Livre de Job
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Explications verset par verset sur JesusMarie.com
Job
Introduction au livre de Job
1° Le sujet et la division du livre. —- Le nom du premier des écrits didactiques et poétiques de l’Ancien Testament, d’après l’ordre suivi par la Vulgate, est, comme pour plusieurs des livres historiques, celui même du héros principal. Job, pieux et riche personnage du pays de Hus, jusqu’alors comblé de toutes les consolations humaines, est accablé soudain des maux les plus affreux qu’on puisse endurer ici-bas, Dieu le permettant pour l’éprouver. Il supporte d’abord son infortune avec une admirable patience, jusqu’à ce qu’une visite de ses trois amis, Éliphaz, Baldad et Sophar, occasionne entre eux et lui une vive discussion sur la cause de ses malheurs : ils prétendent, eux, qu’il a dû se les attirer par ses fautes, et ils l'engagent à faire pénitence pour obtenir que Dieu lui fasse miséricorde; il proteste au contraire avec énergie qu’il est innocent, mais il lui échappe, dans la chaleur du débat, quelques paroles inconsidérées sur Dieu. A bout d’arguments, les trois amis se taisent, et Job affirme plus vigoureusement que jamais son innocence, lorsque se présente un nouveau personnage, Éliu, qui, envisageant le problème à un point de vue plus exact, montre que Dieu est juste, alors même qu’il frappe des hommes qui n’ont pas conscience de l’avoir gravement offensé. Le Seigneur lui-même intervient, et tranche indirectement la question par une description magnifique de sa toute-puissance et des mystères insondables de sa sagesse. Job déplore humblement la témérité avec laquelle il s’est permis de parler de la conduite de Dieu à son égard, et il obtient non seulement son pardon, mais la récompense de sa patience.
Le livre se divise de lui-même et très naturellement en trois parties, marquées de la façon la plus nette par la forme extérieure, comme le faisait observer Saint Jérôme (Praefat. In libr. Job) : prosa incipit, versu labitur, pedestri sermone finitur. Il y a le prologue, écrit en prose, 1, 1-2, 13, qui raconte brièvement la vie antérieure de Job et l'histoire de ses malheurs; puis vient le corps du livre, 3, 1-42, 6, écrit en vers, et exposant tout au long la discussion du problème signalé plus haut; il y a enfin le rapide épilogue, 42, 7-16, écrit en prose comme le prologue, et où nous prenons congé du héros après l’avoir vu heureux comme aux premiers jours.
Le poème proprement dit se subdivise à son tour en trois parties : 1° l’ardent débat de Job avec ses trois amis sur l'origine de ses souffrances, 3,1-31, 40 (quatre sections : la première phase du débat, chap. 3-14; la seconde phase, chap. 15-21; la troisième phase, chap. 22-26; un monologue triomphant de Job, chap. 27-31); 2° l'intervention et les discours d’Éliu, 32, 1-37, 24; 3° l'intervention divine, 38, 1-42, 6.
2° Unité et beauté du plan; l’intégrité de toutes les parties du livre. — L’analyse qui précède suffit, malgré sa brièveté, pour montrer, dans le livre de Job, l'existence d'un plan et d’un enchaînement parfaits. Par le prologue, le lecteur est d’abord orienté sur la situation générale des choses; il est surtout initié aux décrets divins relativement à Job, et au but que se propose le Seigneur en permettant les malheurs du saint homme. Grâce à ces données préliminaires, il a dans la main, pour parcourir le labyrinthe des trente-neuf chapitres qui suivent, un fil conducteur qui n’est pas inutile; il n’a pas à résoudre péniblement le problème, puisqu’il en possède déjà la solution et qu’il n’aura qu’à contrôler les opérations successives. La discussion commence entre Job et ses amis, et ils ne tardent pas à arriver au nœud de la question, et ce nœud va se serrant et se compliquant de plus en plus sous l’effet de leurs discours passionnés: les interlocuteurs doivent se séparer sans avoir pu se mettre d’accord. Éliu, sortant du groupe des auditeurs qui avaient assisté au débat, apporte son contingent de lumière; il donne à la question une direction nouvelle, qui prépare et fait entrevoir le dénouement, mais qui est encore bien loin de le fournir. C’est à ce moment même, tandis que les hommes sont à bout d’efforts et de connaissances, que le Seigneur apparaît, non toutefois pour donner en termes directs la solution tant cherchée, mais pour décrire ses attributs divins, tout incommensurables, qui dépassent l'intelligence et les jugements des hommes. L’épilogue achève de fournir le dénouement complet.
Tout se suit donc et s’enchaîne admirablement à travers chacune des pages du livre de Job, et tout y avance d’une manière très régulière, quoique à pas lents. On voit par là qu’il n’est pas possible de supprimer une seule des parties dont se compose cet admirable écrit, sans rendre aussitôt les autres très obscures ou incompréhensibles, sans rompre cette unité si harmonieuse et briser les anneaux de la chaîne. De soi-disant critiques, rationalistes ou protestants, n’ont pas craint cependant de rayer d’un trait de plume des passages considérables: tantôt le prologue et l’épilogue, de façon à ne laisser qu’un torse incomplet (le prologue est visiblement supposé dans le corps du poème; cf. 8,4; 29, 5, 18, etc. De même l'épilogue; cf. 13, 10; 16, 21; 22, 30) ; tantôt les pages 27,11‑28, 28, que l’on prétend être incompatibles avec les discours antérieurs de Job sur la justice rétributive du Seigneur, comme si la pensée du saint homme était condamnée à n’avancer jamais ; tantôt, et plus particulièrement, les discours d’Éliu, sous prétexte que leur genre diffère de tout le reste (différence réelle, mais attribuable au caractère même de ce nouvel interlocuteur) (voyez la note de 32, 1); tantôt la dernière partie des discours de Dieu, 40,10-41, 25 (les descriptions de l'hippopotame et du crocodile), quoique, de l‘avis d’autres rationalistes, le style « soit celui des meilleurs endroits du poème » , et ne manifeste rien moins qu’une interpolation. Vraiment, a-t-on dit à bon droit, il faut avoir perdu le goût de la beauté esthétique pour avancer de pareilles théories. Et nous pourrions citer les preuves extrinsèques, c’est-à-dire les témoignages multiples de la tradition, qui démontrent que le livre de Job nous a été transmis tel qu’il a été composé, sans changement essentiel.
3° Le but du livre de Job. - L'idée principale et dominante de ce sublime poème n’est pas moins consolante qu’importante. C‘est le grand et douloureux problème qui occupe et qui trouble si souvent le cœur de l’homme, même parmi les clartés du Nouveau Testament : l’origine de la souffrance ici-bas, la cause des misères multiples qui atteignent le genre humain, et, plus spécialement, la cause des souffrances du juste (voyez les psaumes 36 et 72, qui traitent également ce thème). Ce mystérieux problème ne se déroule pas d’une façon abstraite, sous forme de dissertation philosophique; il est discuté à propos d’un cas très concret, ce qui lui communique beaucoup plus de vie, d'intérêt, de clarté. On recherche donc, au fond, les principes qui dirigent le Seigneur dans sa conduite envers les hommes soumis au feu de l'épreuve, et l’on arrive, comme conclusion, à une complète justification de sa Providence. Les trois amis de Job n’ont qu’une théorie étroite relativement à la distribution des biens et des maux en ce monde : pour eux, la souffrance est toujours et uniquement le résultat du péché. Éliu soupçonne qu’elle peut avoir un caractère pédagogique et être infligée aux justes eux-mêmes; le prologue et l'épilogue la montrent clairement, dans le cas spécial de Job, comme une épreuve destinée à sanctifier davantage un homme déjà très vertueux. La conclusion est donc qu’il faut adorer et se taire, la dernière raison de nos souffrances n’étant autre que la sagesse infaillible de Dieu.
A côté de ce but dogmatique, il y a aussi le but moral, qui consiste à fournir, dans la patience de Job, un exemple perpétuel de courage aux âmes éprouvées. C’est ce qu’exprime parfaitement saint Jacques (5, 10-11) : « Prenez, mes frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Voici, nous dirons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorde, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion. » Sous ce rapport, Job a eu le grand honneur d’être regardé comme le type et la figure de Jésus-Christ, l’auguste et innocente victime, qui a tant souffert sans se plaindre (Cf. saint Grégoire le Grand, Moralium libri, préface, 6, 14. Sur le célèbre passage messianique du chap. 19, vers. 21 et ss., voyez le commentaire).
4° Caractère historique du livre.- Depuis longtemps on a prétendu que le poème de Job est une fiction pure et simple, inventée de toutes pièces, le héros lui-même n’ayant jamais existé; ce serait donc « d’un bout à l’autre un poème purement allégorique, un roman religieux et philosophique ». Selon d’autres, ce serait « un poème mixte, c’est-à-dire une œuvre d‘imagination brodée sur un fond historique ». Il est aisé de démontrer que toute la série des faits racontés correspond vraiment à une réalité objective.
Job est un personnage historique très réel. Rien de plus évident à la manière dont plusieurs écrivains sacrés parlent de lui; Ézéchiel surtout, qui le rapproche d’autres hommes célèbres, Noé et Daniel, dont l’existence ne fait pas l’ombre d’un doute (ez. 14, 14, 20; cf. Tob. 2, 12, 15; Jac. 5, 11). Les traditions juive et chrétienne l’affirment très expressément aussi; et l’on y trouve à peine çà et là une voix discordante : par exemple, chez les Juifs, ce docteur qui prétendait que « Job n’a pas existé et n’a pas été créé (par Dieu), mais n’est qu’une parabole » (Talmud, traité Bab bathra, fol. 15, a), et, chez les chrétiens, l’audacieux Théodore de Mopsueste, qui fut condamné par le v° concile général, pour avoir soutenu une erreur semblable (l'Église latine célèbre la fête de Job le 10 mai; l'Église grecque, le 6 mai). Le ton du livre nous conduit à la même conclusion, car partout « le lecteur éprouve irrésistiblement l’impression que les faits sont réels ». Si l’on objecte la perfection de la forme, et l'invraisemblance que des discours admirables jusque dans leurs moindres détails aient pu être improvisés sur place, nous répondrons à la suite de M. Le Hir : « On peut croire avec le plus grand nombre des exégètes que Job et ses amis n’ont prononcé que le fond des discours qu‘on leur met à la bouche, et que la diction appartient à l'auteur sacré, sans être autorisé pour cela à ne voir dans tout l‘ouvrage qu’une fiction poétique (Le livre de Job, p. 232-233). »
Il est dit très formellement, dès le début du prologue, que Job était originaire du pays de Hus (1, 1; voyez le commentaire); par conséquent, il ne faisait pas partie du peuple hébreu. A quelle époque vivait-il? Très vraisemblablement sous l'ère nommée patriarcale, antérieure à Moïse et à la sortie d'Égypte. C'est ce qu’indiquent avec beaucoup de clarté les principaux traits du livre et ses principales omissions. Le caractère général de Job et de son temps dénote des mœurs très antiques. Sa longévité (Job vécut au moins 180 ans d'après 42, 16; 240 ans d'après les Septante) nous fait remonter aussi bien haut dans l’histoire. De même sa religion, car il pratique un monothéisme parfait (cf. 34, 26-27, etc.) or, depuis les temps mosaïques, le culte de l’unique vrai Dieu semble avoir été la part exclusive des Hébreux. Job exerce dans sa famille les fonctions de prêtre (cf. 1, 5), à la manière des patriarches. De plus, le livre, qui contient plus d’une allusion aux premiers événements de l’histoire du monde (la création, la chute, les géants et leurs crimes, le déluge), n‘en fait aucune à la législation du Sinaï et à la nation théocratique. D’autre part, Job est plus récent qu’Abraham et qu’Ésaü, puisque deux de ses amis en descendaient. Mais on ne peut pas préciser davantage.
5° L’auteur et l'époque de la composition. — Pour ce qui regarde ce double point, les plus savants auteurs en sont réduits à mentionner des séries plus ou moins longues de conjectures, et à avouer ensuite qu’ « il est impossible de dire au juste par qui et à quel temps le livre de Job a été rédigé » (Man. Bibl., t. 2, n. 610). Telle était déjà la conclusion de saint Grégoire le Grand : « Qui haec scripserit, valde supervacue quaesitur. » (L. c., c. 1) La composition a été attribuée tour à tour à Job lui-même, à l’un de ses amis, à Éliu, à Moïse ou à quelqu’un de ses contemporains, à Salomon ou à son époque, à Isaïe, à Daniel et à bien d’autres. On voit qu’aucune tradition ne s’est formée à ce sujet. Quant au style, on s’en est servi pour appuyer toute sorte d’opinions. Il est parfait, et révèle un maître, un génie: voilà pourquoi on l’a cru digne de Moïse et de Salomon; mais, tantôt il contient des expressions très anciennes, employées seulement dans le Pentateuque (notamment la monnaie appelée qesîtah ; voyez la note de Gen. 33, 19), et tantôt il en présente d’autres qui paraissent relativement récentes. Il est certain que la composition remonte plus haut que Jérémie, puisque ce prophète a fait divers emprunts au poème (Cf. Jer. 12, 1 et Job 21, 7; Jer. 17, 1 et Job 19, 23; Jer. 20, 14-18, et Job 3, 3-10; Jer. 20, 17 et Job 3, 11; etc). Aujourd’hui l’on admet plus communément que ce magnifique poème appartient à l’époque de Salomon, l’âge d’or de la littérature sacrée.
6° La forme poétique du livre de Job; ses beautés littéraires. — Les Hébreux n’ayant jamais eu de drame ni d’épopée (voyez l'introduction aux livres poétiques, p. 483 de ce volume), c’est d’une manière inexacte que l’on a essayé parfois de ranger le livre de Job dans l’un ou l’autre de ces grands genres classiques. Le drame, auquel on l’a le plus souvent rattaché, « demande une action extérieure; il n’y a qu’une lutte intérieure dans le livre de Job. » Ce poème, quoique clairement didactique par son but, est avant tout lyrique par sa forme, son élan, ses mouvements. Le parallélisme est presque partout à deux membres d’une longueur à peu près uniforme.
Les beautés sont de premier ordre et vantées universellement. « Poème si parfait dans son plan, et si grandiose dans son exécution. Un des plus grands chefs-d’œuvre littéraires du monde entier. Art admirable dans l'ensemble comme dans les détails. Style majestueux, sonore, lapidaire. Portraits des divers personnages gravés comme par un artiste, en traits vigoureux et délicats. La narration historique est claire et rapide; elle offre la simplicité et la grâce des lettres antiques; les dialogues abondent en sorties véhémentes, en images vivantes, en soudains contrastes entre la lutte passionnée et la contemplation calme, profonde et grave des vérités spirituelles. L’intérêt va grandissant jusqu’à la fin. ll n’y a pas de poésie que l’on puisse comparer au livre de Job. ». Voilà le résumé concis des appréciations portées sur le livre de Job par les poètes, les critiques et les commentateurs.
7° Les difficultés d'interprétation et leurs causes. — Les pages de cet incomparable poème comptent sans contredit, presque dans toute leur étendue, parmi les plus difficiles de toute la Bible. Saint Jérôme dit que c’est « un livre figuré, glissant; une anguille ou une murène » qui s’échappe à l’instant même où l’on croit la mieux saisir. En effet, nulle part on ne trouve un style si relevé, des expressions si rares, des images aussi hardies, des réticences plus fréquentes. Et si cela est vrai du texte hébreu, on doit l'affirmer davantage encore des versions, et surtout de celle des Septante, qui a maltraité dune manière étonnante le livre de Job. La Vulgate n’est pas sans défaut, comme l’avoue saint Jérôme avec candeur; néanmoins on s’accorde à reconnaître que « c’est un travail excellent pour son époque », que « le traducteur n’y a épargné ni temps, ni peine, ni argent, procédant avec indépendance et avec goût ». Elle est supérieure à toutes les traductions anciennes.
8° Ouvrages à consulter. — Peu d’écrits bibliques ont été autant étudiés et commentés que celui qui porte le nom de Job; mais il n’entre dans notre plan de citer que les meilleurs travaux publiés par des exégètes catholiques. Ce sont: Moralium libri, sive Expositio in librum B. Job, de saint Grégoire le Grand, « étude gigantesque, qui laisse à peine passer sans le toucher un point de dogme ou de morale; » le commentaire de saint Thomas d’Aquin, Venise, 1505 [traduit en français par les éditions Sainte-Madeleine, cf. barroux.org, 35€] ; Commentariorum in librum Job libri tredecim, de Jean de Pineda, Madrid, 1597 à 1601; le commentaire de Sanctius (Sanchez), Lyon, 1625; Job elucidatus, de B. Cordier, Anvers, 1646; F. Vavassor, Jobus brevi commentario et metaphrasi poetica illustratus, Paris, 1638; les commentaires de Tirin, de Menochius et de Calmet ; Lesêtre, le Livre de Job, Paris, 1886; surtout Commentarius in librum Job, du P. J. Knabenbauer, Paris, 1886.
Livre de Job
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Job 1. 1 Il y avait dans le pays de Hus un homme nommé Job, cet homme était intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal. 2 Il lui naquit sept fils et trois filles. 3 Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cent ânesses et un très grand nombre de serviteurs et cet homme était le plus grand de tous les fils de l'Orient. 4 Ses fils avaient coutume d'aller les uns chez les autres et de se donner un festin, chacun à leur tour et ils envoyaient inviter leurs trois sœurs à venir manger et boire avec eux. 5 Et, quand le cercle des festins était fini, Job envoyait chercher ses fils et les purifiait, puis il se levait de bon matin et offrait un holocauste pour chacun d'eux, car il se disait : « Peut-être mes fils ont-ils péché et offensé Dieu dans leur cœur. » Et Job faisait ainsi chaque fois. 6 Il arriva un jour que, les fils de Dieu étant venus se présenter devant le Seigneur, Satan vint aussi au milieu d'eux. 7 Et le Seigneur dit à Satan : « D'où viens-tu ? » Satan répondit au Seigneur et dit : « De parcourir le monde et de m'y promener. » 8 Le Seigneur dit à Satan : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'y a pas d'homme comme lui sur la terre, intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal. » 9 Satan répondit au Seigneur : « Est-ce gratuitement que Job craint Dieu ? 10 Ne l'as-tu pas entouré comme d'une clôture, lui, sa maison et tout ce qui lui appartient ? Tu as béni l'œuvre de ses mains et ses troupeaux couvrent le pays. 11 Mais étends la main, touche à tout ce qui lui appartient et on verra s'il ne te maudit pas en face. » 12 Le Seigneur dit à Satan : « Voici, tout ce qui lui appartient est en ton pouvoir, seulement ne porte pas la main sur lui. » Et Satan se retira de devant la face du Seigneur. 13 Or un jour que ses fils et ses filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné, 14 un messager vint dire à Job : « Les bœufs étaient à labourer et les ânesses paissaient autour d'eux, 15 tout à coup les Sabéens sont survenus et les ont enlevés. Ils ont passé les serviteurs au fil de l'épée et je me suis échappé seul pour te l'annoncer. » 16 Il parlait encore, lorsqu'un autre arriva et dit : « Le feu de Dieu est tombé du ciel, il a embrasé les brebis et les serviteurs et les a dévorés et je me suis échappé seul pour te l'annoncer. » 17 Il parlait encore, lorsqu'un autre arriva et dit : « Les Chaldéens, partagés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux et les ont enlevés. Ils ont passé les serviteurs au fil de l'épée et je me suis échappé seul pour te l'annoncer. 18 Il parlait encore, lorsqu'un autre arriva et dit : « Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin chez leur frère aîné, 19 et voilà qu'un grand vent s'est élevé de l'autre côté du désert et a saisi les quatre coins de la maison, elle s'est écroulée sur les jeunes gens et ils sont morts et je me suis échappé seul pour te l'annoncer. » 20 Alors Job se leva, il déchira son manteau et se rasa la tête, puis, se jetant par terre, il adora 21 et dit : « Nu je suis sorti du sein de ma mère et nu j'y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le nom du Seigneur soit béni. » 22 En tout cela, Job ne pécha pas et ne dit rien d'insensé contre Dieu.
