Livre de Judith
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Explications verset par verset sur JesusMarie.com
Judith
Introduction
1° Le sujet, la division. - Comme le faisait remarquer saint Jean Chrysostome, trois femmes célèbres de la Bible, Ruth, Judith et Esther, ont donné leur nom aux trois livres dont elles sont les glorieuses héroïnes. Le nom de Judith (en hébreu, Yehudît; en grec, ’Ioυδίθ) est le féminin de Juda; il avait été autrefois porté par l’une des femmes d’Ésaü. Cf. Gen. 26, 34. Il convient à merveille pour résumer l'intéressant petit livre qui raconte le remarquable exploit par lequel ce qui restait alors du peuple juif fut sauvé, pour un temps, de la servitude assyrienne.
Un roi d’Assyrie, enorgueilli par la conquête de la Médie, entreprend de soumettre à sa domination toute l’Asie occidentale. Son général en chef, Holoferne, conquiert, en effet, une partie de l’Asie Mineure et la Syrie entière; puis il se prépare à envahir la Palestine par le nord. Alors le grand prêtre Éliachim, animé d’un religieux patriotisme, organise promptement la défense du pays, sans oublier la pénitence et la prière, par lesquelles les Juifs espéraient toucher le cœur du Seigneur et s’attirer sa protection. Le conquérant victorieux est arrêté dans sa marche par la résistance de la ville de Béthulie; il la cerne de toutes parts, pour l’empêcher de se ravitailler et de recevoir des secours. Les habitants, réduits à la dernière extrémité, prennent la douloureuse résolution de se rendre à merci; mais Judith se rend au camp des Assyriens, et en revient bientôt, apportant comme trophée la tête sanglante d’Holoferne. L'armée ennemie, attaquée soudain par les Juifs, est écrasée, dispersée, et le peuple de Dieu triomphe. Tel est le sujet dans ses grandes lignes.
Deux parties: la première, qui sert d’introduction et de préparation (1,1-6, 21), raconte les événements qui précédèrent et amenèrent le siège de Béthulie; la seconde, qui est la principale (7, 1-16, 31), expose en détail la délivrance de Béthulie et de toute la Palestine par le courageux exploit de Judith.
2° L’auteur et l'époque de la composition. — On ne sait absolument rien de positif, et l’on en est réduit aux conjectures relativement à l'auteur du livre de Judith. Ces conjectures n’ont pas manqué dans le cours des siècles, et l’on a tour à tour attribué la composition de cette dramatique histoire à Judith elle-même, au grand prêtre Éliachim, à l’Ammonite Achior, qui joue un rôle important dans ces pages, et à vingt autres, dont il est inutile de citer les noms, puisque ce sont là de pures théories sans fondement solide. Cependant on pourrait dire, d’une manière générale, que l’auteur était un Juif qui habitait la Palestine, car il en connaît à fond le territoire et les localités.
Mêmes divergences entre les critiques lorsqu’il s'agit de déterminer simplement l’époque de la composition : on a désigné presque toutes les périodes possibles entre le 6è siècle avant J .-C. et l’an 117 de notre ère. Ce sont les rationalistes, on le conçoit, qui abaissent la date le plus possible, afin d’enlever au livre toute autorité. Mais ici nous avons quelques points de repère assez précieux, dont nos meilleurs exégètes et assyriologues catholiques ont tiré un excellent parti. Tout d'abord, nous lisons dans la Vulgate, tout à fait à la fin du livre (16, 31), que les Juifs instituèrent une fête annuelle en l’honneur de l’exploit de Judith et de la délivrance de Béthulie; or cette fête n’existait plus après l’exil de Babylone, d’où il suit que notre écrit est antérieur à la ruine de Jérusalem. Mais voici un autre fait qui nous permet de préciser davantage encore. Aucun roi juif n’est mentionné dans le récit, et, à l'heure du péril national, c’est le grand prêtre qui prend en mains la défense du pays : d’où l’on a conclu à bon droit, d’une part, que le royaume d’Israël n’existait plus ; d'autre part, que celui de Juda devait être alors sans chef; ce qui arriva précisément, comme le docte Bellarmin l’avait déjà supposé de la façon la plus heureuse, lorsque Manassé eut été déporté à Babylone pour un temps assez considérable (cf. 2 Chroniques 34, 11). Cette époque, nous le dirons bientôt avec une netteté plus grande encore (Voyez la page 379, au 4°), cadre parfaitement avec les données historiques du livre et avec le contrôle que ces données reçoivent des monuments assyriens. Ajoutons enfin que l'histoire de Judith dut être écrite assez peu de temps après les faits dont elle se compose, peu de temps du moins après la mort de l'illustre héroïne (La mort de Judith est en effet racontée à la fin du petit volume, 16, 25 et ss.); c’est ce qui ressort de la fraîcheur, de la netteté, et de la précision de la plupart des détails.
3° le texte hébreu et les principales versions. — Nous allons nous retrouver ici en face de difficultés semblables à celles que nous avons rencontrées sur ce même point à propos du livre de Tobie (Voyez la page 336 de ce volume). Pour notre livre aussi, le texte hébreu a depuis longtemps disparu; on ne saurait même dire avec certitude quel en était l’idiome. Pour notre livre aussi, les traductions qui nous ont été conservées s’écartent notablement les unes des autres : non pour le fond, qui est partout le même, mais pour la forme et les traits secondaires du tableau.
Saint Jérôme (Proef. In libr. Judith) regardait le chaldéen comme la langue primitive: opinion qui a été adoptée par un certain nombre d’exégètes. D’autres se décident en faveur de l'hébreu, peut-être avec plus de vraisemblance. ll est du moins certain que le livre ne fut pas écrit en grec, ainsi qu’on l’a quelquefois prétendu, tant le texte grec abonde en tournures et en expressions qui accusent ouvertement un original sémitique.
Les principales versions sont: 1° celle des Septante, qui est la plus ancienne de toutes, et dont il existe plusieurs recensions assez différentes les unes des autres (Moins divergentes cependant que les textes grecs du livre de Tobie (voyez la p. 336, n. 3). Saint Jérôme les signale avec vigueur); 2° et 3° l’Itala et la traduction syriaque, faites toutes deux sur le texte des Septante; 4° la Vulgate. Cette dernière présente des particularités importantes, qui sont dues surtout à la méthode spéciale que suivit saint Jérôme pour traduire le livre de Judith. Prenant pour base le texte chaldéen, il fit ce travail, raconte-t-il lui-même (Proef. In libr. Judith), d’une manière rapide et large, en un moment de grande presse. « En raison des nombreuses occupations qui prenaient tout mon temps, je n'ai consacré à ce livre qu'une courte veillée, traduisant plutôt du sens au sens que du mot au mot. J'ai éliminé une variante très vicieuse de plusieurs codex.. Je n'ai rendu en latin que ce que j'ai pu trouvé d'intelligible dans les mots chaldéens » Nous ignorons ce qu'était au juste ce texte chaldéen; du moins le procédé du saint docteur suffit pour expliquer certaines omissions (Comp. 1, 13-16;2, 5-6, etc., dans la traduction grecque. Quant aux additions ou autres variantes d'une certaine importance (comp. 1, 3 et ss.; 3, 9; 4, 8-15; 5, 11-20; 6, 13-15 et ss.; 7, 2 et ss.; 9, 6 et ss.; 10, 12 et ss.; 15, 11; 16, 25) elles proviennent, bien entendu, du document que saint Jérôme avait sous les yeux) de la Vulgate. En comparant notre version officielle avec l’Itala, on voit en outre que saint Jérôme s’est souvent laissé influencer par l'antique traduction latine, dont il conserve en maint endroit les expressions. Malgré ces imperfections, « il faut considérer la Vulgate, en somme, comme la restitution la plus fidèle du texte original, lors même que le texte grec, en certains endroits, serait plus exact (Welte, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, t. 12, p.403). »
Dans ces différentes traductions du livre de Judith, ce qui ne surprend pas moins que les suppressions, additions et transpositions, et qui déconcerte beaucoup plus l’interprète, c’est l'étonnante divergence qui existe pour la transcription des noms propres; car il en résulte parfois de vraies énigmes historiques et géographiques, qu’il n’a pas été toujours aisé de deviner. Par exemple : 1, 6, Jadason dans la Vulgate, ‘Γδάσπης dans le grec, ’Ulaï (le fleuve Εύλαίος des Grecs) dans le syriaque; 1, 8, Cedar dans la Vulgate, Γαλαάδ dans le grec; 1, 9, terra Jesse dans la Vulgate, γή Γεσέμ (la terre de Gessen) dans le grec; 11, 13, Tharsis (c.-à-d. Tarse en Cilicie) dans la Vulgate, ‘Ρασσίς dans le grec; 2, 14, Mambre dans la Vulgate, ’Аξρώνα dans le grec ordinaire, (2, 24), Χεξρών dans le Codex sinaiticus, etc. (en pareil cas, la tendance du copiste était de remplacer un nom qu'il ne connaissait point par un nom plus connu).
4° La canonicité et le caractère historique du livre; — Quoique deutérocanonique comme celui de Tobie, puisqu’il manque également dans la Bible hébraïque (Voyez le tome 1, p.12 et 13), le livre de Judith a été regardé de tout temps par l'Église chrétienne comme une portion intégrante de la Bible. Déjà, saint Clément Romain (1 Cor. 55) le cite parmi les écrits inspirés, et tous les anciens Pères font de même. Saint Jérôme dit formellement que le premier concile de Nicée « le comptait au nombre des saintes Écritures ». Du reste, sa présence dans la version des Septante, et l'existence de deux midrašim hébreux, qui racontent les mêmes faits d’une manière indépendante, démontrent que les Juifs soit d’Alexandrie, soit de Palestine, lui reconnaissaient aussi une véritable autorité.
