ainsi que dans les versets qui suivent, la confiance qu’il a que Dieu le protégera contre les impies. 16 Qui se lèvera pour moi contre les méchants ? Qui me soutiendra contre ceux qui font le mal ? 17 Si le Seigneur n'était pas mon secours, mon âme habiterait bientôt le séjour du silence. le séjour silencieux des morts. 18 Quand je dis : "Mon pied chancelle", ta bonté, Seigneur, me soutient. Quand je suis en danger. 19 Quand les angoisses s'agitent en foule dans ma pensée, tes consolations réjouissent mon âme. à proportion de mes douleurs (Voir 2 Corinthiens 1, 5). 20 A-t-il rien de commun avec toi le tribunal de perdition, qui fait le mal dans les formes légales ? Serez-vous donc aussi comme un juge inique, et me livrerez-vous à mes ennemis, vous qui avez donné des préceptes difficiles, que je n’ai pas cessé d'observer ; ou plutôt ne récompenserez-vous pas la fidélité à suivre vos préceptes, en protégeant contre ses ennemis celui qui les observe ? 21 Ils s'empressent contre la vie du juste et ils condamnent le sang innocent. 22 Mais le Seigneur est ma forteresse, mon Dieu est le rocher où je m'abrite. 23 Il fera retomber sur eux leur iniquité, il les exterminera par leur propre malice, il les exterminera, Seigneur, notre Dieu.
Psaume hébreu N°95 (Psaume N°94 dans la Vulgate) 1 Venez, chantons avec allégresse pour le Seigneur. Poussons des cris de joie vers le Rocher de notre salut. L’Église a mis ce psaume au commencement de l'office ecclésiastique de chaque jour 2 Allons au-devant de lui avec des louanges, faisons retentir des hymnes en son honneur. 3 Car c'est un grand Dieu que le Seigneur, un grand roi au-dessus de tous les dieux. au-dessus de tous les faux dieux des nations. 4 Il tient dans sa main les fondements de la terre et les sommets des montagnes sont à lui. il est le Seigneur de toute la terre. 5 A lui la mer, car c'est lui qui l'a faite, la terre aussi, ses mains l'ont formée. 6 Venez, prosternons-nous et adorons, fléchissons le genou devant le Seigneur, notre Créateur. 7 Car il est notre Dieu et nous, nous sommes le peuple de son pâturage, le troupeau que sa main conduit. Oh si vous pouviez écouter aujourd'hui sa voix. Cet « aujourd’hui » marque le temps de la grâce et du salut, le temps de la miséricorde et de la rémission des péchés, que Jésus-Christ nous a méritée ; il peut aussi être considéré comme le moment uniquement connu de Dieu, où Dieu appelle pour la dernière fois, et après lequel, si l’homme n'écoute pas sa voix, il l'abandonne pour jamais à l'endurcissement de son cœur. 8 N'endurcissez pas votre cœur comme à Mériba, comme à la journée de Massa, dans le désert, Voir Exode 17, 2. 7. Nombres 14, 22 9 où vos pères m'ont tenté, m'ont éprouvé, quoiqu'ils eussent vu mes œuvres. 10 Pendant quarante ans j'eus cette race en dégoût et je dis : « C'est un peuple au cœur égaré et ils n'ont pas connu mes voies. » Voir Exode, 14, 34. 11 Aussi je jurai dans ma colère : « ils n'entreront pas dans mon repos. » dans le pays de Canaan, et dans le repos éternel, la félicité. Cf. Hébreux, 4, 3.