Job 2. 1 Il arriva un jour que, les fils de Dieu étant venus se présenter devant le Seigneur, Satan vint aussi au milieu d'eux se présenter devant le Seigneur. 2 Et le Seigneur dit à Satan : « D'où viens-tu ? » Satan répondit au Seigneur et dit : « De parcourir le monde et de m'y promener. » 3 Le Seigneur dit à Satan : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'y a pas d'homme comme lui sur la terre, intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal. Il persévère toujours dans son intégrité, quoique tu m'aies provoqué à le perdre sans raison. » 4 Satan répondit au Seigneur et dit : « Peau pour peau L'homme donne ce qu'il possède pour conserver sa vie. 5 Mais étends ta main, touche ses os et sa chair et on verra s'il ne te maudit pas en face. » 6 Le Seigneur dit à Satan : « Voici que je le livre entre tes mains, seulement épargne sa vie » 7 Et Satan se retira de devant la face du Seigneur. Et il frappa Job d'une lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête. 8 Et Job prit un tesson pour gratter ses plaies et il s'assit sur la cendre. 9 Et sa femme lui dit : « Tu persévères encore dans ton intégrité. Maudis Dieu et meurs. » 10 Il lui dit : « Tu parles comme une femme insensée. Nous recevons de Dieu le bien et nous n'en recevrions pas aussi le mal ? » En tout cela, Job ne pécha pas par ses lèvres. 11 Trois amis de Job, Éliphaz de Théman, Baldad de Suhé et Sophar de Naama, apprirent tous les malheurs qui étaient venus sur lui, ils partirent chacun de leur pays et se concertèrent pour venir le plaindre et le consoler. 12 Ayant de loin levé les yeux, ils ne le reconnurent pas et ils élevèrent la voix et pleurèrent, ils déchirèrent chacun leur manteau et jetèrent de la poussière vers le ciel au-dessus de leurs têtes. 13 Et ils se tinrent assis à terre auprès de lui sept jours et sept nuits, sans qu'aucun d'eux lui dit une parole, parce qu'ils voyaient combien sa douleur était excessive.
Job 3. 1 Alors Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. 2 Job prit la parole et dit : 3 Périsse le jour où je suis né et la nuit qui a dit : « Un homme est conçu » 4 Ce jour, qu'il se change en ténèbres, que Dieu d'en haut n'en ait pas souci, que la lumière ne brille pas sur lui. 5 Que les ténèbres et l'ombre de la mort le revendiquent, qu'un nuage épais le couvre, que l'éclipse de sa lumière jette l'épouvante. 6 Cette nuit, que les ténèbres en fassent leur proie, qu'elle ne compte pas dans les jours de l'année, qu'elle n'entre pas dans le compte des mois. 7 Que cette nuit soit un désert stérile, qu'on n'y entende pas de cri d'allégresse. 8 Que ceux-là la maudissent, qui maudissent les jours, qui savent évoquer Léviathan. 9 Que les étoiles de son crépuscule s'obscurcissent, qu'elle attende la lumière, sans qu'elle vienne et qu'elle ne voie pas les paupières de l'aurore, 10 parce qu'elle ne m'a pas fermé les portes du sein et n'a pas dérobé la souffrance à mes regards. 11 Que ne suis-je mort dès le ventre de ma mère, au sortir de ses entrailles que n'ai-je expiré. 12 Pourquoi ai-je trouvé deux genoux pour me recevoir et pourquoi seins à téter ? 13 Maintenant je serais couché et en paix, je dormirais et je me reposerais 14 avec les rois et les grands de la terre, qui se sont bâti des mausolées, 15 avec les princes qui avaient de l'or et remplissaient d'argent leur demeures. 16 Ou bien, comme l'avorton ignoré, je n'existerais pas, comme ces enfants qui n'ont pas vu la lumière. 17 Là les méchants n'exercent plus leurs violences, là se repose l'homme épuisé de forces, 18 les captifs y sont tous en paix, ils n'entendent plus la voix de maître de corvées. 19 Là se trouvent le petit et le grand, l'esclave affranchi de son maître. 20 Pourquoi donner la lumière aux malheureux et la vie à ceux dont l'âme est remplie d'amertume, 21 qui espèrent la mort et la mort ne vient pas, qui la cherchent plus ardemment que les trésors, 22 qui sont heureux, qui tressaillent d'aise et se réjouissent quand ils ont trouvé le tombeau, 23 à l'homme dont la route est cachée et que Dieu enferme de toutes parts ? 24 Mes soupirs sont comme mon pain et mes gémissements se répandent comme l'eau. 25 Ce que je crains, c'est ce qui m'arrive, ce que je redoute fond sur moi. 26 Plus de tranquillité, plus de paix, plus de repos et le trouble m'a saisi.
Job 4. 1 Alors Éliphaz de Théman prit la parole et dit : 2 Si nous risquons un mot, peut-être en seras-tu affligé, mais qui pourrait retenir ses paroles ? 3 Voilà que tu en as instruit plusieurs, que tu as fortifié les mains défaillantes, 4 que tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient, que tu as raffermi les genoux vacillants 5 Et maintenant que le malheur vient à toi, tu faiblis, maintenant qu'il t'atteint, tu perds courage. 6 Ta crainte de Dieu n'était-elle pas ton espoir ? Ta confiance n'était-elle pas dans la pureté de ta vie ? 7 Cherche dans ton souvenir : quel est l'innocent qui a péri ? En quel lieu du monde les justes ont-ils été exterminés ? 8 Pour moi, je l'ai vu, ceux qui labourent l'iniquité et qui sèment l'injustice, en moissonnent les fruits. 9 Au souffle de Dieu ils périssent, ils sont consumés par le vent de sa colère. 10 Le rugissement du lion et sa voix tonnante sont étouffés et les dents du jeune lion sont brisées, 11 le lion périt faute de proie et les petits de la lionne se dispersent. 12 Une parole est arrivée furtivement jusqu'à moi et mon oreille en a saisi le léger murmure. 13 Dans le vague des visions de la nuit, à l'heure où un sommeil profond pèse sur les mortels, 14 une frayeur et un tremblement me saisirent et agitèrent tous mes os. 15 Un esprit passait devant moi. Les poils de ma chair se hérissèrent. 16 Il se dressa, je ne reconnus pas son visage, comme un spectre sous mes yeux. Un grand silence, puis j'entendis une voix : 17 L'homme sera-t-il juste vis-à-vis de Dieu ? Un mortel sera-t-il pur en face de son Créateur ? 18 Voici qu'il ne se fie pas à ses serviteurs et qu'il découvre des fautes dans ses anges : 19 combien plus en ceux qui habitent des maisons de boue, qui ont leurs fondements dans la poussière, qui seront réduits en poudre, comme par la teigne. 20 Du matin au soir ils sont exterminés et sans que nul y prenne garde, ils périssent pour jamais. 21 La corde de leur tente est coupée, ils meurent avant d'avoir connu la sagesse.
Job 5. 1 Appelle donc. Y aura-t-il quelqu'un qui te réponde ? Vers lequel des saints te tourneras-tu ? 2 La colère tue l'insensé et l'emportement fait mourir le fou. 3 J'ai vu l'insensé étendre ses racines et soudain j'ai maudit sa demeure. 4 Plus de salut pour ses fils, on les écrase à la porte et personne ne les défend. 5 L'homme affamé dévore sa moisson, il franchit la haie d'épines et l'emporte, l'homme altéré engloutit ses richesses. 6 Car le malheur ne sort pas de la poussière et la souffrance ne germe pas du sol, 7 de telle sorte que l'homme naisse pour la peine, comme les fils de la foudre pour élever leur vol. 8 A ta place, je me tournerais vers Dieu, c'est vers lui que je dirigerais ma prière. 9 Il fait des choses grandes, qu'on ne peut sonder, des prodiges qu'on ne saurait compter. 10 Il verse la pluie sur la terre, il envoie les eaux sur les campagnes, 11 il exalte ceux qui sont abaissés et les affligés retrouvent le bonheur. 12 Il déjoue les projets des perfides et leurs mains ne peuvent réaliser leurs complots. 13 Il prend les habiles dans leur propre ruse et renverse les conseils des hommes astucieux. 14 Durant le jour, ils rencontrent les ténèbres, en plein midi, ils tâtonnent comme dans la nuit. 15 Dieu sauve le faible du glaive de leur langue et de la main du puissant. 16 Alors l'espérance revient au malheureux et l'iniquité ferme la bouche. 17 Heureux l'homme que Dieu châtie. Ne méprise donc pas la correction du Tout-Puissant. 18 Car il fait la blessure et il la panse, il frappe et sa main guérit. 19 Six fois il te délivrera de l'angoisse et, à la septième, le mal ne t'atteindra pas. 20 Dans la famine, il te sauvera de la mort, dans le combat, des coups de l'épée. 21 Tu seras à l'abri du fouet de la langue, tu seras sans crainte quand viendra la dévastation. 22 Tu te riras de la dévastation et de la famine, tu ne redouteras pas les bêtes de la terre 23 car tu auras une alliance avec les pierres des champs et les bêtes de la terre seront en paix avec toi. 24 Tu verras le bonheur régner sous ta tente, tu visiteras tes pâturages et rien n'y manquera. 25 Tu verras ta postérité s'accroître et tes rejetons se multiplier comme l'herbe des champs. 26 Tu entreras mûr dans le tombeau, comme une gerbe qu'on enlève en son temps. 27 Voilà ce que nous avons observé : c'est la vérité. Écoute-le et fais-en ton profit.
Job 6. 1 Alors Job prit la parole et dit : 2 Oh S'il était possible de peser mon affliction et de mettre toutes ensemble mes calamités dans la balance 3 Elles seraient plus pesantes que le sable de la mer : voilà pourquoi mes paroles vont jusqu'à la folie. 4 Car les flèches du Tout-Puissant me transpercent et mon âme en boit le venin, les terreurs de Dieu sont rangées en bataille contre moi. 5 Est-ce que l'onagre rugit auprès de l'herbe tendre ? Est-ce que le bœuf mugit devant sa pâture ? 6 Comment se nourrir d'un mets fade et sans sel, ou bien trouver du goût au jus d'une herbe insipide ? 7 Ce que mon âme se refuse à toucher, c'est là mon pain, tout couvert de souillures. 8 Qui me donnera que mon vœu s'accomplisse et que Dieu réalise mon attente 9 Que Dieu daigne me briser, qu'il laisse aller sa main et qu'il tranche mes jours 10 Et qu'il me reste du moins cette consolation, que j'en tressaille dans les maux dont il m'accable : de n'avoir jamais transgressé les commandements du Saint 11 Quelle est ma force, pour que j'attende ? Quelle est la durée de mes jours, pour que j'aie patience ? 12 Ma force est-elle la force des pierres et ma chair est-elle de bronze ? 13 Ne suis-je pas dénué de tout secours et tout espoir de salut ne m'est-il pas enlevé ? 14 Le malheureux a droit à la pitié de son ami, eût-il même abandonné la crainte du Tout-Puissant. 15 Mes frères ont été perfides comme le torrent, comme l'eau des torrents qui s'écoulent. 16 Les glaçons en troublent le cours, la neige disparaît dans leurs flots. 17 Au temps de la sécheresse, ils s'évanouissent, aux premières chaleurs, leur lit est desséché. 18 Dans des sentiers divers leurs eaux se perdent, elles s'évaporent dans les airs et ils tarissent. 19 Les caravanes de Théma comptaient sur eux, les voyageurs de Saba espéraient en eux, 20 ils sont frustrés dans leur attente, arrivés sur leurs bords, ils restent confondus. 21 Ainsi vous me manquez à cette heure, à la vue de l'infortune, vous fuyez épouvantés. 22 Vous ai-je dit : « Donnez-moi quelque chose, faites-moi part de vos biens, 23 délivrez-moi de la main de l'ennemi, arrachez-moi de la main des brigands ? » 24 Instruisez-moi et je vous écouterai en silence, faites-moi voir en quoi j'ai failli. 25 Qu'elles ont de force les paroles équitables. Mais sur quoi tombe votre blâme ? 26 Voulez-vous donc censurer des mots ? Les discours échappés au désespoir sont la proie du vent. 27 Ah, vous jetez le filet sur un orphelin, vous creusez un piège à votre ami. 28 Maintenant, daignez vous retourner vers moi et vous verrez si je vous mens en face. 29 Revenez, ne soyez pas injustes, revenez et mon innocence apparaîtra. 30 Y a-t-il de l'iniquité sur ma langue, ou bien mon palais ne sait-il pas discerner le mal ?
Job 7. 1 La vie de l'homme sur la terre est un temps de service et ses jours sont comme ceux du mercenaire. 2 Comme l'esclave soupire après l'ombre, comme l'ouvrier attend son salaire, 3 ainsi j'ai eu en partage des mois de douleur, pour mon lot, des nuits de souffrance. 4 Si je me couche, je dis : « Quand me lèverai-je ? Quand finira la nuit ? » Et je suis rassasié d'angoisses jusqu'au jour. 5 Ma chair se couvre de vers et d'une croûte terreuse, ma peau se gerce et coule. 6 Mes jours passent plus rapides que la navette du tisserand, ils s'évanouissent : plus d'espérance. 7 O Dieu, souviens-toi que ma vie n'est qu'un souffle. Mes yeux ne reverront pas le bonheur. 8 L'œil qui me regarde ne m'apercevra plus, ton œil me cherchera et je ne serai plus. 9 Le nuage se dissipe et passe, ainsi celui qui descend au schéol ne remontera plus, 10 il ne retournera plus dans sa maison, le lieu qu'il habitait ne le reconnaîtra plus. 11 C'est pourquoi je ne retiendrai pas ma langue, je parlerai dans l'angoisse de mon esprit, j'exhalerai mes plaintes dans l'amertume de mon âme. 12 Suis-je la mer ou un monstre marin, pour que tu poses une barrière autour de moi ? 13 Quand je dis : « Mon lit me soulagera, ma couche calmera mes soupirs, » 14 alors tu m'effraies par des songes, tu m'épouvantes par des visions. 15 Ah, mon âme préfère la mort violente, mes os appellent le trépas. 16 Je suis en proie à la dissolution, la vie m'échappe pour jamais, laisse-moi, car mes jours ne sont qu'un souffle. 17 Qu'est-ce que l'homme, pour que tu en fasses tant d'estime, que tu daignes t'occuper de lui, 18 que tu le visites chaque matin et qu'à chaque instant tu l'éprouves ? 19 Quand cesseras-ru d'avoir le regard sur moi ? Quand me laisseras-tu le temps d'avaler ma salive ? 20 Si j'ai péché, que puis-je te faire, ô Gardien des hommes ? Pourquoi me mettre en butte à tes traits et me rendre à charge à moi-même ? 21 Que ne pardonnes-tu mon offense ? Que n'oublies-tu mon iniquité ? Car bientôt je dormirai dans la poussière, tu me chercheras et je ne serai plus.
Job 8, 1 Alors Baldad de Suhé prit la parole et dit : 2 Jusques à quand tiendras-tu ces discours et tes paroles seront-elles comme un souffle de tempête ? 3 Est-ce que Dieu fait fléchir le droit, ou bien le Tout-Puissant renverse-t-il la justice ? 4 Si tes fils ont péché contre lui, il les a livrés aux mains de leur iniquité. 5 Pour toi, si tu as recours à Dieu, si tu implores le Tout-Puissant, 6 si tu es droit et pur, alors il veillera sur toi, il rendra le bonheur à la demeure de ta justice, 7 ton premier état semblera peu de chose, tant le second sera florissant. 8 Interroge les générations passées, sois attentif à l'expérience des pères : 9 car nous sommes d'hier et nous ne savons rien, nos jours sur la terre passent comme l'ombre, 10 ne vont-ils pas t'enseigner, te parler et de leur cœur tirer des sentences : 11 « Le papyrus croît-il en dehors des marais ? Le jonc s'élève-t-il sans eau ? 12 Encore tendre, sans qu'on le coupe, il sèche avant toute herbe. 13 Telles sont les voies de tous ceux qui oublient Dieu, l'espérance de l'impie périra. 14 Sa confiance sera brisée, son assurance ressemble à la toile de l'araignée. 15 Il s'appuie sur sa maison et elle ne tient pas, il s'y attache et elle ne reste pas debout. 16 Il est plein de vigueur, au soleil, ses rameaux s'étendent sur son jardin, 17 ses racines s'entrelacent parmi les pierres, il plonge jusqu'aux profondeurs du roc. 18 Si Dieu l'arrache de sa place, sa place le renie : Je ne t'ai jamais vu. 19 C'est là que sa joie se termine et du même sol d'autres s'élèveront après lui. » 20 Non, Dieu ne rejette pas l'innocent, il ne prend pas la main des malfaiteurs. 21 Il remplira ta bouche d'éclats de rire et mettra sur tes lèvres des chants d'allégresse. 22 Tes ennemis seront couverts de honte et la tente des méchants disparaîtra.
Job 9. 1 Alors Job prit la parole et dit : 2 Je sais bien qu'il en est ainsi : comment l'homme serait-il juste vis-à-vis de Dieu ? 3 S'il voulait contester avec lui, sur mille choses il ne pourrait répondre à une seule. 4 Dieu est sage en son cœur et puissant en force : qui lui a résisté et est demeuré en paix ? 5 Il transporte les montagnes, sans qu'elles le sachent, il les renverse dans sa colère, 6 il secoue la terre sur sa base et ses colonnes sont ébranlées. 7 Il commande au soleil et le soleil ne se lève pas, il met un sceau sur les étoiles. 8 Seul, il étend les cieux, il marche sur les hauteurs de la mer. 9 Il a créé la Grande Ourse, Orion, les Pléiades et les régions du ciel austral. 10 Il fait des merveilles qu'on ne peut sonder, des prodiges qu'on ne saurait compter. 11 Voici qu'il passe près de moi et je ne le vois pas, il s'éloigne, sans que je l'aperçoive. 12 S'il ravit une proie, qui s'y opposera, qui lui dira : « Que fais-tu ? » 13 Dieu, rien ne fléchit sa colère, devant lui s'inclinent les légions d'orgueil. 14 Et moi je songerais à lui répondre, à choisir mes paroles pour discuter avec lui. 15 Aurais-je pour moi la justice, je ne répondrais pas, j'implorerais la clémence de mon juge. 16 Même s'il se rendait à mon appel, je ne croirais pas qu'il eût écouté ma voix : 17 lui qui me brise comme dans un tourbillon et multiplie mes blessures sans motif, 18 qui ne me laisse pas respirer et me rassasie d'amertume. 19 S'agit-il de force, voici qu'il est fort, s'agit-il de droit, il dit : « Qui m'assigne ? » 20 Serais-je irréprochable, ma bouche même me condamnerait, serais-je innocent, elle me déclarerait pervers. 21 Innocent, je le suis, je ne tiens pas à l'existence et la vie m'est à charge. 22 Il m'importe après tout, c'est pourquoi j'ai dit : « Il fait périr également le juste et l'impie. » 23 Si du moins le fléau tuait d'un seul coup. Hélas, il se rit des épreuves de l'innocent. 24 La terre est livrée aux mains du méchant, Dieu voile la face de ses juges : si ce n'est pas lui, qui est-ce donc ? 25 Mes jours sont plus rapides qu'un courrier, ils fuient sans avoir vu le bonheur, 26 ils passent comme la barque de jonc, comme l'aigle qui fond sur sa proie. 27 Si je dis : « Je veux oublier ma plainte, quitter mon air triste, prendre un air joyeux, » 28 je tremble pour toutes mes douleurs, je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent. 29 Je serai jugé coupable : pourquoi prendre une peine inutile ? 30 Quand je me laverais dans la neige, quand je purifierais mes mains avec de la soude, 31 tu me plongerais dans la fange et mes vêtements m'auraient en horreur. 32 Dieu n'est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, pour que nous comparaissions ensemble en justice. 33 Il n'y a pas entre nous d'arbitre qui pose sa main sur nous deux. 34 Qu'il écarte de moi son bâton, que ses terreurs cessent de m'épouvanter : 35 alors je parlerai sans le craindre, autrement, je ne suis pas à moi-même.