Il ne s’est pas élevé le moindre doute, pendant les quinze premiers siècles de l’ère chrétienne, sur le caractère historique du livre de Judith. C’est à la suite de Luther que l’on a commencé à ne voir dans toute cette histoire qu’une simple « fiction religieuse..., qui symbolise la victoire du peuple juif sur tous ses ennemis (Paroles de Luther, dans sa préface du livre de Judith) »; et tel est aujourd’hui le sentiment unanime des exégètes protestants et rationalistes (quelques-uns, cependant, consentent à reconnaître çà et là des traits vraiment historiques), auquel se sont imprudemment rangés quelques écrivains catholiques. Mais ce sentiment ne repose sur aucune base solide, et nous pouvons lui opposer les preuves extrinsèques et intrinsèques les plus convaincantes. 1° La tradition chrétienne n’est pas moins unanime sur ce point que sur celui de la canonicité. Voici en quels termes elle a été résumée par un auteur contemporain: « Celle que saint Clément Romain nomme bienheureuse, que l’auteur des Constitutions apostoliques appelle très sage; Clément d’Alexandrie, parfaite entre les femmes; Origène, magnifique et la plus noble de toutes les femmes; celle que Tertullien place au nombre des saintes, que saint Ambroise proclame admirable; saint Augustin, glorieuse; saint Fulgence, une sainte et illustre veuve; saint Chrysostome, très sainte : cette femme n’a certainement pas été regardée comme nulle (et sans réalité historique) par d’aussi grands personnages (Nickes, de libro Judithae, p. 11) .» 2° Cette tradition chrétienne, nous venons de le dire, s’appuie sur la tradition juive et la continue; or cette dernière n'a pu se former d’après des événements supposés, ou d’après un « roman historique ». Ajoutons que « les anciennes prières juives pour le premier et le second sabbat de la fête de la Dédicace contiennent un résumé du livre de Judith; ce qui prouve que les lsraélites croyaient à la réalité des faits qui y étaient racontés, car ils n’auraient pu remercier Dieu d’une délivrance imaginaire (Man. Bibl., t. 2, n. 537. Comp. Judith, 16, 31) ». 3° Le fond même du livre, si on l’envisage soit dans son ensemble, soit dans les détails, nous garantit que l’écrivain sacré a voulu raconter des faits strictement vrais et objectifs. Notez en particulier les données généalogiques (8, 1), géographiques (1, 6-8; 2, 12-17; 3, 1, 14; 4, 3, 5, etc.), chronologiques (2, 1; 8, 4; 16, 28, etc.), historiques (1, 3-10, etc.), dont la narration est parsemée : elles sont toutes saisissantes de vérité. 4° On allègue, il est vrai, des objections multiples contre la véracité des faits contenus dans le livre de Judith. Nous les signalerons et les réfuterons une à une brièvement dans le commentaire, et l’on verra qu'elles ne présentent rien de grave (Voyez Cornely, Historica et critica introductio in historicos Vet. Testamenti libros, t. 2, pars 1, p.401-412). D’autre part, comme d’éminents assyriologues l'ont récemment démontré, les documents ninivites justifient admirablement le récit sacré dans ses grandes lignes et pour une foule de traits secondaires, à tel point que l’on a pu dire: « Une seule chose manque aux annales cunéiformes, le nom d’Holoferne (Vigouroux, Bible et découvertes, t. 4, p. 303). » Nous profiterons aussi de ces précieuses découvertes pour l’explication; leur caractère apologétique est manifeste.
5° Le but et l'utilité du livre de Judith. — Le but paraît contenu tout entier dans cette réflexion du chef ammonite Achior à Holoferne, 5, 24-25: « Maintenant donc, mon seigneur,·prenez des informations; si les Juifs sont coupables de quelque iniquité en présence de leur Dieu, attaquons-les, car leur Dieu vous les livrera, et ils seront assujettis au joug de votre puissance; mais s’il n'existe pas d’offense de ce peuple envers son Dieu, nous ne pourrons leur résister, car leur Dieu les défendra, et nous serons en opprobre à toute la terre. » L’historien a donc voulu démontrer à ses coreligionnaires, par cet épisode remarquable de leur histoire, qu’ils n’avaient rien à craindre aussi longtemps qu’ils demeureraient la nation fidèle de Dieu. C’est la pensée exprimée en termes si lyriques au psaume 45.
Quant à l’utilité de ce beau récit, on peut l'envisager à un triple point de vue. Sous le rapport historique elle est tout évidente, puisque nous avons ici un supplément important à l’histoire juive. Sous le rapport moral, quoi de plus édifiant que les vertus de Judith, si souvent relevées par les Pères, notamment sa foi, son esprit de prière et sa chasteté? Enfin, sous le rapport symbolique, la vaillante héroïne a été regardée comme un type de Marie, la Reine immaculée, Mère de Dieu, à laquelle l’Église applique les beaux textes 13 , 23, et 15, 10.
6° Auteurs à consulter : Didacus de Celada, Judith illustris perpetuo commentario litterali et morali, Lyon, 1637; les commentaires de Serarius, de Cornelius a Lapide, de Calmet; Montfaucon, la Vérité de l'histoire de Judith, Paris, 1690; J. de la Neuville, le Livre de Judith avec des réflexions morales, Paris, 1728; Gillet, Tobie, Judith et Esther, Paris, 1879; F. Robiou, Deux questions de chronologie et d’histoire éclaircies par les annales d’Assurbanipal, Paris, 1875; A. Delattre, le Livre de Judith, étude critique et historique, Paris, 1884; Palmieri, De veritate historica libri Judith, Golpen, 1886. Voyez aussi F. Vigouroux, la Bible et les découvertes modernes, t. 4, pp. 275-305 de la 5° édition.
Livre de Judith
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Judith 1. 1 Arphaxad, roi des Mèdes, après avoir soumis à son empire beaucoup de nations, bâtit de pierres de taille équarries une ville très forte, qu'il appela Écbatane. 2 Il l'entoura de murailles hautes de soixante-dix coudées, sur trente coudées de largeur et il y construisit des tours hautes de cent coudées, 3 de forme carrée, chaque côté ayant vingt pieds de largeur et il fit les portes en proportion de la hauteur des tours. 4 Il se glorifiait comme étant invincible par la puissance de son armée et par la multitude de ses chars. 5 Or, la douzième année de son règne, Nabuchodonosor, roi des Assyriens, qui régnait à Ninive, la grande ville, fit la guerre à Arphaxad et le vainquit 6 dans la grande plaine appelée Ragau, avec l'aide de ceux qui habitent près de l'Euphrate, du Tigre et du Jadason, dans la plaine d'Érioch, le roi des Eliciens. 7 Alors fut agrandie la domination de Nabuchodonosor et son cœur s'éleva et il envoya des messagers à tous ceux qui habitaient en Cilicie, à Damas et sur le mont Liban, 8 aux peuples du Carmel, de Cédar, aux habitants de la Galilée, dans la grande plaine d'Esdrelon, 9 à tous ceux qui étaient dans la Samarie, au-delà du fleuve du Jourdain, jusqu'à Jérusalem et dans tout le pays de Gessen jusqu'aux frontières de l'Ethiopie, 10 à tous ces peuples, Nabuchodonosor, roi d'Assyrie, envoya des messagers. 11 Et tous, d'un commun accord, refusèrent, ils les renvoyèrent sans présents et n'eurent pour eux que du mépris. 12 Alors le roi Nabuchodonosor entra en fureur contre tous ces pays et jura par son trône et par son royaume de tirer vengeance de toutes ces contrées.
Judith 2. 1 La treizième année du roi Nabuchodonosor, le vingt-deuxième jour du premier mois, il fut décidé dans la maison de Nabuchodonosor, roi d'Assyrie, qu'il se vengerait. 2 Et il convoqua tous les anciens, tous ses chefs et ses guerriers et il tint avec eux un conseil secret. 3 Il leur dit que son dessein était de soumettre toute la terre à son empire. 4 Ce discours ayant été approuvé de tous, le roi Nabuchodonosor fit venir Holoferne, général en chef de son armée, 5 et il lui dit : "Mets-toi en marche contre tous les royaumes d'Occident et principalement contre ceux qui ont méprisé mon ordre. 6 Ton œil n'épargnera aucun royaume et tu me soumettras toutes les villes fortes. 7 Alors Holoferne, ayant appelé les chefs et les officiers de l'armée des Assyriens, enrôla des hommes pour l'expédition, selon l'ordre du roi, au nombre de cent vingt mille fantassins et douze mille archers à cheval. 8 Il fit précéder son armée d'une multitude innombrable de chameaux, avec des provisions en abondance pour ses soldats et d'innombrables troupeaux de bœufs et de moutons. 9 Il fit préparer sur son passage du blé de toute la Syrie. 10 Il prit de la maison du roi des sommes immenses d'or et d'argent. 11 Et il se mit en marche, lui et toute l'armée, avec les chariots, les cavaliers et les archers, qui couvraient la face de la terre, comme des sauterelles. 12 Ayant franchi la frontière de l'Assyrie, il arriva aux grandes montagnes d'Angé, qui sont au nord de la Cilicie et il pénétra dans toutes leurs forteresses et s'empara de tous les retranchements. 13 Il emporta d'assaut la célèbre ville de Mélitène et pilla tous les habitants de Tarse, ainsi que les enfants d'Ismaël qui étaient en face du désert et au sud du pays de Cellon. 14 Passant l'Euphrate, il alla en Mésopotamie et força toutes les places fortes de la contrée, depuis le torrent de Chaboras jusqu'à la mer. 15 Ensuite il s'empara de tous les pays limitrophes de l'Euphrate depuis la Cilicie jusqu'au territoire de Japheth, qui s'étend vers le sud. 16 Il emmena captifs tous les fils de Madian, pilla toutes leurs richesses et fit périr par le glaive tous ceux qui lui résistèrent. 17 Il descendit ensuite dans les campagnes de Damas, au temps de la moisson, brûla toutes les récoltes et fit couper tous les arbres et toutes les vignes. 18 Et la terreur de ses armes s'empara de tous les habitants de la terre.
Judith 3. 1 Alors les rois et les princes de toutes les villes et de tous les pays, savoir de la Syrie Mésopotamienne, de la Syrie de Soba, de la Libye et de la Cilicie envoyèrent leurs ambassadeurs, qui se rendirent auprès d'Holoferne et lui dirent : 2 "Apaise ta colère contre nous, il vaut mieux, avec la vie sauve, servir Nabuchodonosor, le grand roi et nous soumettre à toi, que de mourir, après avoir souffert, en périssant, les maux de la servitude. 3 Toutes nos villes, tout ce que nous possédons, toutes nos montagnes, nos collines, nos champs, nos troupeaux de bœufs, de brebis, de chèvres, de chevaux, de chameaux, tous nos biens et nos familles sont devant toi. 4 Que tout ce que nous avons soit sous ta dépendance. 5 Nous et nos enfants, nous sommes tes serviteurs. 6 Viens à nous comme un maître pacifique et fais usage de nos services comme il te plaira." 7 Holoferne descendit alors des montagnes avec ses cavaliers, en grande force et il se rendit maître de toutes les villes et de tous les habitants du pays. 8 Il prit de toutes les villes, pour en faire des auxiliaires, des hommes vaillants et choisis pour la guerre. 9 Or, telle était la frayeur qui pesait sur ces provinces, que les habitants de toutes les villes, les magistrats et les plus honorables personnages, comme les gens du peuple, sortaient à son approche au-devant de lui 10 et le recevaient avec des couronnes et des flambeaux, en dansant au son des tambours et des flûtes. 11 Néanmoins, même par cette conduite, ils ne purent pas adoucir la férocité de son cœur. 12 Il détruisit leurs villes et coupa leurs bois sacrés. 13 Car Nabuchodonosor lui avait ordonné d'exterminer tous les dieux de la terre, afin que lui-même fût seul appelé Dieu par toutes les nations que la puissance d'Holoferne pourrait soumettre. 14 Après avoir parcouru la Syrie et Soba, toute l'Apamée et toute la Mésopotamie, il arriva chez les Iduméens dans le pays de Gabaa, 15 et, ayant pris leurs villes, il s'arrêta là trente jours, pendant lesquels il fit rassembler toutes les troupes de son armée.