Psaume hébreu N°96 (Psaume N°95 dans la Vulgate) 1 Chantez au Seigneur un cantique nouveau. Chantez au Seigneur, vous habitants de toute la terre Ce Psaume parait avoir été composé à l'occasion de la dédicace du temple relevé de ses ruines, après la captivité de Babylone, comme on le voit en le comparant avec 1 Chroniques 16, il est en très grande partie emprunté d'un chant de David. 2 Chantez au Seigneur, bénissez son nom. Annoncez de jour en jour son salut. 3 Racontez sa gloire parmi les nations, ses merveilles parmi tous les peuples. 4 Car le Seigneur est grand et digne de toute louange, il est redoutable par-dessus tous les dieux, 5 car tous les dieux des peuples sont néant. Mais le Seigneur a fait les cieux. L'ennemi du genre humain et ses suppôts profitaient du culte des idoles pour priver Dieu de l'honneur qui lui est dû, et se substituer à lui. Le meurtre, par l'immolation des hommes, l'impudicité et la tromperie qui de tout temps ont accompagné l'idolâtrie, sont des preuves suffisantes que c'était l'esprit impur du mensonge, qui est un homicide depuis le commencement, qui l'animait. 6 La splendeur et la magnificence sont devant lui, la puissance et la majesté sont dans son sanctuaire. Dieu n’entend autour de lui que les louanges des saints, et, par conséquent, des esprits glorieux et célestes. 7 Rendez au Seigneur, famille des peuples, rendez au Seigneur gloire et puissance 8 Rendez au Seigneur la gloire due à son nom. Apportez l'offrande et venez dans ses parvis. Le temple était divisé en plusieurs espaces séparés, qui étaient appelés parvis, et qui étaient des figures de toutes les églises particulières, filles de l'Église mère, et unies par la foi et la charité à l’Église unique, l’Église catholique romaine. Le Prophète, en invitant les peuples à venir dans le nouveau temple, l'image de l’Église, fait allusion au sacrifice non sanglant de nos autels, dans lequel Jésus-Christ s'offre sous les espèces du pain et du vin. 9 Prosternez-vous devant le Seigneur avec l'ornement sacré, tremblez devant lui, vous, habitants de toute la terre. 10 Dites parmi les nations : "le Seigneur est roi, aussi le monde sera stable et ne chancellera pas, il jugera les peuples avec droiture." Jésus-Christ, par ses enseignements, sa croix et ses souffrances, a rétabli le monde déchu dans l'ordre spirituel. 11 Que les cieux se réjouissent et que la terre soit dans l'allégresse. Que la mer s'agite avec tout ce qu'elle contient. Tout doit se réjouir du règne du Seigneur, par lequel tout est rétabli dans l'ordre légitime. 12 Que la campagne s'égaie avec tout ce qu'elle renferme, que tous les arbres des forêts poussent des cris de joie, 13 devant le Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre. Il jugera le monde avec justice et les peuples selon sa fidélité. Lors de son premier avènement, le Seigneur a jugé le monde par sa doctrine en faisant voir que le monde est dans le mal, et doit se convertir ; à son second avènement (Ps. Hébreux 97, 2-6), il le jugera par la récompense des bons et le châtiment des méchants.
Psaume hébreu N°97 (Psaume N°96 dans la Vulgate) 1 Le Seigneur est roi, que la terre soit dans l'allégresse, que les îles nombreuses se réjouissent. Sujet du Psaume : Nous avons un Roi grand et redoutable ; puissions-nous nous rendre dignes de lui. Les termes du Psaume, dans le sens prochain, peuvent être considérés comme un chant joyeux au sujet de quelque victoire d'Israël ; mais dans leur sens complet, ils s’appliquent à la victoire du Messie, qui, par ses souffrances et sa mort, a reconquis la terre, établi un royaume universel (v. 1) et viendra un jour comme un juge redoutable (2-6), pour séparer les bons des méchants (1-8). Soyons donc bons (9-12). 2 La nuée et l'ombre l'environnent, la justice et l'équité sont la base de son trône. Jésus-Christ viendra, à son second avènement, sur les nuées du ciel (Matthieu 24). Voir Ps. Hébreux 89, 15. 3 Le feu s'avance devant lui et dévore à l'entour ses adversaires. Voir 2 Pierre 3, 19. 2 Thessaloniciens 1, 8. 4 Ses éclairs illuminent le monde, la terre le voit et tremble. 5 Les montagnes se fondent, comme la cire, devant le Seigneur, devant le Seigneur de toute la terre. Voir 2 Pierre 3, 12. 6 Les cieux proclament sa justice et tous les peuples contemplent sa gloire. Toute la nature et les esprits célestes reconnaîtront sa justice, et tous les peuples verront son infinie puissance et sa majesté. 7 Ils seront confondus tous les adorateurs d'images, qui sont fiers de leurs idoles. Tous les dieux se prosternent devant lui. Alors malheur à ceux qui adorent les idoles, qui sont les esclaves de leur ventre, des plaisirs des sens, des satisfactions et des commodités de la vie, et qui se font un Dieu de leur argent et de leurs biens. 8 Sion a entendu et s'est réjouie, les filles de Juda sont dans l'allégresse à cause de tes jugements, Seigneur. Sion : l’assemblée sainte, l’Église. Les filles de Juda : les âmes de Juda, les saints confesseurs. 9 Car toi, Seigneur, tu es le Très-Haut sur toute la terre, tu es souverainement élevé au-dessus de tous les dieux. 10 Vous qui aimez le Seigneur, haïssez le mal. Il garde les âmes de ses fidèles, il les délivre de la main des méchants. 11 La lumière est semée pour le juste et la joie pour ceux qui ont le cœur droit. Ce grand Roi apporte la joie aux justes, dont les sentiments envers Dieu sont droits et sincères. 12 Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur et rendez gloire à son saint nom. Souvenez-vous que c’est lui qui vous sanctifie, et célébrez son amour.