Job 10. 1 Mon âme est lasse de la vie, je donnerai libre cours à ma plainte, je parlerai dans l'amertume de mon cœur. 2 Je dis à Dieu : Ne me condamne pas, apprends-moi sur quoi tu me prends à partie. 3 Trouves-tu du plaisir à opprimer, à repousser l'œuvre de tes mains, à faire luire ta faveur sur le conseil des méchants ? 4 As-tu des yeux de chair, ou bien vois-tu comme voient les hommes ? 5 Tes jours sont-ils comme les jours de l'homme, ou bien tes années comme les années d'un mortel, 6 pour que tu recherches mon iniquité, pour que tu poursuives mon péché, 7 quand tu sais que je ne suis pas coupable et que nul ne peut me délivrer de ta main ? 8 Tes mains m'ont formé et façonné, tout entier et tu voudrais me détruire. 9 Souviens-toi que tu m'as pétri comme l'argile : et tu me ramènerais à la poussière. 10 Ne m'as-tu pas coulé comme le lait et coagulé comme le fromage ? 11 Tu m'as revêtu de peau et de chair, tu m'as tissé d'os et de nerfs. 12 Avec la vie, tu m'as accordé ta faveur et ta providence a gardé mon âme. 13 Et pourtant, voilà ce que tu cachais dans ton cœur : Je vois bien ce que tu méditais. 14 Si je pèche, tu m'observes, tu ne me pardonnes pas mon iniquité. 15 Suis-je coupable, malheur à moi. Suis-je innocent, je n'ose lever la tête, rassasié de honte et voyant ma misère. 16 Si je me relève, tu me poursuis comme un lion, tu recommences à me tourmenter étrangement, 17 tu m'opposes de nouveaux témoins, tu redoubles de fureur contre moi, des troupes toutes fraiches viennent m'assaillir. 18 Pourquoi m'as-tu tiré du sein de ma mère ? Je serais mort et aucun œil ne m'aurait vu. 19 Je serais comme si je n'eusse jamais été, du sein maternel j'aurais été porté au tombeau. 20 Mes jours ne sont-ils pas bien courts ? Qu'il me laisse. Qu'il se retire et que je respire un instant, 21 avant que je m'en aille, pour ne plus revenir, dans la région des ténèbres et de l'ombre de la mort, 22 morne et sombre région, où règnent l'ombre de la mort et le chaos, où la clarté est pareille aux ténèbres.
Job 11. 1 Alors Sophar de Naama prit la parole et dit : 2 La multitude des paroles restera-t-elle sans réponse et le bavard aura-t-il raison ? 3 Tes vains propos feront-ils taire les gens ? Te moqueras-tu, sans que personne te confonde ? 4 Tu as dit à Dieu : « Ma pensée est la vraie et je suis irréprochable devant toi. » 5 Oh, si Dieu voulait parler, s'il ouvrait les lèvres pour te répondre, 6 s'il te révélait les secrets de sa sagesse, les replis cachés de ses desseins, tu verrais alors qu'il oublie une part de tes crimes. 7 Prétends-tu sonder les profondeurs de Dieu, atteindre la perfection du Tout-Puissant ? 8 Elle est haute comme les cieux : que feras-tu ? Plus profonde que le séjour des morts : que sauras-tu ? 9 Sa mesure est plus longue que la terre, elle est plus large que la mer. 10 S'il fond sur le coupable, s'il l'arrête, s'il convoque le tribunal, qui s'y opposera ? 11 Car il connaît les pervers, il découvre l'iniquité avant qu'elle s'en doute. 12 A cette vue, le fou même comprendrait et le petit de l'onagre deviendrait raisonnable. 13 Pour toi, si tu diriges ton cœur vers Dieu et que tu étendes vers lui tes bras, 14 si tu éloignes l'iniquité qui est dans tes mains et que tu ne laisses pas l'injustice habiter sous ta tente, 15 alors tu lèveras ton front sans tache, tu seras inébranlable et tu ne craindras plus. 16 Tu oublieras alors tes souffrances, tu t'en souviendras comme des eaux écoulées, 17 L'avenir se lèvera pour toi plus brillant que le midi, les ténèbres se changeront en aurore. 18 Tu seras plein de confiance et ton attente ne sera pas veine, tu regarderas autour de toi et tu te coucheras tranquille. 19 Tu reposeras, sans que personne t'inquiète et plusieurs caresseront ton visage. 20 Mais les yeux des méchants se consumeront : pour eux, pas de refuge, leur espérance est le souffle d'un mourant.
Job 12. 1 Alors Job prit la parole et dit : 2 Vraiment vous êtes aussi sages que tout un peuple et avec vous mourra la sagesse. 3 Moi aussi, j'ai de l'intelligence comme vous, je ne vous le cède en rien et qui ne sait les choses que vous dites ? 4 Je suis la risée de mes amis, moi qui invoquais Dieu et à qui Dieu répondait, leur risée, moi le juste, l'innocent. 5 Honte au malheur. C'est la devise des heureux, le mépris attend celui dont le pied chancelle. 6 La paix cependant règne sous la tente des brigands, la sécurité pour ceux qui provoquent Dieu et qui n'ont d'autre dieu que leur bras. 7 Mais, de grâce, interroge les bêtes et elles t'instruiront, les oiseaux du ciel et ils te l'apprendront, 8 ou bien parle à la terre et elle t'enseignera, les poissons même de la mer te le raconteront. 9 Qui ne sait, parmi tous ces êtres, que la main du Seigneur a fait ces choses, 10 qu'il tient dans sa main l'âme de tout ce qui vit et le souffle de tous les humains ? 11 L'oreille ne discerne-t-elle pas les paroles, comme le palais savoure les aliments ? 12 Aux cheveux blancs appartient la sagesse, la prudence est le fruit des longs jours. 13 En Dieu résident la sagesse et la puissance, à lui le conseil et l'intelligence. 14 Voici qu'il renverse et l'on ne rebâtit pas, il ferme la porte sur l'homme et on ne lui ouvre pas. 15 Voici qu'il arrête les eaux, elles tarissent, il les lâche, elles bouleversent la terre. 16 A lui la force et la prudence, à lui celui qui est égaré et celui qui égare. 17 Il emmène captifs les conseillers des peuples et il ôte le sens aux juges. 18 Il délie la ceinture des rois et ceint leurs reins d'une corde. 19 Il traîne les prêtres en captivité et renverse les puissants. 20 Il ôte la parole aux hommes les plus habiles et il enlève le jugement aux vieillards. 21 Il verse le mépris sur les nobles et il relâche la ceinture des forts. 22 Il met à découvert les choses cachées dans les ténèbres et produit à la lumière l'ombre de la mort. 23 Il fait croître les nations et il les anéantit, il les étend et il les resserre. 24 Il ôte l'intelligence aux chefs des peuples de la terre et les égare dans des déserts sans chemin, 25 ils tâtonnent dans les ténèbres, loin de la lumière, il les fait errer comme un homme ivre.
Job 13. 1 Voilà que mon œil a vu tout cela, mon oreille l'a entendu et compris. 2 Ce que vous savez, moi aussi je le sais, je ne vous suis en rien inférieur. 3 Mais je veux parler au Tout-Puissant, je veux plaider ma cause avec Dieu. 4 Car vous n'êtes que des charlatans, vous êtes tous des médecins inutiles. 5 Que ne gardiez-vous le silence. Il vous eût tenu lieu de sagesse. 6 Écoutez, je vous prie, ma défense, soyez attentifs au plaidoyer de mes lèvres. 7 Parlerez-vous mensonge en faveur de Dieu, pour lui, parlerez-vous tromperie ? 8 Ferez-vous preuve de partialité en faveur de Dieu ? Serez-vous ses avocats ? 9 Vous en saura-t-il gré, s'il sonde vos cœurs ? Le tromperez-vous comme on trompe un homme ? 10 Certainement il vous condamnera, si vous faites secrètement preuve de partialité. 11 Oui, sa majesté vous épouvantera, ses terreurs tomberont sur vous. 12 Vos arguments sont des raisons de poussière, vos forteresses sont des forteresses d'argile. 13 Taisez-vous, laissez-moi, je veux parler, il m'en arrivera ce qu'il pourra. 14 Je veux prendre ma chair entre les dents, je veux mettre mon âme dans ma main. 15 Quand il me tuerait, que je n'aurais rien à espérer, je défendrai devant lui ma conduite. 16 Mais il sera mon salut, car l'impie ne saurait paraître en sa présence. 17 Écoutez donc mes paroles, prêtez l'oreille à mon discours. 18 Voici que j'ai préparé ma cause, je sais que je serai justifié. 19 Est-il quelqu'un qui veuille plaider contre moi ? A l'instant même je veux me taire et mourir. 20 Seulement épargne-moi deux choses, ô Dieu et je ne me cacherai pas devant ton visage : 21 éloigne ta main de moi et que tes terreurs ne m'épouvantent plus. 22 Après cela, appelle et je répondrai, ou bien je parlerai d'abord et tu me répondras. 23 Quel est le nombre de mes iniquités et de mes péchés ? Fais-moi connaître mes transgressions et mes offenses. 24 Pourquoi cacher ainsi ton visage et me regarder comme ton ennemi. 25 Veux-tu donc effrayer une feuille agitée par le vent, poursuivre une paille desséchée, 26 pour que tu écrives contre moi des choses amères, pour que tu m'imputes les fautes de ma jeunesse, 27 pour que tu mettes mes pieds dans les entraves en bois, que tu observes toutes mes démarches, que tu traces une limite à la plante de mes pieds, 28 alors que mon corps se consume comme un bois vermoulu, comme un vêtement que dévore la teigne.
Job 14. 1 L'homme né de la femme vit peu de jours et il est rassasié de misères. 2 Comme la fleur, il naît et on le coupe, il fuit comme l'ombre, sans s'arrêter. 3 Et c'est sur lui que tu as l'œil ouvert, lui que tu amènes en justice avec toi. 4 Qui peut tirer le pur de l'impur ? Personne. 5 Si les jours de l'homme sont comptés, si tu as fixé le nombre de ses mois, si tu as posé un terme qu'il ne doit pas franchir, 6 détourne de lui tes yeux pour qu'il se repose, jusqu'à ce qu'il goûte, comme le salarié, la fin de sa journée. 7 Un arbre a de l'espérance : coupé, il peut verdir encore, il ne cesse pas d'avoir des rejetons. 8 Que sa racine ait vieilli dans la terre, que son tronc soit mort dans la poussière, 9 dès qu'il sent l'eau, il reverdit, il pousse des branches comme un jeune plant. 10 Mais l'homme meurt et il reste étendu, quand il a expiré, où est-il ? 11 Les eaux du lac disparaissent, le fleuve tarit et se dessèche : 12 ainsi l'homme se couche et ne se relève plus, il ne se réveillera pas tant que subsistera le ciel, on ne le fera pas sortir de son sommeil. 13 Oh, si tu voulais me cacher dans le séjour des morts, m'y tenir à couvert jusqu'à ce que ta colère ait passé, me fixer un terme où tu te souviendrais de moi. 14 Si l'homme une fois mort pouvait revivre. Tout le temps de mon service j'attendrais qu'on vînt me relever. 15 Tu m'appellerais alors et moi je te répondrais, tu languirais après l'ouvrage de tes mains. 16 Mais hélas, maintenant, tu comptes mes pas, tu as l'œil ouvert sur mes péchés, 17 mes transgressions sont scellées dans une sacoche et tu mets un enduit sur mes iniquités. 18 La montagne s'écroule et s'efface, le rocher est transporté hors de sa place, 19 les eaux creusent la pierre, leurs flots débordés entraînent la poussière du sol : ainsi tu anéantis l'espérance de l'homme. 20 Tu l'abats sans retour et il s'en va, tu flétris son visage et tu le congédies. 21 Que ses enfants soient honorés, il n'en sait rien, qu'ils soient dans l'abaissement, il l'ignore. 22 Sa chair ne sent que ses propres souffrances, son âme ne gémit que sur elle-même.
Job 15. 1 Alors Éliphaz de Théman prit la parole et dit : 2 Le sage répond-il par une science vaine ? Se gonfle-t-il la poitrine de vent ? 3 Se défend-il par de futiles propos, par des discours qui ne servent à rien ? 4 Toi, tu détruis même la crainte de Dieu, tu anéantis toute piété envers Dieu. 5 Ta bouche révèle ton iniquité et tu prends le langage les fourbes. 6 Ce n'est pas moi, c'est ta bouche qui te condamne, ce sont tes lèvres qui déposent contre toi. 7 Es-tu né le premier des hommes ? As-tu été enfanté avant les collines ? 8 As-tu assisté au conseil de Dieu ? As-tu dérobé pour toi seul la sagesse ? 9 Que sais-tu, que nous ne sachions ? Qu'as-tu appris, qui ne nous soit familier ? 10 Nous avons aussi parmi nous des cheveux blancs, des vieillards plus riches de jours que ton père. 11 Tiens-tu pour peu de chose les consolations de Dieu et les douces paroles que nous t'adressons ? 12 Où ton cœur t'emporte-t-il et que signifie ce roulement de tes yeux ? 13 Quoi, c'est contre Dieu que tu tournes ta colère et que de ta bouche tu fais sortir de tels discours ? 14 Qu'est-ce que l'homme, pour qu'il soit pur, le fils de la femme, pour qu'il soit juste ? 15 Voici que Dieu ne se fie pas même à ses saints et les cieux ne sont pas purs devant lui : 16 combien moins cet être abominable et pervers, l'homme qui boit l'iniquité comme l'eau. 17 Je vais t'instruire, écoute-moi, je raconterai ce que j'ai vu, 18 ce que les sages enseignent, ils ne le cachent pas, l'ayant appris de leurs pères, 19 à eux seuls avait été donné le pays et parmi eux jamais ne passa l'étranger. 20 « Le méchant, durant tous ses jours, est rongé par l'angoisse, un petit nombre d'années sont réservées à l'oppresseur. 21 Des bruits effrayants retentissent à ses oreilles, au sein de la paix, le dévastateur fond sur lui. 22 Il n'espère pas échapper aux ténèbres, il sent qu'il est guetté pour le glaive. 23 Il erre pour chercher son pain, il sait que le jour des ténèbres est prêt, à ses côtés. 24 La détresse et l'angoisse tombent sur lui, elles l'assaillent comme un roi armé pour le combat. 25 Car il a levé sa main contre Dieu, il a bravé le Tout-Puissant, 26 il a couru sur lui le cou raide, sous le dos épais de ses boucliers. 27 Il avait le visage couvert de graisse et les flancs chargés d'embonpoint. 28 Il occupait des villes qui ne sont plus, des maisons qui n'ont plus d'habitants, vouées à devenir des monceaux de pierre. 29 Il ne s'enrichira plus, sa fortune ne tiendra pas, ses possessions ne s'étendront plus sur la terre. 30 Il n'échappera pas aux ténèbres, la flamme desséchera ses rejetons et il sera emporté par le souffle de la bouche de Dieu. 31 Qu'il n'espère rien du mensonge, il y sera pris, le mensonge sera sa récompense. 32 Elle arrivera avant que ses jours soient pleins et son rameau ne verdira plus. 33 Il secouera, comme la vigne, son fruit à peine éclos, il laissera tomber sa fleur, comme l'olivier. 34 Car la maison de l'impie est stérile et le feu dévore la tente du juge corrompu. 35 Il a conçu le mal et il enfante le malheur, dans son sein mûrit un fruit de déception. »
Job 16. 1 Alors Job prit la parole et dit : 2 J'ai souvent entendu de semblables harangues, vous êtes tous d'insupportables consolateurs. 3 Quand finiront ces vains discours ? Quel aiguillon t'excite à répliquer ? 4 Moi aussi, je saurais parler comme vous, si vous étiez à ma place, j'arrangerais de beaux discours à votre adresse, je secouerais la tête sur vous, 5 je vous encouragerais de la bouche et vous auriez pour soulagement l'agitation de mes lèvres. 6 Si je parle, ma douleur n'est pas adoucie, si je me tais, en est-elle soulagée ? 7 Aujourd'hui, hélas, Dieu a épuisé mes forces ô Dieu, tu as moissonné tous mes proches. 8 Tu me garrottes c'est un témoignage contre moi ma maigreur se lève contre moi, en face elle m'accuse. 9 Sa colère me déchire et me poursuit, il grince des dents contre moi, mon ennemi darde sur moi ses regards. 10 Ils ouvrent leur bouche pour me dévorer, ils me frappent la joue avec outrage, ils se liguent tous ensemble pour me perdre. 11 Dieu m'a livré au pervers, il m'a jeté entre les mains des méchants. 12 J'étais en paix et il m'a secoué, il m'a saisi par la nuque et il m'a brisé. Il m'a posé en but à ses traits, 13 ses flèches volent autour de moi, il perce mes flancs sans pitié, il répand mes entrailles sur la terre, 14 il me fait brèche sur brèche, il fond sur moi comme un géant. 15 J'ai cousu un sac sur ma peau et j'ai roulé mon front dans la poussière. 16 Mon visage est tout rouge de larmes et l'ombre de la mort s'étend sur mes paupières, 17 quoiqu'il n'y ait pas d'iniquités dans mes mains et que ma prière soit pure. 18 O terre, ne couvre pas mon sang et que mes cris s'élèvent librement. 19 A cette heure même, voici que j'ai mon témoin dans le ciel, mon défenseur dans les hauts lieux. 20 Mes amis se moquent de moi, c'est vers Dieu que pleurent mes yeux. 21 Qu'il juge lui-même entre Dieu et l'homme, entre le fils de l'homme et son semblable 22 car les années qui me sont comptés s'écoulent et j'entre dans un sentier d'où je ne reviendrai pas.
Job 17. 1 Mon souffle s'épuise, mes jours s'éteignent, il ne me reste plus que le tombeau. 2 Je suis environné de moqueurs, mon œil veille au milieu de leurs outrages. 3 O Dieu, fais-toi auprès de toi-même ma caution : quel autre voudrait me frapper dans la main ? 4 Car tu as fermé leur cœur à la sagesse, ne permets donc pas qu'ils s'élèvent. 5 Tel invite ses amis au partage, quand défaillent les yeux de ses enfants. 6 Il a fait de moi la risée des peuples, je suis l'homme à qui l'on crache au visage. 7 Mon œil est voilé par le chagrin et tous mes membres ne sont plus qu'une ombre. 8 Les hommes droits en sont stupéfaits et l'innocent s'irrite contre l'impie. 9 Le juste néanmoins demeure ferme dans sa voie et qui a les mains pures redouble de courage. 10 Mais vous tous, revenez, venez donc, ne trouverai-je pas un sage parmi vous ? 11 Mes jours sont écoulés, mes projets anéantis, ces projets que caressait mon cœur. 12 De la nuit ils font le jour, en face des ténèbres, ils disent que la lumière est proche. 13 J'ai beau attendre, le schéol est ma demeure, dans les ténèbres j'ai disposé mon lit. 14 J'ai dit à la fosse : « Tu es mon père, » aux vers : « Vous êtes ma mère et ma sœur.» 15 Où est donc mon espérance ? Mon espérance, qui peut la voir ? 16 Elle est descendue aux portes du schéol, si du moins dans la poussière on trouve du repos.