Judith 4. 1 Les enfants d'Israël qui habitaient dans le pays de Juda, ayant appris ces choses, furent saisis de crainte à l'approche d'Holoferne. 2 Ils éprouvèrent un sentiment d'effroi et d'horreur à la pensée qu'il pourrait traiter Jérusalem et le temple du Seigneur comme il avait traité les autres villes et leurs temples. 3 Ils envoyèrent des messagers dans toute la Samarie et aux environs jusqu'à Jéricho et ils occupèrent d'avance tous les sommets des montagnes. 4 Ils entourèrent leurs bourgs de murailles et firent des provisions de blé pour se préparer à soutenir la lutte. 5 Le grand prêtre Éliacim écrivit aussi à tous ceux qui demeuraient en face d'Esdrelon, vis-à-vis de la grande plaine qui est près de Dothaïn et à tous ceux sur le territoire desquels étaient les passages, 6 leur recommandant d'occuper les versants des montagnes par où l'on pouvait aller à Jérusalem et de garder les défilés qui pouvaient offrir un chemin entre les montagnes. 7 Les enfants d'Israël exécutèrent les ordres d'Éliacim, prêtre du Seigneur. 8 Et tout le peuple invoqua le Seigneur avec grande instance et ils humilièrent leurs âmes dans le jeûne et la prière, eux et leurs femmes. 9 Les prêtres se revêtirent de cilices et les enfants se prosternèrent devant le temple du Seigneur et l'on couvrit d'un cilice l'autel du Seigneur. 10 Et d'un cœur unanime ils crièrent vers le Seigneur, Dieu d'Israël, afin qu'il ne permît pas que leurs enfants devinssent la proie d'un vainqueur et leurs femmes un butin à partager, que leurs villes fussent livrées à la destruction et leur sanctuaire profané et qu'eux-mêmes fussent un objet d'opprobre parmi les nations. 11 Alors Éliacim, le grand prêtre du Seigneur, parcourut tout le pays d'Israël et il s'adressa au peuple, 12 en disant : "Sachez que le Seigneur exaucera vos supplications, si vous persévérez dans le jeûne et la prière en sa présence. 13 Souvenez-vous de Moïse, serviteur du Seigneur : Amalec se confiait dans sa force et dans sa puissance, dans son armée, dans ses boucliers, dans ses chars et dans ses cavaliers, Moïse le vainquit, non en combattant avec le fer, mais en adressant à Dieu de saintes prières. 14 Il en sera ainsi de tous les ennemis d'Israël, si vous persévérez dans l'œuvre que vous avez commencée." 15 A la suite de cette exhortation, ils supplièrent le Seigneur, demeurant en sa présence : 16 en sorte que ceux mêmes qui offraient des holocaustes, les offraient au Seigneur étant revêtus de cilices et ayant de la cendre sur leurs têtes. 17 Et tous priaient Dieu de tout leur cœur, afin qu'il visitât son peuple d'Israël.
Judith 5. 1 On annonça à Holoferne, chef de l'armée des Assyriens, que les enfants d'Israël se préparaient à la résistance et qu'ils avaient fermé les passages des montagnes. 2 Transporté de fureur et brûlant de colère, il appela tous les princes de Moab et les chefs d'Ammon, 3 et il leur dit : "Dites-moi quel est ce peuple qui occupe les montagnes, quelles sont leurs villes, quelle en est la force et l'importance, quelle est leur puissance militaire, quel est leur nombre et quel chef les commande. 4 Pourquoi sont-ils les seuls, parmi tous les peuples de l'Occident, qui nous ont méprisés et ne sont pas sortis au-devant de nous pour nous recevoir en paix ?" 5 Alors Achior, chef de tous les fils d'Ammon, lui répondit : "Si tu daignes m'écouter, mon seigneur, je dirai devant toi la vérité sur ce peuple qui habite dans les montagnes et aucune parole fausse ne sortira de ma bouche. 6 Ce peuple est de la race des Chaldéens. 7 Il vint habiter d'abord en Mésopotamie, parce qu'ils ne voulaient pas suivre les dieux de leurs pères, qui étaient dans le pays des Chaldéens. 8 Ayant donc abandonné les rites de leurs ancêtres, qui rendaient honneur à une multitude de dieux, 9 ils adorèrent le seul Dieu du ciel, qui leur avait ordonné de sortir de leur pays et d'aller demeurer en Canaan. La famine ayant envahi toute la terre, ils descendirent en Égypte et là ils se multiplièrent de telle sorte pendant quatre cents ans, qu'ils devinrent une multitude innombrable. 10 Traités durement par le roi d'Égypte et forcés de bâtir ses villes avec du mortier et de la brique, ils invoquèrent le Seigneur, leur Dieu, qui frappa de différentes plaies tout le pays d'Égypte. 11 Les Égyptiens les chassèrent de chez eux et la plaie cessa de les frapper, mais ils voulurent les prendre de nouveau et en faire encore une fois leurs esclaves. 12 Alors les Israélites s'enfuirent et Dieu ouvrit devant eux la mer, en sorte que les eaux devinrent solides comme une muraille de chaque côté et qu'ils purent passer en marchant à pied sec au fond de la mer. 13 L'innombrable armée des Égyptiens les y ayant poursuivis, elle fut ensevelie sous les eaux, au point qu'il n'en resta pas un seul qui pût transmettre à la postérité le récit de cet événement. 14 Lorsque les Israélites furent sortis de la mer Rouge, ils occupèrent les déserts du mont Sinaï, dans lesquels aucun homme ne put jamais habiter, ni aucun fils d'homme fixer son séjour. 15 Là les fontaines amères se changèrent en eaux douces pour les désaltérer et durant quarante ans ils reçurent du ciel leur nourriture. 16 Partout où ils s'avancèrent sans arc et sans flèche, sans bouclier et sans épée, leur Dieu combattit pour eux et remporta la victoire. 17 Et nul n'a jamais triomphé de ce peuple, si ce n'est quand il s'est éloigné du service du Seigneur, son Dieu. 18 Mais toutes les fois qu'ils ont adoré un autre Dieu que lui, ils ont été livrés au pillage, à l'épée et à l'opprobre. 19 Et toutes les fois qu'ils se sont repentis d'avoir abandonné le service de leur Dieu, le Dieu du ciel leur a donné la force de résister à leurs ennemis. 20 Enfin ils ont vaincu les rois des Chananéens, des Jébuséens, des Phérézéens, des Héthéens, des Hévéens, des Amorrhéens et tous les puissants d'Hésebon et ils ont pris possession de leurs terres et de leurs villes. 21 Tant qu'ils ne péchèrent pas en présence de leur Dieu, le bonheur fut avec eux, car leur Dieu hait l'iniquité. 22 En effet, avant ces dernières années même, s'étant éloignés de la voie où Dieu leur avait commandé de marcher, ils furent taillés en pièces dans les combats par plusieurs nations et beaucoup d'entre eux ont été emmenés captifs dans une terre étrangère. 23 Mais depuis peu, étant revenus au Seigneur, leur Dieu, ils se sont réunis après cette dispersion, ils ont occupé toutes ces montagnes et ils possèdent de nouveau Jérusalem, où est leur sanctuaire. 24 Maintenant donc, mon seigneur, prends des informations : s'ils sont coupables de quelque iniquité devant leur Dieu, montons contre eux, car leur Dieu te les livrera certainement et ils seront assujettis au joug de ta puissance. 25 Mais si ce peuple n'a pas offensé son Dieu, nous ne pourrons pas tenir devant eux, car leur Dieu les défendra et nous deviendrons un objet de moquerie pour toute la terre." 26 Lorsqu'Achior eut cessé de parler, tous les grands d'Holoferne, en proie à la colère, songeaient à le tuer, se disant les uns aux autres : 27 "Quel est cet homme qui ose dire que les enfants d'Israël peuvent résister au roi Nabuchodonosor et à ses armées, eux, des gens sans armes, sans force, étrangers à l'art de la guerre ? 28 Afin donc de faire voir à Achior qu'il nous trompe, gravissons ces montagnes et lorsque les plus forts d'entre eux seront entre nos mains, nous le passerons avec eux au fil de l'épée : 29 afin que toutes les nations sachent que Nabuchodonosor est le Dieu de la terre et qu'il n'y en a pas d'autre que lui."
Judith 6. 1 Lorsqu'ils eurent cessé de parler, Holoferne, transporté de fureur, dit à Achior : 2 "Puisque, t'érigeant en prophète, tu nous annonces que le peuple d'Israël sera défendu par son Dieu, je veux te montrer qu'il n'y a pas de Dieu que Nabuchodonosor. 3 Lorsque nous les aurons tous frappés comme un seul homme, tu périras toi-même par l'épée des Assyriens et tout Israël sera anéanti avec toi. 4 Tu connaîtras ainsi que Nabuchodonosor est le maître de toute la terre. Et alors l'épée de mes soldats traversera tes flancs, tu tomberas percé parmi les blessés d'Israël et tu ne respireras plus, jusqu'à ce que tu sois exterminé avec eux. 5 Si tu crois que ta prophétie soit véritable, que ton visage cesse d'être abattu et que la pâleur qui le couvre s'éloigne de toi, si tu t'imagines que mes paroles ne puissent s'accomplir. 6 Mais pour que tu saches bien que tu périras avec eux, dès ce moment tu seras associé à ce peuple, afin que, lorsque mon épée leur fera subir le châtiment qu'ils méritent, tu tombes avec eux sous ma vengeance." 7 Alors Holoferne donna ordre à ses serviteurs de saisir Achior, de le conduire vers Béthulie et de le livrer aux mains des enfants d'Israël. 8 Les serviteurs d'Holoferne, s'étant saisis de lui, traversèrent la plaine, mais lorsqu'ils furent près de la montagne, les frondeurs sortirent contre eux. 9 Les Assyriens se détournèrent en côtoyant la montagne, lièrent Achior à un arbre par les mains et les pieds et, l'ayant laissé là, ils revinrent vers leur maître. 10 Alors les enfants d'Israël, descendant de Béthulie, vinrent à lui et, l'ayant délié, ils le conduisirent à Béhtulie, puis ils l'amenèrent au milieu du peuple et lui demandèrent pourquoi les Assyriens l'avaient abandonné ainsi garrotté. 11 En ces jours-là, Ozias, fils de Micha, de la tribu de Siméon et Charmi, nommé aussi Gothoniel, étaient les chefs qui commandaient dans la ville. 12 Achior raconta donc, au milieu des anciens et en présence de tout le peuple, tout ce qu'il avait répondu aux questions d'Holoferne, comment les gens d'Holoferne avaient voulu le tuer à cause de ce qu'il avait dit, 13 et comment Holoferne lui-même avait ordonné, dans sa colère, qu'on le livrât pour cela entre les mains des Israélites, afin qu'après sa victoire sur les enfants d'Israël, il fit aussi mourir Achior par divers supplices, parce qu'il avait dit que le Dieu du ciel était leur défenseur. 14 Achior ayant achevé son récit, tout le peuple se prosterna le visage contre terre, adorant le Seigneur et, mêlant leurs gémissements et leurs larmes, ils répandirent d'un même cœur leurs prières devant le Seigneur, 15 en disant : "Seigneur, Dieu du ciel et de la terre, voyez leur orgueil et considérez notre abaissement, tournez vos regards sur la face de vos saints et montrez que vous n'abandonnez pas ceux qui mettent en vous leur confiance et que vous abaissez ceux qui présument d'eux-mêmes et s'enorgueillissent de leur puissance." 16 Lorsque le peuple eut cessé de pleurer et qu'il eut passé tout le jour en prières, ils consolèrent Achior, 17 en disant : "Le Dieu de nos pères, dont tu as proclamé la puissance, t'accordera en retour de voir plutôt leur ruine. 18 Et lorsque le Seigneur, notre Dieu, aura donné cette délivrance à ses serviteurs, que Dieu soit encore avec toi au milieu de nous, afin que, selon qu'il te plaira, tu vives avec nous, toi et tous les tiens." 19 Quand l'assemblée se fut séparée, Ozias reçut Achior dans sa maison et lui offrit un grand festin. 20 Il y invita les anciens et, le jeûne étant passé, ils mangèrent ensemble. 21 Puis tout le peuple se rassembla de nouveau et ils prièrent toute la nuit dans le lieu où ils étaient réunis, implorant le secours du Dieu d'Israël.