Psaume hébreu N°98 (Psaume N°97 dans la Vulgate) 1 Psaume. Chantez au Seigneur un cantique nouveau car il a fait des prodiges, sa droite et son bras saints lui ont donné la victoire. C'est un chant de triomphe, comme le précédent, une invitation à louer Dieu au sujet du Libérateur et du juge qui doit venir. 2 Le Seigneur a manifesté son salut, il a révélé sa justice aux yeux des nations. 3 Il s'est souvenu de sa bonté et de sa fidélité envers la maison d'Israël. Toutes les extrémités de la terre ont vu le salut de notre Dieu. Il s'est souvenu des prophéties que, dans son amour, il a fait faire par ses prophètes à Israël relativement au salut à venir. 4 Poussez vers le Seigneur des cris de joie, vous, habitants de toute la terre, faites éclater votre allégresse au son des instruments. 5 Célébrez le Seigneur sur la harpe, sur la harpe et au son des cantiques. 6 Avec les trompettes et au son du cor, poussez des cris de joie devant le Roi, le Seigneur. 7 Que la mer s'agite avec tout ce qu'elle renferme, que la terre et ses habitants fassent éclater leur allégresse. 8 Que les fleuves applaudissent, qu'ensemble les montagnes poussent des cris de joie 9 devant Seigneur car il vient pour juger la terre, il jugera le monde avec justice et les peuples avec équité.
Psaume hébreu N°99 (Psaume N°98 dans la Vulgate) 1 Le Seigneur est roi, les peuples tremblent, il est assis sur les Chérubins, la terre chancelle. 2 Le Seigneur est grand dans Sion, il est élevé au-dessus de tous les peuples. glorieux déjà par sa présence sur l’Arche sainte dans le tabernacle, sur la montagne de Sion ; plus glorieux encore par sa présence corporelle dans les tabernacles de l’Église chrétienne. 3 Qu'on célèbre ton nom grand et redoutable. Il est saint. Qu'au lieu de se révolter contre lui et contre sa loi, ils rendent gloire à son nom, qui est un nom au-dessus de tous les noms (Philippiens 2, 9). Les mots « il est saint » sont encore répétés deux fois (v. 5, 9), vraisemblablement pour faire comprendre que la sainteté de Dieu est le principal motif qui doit nous porter à l’adorer et à nous sanctifier nous-mêmes. 4 Qu'on célèbre la puissance du Roi qui aime la justice. Tu affermis la droiture, tu exerces en Jacob la justice et l'équité. Dieu fait consister sa gloire à être juste (Théodoret) ; c’est pourquoi nous vivrons saintement, afin de nous voir justifiés par son juste jugement. 5 Exaltez le Seigneur, notre Dieu et prosternez-vous devant l'escabeau de ses pieds. Il est saint. Prosternez-vous devant l’Arche, sur laquelle Dieu était présent, et qui était une figure de nos saints tabernacles. 6 Moïse et Aaron étaient parmi ses prêtres et Samuel parmi ceux qui invoquaient son nom. Ils invoquaient le Seigneur et il les exauçait, Celui qui honore et invoque Dieu comme il faut, est exaucé, ainsi que l’apprend l’histoire des pieux serviteurs de Dieu. 7 il leur parlait dans la colonne de nuée, ils observaient ses commandements et la loi qu'il leur avait donnée. 8 Seigneur, notre Dieu, tu les exauças, tu fus pour eux un Dieu clément et tu les punis de leurs fautes. Vous étiez clément lors même que vous les punissiez de leurs transgressions. 9 Exaltez le Seigneur, notre Dieu et prosternez-vous devant sa montagne sainte car il est saint le Seigneur notre Dieu.
Psaume hébreu N°100 (Psaume N°99 dans la Vulgate) 1 Psaume de louange. Poussez des cris de joie vers le Seigneur, vous, habitants de toute la terre. 2 Servez le Seigneur avec joie, venez en sa présence avec allégresse. L'homme ne peut goûter de joie durable et vraie que dans le service de Dieu. Or, servir Dieu, dit saint Paul, c'est régner, parce que par le service de Dieu on devient maître de soi-même et du monde. Saint Augustin ajoute : Le service de l’homme (lorsqu'il sort des règles) est plein d'amertume et de dégoût ; mais dans le service de Dieu il y a liberté et joie, parce que c’est non la contrainte qui sert, mais l'amour qui naît de la vérité, c’est-à-dire de Jésus-Christ. 3 Reconnaissez que le Seigneur est Dieu. C'est lui qui nous a faits et nous lui appartenons, nous sommes son peuple et le troupeau de son pâturage. 4 Venez à ses portiques avec des louanges, à ses parvis avec des cantiques, célébrez-le, bénissez son nom. 5 Car le Seigneur est bon, sa miséricorde est éternelle et sa fidélité demeure d'âge en âge.
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