Job 18. 1 Alors Baldad de Suhé prit la parole et dit : 2 Quand donc mettrez-vous un terme à ces discours ? Ayez de l'intelligence, puis nous parlerons. 3 Pourquoi nous regardez-vous comme des brutes et sommes-nous stupides à vos yeux ? 4 Toi qui te déchires dans ta fureur, veux-tu qu'à cause de toi la terre devienne déserte, que le rocher soit transporté hors de sa place ? 5 Oui, la lumière du méchant s'éteindra et la flamme de son foyer cessera de briller. 6 Le jour s'obscurcira sous sa tente, sa lampe s'éteindra au-dessus de lui. 7 Ses pas si fermes seront à l'étroit, son propre conseil précipite sa chute. 8 Ses pieds le jettent dans les rets, il marche sur le piège. 9 Le filet saisit ses talons, il est serré dans ses nœuds. 10 Pour lui les lacs sont cachés sous terre et la trappe est sur son sentier. 11 De tous côtés des terreurs l'assiègent et le poursuivent pas à pas. 12 La disette est son châtiment et la ruine est prête pour sa chute. 13 La peau de ses membres est dévorée, ses membres sont dévorés par le premier-né de la mort. 14 Il est arraché de sa tente, où il se croyait en sûreté, on le traîne vers le Roi des frayeurs. 15 Nul des siens n'habite dans sa tente, le soufre est semé sur sa demeure. 16 En bas, ses racines se dessèchent, en haut, ses rameaux sont coupés. 17 Sa mémoire a disparu de la terre, il n'a plus de nom dans la contrée. 18 On le chasse de la lumière dans les ténèbres, on le bannit de l'univers. 19 Il ne laisse ni descendance ni postérité dans sa tribu, aucun survivant dans son séjour. 20 Les peuples de l'Occident sont stupéfaits de sa ruine et ceux de l'Orient en sont saisis d'horreur. 21 Telle est la demeure de l'impie, telle est la place de l'homme qui ne connaît pas Dieu.
Job 19. 1 Alors Job prit la parole et dit : 2 Jusques à quand affligerez-vous mon âme et m'accablerez-vous de vos discours ? 3 Voilà dix fois que vous m'insultez, que vous m'outragez sans pudeur. 4 Quand même j'aurais failli, c'est avec moi que demeure ma faute. 5 Mais vous, qui vous élevez contre moi, qui invoquez mon opprobre pour me convaincre, 6 sachez enfin que c'est Dieu qui m'opprime et qui m'enveloppe de son filet. 7 Voici que je crie à la violence et nul ne me répond. J'en appelle et pas de justice. 8 Il m'a barré le chemin et je ne peux pas passer : il a répandu les ténèbres sur mes sentiers. 9 Il m'a dépouillé de ma gloire, il a enlevé la couronne de ma tête. 10 Il m'a sapé tout à l'entour et je tombe, il a déraciné, comme un arbre, mon espérance. 11 Sa colère s'est allumée contre moi, il m'a traité comme ses ennemis. 12 Ses bataillons sont venus ensemble, ils se sont frayés un chemin jusqu'à moi, ils font le siège de ma tente. 13 Il a éloigné de moi mes frères, mes amis se sont détournés de moi. 14 Mes proches m'ont abandonné, mes intimes m'ont oublié. 15 Les hôtes de ma maison et mes servantes me traitent comme un étranger, je suis un inconnu à leurs yeux. 16 J'appelle mon serviteur et il ne me répond pas, je suis réduit à le supplier de ma bouche. 17 Ma femme a horreur de mon haleine, mes propres enfants n'ont que dégoût pour moi. 18 Les enfants eux-mêmes me méprisent, si je me lève, ils me raillent. 19 Tous ceux qui étaient mes confidents m'ont en horreur, ceux que j'aimais se tournent contre moi. 20 Mes os sont attachés à ma peau et à ma chair, je me suis échappé avec la peau de mes dents. 21 Ayez pitié, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, car la main de Dieu m'a frappé. 22 Pourquoi me poursuivez-vous, comme Dieu me poursuit ? Pourquoi êtes-vous insatiables de ma chair ? 23 Oh, qui me donnera que mes paroles soient écrites, qui me donnera qu'elles soient consignées dans un livre, 24 qu'avec un burin de fer et du plomb, elles soient pour toujours gravées dans le roc. 25 Je sais que mon rédempeur est vivant et qu'il se lèvera le dernier sur la poussière. 26 Alors de ce squelette, revêtu de sa peau, de ma chair je verrai Dieu. 27 Moi-même je le verrai, mes yeux le verront et non un autre, mes reins se consument d'attente au-dedans de moi. 28 Vous direz alors : « Pourquoi le poursuivions-nous ? » et la justice de ma cause sera reconnue. 29 Ce jour-là, craignez pour vous le glaive : terribles sont les vengeances du glaive. Et vous saurez qu'il y a une justice.
Job 20. 1 Alors Sophar de Naama prit la parole et dit : 2 C'est pourquoi mes pensées me suggèrent une réponse et, à cause de mon agitation, j'ai hâte de la donner. 3 J'ai entendu des reproches qui m'outragent, dans mon intelligence, mon esprit trouvera la réplique. 4 Sais-tu bien que, de tout temps, depuis que l'homme a été placé sur la terre, 5 le triomphe des méchants a été court et la joie de l'impie d'un moment ? 6 Quand il porterait son orgueil jusqu'au ciel et que sa tête toucherait aux nuages, 7 comme son ordure, il périt pour toujours, ceux qui le voyaient disent : « Où est-il ? » 8 Il s'envole comme un songe et on ne le trouve plus, il s'efface comme une vision de la nuit. 9 L'œil qui le voyait ne le découvre plus, sa demeure ne l'apercevra plus. 10 Ses enfants imploreront les pauvres, de ses propres mains il restituera ses rapines. 11 Ses os étaient pleins de ses iniquités cachées, elles dormiront avec lui dans la poussière. 12 Parce que le mal a été doux à sa bouche, qu'il l'a caché sous sa langue, 13 qu'il l'a savouré sans l'abandonner et l'a retenu au milieu de son palais : 14 sa nourriture tournera en poison dans ses entrailles, elle deviendra dans son sein le venin de l'aspic. 15 Il a englouti des richesses, il les vomira, Dieu les retirera de son ventre. 16 Il a sucé le venin de l'aspic, la langue de la vipère le tuera. 17 Il ne verra jamais couler les fleuves, les torrents de miel et de lait. 18 Il rendra ce qu'il a gagné et ne s'en gorgera pas, dans la mesure de ses profits et il n'en jouira pas. 19 Car il a opprimé et délaissé les pauvres, il a saccagé leur maison et ne l'a pas rétablie : 20 son avidité n'a pu être rassasiée, il n'emportera pas ce qu'il a de plus cher. 21 Rien n'échappait à sa voracité, aussi son bonheur ne subsistera pas. 22 Au sein de l'abondance, il tombe dans la disette, tous les coups du malheur viennent sur lui. 23 Voici pour lui remplir le ventre : Dieu enverra sur lui le feu de sa colère, elle pleuvra sur lui jusqu'en ses entrailles. 24 S'il échappe aux armes de fer, l'arc de bronze le transperce. 25 Il arrache la flèche, elle sort de son corps, l'acier sort étincelant de son foie, les terreurs de la mort tombent sur lui. 26 Une nuit profonde engloutit ses trésors, un feu que l'homme n'a pas allumé le dévore et consume tout ce qui restait dans sa tente. 27 Les cieux révéleront son iniquité et la terre s'élèvera contre lui. 28 L'abondance de sa maison sera dispersée, elle disparaîtra au jour de la colère. 29 Telle est la part que Dieu réserve au méchant et l'héritage que lui destine Dieu.
Job 21. 1 Alors Job prit la parole et dit : 2 Écoutez, écoutez mes paroles, que j'aie, du moins, cette consolation de vous. 3 Permettez-moi de parler à mon tour et, quand j'aurai parlé, vous pourrez vous moquer. 4 Est-ce contre un homme que se porte ma plainte ? Comment donc la patience ne m'échapperait elle pas ? 5 Regardez-moi et soyez dans la stupeur et mettez la main sur votre bouche. 6 Quand j'y pense, je frémis et un frissonnement saisit ma chair. 7 Pourquoi les méchants vivent-ils et vieillissent-ils, accroissant leur force ? 8 Leur postérité s'affermit autour d'eux, leurs rejetons fleurissent à leurs yeux. 9 Leur maison est en paix, à l'abri de la crainte, le bâton de Dieu ne les touche pas. 10 Leur taureau est toujours fécond, leur génisse enfante et n'avorte pas. 11 Ils laissent courir leurs enfants comme un troupeau, leurs nouveau-nés bondissent autour d'eux. 12 Ils chantent au son du tambourin et de la cithare, ils se divertissent au son du chalumeau. 13 Ils passent leurs jours dans le bonheur et ils descendent en un instant au schéol. 14 Pourtant ils disaient à Dieu : « Retire-toi de nous, nous ne désirons pas connaître tes voies. 15 Qu'est-ce que le Tout-Puissant, pour que nous le servions ? Que gagnerions-nous à le prier ? » 16 Leur prospérité n'est-elle pas dans leur main ? Toutefois, loin de moi le conseil de l'impie. 17 Voit-on souvent s'éteindre la lampe des impies, la ruine fondre sur eux et Dieu leur assigner un lot dans sa colère ? 18 Les voit-on comme la paille emportée par le vent, comme la bale enlevée par le tourbillon ? 19 « Dieu, dites-vous, réserve à ses enfants son châtiment » Mais que Dieu le punisse lui-même pour qu'il le sente, 20 qu'il voie de ses yeux sa ruine, qu'il boive lui-même la colère du Tout-Puissant. 21 Que lui importe, en effet, sa maison après lui, une fois que le nombre de ses mois est tranché ? 22 Est-ce à Dieu qu'on apprendra la sagesse, à lui qui juge les êtres les plus élevés ? 23 L'un meurt au sein de sa prospérité, parfaitement heureux et tranquille, 24 les flancs chargés de graisse et la moelle des os remplie de sève. 25 L'autre meurt, l'amertume dans l'âme, sans avoir goûté le bonheur. 26 Tous deux se couchent également dans la poussière et les vers les couvrent tous deux. 27 Ah, je sais bien quelles sont vos pensées, quels jugements iniques vous portez sur moi. 28 Vous dites : « Où est la maison de l'oppresseur. Qu'est devenue la tente qu'habitaient les impies ? » 29 N'avez-vous donc jamais interrogé les voyageurs et ignorez-vous leurs remarques ? 30 Au jour du malheur, le méchant est épargné, au jour de la colère, il échappe au châtiment. 31 Qui blâme devant lui sa conduite ? Qui lui demande compte de ce qu'il a fait ? 32 On le porte honorablement au tombeau et on veille sur son mausolée. 33 Les mottes de terre de la vallée lui sont légères et tous les hommes y vont à sa suite, comme des générations sans nombre l'y ont précédé. 34 Que signifient donc vos vaines consolations ? De vos réponses il ne reste que perfidie.
Job 22. 1 Alors Éliphaz prit la parole et dit : 2 L'homme peut-il être utile à Dieu ? Le sage n'est utile qu'à lui-même. 3 Qu'importe au Tout-Puissant que tu sois juste ? Si tu es intègre dans tes voies, qu'y gagne-t-il ? 4 Est-ce à cause de ta piété qu'il te châtie, qu'il entre en jugement avec toi ? 5 Ta malice n'est-elle pas immense, tes iniquités sans mesure ? 6 Tu prenais sans motif des gages à tes frères, tu enlevais les vêtements à ceux qui étaient nus. 7 Tu ne donnais pas d'eau à l'homme épuisé, à l'affamé tu refusais le pain. 8 La terre était au bras le plus fort et le protégé y établissait sa demeure. 9 Tu renvoyais les veuves les mains vides et les bras des orphelins étaient brisés. 10 Voilà pourquoi tu es entouré de pièges et troublé par des terreurs soudaines, 11 au sein des ténèbres, sans voir et submergé par le déluge des eaux. 12 Dieu n'est-il pas dans les hauteurs du ciel ? Vois le front des étoiles : comme il est élevé. 13 Et tu disais : « Qu'en sait Dieu ? Pourra-t-il juger à travers les nuées profondes ? 14 Les nuages lui forment un voile et il ne voit pas, il se promène sur le cercle du ciel. » 15 Gardes-tu donc les voies anciennes, où marchèrent les hommes d'iniquité, 16 qui furent emportés avant le temps, dont les fondements ont été arrachés par les eaux. 17 Eux qui disaient à Dieu : « Retire-toi de nous. Que pourrait nous faire le Tout-Puissant ? » 18 C'était lui pourtant qui avait rempli leurs maisons de richesses. Loin de moi le conseil des méchants. 19 Les justes voient leur chute et s'en réjouissent, les innocents se moquent d'eux : 20 « Voilà nos ennemis anéantis. Le feu a dévoré leurs richesses. » 21 Réconcilie-toi donc avec Dieu et apaise-toi, ainsi le bonheur te sera rendu. 22 Reçois de sa bouche l'enseignement et mets ses paroles dans ton cœur. 23 Tu te relèveras, si tu reviens au Tout-Puissant, si tu éloignes l'iniquité de ta tente. 24 Jette les lingots d'or dans la poussière et l'or d'Ophir parmi les cailloux du torrent. 25 Et le Tout-Puissant sera ton or, il sera pour toi un monceau d'argent. 26 Alors tu mettras tes délices dans le Tout-Puissant et tu lèveras vers lui ton visage. 27 Tu le prieras et il t'écoutera et tu t'acquitteras de tes vœux. 28 Si tu formes un dessein, il te réussira, sur tes sentiers brillera la lumière. 29 A des fronts abattus tu crieras : « En haut » et Dieu secourra celui dont les yeux sont abaissés. 30 Il délivrera même le coupable, sauvé par la pureté de tes mains.
Job 23. 1 Alors Job prit la parole et dit : 2 Oui, aujourd'hui ma plainte est amère et pourtant ma main retient mes soupirs. 3 Oh, qui me donnera de savoir où le trouver, d'arriver jusqu'à son trône. 4 Je plaiderais ma cause devant lui et je remplirais ma bouche d'arguments. 5 Je saurais les raisons qu'il peut m'opposer, je verrais ce qu'il peut avoir à me dire. 6 M'opposerait-il la grandeur de sa puissance ? Ne jetterait-il pas au moins les yeux sur moi ? 7 Alors l'innocent discuterait avec lui et je m'en irais absous pour toujours par mon juge. 8 Mais si je vais à l'orient, il n'y est pas, à l'occident, je ne l'aperçois pas. 9 Est-il occupé au nord, je ne le vois pas, se cache-t-il au midi, je ne puis le découvrir. 10 Cependant il connaît les sentiers où je marche, qu'il m'examine, je sortirai pur comme l'or. 11 Mon pied a toujours foulé ses traces, je me suis tenu dans sa voie sans dévier. 12 Je ne me suis pas écarté des préceptes de ses lèvres, j'ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche. 13 Mais il a une pensée : qui l'en fera revenir ? Ce qu'il désire, il l'exécute. 14 Il accomplira donc ce qu'il a décrété à mon sujet et de pareils desseins, il en a beaucoup. 15 Voilà pourquoi je me trouble en sa présence, quand j'y pense, j'ai peur de lui. 16 Dieu fait fondre mon cœur, le Tout-Puissant me remplit d'effroi. 17 Car ce ne sont pas les ténèbres qui me consument, ni l'obscurité dont ma face est voilée.
Job 24. 1 Pourquoi le Tout-Puissant n'a-t-il pas réservé des jours où il exercerait son jugement, où ses fidèles le verraient intervenir ? 2 On voit des hommes qui déplacent les bornes, qui font paître le troupeau qu'ils ont volé. 3 Ils poussent devant eux l'âne de l'orphelin et retiennent en gage le bœuf de la veuve. 4 Ils forcent les pauvres à se détourner du chemin, tous les humbles du pays sont réduits à se cacher. 5 Comme l'onagre dans la solitude, ils sortent pour leur travail, dès le matin, cherchant leur nourriture. Le désert leur fournit la subsistance de leurs enfants, 6 ils coupent les épis dans les champs, ils maraudent dans la vigne de leur oppresseur. 7 Nus, ils passent la nuit, faute de vêtements, sans couverture contre le froid. 8 La pluie des montagnes les pénètre, à défaut d'abri, ils se blottissent contre le rocher. 9 Ils arrachent l'orphelin au sein, ils prennent des gages sur les pauvres. 10 Ceux-ci, tout nus, sans vêtements, portent, affamés, les gerbes du maître, 11 Ils expriment l'huile dans ses celliers, ils foulent la vendange et ils ont soif. 12 Du sein des villes s'élèvent les gémissements des hommes et l'âme des blessés crie et Dieu ne prend pas garde à ces forfaits. 13 D'autres sont parmi les ennemis de la lumière, ils n'en connaissent pas les voies, ils ne se tiennent pas dans ses sentiers. 14 L'assassin se lève au point du jour, il tue le pauvre et l'indigent, il rôde la nuit comme un voleur. 15 L'œil de l'adultère épie le crépuscule, « Personne ne me voit, » dit-il et il jette un voile sur son visage. 16 La nuit, d'autres forcent les maisons, le jour, ils se tiennent cachés : ils ne connaissent pas la lumière. 17 Pour eux, le matin est comme l'ombre de la mort, car les horreurs de la nuit leur sont familières. 18 Ah, l'impie glisse comme un corps léger sur la face des eaux, il n'a sur la terre qu'une part maudite, il ne se dirige pas sur le chemin des vignes. 19 Comme la sécheresse et la chaleur absorbent l'eau des neiges, ainsi le schéol engloutit les pécheurs. 20 Ah, le sein maternel l'oublie, les vers en font leurs délices, on ne se souvient plus de lui et l'iniquité est brisée comme un arbre. 21 Il dévorait la femme stérile et sans enfants, il ne faisait pas de bien à la veuve. 22 Mais Dieu par sa force ébranle les puissants, il se lève et ils ne comptent plus sur la vie, 23 il leur donne la sécurité et la confiance et ses yeux veillent sur leurs voies. 24 Ils se sont élevés et en un instant ils ne sont plus, ils tombent, ils sont moissonnés comme tous les hommes, ils sont coupés comme la tête des épis. 25 S'il n'en est pas ainsi, qui me convaincra de mensonge ? Qui réduira mes paroles à néant ?
Job 25. 1 Alors Baldad de Suhé prit la parole et dit : 2 A lui appartiennent la domination et la terreur, il fait régner la paix dans ses hautes demeures. 3 Ses légions ne sont-elles pas innombrables ? Sur qui ne se lève pas sa lumière ? 4 Comment l'homme serait-il juste devant Dieu ? Comment le fils de la femme serait-il pur ? 5 Voici que la lune même est sans clarté, les étoiles ne sont pas pures à ses yeux : 6 combien moins l'homme, ce vermisseau, le fils de l'homme, ce vil insecte.