Judith 7. 1 Le lendemain, Holoferne donna l'ordre à ses troupes de monter contre Béthulie. 2 Son armée était forte de cent vingt mille hommes de pied et de vingt-deux mille cavaliers, sans compter les hommes propres à la guerre qu'il avait faits prisonniers et les jeunes gens qu'il avait amenés des provinces et des villes. 3 Tous ensemble se préparèrent au combat contre les enfants d'Israël et, marchant le long de la montagne jusqu'au sommet qui regarde Dothaïn, ils campèrent depuis le lieu appelé Belma, jusqu'à Chelmon, qui est vis-à-vis d'Esdrelon. 4 Quand les enfants d'Israël aperçurent cette multitude, ils se prosternèrent contre terre et, se couvrant la tête de cendres, ils prièrent tous ensemble le Dieu d'Israël de faire éclater sa miséricorde sur son peuple. 5 Puis, ayant pris leurs armes de guerre, ils occupèrent les lieux où de petits sentiers permettaient de passer entre les montagnes et ils y faisaient la garde jour et nuit. 6 En parcourant les environs, Holoferne découvrit une fontaine en dehors de la ville, du côté du midi, laquelle y conduisait ses eaux par un aqueduc et il fit couper cet aqueduc. 7 Cependant il y avait, non loin des murs, d'autres sources où les assiégés venaient puiser à la dérobée un peu d'eau, plutôt, ce semble, pour soulager leur soif que pour l'apaiser. 8 Mais les fils d'Ammon et de Moab vinrent trouver Holoferne, en disant : "Les enfants d'Israël n'ont confiance ni dans leurs lances ni dans leurs flèches, mais ces montagnes les défendent et ces collines suspendues sur des précipices font leur force. 9 Afin donc que vous puissiez triompher d'eux sans livrer bataille, placez près des sources des gardes qui les empêchent d'y puiser de l'eau, vous les ferez périr ainsi sans coup férir, ou bien, épuisés par la soif, ils rendront leur ville, qu'ils regardent comme imprenable parce qu'elle est placée sur les montagnes." 10 Le conseil plut à Holoferne et à ses officiers et il fit mettre un poste de cent hommes autour de chaque fontaine. 11 Cette garde ayant été faite pendant vingt jours, toutes les citernes et les réservoirs d'eau furent à sec pour tous les habitants de Béthulie, de sorte qu'il ne restait pas dans la ville de quoi rassasier leur soif même un seul jour, car on distribuait chaque jour au peuple l'eau par mesure. 12 Alors tous les hommes et les femmes, les jeunes gens et les enfants se rassemblèrent auprès d'Ozias et d'une commune voix 13 tous lui dirent : "Que Dieu soit juge entre toi et nous, car tu as agi pour notre malheur en refusant de faire des propositions de paix aux Assyriens et c'est pour cela que Dieu nous a livrés entre leurs mains. 14 C'est pourquoi il n'y a personne qui vienne à notre secours, alors que la soif et une grande misère nous font tomber en défaillance sous leurs regards. 15 Maintenant donc, assemble tous ceux qui sont dans la ville, afin que nous nous rendions tous volontairement aux gens d'Holoferne. 16 Car il vaut mieux pour nous avoir la vie sauve et bénir Dieu dans la captivité, que de mourir et d'être en opprobre à tous les hommes, après avoir vu nos femmes et nos enfants périr sous nos yeux. 17 Prenant aujourd'hui à témoin le ciel et la terre et le Dieu de nos pères, qui nous châtie selon nos péchés, nous te conjurons de livrer incessamment la ville entre les mains des soldats d'Holoferne, afin que nous trouvions une prompte mort par le tranchant du glaive, au lieu d'une mort lente dans les ardeurs de la soif." 18 Lorsqu'ils eurent ainsi parlé, il se fit des lamentations et de grands cris dans toute l'assemblée et tous d'une voix, pendant de nombreuses heures, ils crièrent vers Dieu, en disant : 19 "Nous avons péché avec nos pères, nous avons été infidèles, nous avons commis l'iniquité. 20 Vous, qui êtes miséricordieux, ayez pitié de nous, ou bien tirez vengeance de nos crimes en nous châtiant vous-même et ne livrez pas ceux qui vous glorifient à un peuple qui ne vous connaît pas, 21 afin qu'on ne dise pas parmi les nations : Où est leur Dieu ?" 22 Après s'être fatigués à force de crier et de pleurer, ils se turent. 23 Alors Ozias se leva, baigné de larmes et dit : "Ayez bon courage, mes frères et attendons pendant cinq jours la miséricorde du Seigneur. 24 Car peut-être mettra-t-il fin à sa colère et donnera-t-il gloire à son nom. 25 Ces cinq jours passés, si le secours n'est pas venu, nous ferons ce que vous nous avez proposé."
Judith 8. 1 Ces paroles furent rapportées à Judith, une veuve, fille de Mérari, fils d'Idox, fils de Joseph, fils d'Ozias, fils d'Élaï, fils de Jamnor, fils de Gédéon, fils de Raphaïm, fils d'Achitob, fils de Melchias, fils d'Énan, fils de Nathanias, fils de Salathiel, fils de Siméon, fils d'Israël. 2 Son mari, appelé Manassès, était mort au temps de la moisson de l'orge. 3 Comme il surveillait les moissonneurs, qui liaient les gerbes dans les champs, l'ardeur du soleil le frappa à la tête et il mourut dans Béthulie, sa ville et il y fut inhumé avec ses pères. 4 Il y avait déjà trois ans et six mois que Judith était restée veuve. 5 Elle s'était construit sur le toit de sa maison une chambre retirée, où elle demeurait enfermée avec ses servantes. 6 Les reins couverts d'un cilice, elle jeûnait tous les jours de sa vie, excepté les jours de sabbat et de nouvelle lune et les fêtes de la maison d'Israël. 7 Elle était très belle de figure et son mari lui avait laissé de grandes richesses, de nombreux serviteurs et des domaines remplis de troupeaux de bœufs et de brebis. 8 Elle était en grande estime auprès de tous, parce qu'elle craignait beaucoup le Seigneur et il n'y avait personne qui dit d'elle une parole de blâme. 9 Ayant donc appris qu'Ozias avait promis de livrer la ville passé le cinquième jour, elle envoya vers les anciens du peuple Chabri et Charmi. 10 Ils se rendirent auprès d'elle et elle leur dit : "Comment Ozias a-t-il pu dire qu'il livrerait la ville aux Assyriens, si dans cinq jours, il ne vous arrive pas de secours ? 11 Et qui êtes-vous, pour mettre ainsi le Seigneur à l'épreuve ? 12 Ce n'est pas là une parole qui attire la miséricorde, mais plutôt qui excite la colère et allume la fureur. 13 Vous avez fixé au Seigneur un terme dans lequel il doit exercer sa miséricorde et vous lui avez marqué un jour selon votre bon plaisir. 14 Mais parce que le Seigneur est patient, faisons pénitence de cette faute et implorons son pardon en versant des larmes. 15 Car Dieu ne menace pas à la manière de l'homme et il ne s'enflamme pas de colère comme un fils d'homme. 16 Humilions donc nos âmes devant lui et mettons en nous un esprit d'humilité, comme il convient à ses serviteurs. 17 Prions le Seigneur avec larmes de nous faire sentir, en la manière qu'il lui plaira, les effets de sa miséricorde, afin que, comme l'orgueil de nos ennemis a jeté le trouble dans notre cœur, ainsi notre humilité nous devienne un sujet de gloire. 18 Car nous n'avons pas imité les péchés de nos pères qui ont abandonné leur Dieu et adoré des dieux étrangers. 19 C'est à cause de ce crime qu'ils ont été livrés au glaive, au pillage et à la moquerie de leurs ennemis, mais nous, nous ne connaissons pas d'autres Dieu que lui. 20 Attendons humblement sa consolation et il vengera notre sang sur nos ennemis qui nous affligent, il humiliera toutes les nations qui s'élèvent contre nous et il les couvrira de confusion, lui, le Seigneur notre Dieu. 21 Et maintenant, mes frères, puisque vous êtes les anciens du peuple de Dieu et que leur vie dépend de vous, relevez leurs cœurs par vos paroles, pour qu'ils se souviennent que nos pères ont été éprouvés afin que l'on connût s'ils servaient véritablement leur Dieu. 22 Ils doivent se rappeler comment Abraham, notre père, a été tenté et comment, éprouvé par beaucoup de tribulations, il est devenu l'ami de Dieu. 23 De même Isaac, de même Jacob, de même Moïse et tous ceux qui ont plu à Dieu, ont passé par beaucoup d'afflictions en demeurant fidèles. 24 Mais ceux qui n'ont pas accepté ces épreuves avec la crainte du Seigneur et qui ont donné cours à leur impatience et à d'injurieux murmures contre le Seigneur, 25 ceux-là, l'exterminateur les a frappés de mort et les serpents les ont fait périr. 26 Ne nous laissons donc pas aller à l'impatience à cause des maux que nous souffrons. 27 Mais estimons que ces tourments, moindres que nos péchés, sont les bâtons dont le Seigneur nous châtie, comme ses serviteurs, pour nous amender et croyons que ce n'est pas pour notre perte qu'ils nous ont été envoyés." 28 Ozias et les anciens lui répondirent : "Tout ce que tu as dit est vrai et il n'y a rien à reprendre dans tes paroles. 29 Maintenant donc, prie Dieu pour nous, car tu es une femme sainte et craignant Dieu." 30 Et Judith leur dit : "Comme vous reconnaissez que ce que j'ai pu dire est de Dieu, 31 éprouvez si ce que j'ai résolu de faire est aussi de lui et priez que Dieu me donne la force de réaliser mon dessein. 32 Vous vous tiendrez cette nuit à la porte et je sortirai, avec ma compagne et priez afin que dans cinq jours, comme vous l'avez dit, le Seigneur regarde son peuple d'Israël. 33 Mais je ne veux pas que vous cherchiez à savoir ce que j'entreprends, jusqu'à ce que je revienne vous en donner des nouvelles, qu'on ne fasse pas autre chose que de prier pour moi le Seigneur notre Dieu." 34 Ozias, le prince de Juda, lui dit : "Va en paix et que le Seigneur soit avec toi pour tirer vengeance de nos ennemis." Et l'ayant quittée, ils s'en allèrent.
Judith 9. 1 Lorsqu'ils furent partis, Judith entra dans son oratoire et, revêtue d'un cilice, la tête couverte de cendre, elle se prosterna devant le Seigneur et l'invoqua, en disant : 2 "Seigneur, Dieu de mon père Siméon, qui lui avez donné l'épée pour se venger des étrangers qui, entraînés par la passion, avaient violé une vierge et lui avaient fait outrage pour sa confusion, 3 vous qui avez livré leurs femmes aux ravisseurs, leurs filles à l'esclavage et toutes leurs dépouilles en partage à vos serviteurs brûlants de zèle pour votre cause, assistez-moi, je vous en prie, Seigneur, mon Dieu, secourez une veuve. 4 C'est vous qui avez opéré les merveilles des temps anciens et qui avez formé le dessein de celles qui ont suivi et elles se sont accomplies parce que vous l'avez voulu. 5 Toutes vos voies sont tracées d'avance et vous avez disposé vos jugements par votre prévision. 6 Regardez en ce moment le camp des Assyriens, comme vous avez daigné autrefois regarder celui des Égyptiens, lorsqu'ils poursuivaient les armes à la main vos serviteurs, se confiant dans leurs chars, dans leurs cavaliers et dans la multitude de leurs combattants. 7 Mais vous avez regardé leur camp et les ténèbres leur ont ôté leur force. 8 L'abîme a retenu leurs pieds et les eaux les ont engloutis. 9 Qu'il en soit de même, Seigneur, de ceux-ci, qui se confient dans leur multitude, dans leurs chars, dans leurs javelots, dans leurs boucliers et dans leurs flèches et qui sont fiers de leurs lances. 10 Ils ne savent pas que c'est vous qui êtes notre Dieu, vous qui dès le commencement terrassiez les armées et dont le nom est Seigneur. 11 Levez votre bras, comme aux siècles passés, brisez leur puissance par votre puissance, que leur force tombe devant votre colère, eux qui se promettent de violer votre sanctuaire, de profaner le tabernacle de votre nom et d'abattre de leur épée les cornes de votre autel. 12 Faites, Seigneur, que l'orgueil de cet homme soit abattu par sa propre épée. 13 Qu'il se prenne aux lacs de son regard sur moi et frappez-le par les douces paroles de mes lèvres. 14 Mettez dans mon cœur assez de fermeté pour le mépriser, assez de force pour le perdre. 15 Ce sera pour votre nom une gloire mémorable qu'il soit abattu par la main d'une femme. 16 Car votre puissance, Seigneur, n'est pas dans le grand nombre et votre volonté ne dépend pas de la force des chevaux et dès le commencement les superbes ne vous ont pas plu, mais vous avez toujours eu pour agréable la prière des hommes humbles et doux. 17 Dieu du ciel, Créateur des eaux et Seigneur de toute la création, exaucez-moi, malheureuse, qui vous supplie et qui mets ma confiance en votre miséricorde. 18 Souvenez-vous, Seigneur, de votre alliance, donnez la parole à ma bouche, la force au dessein qui est dans mon cœur, afin que votre maison conserve la sainteté dont vous l'avez revêtue 19 et que toutes les nations reconnaissent que vous êtes Dieu et qu'il n'y en a pas d'autre que vous."
Judith 10. 1 Lorsqu'elle eut achevé sa prière au Seigneur, Judith se leva du lieu où elle était prosternée contre terre devant le Seigneur. 2 Elle appela sa servante et, étant descendue dans sa maison, elle ôta son cilice et se dépouilla des vêtements de son veuvage. 3 Elle se lava le corps, s'oignit de la myrrhe la plus fine, disposa sa chevelure, mit le turban sur sa tête, revêtit ses vêtements de fête, attacha des sandales à ses pieds, prit ses bracelets, son collier, ses pendants d'oreilles et ses anneaux, en un mot, se para de tous ses ornements. 4 Le Seigneur releva encore son éclat, parce que tout cet ajustement avait son principe, non dans la volupté, mais dans la vertu, c'est pourquoi le Seigneur augmenta sa beauté de telle sorte qu'elle brillât aux yeux de tous d'un éclat incomparable. 5 Puis elle fit porter à sa servante une outre de vin, un vase d'huile, de la farine grillée, des fruits secs, du pain et du fromage et elle partit. 6 Arrivée, elle et sa servante, à la porte de la ville, elle trouva Ozias et les anciens qui l'attendaient. 7 En la voyant, ils furent ravis d'admiration pour sa beauté. 8 Cependant ils ne lui adressèrent aucune question et la laissèrent passer, en disant : "Que le Dieu de nos pères te donne sa grâce, qu'il affermisse par sa puissance tous les desseins qui sont dans ton cœur, afin que Jérusalem soit glorifiée à cause de toi et que ton nom figure parmi ceux des saints et des justes." 9 Ceux qui étaient présents répondirent tous d'une seule voix : "Amen. Amen." 10 Et Judith franchit les portes, elle et sa servante, en priant le Seigneur. 11 Comme elle descendait la montagne, au lever du jour, les postes avancés des Assyriens la rencontrèrent et l'arrêtèrent, en disant : "D'où viens-tu et où vas-tu ?" 12 Elle répondit : "Je suis une fille des Hébreux et je me suis enfuie du milieu d'eux, ayant reconnu qu'ils vous seront livrés en proie, parce qu'ils vous ont méprisés et qu'ils n'ont pas voulu se rendre à vous volontairement, pour trouver grâce devant vous. 13 C'est pourquoi j'ai dit en moi-même : Je me présenterai devant le prince Holoferne, pour lui découvrir leurs secrets et lui indiquer un accès par où il pourra les prendre sans perdre un seul homme de son armée." 14 Lorsque ces hommes eurent entendu ses paroles, ils considérèrent son visage et la surprise était dans leurs yeux, tant ils admiraient sa grande beauté : 15 "Tu as sauvé ta vie, lui dirent-ils, en prenant cette résolution de descendre vers notre seigneur. 16 Tu peux être assurée que, lorsque tu paraîtras devant lui, il te traitera bien et que tu seras très agréable à son cœur." Puis, l'ayant conduite à la tente d'Holoferne, ils l'annoncèrent. 17 Dès qu'elle fut entrée en sa présence, Holoferne fut aussitôt pris par les yeux. 18 Ses officiers lui dirent : "Qui donc pourrait mépriser le peuple des Hébreux qui a de si belles femmes ? Ne méritent-elles pas bien que, pour les posséder, nous lui fassions la guerre ?" 19 Judith vit Holoferne assis sous son pavillon, dont le tissu de pourpre et d'or était orné d'émeraudes et de pierres précieuses. 20 Ayant arrêté les yeux sur son visage, elle l'adora en se prosternant jusqu'à terre. Aussitôt, sur l'ordre de leur maître, les serviteurs d'Holoferne la relevèrent.
Judith 11. 1 Alors Holoferne lui dit : "Rassure-toi et bannis la crainte de ton cœur, car je n'ai jamais fait de mal à quiconque a voulu servir le roi Nabuchodonosor. 2 Si ton peuple ne m'avait pas méprisé, je n'aurais pas levé ma lance contre lui. 3 Maintenant, dis-moi pourquoi tu t'es éloignée d'eux et tu as pris le parti de venir vers nous ?" 4 Judith lui répondit : "Accueille les paroles de ta servante, car si tu suis les paroles de ta servante, le Seigneur réalisera pleinement ses desseins sur toi, 5 aussi vrai que Nabuchodonosor, le roi de la terre, est vivant et que sa puissance est vivante, cette puissance dont tu es dépositaire pour le châtiment de tous ceux qui sont égarés, car non seulement les hommes sont amenés par toi à le servir, mais les animaux mêmes des champs lui obéissent. 6 En effet, la sagesse de ton esprit est célèbre dans toutes les nations, tout le monde sait que dans tout son royaume tu es le seul bon et puissant et ton gouvernement est vanté dans toutes les provinces. 7 On sait aussi ce qu'a dit Achior et on n'ignore pas de quelle manière tu as ordonné de le traiter. 8 Car il est certain que notre Dieu est tellement offensé par les péchés de son peuple, qu'il lui a fait annoncer par ses prophètes qu'il allait le livrer à ses ennemis à cause de ses infidélités. 9 Et parce que les enfants d'Israël savent qu'ils ont offensé leur Dieu, ils tremblent de frayeur devant toi. 10 En outre, la famine les presse et, les réservoirs d'eau étant desséchés, ils sont déjà à compter parmi les morts. 11 Ils ont même pris la résolution de tuer leur bétail et d'en boire le sang. 12 Il n'est pas jusqu'aux choses consacrées au Seigneur, leur Dieu, auxquelles Dieu leur a défendu de toucher, le blé, le vin et l'huile des dîmes et des prémices, qu'ils n'aient résolu de faire servir à leur usage, osant se nourrir de choses qu'il ne leur est pas même permis de toucher de leurs mains. Puisqu'ils agissent ainsi, il est certain qu'ils seront livrés à la ruine. 13 Voilà ce que je sais, moi, ta servante et j'ai fui loin d'eux et le Seigneur m'a envoyée t'en informer. 14 Car moi, ta servante, je sers Dieu, maintenant même que je suis auprès de toi et ta servante sortira du camp pour aller prier Dieu. 15 Et il me fera connaître quand il doit les châtier pour leur péché et je viendrai te l'annoncer. Je te conduirai alors à travers la Judée jusqu'à Jérusalem et tu trouveras tout le peuple d'Israël comme des brebis qui n'ont plus de pasteur et il n'y aura pas même un chien qui aboie contre toi. 16 C'est la prescience de Dieu qui m'a révélé ces choses, 17 et comme il est irrité contre eux, j'ai reçu mission de te les annoncer." 18 Tout ce discours plut à Holoferne et à ses serviteurs. Ils admiraient la sagesse de Judith et se disaient les uns aux autres : 19 "Il n'existe pas sur la terre de femme qui soit semblable à celle-ci pour la prestance, pour la beauté et pour la sagesse de ses discours." Holoferne lui dit : 20 "Dieu a bien fait de t'envoyer devant ce peuple, pour nous le livrer entre les mains. 21 Comme ta proposition est bonne, si ton Dieu fait cela pour moi, il sera aussi mon Dieu et toi, tu seras grande dans la maison de Nabuchodonosor et ton nom deviendra célèbre dans toute la terre."