Job 26. 1 Alors Job prit la parole et dit : 2 Comme tu sais venir en aide à la faiblesse, prêter secours au bras sans force. 3 Comme tu conseilles bien l'ignorant. Quelle abondance de sagesse tu fais paraître. 4 A qui adresses-tu des paroles ? Et de qui est l'esprit qui sort de ta bouche ? 5 Devant Dieu, les ombres tremblent sous les eaux et leurs habitants. 6 Le schéol est à nu devant lui et l'abîme n'a pas de voile. 7 Il étend le septentrion sur le vide, il suspend la terre sur le néant. 8 Il renferme les eaux dans ses nuages et les nues ne se déchirent pas sous leur poids. 9 Il voile la face de son trône, il étend sur lui ses nuées. 10 Il a tracé un cercle à la surface des eaux, au point de division de la lumière et des ténèbres. 11 Les colonnes du ciel s'ébranlent et s'épouvantent à sa menace. 12 Par sa puissance il soulève la mer, par sa sagesse il brise l'orgueil. 13 Par son souffle le ciel devient serein, sa main a formé le serpent fuyard. 14 Tels sont les bords de ses voies, le léger murmure que nous en percevons, mais le tonnerre de sa puissance, qui pourra l'entendre ?
Job 27. 1 Job reprit son discours et dit : 2 Par le Dieu vivant qui me refuse justice, par le Tout-Puissant qui remplit mon âme d'amertume : 3 aussi longtemps que j'aurai la respiration, que le souffle de Dieu sera dans mes narines, 4 mes lèvres ne prononceront rien d'inique, ma langue ne proférera pas le mensonge. 5 Loin de moi la pensée de vous donner raison. Jusqu'à ce que j'expire, je défendrai mon innocence. 6 J'ai entrepris ma justification, je ne l'abandonnerai pas, mon cœur ne condamne aucun de mes jours. 7 Que mon ennemi soit traité comme le méchant. Que mon adversaire ait le sort de l'impie. 8 Quel sera l'espoir de l'impie quand Dieu le retranchera, quand il retirera son âme ? 9 Est-ce que Dieu écoutera ses cris, au jour où l'angoisse viendra sur lui ? 10 Trouve-t-il ses délices dans le Tout-Puissant ? Adresse-t-il en tout temps ses prières à Dieu ? 11 Je vous enseignerai la conduite de Dieu et je ne vous cacherai pas les desseins du Tout-Puissant. 12 Voici que vous-mêmes, vous avez tous vu, pourquoi donc discourez-vous en vain ? 13 Voici la part que Dieu réserve au méchant, l'héritage que les violents reçoivent du Tout-Puissant. 14 S'il a des fils en grand nombre, c'est pour le glaive, ses rejetons ne seront pas rassasiés de pain. 15 Ses survivants seront ensevelis dans la mort, leurs veuves ne les pleureront pas. 16 S'il amasse l'argent comme la poussière, s'il entasse les vêtements comme la boue, 17 c'est lui qui entasse, mais c'est le juste qui les porte, c'est le juste qui hérite de ton argent. 18 Sa maison est comme celle que bâtit la teigne, comme la hutte que se construit le gardien des vignes. 19 Le riche se couche, c'est pour la dernière fois, il ouvre les yeux, il n'est plus. 20 Les terreurs fondent sur lui comme des eaux, un tourbillon l'enlève au milieu de la nuit. 21 Le vent d'orient l'emporte et il disparaît, il l'arrache violemment de sa demeure. 22 Dieu lance sur lui ses flèches sans pitié, il fuit éperdu loin de sa main, 23 on bat des mains à son sujet, de sa demeure on siffle sur lui.
Job 28. 1 Il y a pour l'argent un lieu d'où on l'extrait, pour l'or un lieu où on l'épure. 2 Le fer se tire de la terre et la pierre fondue donne le cuivre. 3 L'homme met fin aux ténèbres, il explore, jusqu'au fond des abîmes, la pierre cachée dans les ténèbres et l'ombre de la mort. 4 Il creuse, loin des lieux habités, des galeries, qu'ignore le pied des vivants, suspendu, il vacille, loin des humains. 5 La terre, d'où sort le pain, est bouleversée dans ses entrailles comme par le feu. 6 Ses roches sont le lieu du saphir et l'on y trouve de la poudre d'or. 7 L'oiseau de proie n'en connaît pas le sentier, l'œil du vautour ne l'a pas aperçu. 8 Les animaux sauvages ne l'ont pas foulé, le lion n'y a jamais passé. 9 L'homme porte sa main sur le granit, il ébranle les montagnes dans leurs racines. 10 Il perce des galeries dans les rochers, rien de précieux n'échappe à son regard. 11 Il sait arrêter le suintement des eaux, il amène à la lumière tout ce qui était caché. 12 Mais la Sagesse, où la trouver ? Où est le lieu de l'Intelligence ? 13 L'homme n'en connaît pas le prix, on ne la rencontre pas sur la terre des vivants. 14 L'abîme dit : « Elle n'est pas dans mon sein, » la mer dit : « Elle n'est pas avec moi. » 15 Elle ne se donne pas contre de l'or pur, elle ne s'achète pas au poids de l'argent. 16 On ne la met pas en balance avec de l'or d'Ophir, avec l'onyx précieux et avec le saphir. 17 L'or et le verre ne peuvent lui être comparés, on ne l'échange pas pour un vase d'or fin. 18 Qu'on ne fasse pas mention du corail et du cristal : la possession de la sagesse vaut mieux que les perles. 19 La topaze d'Ethiopie ne l'égale pas et l'or pur n'atteint pas sa valeur. 20 D'où vient donc la sagesse ? Où est lieu de l'Intelligence ? 21 Elle est cachée aux yeux de tous les vivants, elle se dérobe aux oiseaux du ciel. 22 L'enfer et la mort disent : « Nous en avons entendu parler. » 23 C'est Dieu qui connaît son chemin, c'est lui qui sait où elle réside. 24 Car il voit jusqu'aux extrémités de la terre, il aperçoit tout ce qui est sous le ciel. 25 Quand il réglait le poids des vents, qu'il mettait les eaux dans la balance, 26 quand il donnait des lois à la pluie, qu'il traçait la route aux éclairs de la foudre, 27 alors il l'a vue et l'a décrite, il l'a établie et en a sondé les secrets. 28 Puis il a dit à l'homme : La crainte du Seigneur, voilà la sagesse, fuir le mal, voilà l'intelligence.
Job 29. 1 Job reprit encore son discours et dit : 2 Oh, qui me rendra les mois d'autrefois, les jours où Dieu veillait à ma garde, 3 quand sa lampe brillait sur ma tête et que sa lumière me guidait dans les ténèbres. 4 Tel que j'étais aux jours de mon âge mûr, quand Dieu me visitait familièrement dans ma tente, 5 quand le Tout-Puissant était encore avec moi et que mes fils m'entouraient, 6 quand je lavais mes pieds dans le lait et que le rocher me versait des flots d'huile. 7 Lorsque je sortais pour me rendre à la porte de la ville et que j'établissais mon siège sur la place publique, 8 en me voyant, les jeunes gens se cachaient, les vieillards se levaient et se tenaient debout. 9 Les princes retenaient leurs paroles et mettaient leur main sur la bouche. 10 La voix des chefs restait muette, leur langue s'attachait à leur palais. 11 L'oreille qui m'entendait me proclamait heureux, l'œil qui me voyait me rendait témoignage. 12 Car je sauvais le pauvre qui implorait du secours et l'orphelin dénué de tout appui. 13 La bénédiction de celui qui allait périr venait sur moi, je remplissais de joie le cœur de la veuve. 14 Je me revêtais de la justice comme d'un vêtement, mon équité était mon manteau et mon turban. 15 J'étais l'œil de l'aveugle et le pied du boiteux. 16 J'étais le père des pauvres, j'examinais avec soin la cause de l'inconnu. 17 Je brisais la mâchoire de l'injuste et j'arrachais sa proie d'entre les dents. 18 Je disais : « Je mourrai dans mon nid, j'aurai des jours nombreux comme le sable. 19 Mes racines s'étendent vers les eaux, la rosée passe la nuit dans mon feuillage. 20 Ma gloire reverdira sans cesse et mon arc reprendra sa vigueur dans ma main. » 21 On m'écoutait et l'on attendait, on recueillait en silence mon avis. 22 Après que j'avais parlé, personne n'ajoutait rien, ma parole coulait sur eux comme la rosée. 23 Ils m'attendaient comme on attend la pluie, ils ouvraient la bouche comme aux ondées du printemps. 24 Si je leur souriais, ils ne pouvaient le croire, ils recueillaient avidement ce signe de faveur. 25 Quand j'allais vers eux, j'avais la première place, je siégeais comme un roi entouré de sa troupe, comme un consolateur au milieu des affligés.
Job 30. 1 Et maintenant, je suis la risée d'hommes plus jeunes que moi, dont je n'aurais pas daigné mettre les pères parmi les chiens de mon troupeau. 2 Qu'aurais-je fait de la force de leurs bras ? Ils sont privés de toute vigueur. 3 Desséchés par la misère et la faim, ils broutent le désert, un sol depuis longtemps aride et désolé. 4 Ils cueillent sur les buissons des bourgeons amers, ils n'ont pour pain que la racine des genêts. 5 On les écarte de la société des hommes, on crie après eux comme après le voleur. 6 Ils habitent dans d'affreuses vallées, dans les cavernes de la terre et les rochers. 7 On entend leurs cris sauvages parmi les broussailles, ils se couchent ensemble sous les ronces : 8 gens insensés, race sans nom, bannis avec mépris de la terre habitée. 9 Et maintenant je suis l'objet de leurs chansons, je suis en butte à leurs propos. 10 Ils ont horreur de moi, ils me fuient, ils ne détournent pas leur crachat de mon visage. 11 Ils se donnent libre carrière pour m'outrager, ils rejettent tout frein devant moi. 12 Des misérables se lèvent à ma droite, ils cherchent à ébranler mes pieds, ils frayent jusqu'à moi leurs routes meurtrières. 13 Ils ont bouleversé mes sentiers, ils travaillent à ma ruine, eux à qui personne ne porterait secours. 14 Ils fondent sur moi, comme par une large brèche, ils se précipitent parmi les décombres. 15 Les terreurs m'assiègent, ma prospérité est emportée comme un souffle, mon bonheur a passé comme un nuage. 16 Et maintenant, mon âme s'épanche en moi, les jours d'affliction m'ont saisi. 17 La nuit perce mes os, les consume, le mal qui me ronge ne dort pas. 18 Par sa violence, mon vêtement a perdu sa forme, il me serre comme une tunique. 19 Dieu m'a jeté dans la fange, je suis comme la poussière et la cendre. 20 Je crie vers toi et tu ne me réponds pas, je me tiens debout et tu me regardes avec indifférence. 21 Tu deviens cruel à mon égard, tu m'attaques avec toute la force de ton bras. 22 Tu m'enlèves, tu me fais voler au gré du vent et tu m'anéantis dans le fracas de la tempête. 23 Car, je le sais, tu me mènes à la mort, au rendez-vous de tous les vivants. 24 Cependant celui qui va périr n'étendra-t-il pas les mains et, dans sa détresse, ne poussera-t-il pas un cri ? 25 N'avais-je pas des larmes pour l'infortuné ? Mon cœur ne s'est-il pas attendri sur l'indigent ? 26 J'attendais le bonheur et le malheur est arrivé, j'espérais la lumière et les ténèbres sont venues. 27 Mes entrailles bouillonnent sans relâche, les jours d'affliction ont fondu sur moi. 28 Je marche dans le deuil, sans soleil. Si je me lève dans l'assemblée, c'est pour pousser des cris. 29 Je suis devenu le frère des chacals, le compagnon des filles de l'autruche. 30 Ma peau livide tombe en lambeaux, mes os sont brûlés par un feu intérieur. 31 Ma cithare ne rend plus que des accords lugubres, mon chalumeau que des sons plaintifs.
Job 31. 1 J'avais fait un pacte avec mes yeux et comment aurais-je arrêté mes regards sur une vierge. 2 Quelle part, me disais-je, Dieu me réserverait-il d'en haut ? Quel sort le Tout-Puissant me ferait-il de son ciel ? 3 La ruine n'est-elle pas pour le méchant et le malheur pour les artisans d'iniquité ? 4 Dieu ne connaît-il pas mes voies, ne compte-t-il pas tous mes pas ? 5 Si j'ai marché dans le sentier du mensonge, si mon pied a couru après la fraude, 6 que Dieu me pèse dans de justes balances et il reconnaîtra mon innocence. 7 Si mes pas se sont écartés du droit chemin, si mon cœur a suivi mes yeux, si quelque souillure s'est attachée à mes mains, 8 que je sème et qu'un autre mange, que mes rejetons soient déracinés. 9 Si mon cœur a été séduit par une femme, si j'ai fait le guet à la porte de mon prochain, 10 que ma femme tourne la meule pour un autre, que des étrangers la déshonorent. 11 Car c'est là un crime horrible, un forfait que punissent les juges, 12 un feu qui dévore jusqu'à la ruine, qui aurait détruit tous mes biens. 13 Si j'ai méconnu le droit de mon serviteur ou de ma servante, quand ils étaient en contestation avec moi : 14 Que faire, quand Dieu se lèvera ? Au jour de sa visite, que lui répondrai-je ? 15 Celui qui m'a fait dans le sein de ma mère ne l'a-t-il pas fait aussi ? Un même Créateur ne nous a-t-il pas formés ? 16 Si j'ai refusé aux pauvres ce qu'ils désiraient, si j'ai fait languir les yeux de la veuve, 17 si j'ai mangé seul mon morceau de pain, sans que l'orphelin en ait eu sa part : 18 dès mon enfance il m'a gardé comme un père, dès ma naissance il a guidé mes pas. 19 Si j'ai vu le malheureux périr sans vêtements, l'indigent manquer de couverture, 20 sans que ses reins m'aient béni, sans que la toison de mes agneaux l'ait réchauffé, 21 si j'ai levé la main contre l'orphelin, parce que je me voyais un appui dans les juges, 22 que mon épaule se détache du tronc, que mon bras soit arraché au coude. 23 Car je crains la vengeance de Dieu et devant sa majesté je ne puis subsister. 24 Si j'ai mis dans l'or mon assurance, si j'ai dit à l'or pur : « Tu es mon espoir, » 25 si je me suis réjoui de l'abondance de mes biens, des trésors amassés par mes mains, 26 si, en voyant le soleil jeter ses feux et la lune s'avancer dans sa splendeur, 27 mon cœur s'est laissé séduire en secret, si ma main s'est portée à ma bouche, 28 c'est là encore un crime que punit le juge, j'aurais renié le Dieu très-haut. 29 Si j'ai été joyeux de la ruine de mon ennemi, si j'ai tressailli d'allégresse quand le malheur l'a frappé : 30 Non, je n'ai pas permis à ma langue de pécher, en demandant sa mort avec imprécation. 31 Si les gens de ma tente ne disaient pas : « Où trouver quelqu'un qui ne soit pas rassasiés de sa table ? » 32 si l'étranger passait la nuit en dehors, si je n'ouvrais pas la porte au voyageur. 33 Si j'ai, comme font les hommes, déguisé mes fautes et renfermé mes iniquités dans mon sein, 34 par peur de la grande assemblée, par crainte du mépris des familles, au point de me taire et de n'oser franchir le seuil de ma porte. 35 Oh, qui me fera trouver quelqu'un qui m'écoute ? Voilà ma signature : que le Tout-Puissant me réponde. Que mon adversaire écrive aussi son réquisitoire. 36 On verra si je ne la mets pas sur mon épaule, si je n'en ceins pas mon front comme d'un diadème. 37 Je rendrai compte à mon juge de tous mes pas, je m'approcherai de lui comme un prince. 38 Si ma terre crie contre moi, si j'ai fait pleurer ses sillons, 39 si j'ai mangé ses produits sans l'avoir payée, si je l'ai arrachée à ses légitimes possesseurs, 40 qu'au lieu de froment il y naisse des épines et de l'ivraie au lieu d'orge. Ici finissent les discours de Job.
Job 32. 1 Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu'il persistait à se regarder comme juste. 2 Alors s'alluma la colère d'Éliu, fils de Barachel le Bouzite, de la famille de Ram. Sa colère s'alluma contre Job, parce qu'il se prétendait plus juste que Dieu. 3 Elle s'alluma aussi contre ses trois amis, parce qu'ils n'avaient pas trouvé de bonnes réponses à lui faire et que néanmoins ils condamnaient Job. 4 Comme ils étaient plus âgés que lui, Éliu avait attendu pour parler à Job. 5 Mais voyant qu'il n'y avait plus de réponse dans la bouche de ces trois hommes, il s'enflamma de colère. 6 Alors Éliu, fils de Barachel le Bouzite, prit la parole et dit : Je suis jeune et vous êtes des vieillards, c'est pourquoi j'étais effrayé et je redoutais de vous faire connaître mon sentiment. 7 Je me disais : « Les jours parleront, les nombreuses années révéleront la sagesse. » 8 Mais c'est l'esprit mis dans l'homme, le souffle du Tout-Puissant qui lui donne l'intelligence. 9 Ce n'est pas l'âge qui donne la sagesse, ce n'est pas la vieillesse qui discerne la justice. 10 Voilà pourquoi je dis : « Écoutez-moi, je vais, moi aussi, exposer ma pensée. » 11 J'ai attendu tant que vous parliez, j'ai prêté l'oreille à vos raisonnements, jusqu'à la fin de vos débats. 12 Je vous ai suivis attentivement et nul n'a convaincu Job, nul d'entre vous n'a réfuté ses paroles. 13 Ne dites pas : « Nous avons trouvé la sagesse, c'est Dieu qui le frappe et non pas l'homme. » 14 Il n'a pas dirigé contre moi ses discours, mais ce n'est pas avec vos paroles que je lui répondrai. 15 Les voilà interdits, ils ne répondent rien, la parole leur fait défaut. 16 J'ai attendu qu'ils eussent fini de parler, qu'ils restassent muets et sans réponse. 17 C'est à mon tour de parler à présent, je veux dire aussi ce que je pense 18 car je suis plein de discours, l'esprit qui est en moi m'oppresse. 19 Mon cœur est comme un vin renfermé, comme une outre remplie de vin nouveau qui va éclater. 20 Que je parle donc, afin de respirer à l'aise, que mes lèvres s'ouvrent pour répondre 21 Je ne ne prendrai le parti de personne, je ne flatterai personne 22 car je ne sais pas flatter, autrement mon Créateur m'enlèverait sur-le-champ.