Judith 12. 1 Alors Holoferne ordonna qu'on fît entrer Judith sous la tente où étaient déposés ses trésors, afin qu'elle y demeurât et il régla ce qu'on devait lui donner de sa table. 2 Judith lui répondit : "Je ne puis manger maintenant des choses que tu commandes qu'on me donne, de peur de me rendre coupable d'un péché, je mangerai de ce que j'ai apporté pour moi." 3 Holoferne lui dit : "Quand les vivres que tu as apportés seront épuisés, que ferons-nous pour toi ?" 4 "Seigneur, répondit Judith, je jure par ta vie que ta servante n'aura pas consommé toutes ces provisions, avant que Dieu ait réalisé par ma main le dessein que j'ai formé." Et ses serviteurs l'introduisirent dans la tente qu'il avait désignée. 5 En y entrant, elle demanda qu'on lui accordât la faculté de sortir, la nuit et avant le jour, pour aller prier et invoquer le Seigneur. 6 Et Holoferne ordonna à ses serviteurs de la laisser sortir et entrer à son gré, pendant trois jours pour adorer son Dieu. 7 Elle sortait donc chaque nuit dans la vallée de Béthulie et elle se lavait dans une fontaine. 8 Lorsqu'elle était remontée, elle priait le Seigneur, Dieu d'Israël, de diriger sa voie pour la délivrance de son peuple. 9 Puis, rentrant dans sa tente, elle y demeurait pure jusqu'à ce qu'elle prît sa nourriture vers le soir. 10 Le quatrième jour, Holoferne donna un festin à ses serviteurs et il dit à Vagao, son eunuque : "Va et persuade à cette Juive de consentir de bon cœur à habiter avec moi. 11 Ce serait une honte pour un homme, chez les Assyriens, qu'une femme se moquât de lui et le quittât sans avoir cédé à ses désirs." 12 Alors Vagao entra chez Judith et lui dit : "Que la bonne fille ne craigne pas de venir auprès de mon seigneur, pour être honorée en sa présence, pour manger avec lui et boire du vin avec joie." 13 "Qui suis-je, répondit Judith, pour résister à mon seigneur ? 14 Tout ce qui est bon et excellent à ses yeux, je le ferai et tout ce qu'il préfère sera pour moi le meilleur, tous les jours de ma vie." 15 Et elle se leva et, s'étant parée de ses ornements, elle entra et se présenta devant Holoferne. 16 Le cœur d'Holoferne fut agité, parce qu'il brûlait de désir pour elle. Holoferne lui dit : 17 "Bois donc et mange avec joie, car tu as trouvé grâce devant moi." 18 Judith répondit : "Je boirai, seigneur, car mon âme est plus honorée en ce jour qu'elle ne l'a été tous les jours de ma vie." 19 Et prenant ce que sa servante lui avait préparé, elle mangea et but devant lui. 20 Holoferne fut transporté de joie à cause d'elle et il but du vin à l'excès, plus qu'il n'en avait jamais bu dans sa vie.
Judith 13. 1 Quand le soir fut venu, les serviteurs d'Holoferne se hâtèrent de regagner leurs tentes et Vagao, ayant fermé les portes de la chambre, s'en alla. 2 Tous étaient appesantis par le vin, 3 et Judith restait seule dans la chambre. 4 Holoferne était étendu sur son lit, plongé dans l'assoupissement d'une complète ivresse. 5 Judith avait dit à sa servante de se tenir dehors devant la chambre et de faire le guet. 6 Debout devant le lit, Judith pria quelque temps avec larmes, remuant les lèvres en silence : 7 "Seigneur, Dieu d'Israël, disait-elle, fortifiez-moi et jetez en ce moment un regard favorable sur l'œuvre de mes mains, afin que, selon votre promesse, vous releviez votre ville de Jérusalem et que j'achève ce que j'ai cru possible par votre assistance." 8 Ayant dit ces paroles, elle s'approcha de la colonne qui était à la tête du lit d'Holoferne, détacha son épée qui y était suspendue et, 9 l'ayant tirée du fourreau, elle saisit les cheveux d'Holoferne, en disant : "Seigneur Dieu, fortifiez-moi à cette heure." 10 Et de deux coups sur la nuque, elle lui trancha la tête. Puis elle détacha le rideau des colonnes et roula par terre le corps décapité, 11 et, sortant sans retard, elle donna la tête d'Holoferne à sa servante, en lui ordonnant de la mettre dans son sac. 12 Elles partirent ensuite toutes deux, selon leur coutume, comme pour aller prier et, après avoir traversé le camp et contourné la vallée, elles arrivèrent à la porte de la ville. 13 Judith cria de loin aux gardiens des murailles : "Ouvrez la porte, car Dieu est avec nous et il a signalé sa puissance en faveur d'Israël." 14 Ayant entendu ses paroles, les gardes appelèrent les anciens de la ville. 15 Aussitôt tous les habitants accoururent vers elle, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, car ils commençaient à désespérer de son retour. 16 Allumant des flambeaux, ils se rassemblèrent tous autour d'elle. Judith, montant sur un lieu élevé, commanda qu'on fit silence, lorsque tous se furent tus, 17 elle leur dit : "Louez le Seigneur, notre Dieu, qui n'a pas abandonné ceux qui espéraient en lui. 18 Par moi, sa servante, il a accompli ses promesses de miséricorde en faveur de la maison d'Israël et il a tué cette nuit par ma main l'ennemi de son peuple." 19 Alors, tirant du sac la tête d'Holoferne, elle la leur montra en disant : "Voici la tête d'Holoferne, chef de l'armée des Assyriens et voici le rideau sous lequel il était couché dans son ivresse, lorsque le Seigneur notre Dieu l'a frappé par la main d'une femme. 20 Aussi vrai que le Seigneur est vivant, son ange m'a gardée à mon départ, durant mon séjour au milieu d'eux et à mon retour et le Seigneur n'a pas permis que sa servante fût souillée, mais il m'a rendue à vous sans aucune tache de péché, toute joyeuse de sa victoire, de ma conservation et de votre délivrance. 21 Vous tous, chantez ses louanges, car il est bon, car sa miséricorde dure à jamais." 22 Tous, adorant le Seigneur, lui dirent : "Le Seigneur t'a bénie dans sa force, car par toi il a réduit à néant tous nos ennemis." 23 Ozias, le prince du peuple d'Israël, lui dit : "Ma fille, tu es bénie par le Seigneur, le Dieu très haut, plus que toutes les femmes qui sont sur la terre. 24 Béni soit le Seigneur, créateur du ciel et de la terre, qui a conduit ta main pour trancher la tête au plus grand de nos ennemis. 25 Il a rendu aujourd'hui ton nom si glorieux, que ta louange ne disparaîtra pas de la bouche des hommes, qui se souviendront éternellement de la puissance du Seigneur, car, en leur faveur, tu n'as pas épargné ta vie en voyant les souffrances et la détresse de ta race, mais tu nous as sauvés de la ruine en marchant dans la droiture en présence de notre Dieu." 26 Et tout le peuple répondit : "Amen. Amen." 27 Ensuite on fit venir Achior et Judith lui dit : "Le Dieu d'Israël, à qui tu as rendu ce témoignage qu'il tire vengeance de ses ennemis, a tranché lui-même cette nuit, par ma main, la tête du chef de tous les infidèles. 28 Et pour te convaincre qu'il en est ainsi, voici la tête d'Holoferne qui, dans l'insolence de son orgueil, méprisait le Dieu d'Israël et t'a menacé de mort, en disant : lorsque le peuple d'Israël sera vaincu, je te ferai passer au fil de l'épée." 29 A la vue de la tête d'Holoferne, Achior frissonna d'horreur, il tomba le visage contre terre et s'évanouit. 30 Lorsqu'il eut repris ses sens et fut revenu à lui, il se prosterna aux pieds de Judith et lui dit : 31 "Sois proclamée bénie de ton Dieu dans toutes les tentes de Jacob. Parmi tous les peuples qui entendront ton nom, le Dieu d'Israël sera glorifié à cause de toi."
Judith 14. 1 Alors Judith dit à tout le peuple : "Écoutez-moi, mes frères, suspendez cette tête au haut de nos murailles. 2 Et, quand le soleil sera levé, que chacun prenne ses armes, puis sortez avec impétuosité, non pour descendre seulement dans la vallée, mais comme pour faire une attaque générale. 3 Il faudra bien alors que les avant-postes s'enfuient vers leur général, afin de le réveiller pour le combat. 4 Et lorsque leurs chefs auront couru à la tente d'Holoferne et qu'ils le trouveront décapité, baigné dans son sang, l'épouvante s'emparera d'eux. 5 Et lorsque vous les verrez fuir, mettez-vous hardiment à leur poursuite, car le Seigneur les écrasera sous vos yeux." 6 Alors Achior, voyant la puissance qu'exerçait le Dieu d'Israël, abandonna le culte des nations, il crut en Dieu, se circoncit et fut incorporé au peuple d'Israël, ainsi que tous ses descendants, jusqu'au temps présent. 7 Dès que le jour parut, les habitants de Béthulie suspendirent aux murailles la tête d'Holoferne et, chaque homme ayant pris ses armes, ils sortirent de la ville avec un grand tumulte et de grands cris. 8 Les avant-postes s'en étant aperçus coururent à la tente d'Holoferne. 9 Ceux qui étaient dans la tente vinrent et firent du bruit à la porte de la chambre à coucher pour l'éveiller, augmentant à dessein le tumulte, afin qu'Holoferne fût tiré de son sommeil par tout ce bruit, sans qu'un des siens eût besoin de le réveiller. 10 Car personne n'osait, ni en frappant, ni en entrant, ouvrir la porte de la chambre à coucher du plus grand des Assyriens. 11 Mais ses généraux, ses commandants et tous les officiers de l'armée du roi des Assyriens étant venus, dirent aux chambellans : 12 "Entrez et éveillez-le, car ces rats sont sortis de leurs trous et ont osé nous provoquer au combat." 13 Alors, Vagao, étant entré dans la chambre, s'arrêta devant le rideau et il frappa des mains, car il s'imaginait que son maître dormait avec Judith. 14 Mais quand, prêtant l'oreille, il n'entendit aucun des mouvements d'un homme qui eût été couché là, il s'approcha du rideau et, l'ayant levé, il aperçut le cadavre d'Holoferne étendu par terre, sans tête et baigné dans son sang. Aussitôt il jeta un grand cri, en pleurant et déchira ses vêtements. 15 Et, étant entré dans la tente de Judith, il ne la trouva pas. Il sortit en toute hâte vers le peuple, 16 et dit : "Une seule femme juive a mis la confusion dans la maison du roi Nabuchodonosor, voici qu'Holoferne est étendu par terre et sa tête n'est plus avec son corps." 17 En entendant ces paroles, tous les princes de l'armée des Assyriens déchirèrent leurs vêtements, une crainte et une frayeur extrêmes s'emparèrent d'eux, leurs esprits furent bouleversés, 18 et une clameur indicible retentit au milieu de leur camp.
Judith 15. 1 Lorsque toute l'armée eut appris qu'Holoferne avait eu la tête tranchée, ils perdirent tout sens et toute prudence et, n'écoutant que la peur et l'effroi, ils cherchèrent leur salut dans la fuite. 2 Sans se dire un mot les uns aux autres, la tête basse et laissant là tout, pressés d'échapper aux Hébreux qu'ils entendaient venir sur eux les armes à la main, ils s'enfuirent à travers champs et par les sentiers des montagnes. 3 Les enfants d'Israël, les voyant fuir, se mirent à leur poursuite, ils descendirent en sonnant de la trompette et en poussant de grands cris derrière eux. 4 Et comme les Assyriens fuyaient dispersés et en toute hâte, les enfants d'Israël, qui les poursuivaient réunis en un seul corps, taillaient en pièces tous ceux qu'ils pouvaient atteindre. 5 En même temps Ozias envoya des messages dans toutes les villes et dans toutes les campagnes d'Israël. 6 Ainsi chaque village et chaque ville, ayant fait prendre les armes à l'élite de leurs jeunes gens, les envoyèrent après les Assyriens et ils les poursuivirent à la pointe de l'épée jusqu'à leur extrême frontière. 7 Ceux qui étaient restés à Béthulie entrèrent dans le camp des Assyriens, emportèrent le butin que les Assyriens avaient abandonné dans leur fuite et en revinrent tout chargés. 8 D'autre part, ceux qui, après la victoire, retournèrent à Béthulie, amenèrent avec eux tout ce qui avait appartenu aux Assyriens, des bestiaux sans nombre, des animaux de trait et tout leur bagage, en sorte que, tous, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, s'enrichirent de leurs dépouilles. 9 Joakim, le grand prêtre, vint de Jérusalem à Béthulie, avec tous ses anciens, pour voir Judith. 10 Lorsqu'elle sortit pour aller au-devant de lui, tous la bénirent d'une seule voix, en disant : "Tu es la gloire de Jérusalem, tu es la joie d'Israël, tu es l'honneur de notre peuple 11 car tu as montré une âme virile et ton cœur a été plein de vaillance. Parce que tu as aimé la chasteté et que, après avoir perdu ton mari, tu n'as pas voulu en connaître un autre, la main du Seigneur t'a revêtue de force et tu seras bénie éternellement." 12 Tout le peuple répondit : "Amen. Amen." 13 Trente jours suffirent à peine au peuple d'Israël pour recueillir les dépouilles des Assyriens. 14 Tout ce qu'on reconnut avoir appartenu à Holoferne, l'or et l'argent, les vêtements, les pierres précieuses et tous les objets divers, on le donna à Judith et tout cela lui fut abandonné par le peuple. 15 Et tout le peuple se réjouit, avec les femmes, les jeunes filles et les jeunes gens, au son des harpes et des cithares.
Judith 16. 1 Alors Judith chanta ce cantique au Seigneur, en disant : 2 "Célébrez le Seigneur au son des tambourins, chantez le Seigneur avec les cymbales, modulez en son honneur un cantique nouveau, exaltez et acclamez son nom. 3 Le Seigneur met fin aux guerres, le Seigneur est son nom. 4 Il a dressé son camp au milieu de son peuple, pour nous délivrer des mains de tous nos ennemis. 5 Assur est venu des montagnes, du côté de l'Aquilon, avec les myriades de ses guerriers, leur multitude arrêtait les torrents et leurs chevaux couvraient les vallées. 6 Il se promettait de ravager par le feu mon territoire, d'immoler par l'épée mes jeunes gens, de faire de mes enfants un butin, de mes vierges des captives. 7 Mais le Seigneur tout-puissant l'a couvert d'ignominie, il l'a livré aux mains d'une femme et elle en a triomphé. 8 Leur héros n'est pas tombé sous les coups des jeunes gens, les fils des braves ne l'ont pas frappé, les géants à haute stature ne se sont pas mesurés avec lui. C'est Judith, la fille de Mérari, qui l'a renversé par la beauté de son visage. 9 Elle s'est dépouillée des vêtements de son veuvage, elle s'est parée de ses vêtements de fête, pour le triomphe des enfants d'Israël, 10 elle a fait couler sur son visage une huile parfumée, elle a disposé sous le turban les boucles de sa chevelure. Elle a revêtu une robe neuve pour le séduire. 11 L'éclat de sa sandale a ébloui ses yeux, sa beauté a rendu son âme captive et elle lui a tranché la tête avec l'épée. 12 Les Perses ont frémi de sa vaillance, les Mèdes de son audace, 13 le camp des Assyriens a retenti de hurlements, quand se sont montrés les miens, exténués et desséchés par la soif. 14 Des fils de jeunes femmes les ont transpercés et les ont tués comme des enfants qui s'enfuient : ils ont péri dans le combat, devant la face du Seigneur mon Dieu. 15 Chantons un cantique au Seigneur, chantons au Seigneur un cantique nouveau : 16 Maître souverain, Seigneur, vous êtes grand et magnifique dans votre puissance et nul ne peut vous surpasser. 17 Que toutes vos créatures vous servent, parce que vous avez parlé et tout a été fait, vous avez envoyé votre esprit et tout a été créé et nul ne peut résister à votre voix. 18 Les montagnes, ainsi que les eaux, sont agitées sur leurs bases, les pierres se fondent comme la cire, devant votre face, 19 mais ceux qui vous craignent sont grands devant vous en toutes choses. 20 Malheur à la nation qui s'élève contre mon peuple car le Seigneur, le Tout-Puissant, se vengera d'elle, il la visitera au jour du jugement, 21 il livrera leur chair au feu et aux vers, afin qu'ils brûlent et qu'ils éprouvent ce supplice éternellement." 22 Après cette victoire, tout le peuple se rendit à Jérusalem pour adorer le Seigneur et, aussitôt qu'ils furent purifiés, ils offrirent tous les holocaustes et acquittèrent leurs vœux et leurs promesses. 23 Judith offrit toutes les armes d'Holoferne, que le peuple lui avait données et le rideau qu'elle avait elle-même enlevé du lit, en anathème d'oubli. 24 Tout le peuple était dans l'allégresse en face du sanctuaire et la joie de cette victoire fut célébrée avec Judith pendant trois mois. 25 Ces jours de fête étant passés, chacun retourna dans sa maison, Judith fut honorée dans Béthulie et elle jouit d'un grand renom dans tout le pays d'Israël. 26 Joignant au courage la chasteté, elle ne connut pas d'homme le reste de sa vie, depuis la mort de Manassès, son mari. 27 Les jours de fête, elle paraissait magnifiquement parée. 28 Après avoir demeuré cent cinq ans dans la maison de son mari et donné la liberté à sa servante, elle mourut et fut inhumée à Béthulie avec son mari, 29 et tout le peuple la pleura pendant sept jours. 30 Dans tout le cours de sa vie et après sa mort, il n'y eut personne, pendant de longues années, qui troubla la paix d'Israël. 31 Le jour de fête institué en souvenir de cette victoire est compté par les Hébreux au nombre des saints jours et il est célébré par les Juifs depuis ce temps-là jusqu'à aujourd'hui.
Notes sur le livre de Judith
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Le livre de Judith est encore un de ceux que les Juifs et les protestants rangent à tort parmi les apocryphes.
1.1 Donc. Cette particule, qui manque d’ailleurs dans le grec, supposant quelque chose qui précède, on croit avec assez de probabilité que cette histoire est tirée des anciennes annales des Hébreux. ― Ecbatane. Voir 1 Esdras, note 6.2. ― Sur Arphaxad, voir l’Introduction. ― Bâtit ; c’est-à-dire rebâtit, fit des agrandissements, des embellissements à Ecbatane, que Déjocès son père avait bâtie.
1.2 L’édition donnée à Rome en 1861 par le P. C. Vercellone porte : Soixante-dix coudées de hauteur, et trente coudées de largeur ; leçon qui, à tous égards, doit être préférée.
1.3 S’étendait en carré, c’est-à-dire que les tours étaient carrées.
1.5 Nabuchodonosor, roi de Ninive, est vraisemblablement Assurbanipal. Aucun roi d’Assyrie n’a porté le nom de Nabuchodonosor (c’est-à-dire, que le dieu Nébo protège la couronne), parce que le dieu Nébo n’était pas adoré dans ce pays, mais seulement en Babylonie. Cependant, comme Assurbanipal régnait sur ce dernier pays de même que sur le premier, on peut admettre qu’il avait adopté, comme roi de Babylone, un nom qui rendait hommage au dieu de la contrée. Assurbanipal raconte, dans ses inscriptions, qu’il a vaincu les Mèdes. Après cette victoire, il voulut rétablir son pouvoir sur l’Asie occidentale qui s’était révoltée, depuis la Lydie, où régnait Gygès, jusqu’à Memphis, en Égypte, où régnait Psammétique, fils de Néchao.
1.8 Cédar. Voir Psaume 119, 5.
1.10 A tous ces peuples. Quelques-uns de ces peuples lui étaient déjà assujettis ; mais il voulait se faire rendre par tous les honneurs divins.
1.11 Les mains vides : sans apporter les présents, signe de leur soumission à Nabuchodonosor.
2.6 Ton œil n’épargnera, etc., hébraïsme, pour, tu frapperas à yeux clos ; c’est-à-dire sans considération, ni distinction aucune.