Job 33. 1 Maintenant donc, Job, écoute mes paroles, prête l'oreille à tous mes discours. 2 Voilà que j'ouvre la bouche, ma langue forme des mots dans mon palais, 3 mes paroles partiront d'un cœur droit, c'est la vérité pure qu'exprimeront mes lèvres. 4 L'esprit de Dieu m'a créé, le souffle du Tout-Puissant me donne la vie. 5 Si tu le peux, réponds-moi, dispose tes arguments devant moi, tiens-toi ferme. 6 Devant Dieu je suis ton égal, comme toi j'ai été formé du limon 7 Ainsi ma crainte ne t'épouvantera pas et le poids de ma majesté ne peut t'accabler. 8 Oui, tu as dit à mes oreilles et j'ai bien entendu le son de tes paroles, 9 « Je suis pur, exempt de tout péché, je suis irréprochable, il n'y a pas d'iniquité en moi. 10 Et Dieu invente contre moi des motifs de haine, il me traite comme son ennemi. 11 Il a mis mes pieds dans les entraves, il surveille tous mes pas. » 12 Je te répondrai qu'en cela tu n'as pas été juste, car Dieu est plus grand que l'homme. 13 Pourquoi disputer contre lui, parce qu'il ne rend compte de ses actes à personne ? 14 Pourtant Dieu parle tantôt d'une manière, tantôt d'une autre et l'on n'y fait pas attention. 15 Il parle par des songes, par des visions nocturnes, quand un profond sommeil pèse sur les mortels, quand ils dorment sur leur lit. 16 A ce moment, il ouvre l'oreille des hommes et y scelle ses avertissements, 17 afin de détourner l'homme de ses œuvres mauvaises et d'écarter de lui l'orgueil, 18 afin de sauver son âme de la mort, sa vie des atteintes du dard. 19 Par la douleur aussi l'homme est repris sur son lit, quand une lutte continue agite ses os. 20 Alors il prend en dégoût le pain et il a horreur des mets exquis, 21 Sa chair s'évanouit aux regards, ses os qu'on ne voyait pas sont mis à nu. 22 Il s'approche de la fosse, sa vie est en proie aux horreurs du trépas. 23 Mais s'il trouve pour intercesseur, un ange entre mille, qui fasse connaître à l'homme son devoir, 24 Dieu a pitié de lui et dit à l'ange : « Épargne-lui de descendre dans la fosse, j'ai trouvé la rançon de sa vie. » 25 Sa chair alors a plus de fraîcheur qu'au premier âge, il revient aux jours de sa jeunesse. 26 Il prie Dieu et Dieu lui est propice, il contemple son visage avec allégresse et le Très-Haut lui rend son innocence. 27 Il chante parmi les hommes, il dit : « J'ai péché, j'ai violé la justice et Dieu ne m'a pas traité selon mes fautes. 28 Il a épargné à mon âme de descendre dans la fosse et ma vie s'épanouit à la lumière » 29 Voilà, Dieu fait tout cela, deux fois, trois fois, pour l'homme, 30 afin de le ramener de la mort, de l'éclairer de la lumière des vivants. 31 Sois attentif, Job, écoute-moi, garde le silence, que je parle. 32 Si tu as quelque chose à dire, réponds-moi, parle, car je voudrais te trouver juste. 33 Si tu n'as rien à dire, écoute-moi, fais silence et je t'enseignerai la sagesse.
Job 34. 1 Éliu reprit et dit : 2 Sages, écoutez mes discours, hommes intelligents, prêtez-moi l'oreille. 3 Car l'oreille juge les paroles, comme le palais discerne les aliments. 4 Tâchons de discerner ce qui est juste, cherchons entre nous ce qui est bon. 5 Job a dit : « Je suis innocent et Dieu me refuse justice. 6 Quand je soutiens mon droit, je passe pour menteur, ma plaie est douloureuse, sans que j'aie péché. » 7 Y a-t-il un homme semblable à Job ? Il boit le blasphème comme l'eau. 8 Il s'associe aux artisans d'iniquité, il marche avec les hommes pervers. 9 Car il a dit : « Il ne sert de rien à l'homme de chercher la faveur de Dieu. » 10 Écoutez-moi donc, hommes sensés : Loin de Dieu l'iniquité, loin du Tout-Puissant l'injustice. 11 Il rend à l'homme selon ses œuvres, il rétribue chacun selon ses voies. 12 Non, certes, Dieu ne commet pas l'iniquité, le Tout-Puissant ne viole pas la justice. 13 Qui lui a remis le gouvernement de la terre ? Qui lui a confié l'univers ? 14 S'il ne pensait qu'à lui-même, s'il retirait à lui son esprit et son souffle, 15 toute chair expirerait à l'instant et l'homme retournerait à la poussière. 16 Si tu as de l'intelligence, écoute ceci, prête l'oreille au son de mes paroles : 17 Un ennemi de la justice aurait-il le suprême pouvoir ? Oses-tu condamner le Juste, le Puissant, 18 qui dit à un roi : « Vaurien » aux princes : « Pervers » 19 qui ne prend pas le parti des grands, qui ne regarde pas le riche plus que le pauvre, parce que tous sont l'ouvrage de ses mains ? 20 En un instant ils périssent, au milieu de la nuit, les peuples chancellent et disparaissent, le puissant est emporté sans main d'homme. 21 Car les yeux de Dieu sont ouverts sur les voies de l'homme, il voit distinctement tous ses pas. 22 Il n'y a ni ténèbres ni ombre de la mort, où puissent se cacher ceux qui commettent l'iniquité. 23 Il n'a pas besoin de regarder un homme deux fois, pour l'amener au jugement avec lui. 24 Il brise les puissants sans enquête et il en met d'autres à leur place. 25 Il connaît donc leurs œuvres, il les renverse de nuit et ils sont écrasés. 26 Il les frappe comme des impies, en un lieu où on les regarde, 27 parce qu'en se détournant de lui, en refusant de connaître toutes ses voies, 28 ils ont fait monter vers lui le cri du pauvre, ils l'ont rendu attentif au cri des malheureux. 29 S'il accorde la paix, qui le trouvera mauvais, s'il cache son visage, qui pourra le contempler, qu'il soit peuple ou homme celui qu'il traite ainsi, 30 pour mettre fin au règne de l'impie, pour qu'il ne soit plus un piège pour le peuple ? 31 Or avait-il dit à Dieu : « J'ai été châtié, je ne pécherai plus, 32 montre-moi ce que j'ignore, si j'ai commis l'iniquité, je ne le ferai plus ? » 33 Est-ce d'après ton avis que Dieu doit rendre la justice de sorte que tu puisses rejeter son jugement ? Choisis à ton gré et non pas moi, ce que tu sais, expose-le. 34 Les gens sensés me diront, ainsi que l'homme sage qui m'écoute : 35 « Job a parlé sans intelligence et ses discours sont dépourvus de sagesse. 36 Eh bien, que Job soit éprouvé jusqu'au bout, puisque ses réponses sont celles d'un impie 37 car à l'offense il ajoute la révolte, il bat des mains au milieu de nous, il multiplie ses propos contre Dieu. »
Job 35. 1 Éliu prit de nouveau la parole et dit : 2 Crois-tu que ce soit là de la justice, de dire : « J'ai raison contre Dieu ? » 3 Car tu as dit : « Que me sert mon innocence, qu'ai-je de plus que si j'avais péché ? » 4 Moi, je vais te répondre et à tes amis en même temps. 5 Considère les cieux et regarde, vois les nuées : elles sont plus hautes que toi. 6 Si tu pèches, quel tort lui causes-tu ? Si tes offenses se multiplient, que lui fais-tu ? 7 Si tu es juste, que lui donnes-tu ? Que reçoit-il de ta main ? 8 Ton iniquité ne peut nuire qu'à tes semblables, ta justice n'est utile qu'au fils de l'homme. 9 Des malheureux gémissent sous la violence des vexations et crient sous la main des puissants. 10 Mais nul ne dit : « Où est Dieu, mon Créateur, qui donne à la nuit des chants de joie, 11 qui nous a faits plus intelligents que les animaux de la terre, plus sages que les oiseaux du ciel. » 12 Ils crient alors, sans être exaucés, sous l'orgueilleuse tyrannie des méchants. 13 Dieu n'exauce pas les discours insensés, le Tout-Puissant ne les regarde pas. 14 Quand tu lui dis : « Tu ne vois pas ce qui se passe, » ta cause est devant lui, attends son jugement. 15 Mais, parce que sa colère ne sévit pas encore et qu'il semble ignorer sa folie, 16 Job prête sa bouche à de vaines paroles et se répand en discours insensés.
Job 36. 1 Éliu reprit encore une fois et dit : 2 Attends un peu et je t'instruirai, car j'ai des paroles encore pour la cause de Dieu, 3 je prendrai mes raisons de haut et je montrerai la justice de mon Créateur. 4 Sois-en sûr, mes discours sont exempts de mensonge, devant toi est un homme sincère en ses jugements. 5 Voici que Dieu est puissant, mais il ne dédaigne personne, il est puissant par la force de son intelligence. 6 Il ne laisse pas vivre le méchant et il fait justice aux malheureux. 7 Il ne détourne pas ses yeux des justes, il les fait asseoir sur le trône avec les rois, il les établit pour toujours et ils sont exaltés. 8 Viennent-ils à tomber dans les fers, sont-ils pris dans les liens du malheur, 9 il leur dénonce leurs œuvres, leurs fautes causées par l'orgueil. 10 Il ouvre leur oreille à la réprimande, il les exhorte à se détourner du mal. 11 S'ils écoutent et se soumettent, ils achèvent leurs jours dans le bonheur et leurs années dans les délices. 12 Mais s'ils n'écoutent pas, ils périssent par le glaive, ils meurent dans leur aveuglement. 13 Les cœurs impies se livrent à la colère, ils ne crient pas vers Dieu quand il les met dans les chaînes. 14 Aussi meurent-ils dans leur jeunesse et leur vie se flétrit comme celle des infâmes. 15 Mais Dieu sauve le malheureux dans sa misère, il l'instruit par la souffrance. 16 Toi aussi, il te retirera de la détresse, pour te mettre au large, en pleine liberté et ta table sera dressée et chargée de mets succulents. 17 Mais si tu combles la mesure de l'impie, tu en porteras la sentence et la peine. 18 Crains que Dieu irrité ne t'inflige un châtiment et que tes riches offrandes ne t'égarent. 19 Tes cris te tireront-ils de la détresse et même toutes les ressources de la force ? 20 Ne soupire pas après la nuit, durant laquelle les peuples sont anéantis sur place. 21 Prends garde de te tourner vers l'iniquité, car tu la préfères à l'affliction. 22 Vois : Dieu est sublime dans sa puissance. Quel maître est semblable à lui ? 23 Qui lui trace la voie qu'il doit suivre ? Qui peut lui dire : « Tu as mal fait ? » 24 Songe plutôt à glorifier ses œuvres, que les hommes célèbrent dans leurs chants. 25 Tout homme les admire, le mortel les contemple de loin. 26 Dieu est grand au-dessus de toute science, le nombre de ses années est impénétrable. 27 Il attire les gouttes d'eau, qui se répandent en pluie sous leur poids. 28 Les nuées la laissent couler et tomber sur la masse des hommes. 29 Qui comprendra l'expansion des nuages et le fracas de la tente du Très-Haut ? 30 Tantôt il étend autour de lui sa lumière, tantôt il se cache comme au fond de la mer. 31 C'est ainsi qu'il exerce sa justice sur les peuples et qu'il donne la nourriture avec abondance. 32 Il prend la lumière dans ses mains et lui marque le but à atteindre. 33 Son tonnerre l'annonce, l'effroi des troupeaux annonce son approche.
Job 37. 1 A ce spectacle, mon cœur est tout tremblant, il bondit hors de sa place. 2 Écoutez, écoutez le fracas de sa voix, le grondement qui sort de sa bouche. 3 Il lui donne libre carrière sous l'immensité des cieux et son éclair brille jusqu'aux extrémités de la terre. 4 Puis éclate un rugissement, il tonne de sa voix majestueuse, il ne retient plus les éclairs, quand on entend sa voix, 5 Dieu tonne de sa voix, d'une manière merveilleuse. Il fait de grandes choses que nous ne comprenons pas. 6 Il dit à la neige : « Tombe sur la terre, » il commande aux ondées et aux pluies torrentielles. 7 Il met un sceau sur la main de tous les hommes, afin que tout mortel reconnaisse son Créateur. 8 Alors l'animal sauvage rentre dans son repaire et demeure dans sa tanière. 9 L'ouragan sort de ses retraites cachées, l'aquilon amène les frimas. 10 Au souffle de Dieu se forme la glace et la masse des eaux est emprisonnée. 11 Il charge de vapeurs les nuages, il disperse ses nuées lumineuses. 12 On les voit, selon ses décrets, errer en tous sens, pour exécuter tout ce qu'il leur commande, sur la face de la terre habitée. 13 C'est tantôt pour le châtiment de sa terre et tantôt en signe de faveur qu'il les envoie. 14 Job, sois attentif à ces choses, arrête-toi et considère les merveilles de Dieu. 15 Sais-tu comment il les opère et comment les nuages font jaillir l’éclair ? 16 Comprends-tu le balancement des nuages, les merveilles de celui dont la science est parfaite, 17 toi dont les vêtements sont chauds, quand la terre se repose au souffle du midi ? 18 Peux-tu, comme lui, étendre les nuées et les rendre solides comme un miroir de bronze ? 19 Fais-nous connaître ce que nous devons lui dire : nous ne saurions lui parler, ignorants que nous sommes. 20 Ah, qu'on ne lui rapporte pas mes discours. Un homme a-t-il jamais dit qu'il désirait sa perte ? 21 On ne peut voir maintenant la lumière du soleil, qui luit derrière les nuages, qu'un vent passe, il les dissipe. 22 L'or vient du nord, mais Dieu, que sa majesté est redoutable. 23 Le Tout-Puissant, nous ne pouvons l'atteindre : il est grand en force et en droit et en justice, il ne répond à personne. 24 Que les hommes donc le révèrent. Il ne regarde pas ceux qui se croient sages.
Job
38. 1
Alors le Seigneur
répondit à Job du sein de la tempête et dit : 2
Quel est celui qui
obscurcit ainsi le plan divin, par des discours sans intelligence ?
3
Ceins tes reins, comme
un homme : je vais t'interroger et tu m'instruiras. 4
Où étais-tu quand je
posais les fondements de la terre ? Dis-le, si tu as
l'intelligence. 5
Qui en a fixé les
dimensions ? Le sais-tu ? Qui a tendu sur elle cordeau ?
6
Sur quoi ses bases
reposent-elles, ou qui en a posé la pierre angulaire, 7
quand les astres du
matin chantaient en chœur et que tous les fils de Dieu poussaient
des cris d'allégresse ? 8
Qui a fermé la mer
avec des portes, lorsqu'elle sortit impétueuse du sein maternel, 9
quand je lui donnai
les nuages pour vêtements et pour langes d'épais brouillards, 10
quand je lui imposai
ma loi, que je lui mis des portes et des verrous, 11
et que je lui dis :
« Tu viendras jusqu'ici, non au-delà, ici s'arrêtera
l'orgueil de tes flots » ? 12
As-tu, depuis que tu
existes, commandé au matin ? As-tu indiqué sa place à
l'aurore, 13
pour qu'elle saisisse
les extrémités de la terre et qu'elle en secoue les méchants, 14
pour que la terre
prenne forme, comme l'argile sous le cachet et qu'elle se montre
parée comme d'un vêtement, 15
pour que les
malfaiteurs soient privés de leur lumière et que le bras levé pour
le crime soit brisé ? 16
Es-tu descendu
jusqu'aux sources de la mer, t'es-tu promené dans les profondeurs de
l'abîme ? 17
Les portes de la mort
se sont-elles ouvertes devant toi, as-tu vu les portes du sombre
séjour ? 18
As-tu embrassé
l'étendue de la terre ? Parle, si tu sais toutes ces choses. 19
Où est le chemin qui
conduit au séjour de la lumière et où se trouve la demeure des
ténèbres ? 20
Tu pourrais les saisir
en leur domaine, tu connais les sentiers de leur séjour. 21
Tu le sais sans doute,
puisque tu étais né avant elles, le nombre de tes jours est si
grand. 22
Es-tu entré dans les
trésors de la neige ? As-tu vu les réservoirs de la grêle, 23
que je tiens prêts
pour le temps de la détresse, pour les jours de la guerre et du
combat ? 24
Par quelle voie la
lumière se divise-t-elle et le vent d'orient se répand-il sur la
terre ? 25
Qui a ouvert des
canaux aux ondées et tracé une route aux feux du tonnerre, 26
afin que la pluie
tombe sur une terre inhabitée, sur le désert où il n'y a pas
d'hommes, 27
pour qu'elle arrose la
plaine vaste et vide et y fasse germer l'herbe verte. 28
La pluie a-t-elle un
père ? Qui engendre les gouttes de la rosée ? 29
De quel sein sort la
glace ? Et le givre du ciel, qui l'enfante, 30
pour que les eaux
durcissent comme la pierre et que la surface de l'abîme se
solidifie ? 31
Est-ce toi qui serres
les liens des Pléiades, ou pourrais-tu relâcher les chaînes
d'Orion ? 32
Est-ce toi qui fais
lever les constellations en leur temps, qui conduis l'Ourse avec ses
petits ? 33
Connais-tu les lois du
ciel, règles-tu ses influences sur la terre ? 34
Élèves-tu ta voix
jusque dans les nues, pour que des torrents d'eau tombent sur toi ?
35
Est-ce toi qui lâches
les éclairs pour qu'ils partent et te disent-ils : « Nous
voici » 36
Qui a mis la sagesse
dans les nuées, ou qui a donné l'intelligence aux météores ?
37
Qui peut exactement
compter les nuées, incliner les outres du ciel, 38
pour que la poussière
se forme en masse solide et que les glèbes adhèrent ensemble ?
39
Est-ce toi qui chasses
pour la lionne sa proie, qui rassasies la faim des lionceaux, 40
quand ils sont couchés
dans leur tanière, qu'ils se tiennent en embuscade dans le taillis ?
41
Qui prépare au
corbeau sa pâture, quand ses petits crient vers Dieu, qu'ils errent
çà et là, sans nourriture ?
Job 39. 1 Connais-tu le temps où les chèvres sauvages font leurs petits ? As-tu observé les biches quand elles mettent bas ? 2 As-tu compté les mois de leur portée et connais-tu l'époque de leur délivrance ? 3 Elles se mettent à genoux, déposent leurs petits et sont quittes de leurs douleurs. 4 Leurs faons se fortifient et grandissent dans les champs, ils s'en vont et ne reviennent plus. 5 Qui a lâché l'onagre en liberté, qui a brisé les liens de l'âne sauvage, 6 à qui j'ai donné le désert pour maison, pour demeure la plaine salée ? 7 Il méprise le tumulte des villes, il n'entend pas les cris d'un maître. 8 Il parcourt les montagnes pour trouver sa pâture, il y poursuit les moindres traces de verdure. 9 Le buffle voudra-t-il te servir, ou bien passera-t-il la nuit dans son étable ? 10 L'attacheras-tu avec une corde au sillon, ou bien hersera-t-il derrière toi dans les vallées ? 11 Te fieras-tu à lui parce qu'il est très fort, lui laisseras-tu faire tes travaux ? 12 Compteras-tu sur lui pour rentrer ta moisson, pour recueillir le blé dans ton aire ? 13 L'aile de l'autruche bat joyeusement, elle n'a ni le duvet ni le plumage de la cigogne. 14 Elle abandonne ses œufs à la terre et les laisse chauffer sur le sable. 15 Elle oublie que le pied peut les fouler, la bête des champs les écraser. 16 Elle est dure pour ses petits, comme s'ils n'étaient pas siens, que son travail soit vain, elle ne s'en inquiète pas. 17 Car Dieu lui a refusé la sagesse et ne lui a pas départi l'intelligence. 18 Mais quand elle se bat les flancs et prend son essor, elle se rit du cheval et du cavalier. 19 Est-ce toi qui donnes au cheval la vigueur, qui revêts son cou d'une crinière flottante, 20 qui le fais bondir comme la sauterelle ? Son fier hennissement répand la terreur. 21 Il creuse du pied la terre, il est fier de sa force, il s'élance au-devant du combat. 22 Il se rit de la peur, rien ne l'effraie, il ne recule pas devant l'épée. 23 Sur lui résonne le carquois, la lance étincelante et le javelot. 24 Il frémit, il s'agite, il dévore le sol, il ne se contient plus quand la trompette sonne. 25 Au bruit de la trompette, il dit : « Allons. » De loin il flaire la bataille, la voix tonnante des chefs et les cris des guerriers. 26 Est-ce par ta sagesse que l'épervier prend son vol et déploie ses ailes vers le midi ? 27 Est-ce à ton ordre que l'aigle s'élève et fait son nid sur les hauteurs ? 28 Il habite les rochers, il fixe sa demeure dans les dents de la pierre, sur les sommets. 29 De là, il guette sa proie, son regard perce au loin. 30 Ses petits s'abreuvent de sang, partout où il y a des cadavres, on le trouve.
Job 40. 1 Le Seigneur s'adressant à Job, dit : 2 Le censeur du Tout-Puissant veut-il encore plaider contre lui ? Celui qui dispute avec Dieu peut-il répondre ? 3 Job répondit au Seigneur, en disant : 4 Chétif que je suis, que te répondrai-je ? Je mets la main sur ma bouche. 5 J'ai parlé une fois, je ne répliquerai pas, deux fois, je n'ajouterai rien. 6 Le Seigneur parla encore à Job du sein de la tempête et dit : 7 Ceins tes reins, comme un homme, Je vais t'interroger et tu m'instruiras. 8 Veux-tu donc anéantir ma justice, me condamner afin d'avoir droit ? 9 As-tu un bras comme celui de Dieu et tonnes-tu de la voix comme lui ? 10 Pare-toi de grandeur et de magnificence, revêts-toi de gloire et de majesté, 11 épanche les flots de ta colère, d'un regard abaisse tout superbe. 12 D'un regard fais plier tout superbe, écrase sur place les méchants, 13 cache-les tous ensemble dans la poussière, enferme leur visage dans les ténèbres. 14 Alors, moi aussi, je te rendrai l'hommage, que ta droite peut te sauver. 15 Vois Béhémoth, que j'ai créé comme toi : il se nourrit d'herbe, comme le bœuf. 16 Vois donc, sa force est dans ses reins et sa vigueur dans les muscles de ses flancs. 17 Il dresse sa queue comme un cèdre, les nerfs de ses cuisses forment un solide faisceau. 18 Ses os sont des tubes de bronze, ses côtes sont des barres de fer. 19 C'est le chef-d'œuvre de Dieu, son Créateur l'a pourvu d'un glaive. 20 Les montagnes produisent pour lui du fourrage, autour de lui se jouent toutes les bêtes des champs. 21 Il se couche sous les lotus, dans le secret des roseaux et des marécages. 22 Les lotus le couvrent de leur ombre, les saules du torrent l'environnent. 23 Que le fleuve déborde, il ne craint pas, il serait calme, si le Jourdain montait à sa gueule. 24 Est-ce en face qu'on pourra le saisir, avec des filets et lui percer les narines ? 25 Tireras-tu Léviathan avec un hameçon et lui serreras-tu la langue avec une corde ? 26 Lui passeras-tu un jonc dans les narines et lui perceras-tu la mâchoire avec un anneau ? 27 T'adressera-t-il d'ardentes prières, te dira-t-il de douces paroles ? 28 Fera-t-il une alliance avec toi, le prendras-tu toujours à ton service ? 29 Joueras-tu avec lui comme avec un passereau, l'attacheras-tu pour amuser tes filles ? 30 Les pêcheurs associés en font-ils le commerce, le partagent-ils entre les marchands ? 31 Cribleras-tu sa peau de dards, perceras-tu sa tête du harpon ? 32 Essaie de mettre la main sur lui : souviens-toi du combat et tu n'y reviendras plus.
Job 41. 1 Voici que le chasseur est trompé dans son attente, la vue du monstre suffit à le terrasser. 2 Nul n'est assez hardi pour provoquer Léviathan : qui donc oserait me résister en face ? 3 Qui m'a obligé, pour que j'aie à lui rendre ? Tout ce qui est sous le ciel est à moi. 4 Je ne veux pas taire ses membres, sa force, l'harmonie de sa structure. 5 Qui jamais a soulevé le bord de sa cuirasse ? Qui a franchi la double ligne de son râtelier ? 6 Qui a ouvert les portes de sa gueule ? Autour de ses dents habite la terreur. 7 Superbes sont les lignes de ses écailles, comme des sceaux étroitement serrés. 8 Chacune touche sa voisine, un souffle ne passerait pas entre elles. 9 Elles adhèrent l'une à l'autre, elles sont jointes et ne sauraient se séparer. 10 Ses éternuements font jaillir la lumière, ses yeux sont comme les paupières de l'aurore. 11 Des flammes jaillissent de sa gueule, il s'en échappe des étincelles de feu. 12 Une fumée sort de ses narines, comme d'une chaudière ardente et bouillante. 13 Son souffle allume les charbons, de sa bouche s'élance la flamme. 14 Dans son cou réside la force, devant lui bondit l'épouvante. 15 Les muscles de sa chair tiennent ensemble, fondus sur lui, inébranlables. 16 Son cœur est dur comme la pierre, dur comme la meule inférieure. 17 Quand il se lève, les plus braves ont peur, l'épouvante les fait défaillir. 18 Qu'on l'attaque avec l'épée, l'épée ne résiste pas, ni la lance, ni le javelot, ni la flèche. 19 Il tient le fer pour de la paille, le bronze comme un bois vermoulu. 20 La fille de l'arc ne le fait pas fuir, les pierres de la fronde sont pour lui un fétu, 21 la massue, un brin de chaume, il se rit du fracas des piques. 22 Sous son ventre sont des tessons aigus : on dirait une herse qu'il étend sur le limon. 23 Il fait bouillonner l'abîme comme une chaudière, il fait de la mer un vase de parfums. 24 Il laisse après lui un sillage de lumière, on dirait que l'abîme a des cheveux blancs. 25 Il n'a pas son égal sur la terre, il a été créé pour ne rien craindre. 26 Il regarde en face tout ce qui est élevé, il est le roi des plus fiers animaux.
Job 42. 1 Job répondit au Seigneur et dit : 2 Je sais que tu peux tout et que pour toi aucun dessein n'est trop difficile. 3 « Quel est celui qui obscurcit le plan divin, sans savoir ? » Oui, j'ai parlé sans intelligence de merveilles qui me dépassent et que j'ignore. 4 « Écoute-moi, je vais parler, je t'interrogerai, réponds-moi. » 5 Mon oreille avait entendu parler de toi, mais maintenant mon œil t'a vu. 6 C'est pourquoi je me condamne et me repens, sur la poussière et sur la cendre. 7 Après que le Seigneur eut adressé ces paroles à Job, il dit à Éliphaz de Théman : « Ma colère est allumée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi selon la vérité, comme l'a fait mon serviteur Job. 8 Maintenant, prenez sept jeunes taureaux et sept béliers, puis venez trouver mon serviteur Job et offrez pour vous un holocauste. Job, mon serviteur, priera pour vous et c'est par égard pour lui que je ne vous traiterai pas selon votre folie, car vous n'avez pas parlé de moi selon la vérité, comme l'a fait mon serviteur Job. » 9 Éliphaz de Théman, Baldad de Suhé et Sophar de Naaman allèrent donc et firent comme le Seigneur leur avait dit et le Seigneur eut égard à la prière de Job. 10 Le Seigneur rétablit Job dans son premier état, pendant que Job intercédait pour ses amis et le Seigneur rendit à Job le double de tous ses biens. 11 Ses frères, ses sœurs et ses anciens amis vinrent tous le visiter et mangèrent avec lui dans sa maison. Ils le plaignirent et le consolèrent de tous les malheurs que le Seigneur avait fait venir sur lui et ils lui firent don chacun d'une pièce d’argent et d'un anneau d'or. 12 Et le Seigneur bénit les derniers temps de Job plus encore que les premiers et il posséda quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânesses. 13 Il eut sept fils et trois filles, 14 il nomma la première Jémima, la deuxième Ketsia et la troisième Kéren-Hapouk. 15 On ne trouvait pas dans toute la terre d'aussi belles femmes que les filles de Job et leur père leur donna une part d'héritage parmi leurs frères. 16 Job vécut après cela cent quarante ans et il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu'à la quatrième génération. 17 Et Job mourut vieux et rassasié de jours.
Notes sur le livre de Job
Explications verset par verset sur JesusMarie.com
1.1-5 Le prologue nous fait connaître le principal personnage et les circonstances qui amènent la discussion sur le problème de l’existence du mal, problème dont la solution fait le fond du poème. ― 1° Piété de Job au milieu de la plus grande prospérité : sa grandeur morale est égale à celle de sa fortune, chapitre 1, versets 1 à 5.
1.1 Dans la terre de Hus. Voir l’Introduction.
1.3 Parmi les Orientaux, les Arabes.
1.4 A son jour ; au jour qui lui était marqué ; suivant quelques-uns, au jour de leur naissance. Comparer à Genèse 40, 20 ; Matthieu 14, 6.
1.5 Mes fils ont pensé de mauvaises choses. Comparer à 1 Rois, 21, 10.
1.6-12 2° Résolution que Dieu prend d’éprouver la fidélité de son serviteur, chapitre 1, versets 6 à 12. Nous sommes transportés de la terre au ciel, où tout ce qui se passe ici-bas a sa racine et sa raison dernière. Satan, « l’adversaire », l’ennemi des hommes, apparaît au milieu des bons anges pour calomnier le juste ; mais c’est pour concourir finalement, malgré sa malice, aux desseins de Dieu et travailler malgré lui à l’accomplissement du plan de la Providence.
1.6 Les fils de Dieu sont les anges. ― Dans ce prologue qui s’étend jusqu’à la fin du Ier chapitre, l’écrivain sacré nous montre : 1° les efforts du démon contre les serviteurs de Dieu ; 2° que cet esprit malin ne peut rien sans la permission divine ; 3° que Dieu ne lui permet pas de tenter ses serviteurs au-delà de leurs forces, mais qu’il les assiste de sa grâce, de manière que les efforts impuissants de leur ennemi ne servent qu’à faire éclater leur vertu et à augmenter leur mérite.
1.7 J’ai fait le tour, etc. Compar. 1 Pierre 5, 8.
1.11 S’il ne vous maudira pas. Voir le verset 5.
1.13 3° Job subit sept épreuves consécutives : les quatre premières l’atteignent dans ses biens et dans ses enfants, la cinquième dans son corps ; la sixième et la septième sont des épreuves morales. Les quatre premières ne se passent pas sous ses yeux, il en reçoit la nouvelle par quatre messagers de malheur : 1° Les Sabéens, dans une razzia, lui enlèvent tous ses troupeaux de bœuf et d’ânes, chapitre 1, versets 13 à 15 ; ― 2° la foudre fait périr ses brebis, chapitre 1, verset 16 ; ― 3° les Chaldéens, dans une razzia, lui enlèvent ses chameaux, sa plus grande richesse, chapitre 1, verset 17 ; ― 4° un vent violent renverse la maison où tous ses enfants étaient réunis pour prendre part au festin que leur offrait leur frère aîné, et les écrase tous, chapitre 1, versets 18 et 19. ― Job a écouté en silence le récit des trois premiers malheurs, mais, au quatrième, lorsqu’il apprend la mort de ses fils, il ne peut plus contenir sa douleur ; toutefois elle ne sert qu’à faire ressortir davantage la solidité de sa vertu, car elle ne lui arrache que ces paroles admirables, qui sont l’expression même de sa résignation et qui feront à jamais l’admiration des hommes : « Nu, je suis sorti du sein de ma mère, nu j’y retournerai ; Dieu m’a donné, Dieu m’a ôté ; que le nom du Seigneur soit béni ! »
1.15 Les serviteurs ; c’est-à-dire les gardiens.
1.16 Un feu de Dieu ; c’est-à-dire un feu très grand, ou, envoyé de Dieu. ― La foudre, d’après le plus grand nombre ; le simoun, vent brûlant qui peut tuer les hommes et les animaux, d’après d’autres commentateurs.
1.21 Voir Ecclésiaste, 5, 14 ; 1 Timothée, 6, 7.
2.1 Job n’était pas au terme de ses malheurs : 5° Satan revient à la charge contre lui, au bout d’un temps indéterminé, et demande à le frapper dans sa personne après l’avoir frappé dans ses biens. Dieu le lui permet, et le saint patriarche est atteint d’une des plus terribles maladies de peau qui désolent l’Orient, l’éléphantiasis. Devenu ainsi la proie de la lèpre, Job, doit se retirer hors du village qu’il habite, chapitre 2, versets 1 à 8.
2.3 Sans raison ; c’est-à-dire, c’est en vain que tu l’as fait éprouver ; cette épreuve n’a pas ébranlé sa fidélité. D’autres traduisent, sans motif, à tort, sans qu’il l’ait mérité.
2.4 L’homme donnera peau pour peau, etc. ; c’est-à-dire qu’il donnera volontiers la peau des autres pour conserver la sienne ; il donnera ses enfants même, ses bestiaux et tout ce qu’il possède pour sauver sa propre vie. Ainsi Job a perdu ses biens, ses enfants ; mais il espère en avoir d’autres. S’il était frappé en son propre corps, s’il venait à perdre sa santé, il ne soutiendrait pas cette épreuve ; sa fidélité en serait ébranlée.
2.5 Qu’il vous maudira. Voir Job 1, 5.
2.7 Satan… frappa Job d’une plaie horrible. D’après tous les caractères de la maladie de Job disséminés dans le cours du livre, J. D. Michaelis [pense que] que la maladie dont Job fut frappé est l’éléphantiasis. Elle commence par l’éruption de pustules, qui ont comme la forme de nœuds, d’où son nom latin de lepra nodosa ; elle couvre ensuite comme un chancre toute la surface du corps et le ronge de telle façon que tous les membres semblent s’en détacher. Les pieds et les jambes s’enflent et se couvrent de croûtes au point d’être pareils à ceux de l’éléphant, d’où le nom d’éléphantiasis. Le visage est boursouflé et luisant, comme si on l’avait oint avec du suif, le regard est fixe et hagard, la voix faible ; le malade finit quelquefois par tomber dans un mutisme complet. En proie à d’atroces douleurs, objet de dégoût pour lui-même et pour les autres, éprouvant une faim insatiable, accablé de tristesse, ne pouvant dormir ou bien tourmenté par d’affreux cauchemars, il ne trouve aucun remède au mal qui le ronge. Ce cruel état peut durer vingt ans et plus. Il meurt quelquefois subitement, après une fiable fièvre ou étouffé par la maladie.
2.8 Assis sur le fumier.
2.9 Dieu ménage à Job une nouvelle épreuve : les reproches de sa femme. C’est là sa sixième épreuve. Au lieu de l’encourager à la patience, elle voudrait le pousser au désespoir, mais il lui fait cette réponse admirable : Si nous avons reçu les biens de la main de Dieu, pourquoi n’en recevrions-nous pas aussi les maux ?
2.11 La septième épreuve de Job fut la visite de ses amis. C’est d’abord une visite muette. Elle prépare la discussion ou le combat qui va être l’objet de la majeure partie du poème. La suite nous montrera que cette épreuve fut la plus difficile par laquelle Job eut à passer. Ils viennent pour le consoler, mais au lieu d’adoucir ses peines, ils ne font que les aggraver par les accusations injustes dont ils le chargent. Il est probable que quelque temps s’était écoulé entre le moment où Job fut frappé et l’arrivée de ses amis.
2.13 Le deuil durait sept jours ; mais il ne faut pas croire que les amis de Job ne l’aient pas quitté un seul instant, pendant tout ce temps, et qu’ils ne lui avaient pas adressé une seule parole. Ce sont là des expressions hyperboliques que l’on trouve assez souvent dans la Bible, et en général dans les écrivains orientaux. ― Ils s’assirent avec lui. Quand ils le voient, ils le saluent à distance, avec ces marques extraordinaires de douleur qui sont en usage en Orient, et ils passent sept jours et sept nuits sans proférer une parole. Ce silence si prolongé prouve qu’à la vue de tant de maux, ils ne sentent pas la force de le consoler. Il faut que Job ouvre le premier la bouche, et ne recevant d’eux aucun mot d’encouragement, il ne peut qu’exhaler ses plaintes.
3.1-26 Les malédictions et les imprécations suivantes ne sont que des expressions emphatiques très usitées en Orient pour peindre une vive douleur. ― Ici commence la deuxième partie, contenant la discussion de Job et de ses trois amis, du chapitre 3 au chapitre 31. Première discussion, du chapitre 3 au chapitre 14. ― 1° Monologue de Job, chapitre 3. Il renferme trois idées principales : 1° Job maudit le jour de sa naissance, versets 3 à 10 ; ― 2° il regrette de n’être pas mort, versets 11 à 19 ; ― 3° il se demande pourquoi la vie a été donnée au misérable, versets 20 à 26. ― Sa douleur longtemps comprimée éclate avec véhémence : il se plaint tout d’abord avec une amère éloquence de ce qu’il souffre et, après avoir épanché ses sentiments, il donne la raison de ses plaintes. Job n’est pas un stoïcien, un Titan ou un Prométhée révolté, comme on l’a prétendu, c’est un homme qui souffre : les aiguillons de la maladie lui font pousser des cris d’angoisse ; mais comme c’est aussi un juste, au fond de sa conscience il demeure ferme, comptant sur la justice de Dieu. Tel nous le verrons dans tout le cours du livre, sentant vivement la souffrance, mais fort de son innocence et animé d’une confiance inébranlable dans le jugement de Dieu.
3.3 Voir Jérémie, 20, 14.
3.8 Ceux qui maudissent le jour ; les enchanteurs qui ont des formules de bénédiction et de malédiction pour les jours, qui prédisent des jours heureux ou malheureux, et exercent leur pouvoir sur les animaux les plus terribles. Comparer à Job 40, 20 ; 41, 1. ― On entend généralement par Léviathan le crocodile.
3.12 Ai-je été reçu sur des genoux ? Voir Genèse 30, 3.
3.13 La mort est souvent appelée dans l’Écriture un sommeil, pour nous rappeler le souvenir de la résurrection future.
3.14 Les consuls ; les conseillers du roi, les grands. ― Bâtissent de vastes solitudes ; c’est-à-dire de superbes mausolées, où ils sont ensevelis seuls, ou bien ils bâtissent de magnifiques palais dans de vastes solitudes.
3.18 Enchaînés ensemble. On enchaînait par deux les esclaves fugitifs et indociles. ― Job ne nie pas ici les jugements que Dieu doit exercer contre les méchants après leur mort ; mais il parle un langage humain et conforme à la manière ordinaire de regarder la mort, c’est-à-dire comme la fin de tous les maux de la vie.
3.21 Qui attendent la mort, et la recherchent avec autant d’ardeur que s’ils creusaient la terre pour trouver un trésor.
3.23 A un homme ; c’est le complément de pourquoi la lumière ou la vie a-t-elle été donnée, du verset 20. ― Dont la voie est cachée. Le sentier dans lequel il doit marcher est tellement couvert, qu’il ne sait où poser le pied.