2.12 Montagnes d’Angé, Argée des auteurs grecs, pic principal des montagnes du centre de la Cappadoce.
2.13 Mélothi, Mélitène, ville de Cappadoce. ― Tharse, Tarse, ville de Cilicie. Voir Actes des Apôtres, note 9.30.
3.2 Que si en mourant, etc. ; c’est-à-dire que si nous mourions après avoir souffert les maux attachés à la servitude.
3.10 Par choses saintes on entend communément le sanctuaire.
4.12 Si vous persévérez toujours ; littéralement et par hébraïsme, si persévérant vous persévérez.
4.13 Voir Exode 17, 12. ― Amalec. Voir Exode note 17.8.
5.3 Le roi ; c’est-à-dire le chef ; c’est en effet le sens qu’ont souvent en grec et en hébreu.
5.7 Voir Genèse 11, 31.
5.9 Voir Genèse 12, 1 ; 46, 6. ― Les Israélites demeurèrent seulement deux cents et quelques années en Égypte ; mais on pourrait trouver ces quatre cents en y comprenant le séjour qu’ils firent dans la terre de Canaan depuis qu’Abraham s’y fut retiré.
5.11 Voir Exode 12, 33.
5.12 Voir Exode 14, 29.
5.14 Voir Jérémie, 2, 6.
5.21 Les biens, etc., étaient avec eux ; ils avaient du bonheur, ils étaient heureux.
5.22 Avant ces dernières, etc. Les dix tribus avaient été peu de temps auparavant emmenées par Salmanasar captives en Assyrie, et Manassé n’avait dû être conduit que depuis peu à Babylone (voir 2 Rois, 17, vv. 3, 6 ; 2 Chroniques, 33, 11).
5.23 Leurs choses saintes. Voir Judith, 4, 10.
6.3 Périra entièrement ; littéralement et par hébraïsme périra par la perte.
6.11 Vers Béthulie. Maison de la montée.
6.14 Voir Judith, 5, 6-25.
6.17 Ce sera plutôt toi, etc. Par ces paroles les Israélites font allusion à celles tout opposées qu’avait dites Holopherne (voir versets 3 à 6).
6.21 Le lieu de l’assemblée, c’est-à-dire la prière. Les Juifs des villes éloignées de Jérusalem avaient des lieux où ils se réunissaient pour prier ensemble.
7.2 Outre les hommes armés ; littéralement Outre les préparations ou les armements des hommes ; car, dans le langage de l’Écriture, ces deux mots se confondent quand il s’agit de guerres, de batailles. ― Que la captivité avait atteints ; qui avaient été faits captifs par Holoferne.
7.7 Pour se rafraîchir, etc. ; c’est-à-dire pour soulager leur soif, plutôt que pour l’étancher ; car le peu d’eau qu’ils pouvaient prendre ne suffisait pas pour les désaltérer.
7.13 Voir Exode 5, 21.
7.19 Voir Psaume 105, 6.
7.23 Ozias était sans doute persuadé que le peuple pourrait souffrir la soif pendant cinq jours, et il espérait en même temps que dans cet intervalle le grand prêtre lui enverrait quelque secours pour se défendre.
7.24 Donnera-t-il, etc., c’est-à-dire glorifiera-t-il son nom, fera-t-il éclater la gloire de son nom ?
8.1 Il arriva que Judith apprit ; littéralement que Judith ayant appris ; ce qui laisse la phrase suspendue et inachevée. Le grec dit simplement : Et Judith apprit. ― Au lieu de Ruben, le grec et le syriaque lisent Israël. Ruben, en effet, était fils d’Israël ou Jacob. De plus, Judith nomme expressément comme patriarche de sa tribu ce Siméon qui était fils de Jacob (voir Judith, 9, 2). Enfin on ne lit le nom de Siméon parmi les fils de Ruben, dans aucune des diverses listes généalogiques des patriarches.
8.3 La grande chaleur vint sur sa tête ; il fut frappé d’insolation, accident commun en Palestine.
8.5 Une chambre secrète, en grec, une tente. Elle avait disposé sur la terrasse de sa maison, qui en formait le toit, une espèce de tente, où elle vivait retirée.
8.6 Les néoménies, les jours de la nouvelle lune, qui marquaient le commencement d’un mois.
8.7 Par famille nombreuse on entend généralement un grand nombre de domestiques.
8.10 Quelle est, etc. Autrement : Quel est le motif pour lequel.
8.12 Une parole ; ou bien une chose.
8.21 Leur âme ; hébraïsme, pour leur vie.
8.22 Voir Genèse 22, 1.
8.24 Qui ont témoigné, etc. Voir Nombres, 11, 1 ; 14, 2 ; 20, 2-6.
8.25 Voir 1 Corinthiens, 10, 9.
8.26 Ne nous vengeons pas par impatience ; ne nous irritons pas.
8.32 Avec ma servante, en latin abra mea. Il ne s’agit pas d’une servante ordinaire, mais d’une femme de confiance, sans doute celle de ses servantes qui était placée à la tête de toutes les autres.
9.2 Voir Genèse 34, 26. ― Judith loue ici le zèle que Siméon avait mis à venger la gloire de Dieu et l’outrage fait par les Sichémites à sa sœur ; mais nullement la manière inhumaine dont il avait exercé cette vengeance. Voir Genèse 34, 30 ; 49, 5-7.
9.3 Qui ont brûlé, etc., littéralement et par hébraïsme, qui ont zélé le zèle, ou ont été zélé de zèle.
9.6 Voir Exode 14, 9.
9.7 Les fatiguèrent. Au passage de la mer Rouge, les Égyptiens furent dans l’inquiétude ; ils ne pouvaient pas avancer à cause des ténèbres qui les enveloppaient. Voir Exode 14, vv. 19, 24.
9.10 Vous rompez ; vous faites cesser, vous arrêtez.
9.11 Vos choses saintes. Voir Judith, 4, 10. ― La corne de votre autel. Il y avait aux quatre coins de l’autel des holocaustes quatre éminences en formes de cornes.
9.13 Par mes paroles gracieuses ; littéralement par les lèvres de ma grâce. Comparer (Psaume 44, 3) à l’expression la grâce est répandue sur vos lèvres. Ici, comme souvent ailleurs, saint Jérôme a donné à un mot latin, dérivé du grec, le sens qu’il a dans cette dernière langue. ― Judith se proposait d’user de sa beauté pour perdre Holoferne, mais son but unique était de sauver son peuple en faisant périr le chef de l’armée ennemie. C’est son intention qui fait le mérite de son action. Elle exposait sa propre vie pour le salut d’Israël. Elle avait d’ailleurs le droit de faire périr Holoferne, soit par ruse, soit par violence, puisque le général assyrien faisait la guerre aux habitants de Béthulie.
9.15 Voir Juges, 4, 21 ; 5, 26.
10.3 Une mitre, coiffure haute. ― De petits ornements de la main droite, des bracelets. ― Des lis, un collier ou autre ornement avec des fleurs en forme de lis.
10.12 et suivants Sans approuver les mensonges que fait Judith, on peut dire avec saint Thomas d’Aquin que, par une erreur invincible, elle se figura qu’ils étaient permis, à cause des circonstances où elle se trouvait. On peut dire ici de même du reste de sa conduite.
10.15 Vous avez, etc. ; hébraïsme pour, vous avez sauvé votre vie.
10.19 Dans un pavillon, sans doute une moustiquaire, très ornée comme il convenait au général d’une grande armée. La moustiquaire est un tissu qui empêche les moustiques, très nombreux en Orient, de pénétrer et préserve ainsi de leurs piqûres et de leur sifflement. Ce pavillon est traduit plus loin, voir Judith, 13, 10, par rideau.
10.20 Elle s’inclina, etc. ; comme c’était l’usage, quand on se présentait devant les grands.
11.4 Achèvera, etc. ; vous donnera un succès complet.
11.7 Voir Judith, 5, 5.
11.10 Le manque d’eau ; littéralement la sécheresse de l’eau ; ellipse pour, la sécheresse produite par le manque d’eau.
11.12 Les choses saintes, etc. Les choses consacrées au Seigneur, telles que les prémices du blé, etc.
11.19 Pour le sens des paroles ; c’est-à-dire pour la sagesse qu’il y a dans ses paroles.
12.2 Que le scandale, etc. ; que je donne du scandale, en faisant usage de viandes impures. Comparer à Tobie, 1, 12.
12.7 Chez les Juifs, comme chez plusieurs autres peuples de l’Orient, on se lavait avant la prière.
12.10 Qu’elle consente, etc. Judith aurait pu épouser Holoferne sans violer la loi.
12.18 Plus qu’en tous mes jours ; ellipse pour, plus qu’elle ne l’a dit en, etc.
13.9 Il faut bien remarquer que, chez les peuples de l’antiquité, le meurtre d’un ennemi fut toujours licite. Ainsi Judith, du consentement des chefs de Béthulie, ayant sur elle la délivrance de cette ville, a pu légitimement donner la mort à l’injuste agresseur de sa patrie.
13.10 Rideau. Le rideau servait de moustiquaire. Voir Judith, 10, 19.
13.18 Dieu a promis en effet qu’il protégerait les Israélites contre leurs ennemis, tant qu’ils le serviraient fidèlement et qu’ils observeraient sa loi. Voir Lévitique, 26, vv. 3, 7-8.
13.20 Le Seigneur lui-même vit ! Formule de serment, qui équivaut à : Je jure par le Seigneur lui-même que.
13.21 Voir Psaume 105, 1 ; 106, 1.
13.25 Pour l’amour desquels. Selon quelques exégètes, parce que. ― Votre âme ; hébraïsme pour votre vie.
14.10 Du général ; littéralement De la puissance ; ellipse pour, du chef de la puissance, c’est-à-dire du chef de l’armée. Comparer au verset 17.
14.13 Devant le rideau, probablement une tenture qui isolait la partie de la tente où était le lit.
14.14 Prêtant l’oreille ; littéralement par le sens des oreilles.
14.17 De l’armée ; littéralement de la puissance. Comparer au verset 10.
15.9 Ses prêtres ; ou bien les anciens du peuples. Le grec porte : Le sénat ou les anciens des enfants d’Israël qui habitaient dans Jérusalem.
15.15 Tous les peuples ; c’est-à-dire toute la multitude des hommes.
16.3 Rompt les guerres. Voir Judith, 9, 10.
16.5 Sa multitude forte ; littéralement et par hébraïsme la multitude de sa force.
16.8 Des fils de Titan… des géants. Ces mots traduisent probablement les mots Raphaïm et Enacim qui devaient se trouver dans le texte hébreu.
16.12 Les Perses… et les Mèdes faisaient partie sans doute comme auxiliaires de l’armée d’Holoferne.
16.16 Adonaï signifie en hébreu, maître, seigneur.
16.17 Voir Genèse 2, 1 ; Psaume 32, 9.
16.23 En anathème d’oubli ; c’est-à-dire, selon les uns, comme un monument consacré à Dieu, et qui devait empêcher à jamais les Israélites d’oublier la victoire signalée que le Seigneur venait de leur accorder ; ou bien, selon les autres, un monument consacré à Dieu, et destiné à leur faire oublier les maux passés.
16.24 Des choses saintes. Voir Judith, 4, 10.
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