4.1 Après le monologue de Job, ses trois amis vont paraître successivement en scène. Ils défendront tous la même thèse : que l’on n’est malheureux que par sa faute et en punition de ses péchés. 1° Éliphaz, vrai scheik patriarcal, grave, digne, plus calme et plus réfléchi que ses deux amis, est nommée le premier et prend le premier la parole, parce qu’il est le plus âgé de tous, voir Job 15, 10, et peut-être aussi parce qu’il est de Théman, dont la sagesse est célèbre, voir Jérémie, 49, 7 ; Abdias, 1, 8 ; Baruch, 3, 22-23. Il témoigne d’abord à Job dans son premier discours, plus d’affection et de sympathie que ses deux compagnons, mais, trompé par une foi aveugle à une opinion qu’il n’a jamais entendu contester, savoir que l’on souffre jamais que parce qu’on l’a mérité, il ne croit pas à l’innocence de celui qu’il est venu consoler, et ne tarde pas à se montrer dur et injuste à son égard. La vérité qu’il s’attache le plus à faire ressortir dans son langage, c’est la majesté et la pureté de Dieu, voir Job 4, 12-21 ; 15, 12-16. ― Éliphaz ouvre la discussion avec la confiance qu’inspire l’expérience et sur le ton d’un prophète. C’est dans son premier discours qu’il parle avec le plus d’assurance. Le fond de son langage est vrai d’ailleurs ; il n’est faux que dans l’application exagérée qu’il en fait au cas présent. Tout se lie très bien dans ce que dit Éliphaz : au point de vue de la disposition oratoire et de l’arrangement des parties, ce discours est le plus parfait du poème. La révélation et l’expérience, les habitants du ciel et ceux de la terre lui ont appris à quoi s’en tenir sur le problème de la souffrance : 1° Job ne doit pas oublier qu’il a consolé autrefois des malheureux en leur disant que ce ne sont que les méchants, non les justes qui périssent, chapitre 4, versets 2 à 11. ― 2° Une vision nocturne lui a appris à lui-même que personne n’est juste devant Dieu, versets 12 à 21. ― 3° Le chagrin qui empêche Job de recourir à l’intercession des anges est la cause de la ruine des insensés, chapitre 5, versets 1 à 7. ― 4° Il doit se tourner vers Dieu, le juge équitable du juste et de l’impie, versets 8 à 16. ― 5° Heureux celui que Dieu châtie. Dieu, par ce châtiment, veut lui préparer un grand bonheur, versets 17 à 27. Chacune de ces cinq pensées est tout à la fois une thèse et un reproche contre Job.
4.7 Qui a jamais péri, etc. On peut être innocent et périr en cette vie ; on peut être éprouvé par des malheurs et cependant être juste et innocent. Plusieurs prophètes et les martyrs en offrent un exemple sensible.
4.17 Voir Job 25, 4.
4.18 Voir Job 15, 15 ; 2 Pierre 2, 4 ; Jude, 1, 6. ― Ceux qui le servent, etc. ; c’est-à-dire les anges ne sont pas par eux-mêmes et sans un secours divin capables de se maintenir dans le bien. ― Dans ses anges ; déchus, qui quoique si purs et si parfaits, sont cependant tombés dans l’orgueil et l’infidélité.
4.21 Non dans la sagesse ; dans leur folie, en insensés.
5.1 Appelle donc, etc. Des adversaires du catholicisme ont prétendu prouver par ce passage que nous ne devions pas invoquer les saints, attendus qu’ils ne pouvaient connaître nos prières. D’abord les discours des amis de Job ne sont pas des dogmes reconnus pour tels par l’Église. Ensuite le but d’Éliphaz ici est tout simplement de prouver à Job que, puisque aucun saint n’a été traité de Dieu comme lui, il faut nécessairement que la cause de ses misères et de ses souffrances soit ses propres péchés. [Job 42, 7-9 est au contraire une demande par Dieu que l’on recourt à l’intersession des saints. Dieu en fait la condition de son pardon : 7 Après que le Seigneur eut adressé ces paroles à Job, il dit à Éliphaz de Théman : « Ma colère est allumée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi selon la vérité, comme l'a fait mon serviteur Job. 8 Maintenant, prenez sept jeunes taureaux et sept béliers, puis venez trouver mon serviteur Job et offrez pour vous un holocauste. Job, mon serviteur, priera pour vous et c'est par égard pour lui que je ne vous traiterai pas selon votre folie, car vous n'avez pas parlé de moi selon la vérité, comme l'a fait mon serviteur Job. » 9 Éliphaz de Théman, Baldad de Suhé et Sophar de Naaman allèrent donc et firent comme le Seigneur leur avait dit et le Seigneur eut égard à la prière de Job.]
5.13 Voir 1 Corinthiens, 3, 19.
5.16 Contractera sa bouche ; c’est-à-dire la fermera ; il restera muet.
5.19 Dans six tribulations, etc. C’est une expression poétique, qui paraît signifier que Dieu empêchera toujours que les malheurs dans lesquels l’homme peut tomber ne lui nuisent en aucune sorte, pourvu qu’il s’humilie et se soumette à ses ordres.
5.22 Les bêtes de la terre ; c’est-à-dire des bêtes sauvages.
5.23 Il y aura même, etc. Tu ne heurteras pas contre les pierres ; elles ne blesseront pas tes pieds. Anciennement on marchait nu-pieds. C’est l’interprétation la plus simple ; elle est justifiée d’ailleurs par un assez grand nombre d’expressions analogues.
5.24 Ta beauté ; c’est-à-dire ta femme, selon quelques-uns ; mais l’hébreu, les Septante, la paraphrase chaldaïque, le syriaque et l’arabe portent ta demeure, ta maison. ― Tu ne pécheras pas ; ou bien selon d’autres d’après un des sens de l’hébreu, tu ne feras pas de faux pas, tu ne manqueras pas ton but.
5.26 Tu entreras, etc. ; tu mourras riche.
6.1 IIe discours de Job ; Ire réponse à Éliphaz, chapitres 6 et 7. Le discours d’Éliphaz a surpris et affligé Job qui trouve, au lieu d’un consolateur, un accusateur : 1° Il justifie l’amertume de ses plaintes par la grandeur de ses maux ; ils sont tels qu’en face de la mort qui approche, il n’a d’autre consolation que de n’avoir pas renié Dieu, chapitre 6, versets 2 à 10. ― 2° Reproches indirects à ses amis qui ne l’ont pas consolé et ont trahi ses espérances, versets 11 à 20. ― 3° Reproches directs : ils ne lui ont donné que de vaines paroles, versets 21 à 30. ― 4° Misère de l’homme en général et de Job en particulier : tableau destiné à les apitoyer sur son sort, chapitre 7, versets 1 à 10. ― 5° Prière à Dieu : Pourquoi le frappe-t-il si cruellement ? Pourquoi, s’il a péché, ne lui pardonne-t-il pas ? Versets 11 à 21.
6.5 Un onagre, âne sauvage.
6.7 Mon âme, hébraïsme pour ma personne, moi.
6.10 Saint ; par excellence, Dieu.
6.11 Quelle est ma fin ? c’est-à-dire quelle sera la fin de ma vie, pour que je puisse conserver ma patience jusque-là ?
6.16 En me fuyant, mes amis croient éviter un mal ; mais, par une juste punition de leur inhumanité, ils tomberont dans un autre bien plus grand.
6.18 Sont cachés (comparer à Job 3, 23) ; selon d’autres, détournés, tortueux.
7.3 Des mois vides de repos et de consolation.
7.4 Jusqu’aux ténèbres ; c’est-à-dire jusqu’à la nuit.
7.5 D’une sale poussière ; littéralement et par hébraïsme, de saletés de poussière.
7.9 Schéol. Voir, pour la vraie signification de ce mot, Genèse 37, 35.
7.10 Son lieu ; c’est-à-dire le lieu où il était auparavant, son habitation, sa demeure.
7.15 Mon âme a choisi ; c’est-à-dire je préférerais (Comparer à Job 6, 7). ― Une destruction violente ; littéralement l’action de se pendre ; hébreu l’étranglement. Le sens du verset est donc : Tout mon être préférerait une mort violente et cruelle aux maux que je souffre.
7.17 Pour que vous fassiez un si grand cas de lui ; en l’examinant, l’éprouvant et l’affligeant. ― Mettez-vous, etc., c’est-à-dire songez-vous à lui, vous occupez-vous de lui ?
7.20 En parlant ainsi Job ne murmurait nullement contre Dieu, mais il déplorait seulement les suites funestes du péché originel.
8.1 Baldad, dont le nom signifie « fils de contention », n’a ni une grande originalité ni une grande indépendance de caractère ; il s’appuie en partie sur les maximes des sages anciens, en partie sur l’autorité de son ami plus âgé, Éliphaz. Son tempérament est plus violent que celui de ce dernier ; il a moins d’arguments et plus d’invectives ; son langage est aussi moins riche ; il est abrupt, sans tendresse.
8.2 Qui souffle de tout côté ; littéralement multiplié. Le terme hébreu correspondant a aussi cette signification. Cependant on le traduit assez généralement par grand, fort, impétueux. ― Ier discours de Baldad, chapitre 8. Baldad voit dans la réponse de Job à Éliphaz une accusation d’injustice portée contre Dieu ; il lui répète donc à sa manière le discours de son vieil ami. Dieu n’est pas injuste : ses enfants avaient donc mérité la mort par leurs péchés et lui-même expie actuellement ses propres fautes. Son bonheur d’autrefois prouve seulement que Dieu avait différé à le punir. La pensée dominante, c’est que si Job ne veut pas en croire ses amis, il croie du moins les anciens sages dont Baldad rapporte les pensées, quand il annonce que le bonheur des méchants n’est pas durable et que Dieu punit ceux qui l’ont mérité. La suite de ses idées est celle-ci : 1° Avis et reproches à Job qui a parlé à Dieu sans respect, versets 2 à 7. ― 2° Appel aux anciens sages qui attestent que les impies sont voués à la perdition, versets 8 à 19. ― 3° Horizon de bonheur pour Job, s’il se convertit, versets 20 à 22.
8.6 La paix ; c’est-à-dire toute sorte de prospérités. ― La demeure de ta justice ; la demeure qui t’appartiendra, à toi homme juste, dans laquelle tu te conduiras selon la justice.
8.8 Des pères ; selon l’hébreu, de leurs pères, c’est-à-dire des pères de la génération passée. Le singulier génération, étant un nom collectif, peut concorder avec un pluriel.
8.9 Voir Job 14, 2 ; Psaume 143, 4.
8.14 Sa folie, etc. Il condamnera lui-même sa folle espérance. ― La maison de l’araignée est sa toile.
8.17 Il s’arrêtera ; il pullulera même au milieu des cailloux. Sa prospérité paraîtra d’abord ferme et inébranlable.
8.18 Lorsque l’impie tombe dans l’infortune, même ceux qui l’approchaient de plus près le renient comme un inconnu.
8.19 La joie de sa voie ; c’est-à-dire le bonheur de son état, de sa situation. Le sens de ce verset est donc : C’est à quoi se réduit la prospérité du méchant sur la terre ; il se sèche sur la terre, afin que d’autres croissent comme la plante et se développent en prenant sa place.
8.20-22 Le Seigneur ne t’abandonnera pas, si tu vis dans la justice ; il te rétablira dans ton premier état, et te rendra la joie et le bonheur dont tu jouissais auparavant, et, de plus, tes ennemis seront couverts de confusion.
8.20 Simple ; c’est-à-dire innocent, juste, parfait.
9.1 IIIe discours de Job ; sa réponse à Baldad, chapitres 9 et 10. Comme Job n’a pas dit que Dieu est injuste, toute l’argumentation de Baldad porte à faux, mais elle est blessante pour le juste malheureux à qui l’on affirme que ses souffrances sont méritées. 1° Job répète donc à son tour qu’il sait que Dieu est juste et puissant, chapitre 9, versets 2 à 12. ― 2° Mais il n’en proteste pas moins de son innocence, versets 13 à 24. ― 3° Il n’accuse pourtant pas Dieu d’injustice, parce qu’il est peut-être coupable de quelques fautes, mais il voudrait pouvoir lui répondre, s’il l’accuse, pour se justifier, versets 25 à 35. ― 4° Comment Dieu peut-il en effet l’affliger si sévèrement, lui qui connaît son innocence ? Chapitre, 10, versets 1 à 12. ― 5° Qu’il daigne donc adoucir ses maux avant sa mort, versets 13 à 22.
9.2 Les [protestants] se servent de ce passage pour établir que nul homme n’a véritablement la justice intérieure devant Dieu. Mais c’est un abus évident qu’il en font ; car ce passage signifie seulement ou que l’homme qui voudra se comparer à Dieu ne pourra être justifié, parce que cette comparaison même est l’effet d’un grand orgueil, et le fait déchoir de la justice qu’il pouvait avoir ; ou que toute la justice de l’homme, étant comparée à celle de Dieu, n’est rien.
9.6 Qui remue la terre, par les tremblements de terre.
9.9 Arcturus, la constellation de la Grande Ourse.
9.13 Ceux qui portent l’univers sont les anges que le Créateur a établis pour gouverner et comme pour soutenir le monde par la sagesse de leur conduite, et par la puissance que Dieu a mise pour cet effet entre leurs mains.
9.16 Je ne croirais pas, etc., tant je me sens indigne de l’attention d’un Dieu si saint et si élevé, et je ne serais pas assuré que j’ai plus rien à craindre de sa colère.
9.17 Sans raison, connue de moi ; car il ne me fait pas connaître la cause pour laquelle il m’envoie tant de maux.
9.20 Ma propre bouche, etc., par cela même que je présume de ma justice, et que je me dis innocent, je me rends coupable ; car je manque ainsi au respect dû à sa souveraine majesté.
9.23 S’il frappe, etc. Dans son langage oriental et hyperbolique, Job veut dire simplement que les coups de la main de Dieu sont si terribles, et que le danger de tomber dans l’impatience et le murmure et si grand, que tout juste doit plutôt souhaiter la mort, que d’être exposé à une tentation à laquelle il pourrait succomber. Il veut dire encore qu’il traite ses plus fidèles amis avec une rigueur qui semblerait prouver qu’il est indifférent à ce qu’ils souffrent. Il fait comme le chirurgien qui, dans une opération, continue à couper et à trancher les chairs du malade, en paraissant sourd et insensible à ses cris.
9.26 Comme, etc., c’est-à-dire avec la rapidité des vaisseaux qui portent des fruits. Ces vaisseaux sont très rapides, soit parce qu’on les charge peu, soit parce qu’on abrège le temps de leur traversée le plus possible, afin que les fruits ne se corrompent pas.
9.29 Pourquoi ai-je travaillé en vain, en prenant tant de soin d’éviter les moindres péchés, et en me purifiant de ceux dans lesquels je craignais d’être tombé.
10.1 Je lâcherai ma propre parole, etc. Comparer à Job 7, 11.
10.7 Et que vous sachiez au moyen d’informations, d’examen et de recherches.
10.10 Les anciens croyaient que le fœtus se formait dans le sein maternel à la manière du lait qui se caille et s’épaissit. Job pouvait d’autant mieux conformer son langage à cette opinion (...).
10.13 Quoique vous cachiez, etc. ; c’est-à-dire quoique par la manière dont vous me traitez aujourd’hui, vous semblez avoir oublié que je suis votre ouvrage, votre créature, comblée autrefois de vos bontés, je suis certain que vous n’êtes pas changé, et que vous ne m’avez pas rejeté.
10.14 Pourquoi voulez-vous aujourd’hui rappeler le souvenir de mes fautes passées ?
10.15 Si j’ai été impie, etc. Injuste ou juste, je n’ai pas lieu de me plaindre, ni de vous accuser d’injustice. J’adore la profondeur de vos desseins. Comparer à Job 9, vv. 15, 17, 21, 30, 31.
10.16 Comme la lionne ; c’est-à-dire comme on prend la lionne à la chasse. ― Vous me tourmenterez de nouveau ; littéralement et par hébraïsme : revenus, vous me tourmenterez.
11.1 Sophar diffère de ses deux amis, Éliphaz et Baldad ; c’est un jeune homme à la parole vive, quelquefois injurieuse et blessante, surtout dans son second discours, chapitre 20 ; c’est le type des esprits étroits et à préjugés de son époque.
11.2 Ier discours de Sophar contre Job, chapitre 11. Toute la réponse à Baldad se résume en ceci : Dieu n’est pas injuste, mais il le punit sévèrement pour des fautes légères dont il n’a pas même conscience. Le fougueux Sophar veut à son tour le réfuter : 1° Il reproche à Job d’oser parler avec présomption contre la divine sagesse, versets 2 à 6. ― 2° Cette sagesse est impénétrable et insondable. Si Dieu venait discuter avec lui, il lui aurait bientôt prouvé que son sort n’est pas trop dur, versets 7 à 12. Cette réflexion sur l’intervention de Dieu, dès le début, prépare avec un art achevé, le dénouement, chapitres 38 à 41. ― 3° Exhortation à Job : qu’il se tourne vers Dieu avec componction et il sera consolé, sinon, comme l’impie, il n’aura pas d’espérance, versets 13 à 20.
11.6 La loi, soit naturelle, soit mosaïque, contenait beaucoup de préceptes. ― Qu’il exige, etc. ; littéralement que tu es exigé (châtié) par lui selon beaucoup moins de choses.
11.7 Les traces ; c’est-à-dire les voies. ― Parfaitement, ou bien : Le parfait Tout-Puissant, ce qui revient au sens de l’hébreu qui porte : La perfection du Tout-Puissant.
11.11 Est-ce qu’il ne la considère pas, pour la punir un jour ?
11.13 Vers Dieu ; littéralement vers lui. Le pronom lui représente évidemment le mot Dieu, exprimé au verset 7.
11.18 Tranquille ; sans craindre que ton tombeau ne soit violé ; ou, sûr d’une meilleure condition après cette vie.
11.19 Voir Lévitique, 26, 6. ― Implorera ton visage ; c’est-à-dire recherchera ta faveur.
11.20 Voir Lévitique, 26, 16. ― Leur espérance, etc. Les choses dans lesquelles ils avaient mis leur espérance, comme les honneurs et les richesses, seront pour eux des objets d’abomination.
12.1 IVe discours de Job : sa Ire réponse à Sophar, du chapitre 12 au chapitre 14. Les menaces de Sophar blessent le juste innocent. Il réfute d’abord ses amis, du chapitre 12 au chapitre 13, verset 12 ; puis il se plaint à Dieu lui-même, du chapitre 13, verset 13 au chapitre 14. ― I. Réfutation de ses amis : 1° Il nie la thèse que le châtiment suive toujours le crime ici-bas et que l’affliction soit une preuve de culpabilité de l’affligé : « Les tentes des voleurs sont dans l’abondance, et ils provoquent audacieusement Dieu », voir Job 12, 6. Ses amis n’ont pas le privilège exclusif de la connaissance de Dieu, il le connaît comme eux par la nature et par la tradition, chapitre 12, versets 2 à 13. ― 2° Il connaît, lui aussi la puissance et la sagesse de son Maître, et il la décrit en termes magnifiques, ainsi que la Providence générale et particulière, versets 14 à 25. ― 3° Il ne veut pas avoir à faire à eux, puisqu’ils sont aveuglés par leurs préjugés, mais à Dieu, chapitre 13, versets 1 à 12. ― II. Plainte à Dieu, du chapitre 13, verset 13 au chapitre 14. ― 4° Sa sincérité l’encourage à s’adresser à Dieu même, pourvu qu’il veuille bien ne pas l’accabler par l’éclat de sa majesté, chapitre 13, versets 13 à 22. ― 5° Alors même que ses péchés seraient aussi grands que ses souffrances, la vie est déjà bien assez amère pour que Dieu ne punisse pas si sévèrement les fautes qui peuvent lui avoir échappé dans sa jeunesse, du chapitre 13, verset 23 au chapitre 14, verset 3. ― 6° L’origine de l’homme est trop basse, sa vie trop triste, pour que Dieu soit sans pitié envers lui, versets 4 à 12. ― 7° Si l’homme devait retourner sur la terre, Dieu pourrait le maltraiter une première fois, mais il n’y revient jamais, versets 13 à 22.
12.2-3 Ce n’est nullement l’orgueil qui inspire à Job ce langage. On a vu, au contraire, combien il s’était humilié devant Dieu, en comparant sa propre justice à celle de ce souverain juge de tous les hommes. D’ailleurs la jactance de ses amis qui appliquaient faussement des sentences vraies jusqu’à un certain point, en elles-mêmes, le forçait à rabaisser leur orgueil ; et c’est uniquement dans ce dessein qu’il a l’air de se glorifier, en montrant leur infériorité.
12.3 Voir Job 20, 2.
12.4 Voir Proverbes 14, 2.
12.11 Voir Job 34, 3.
12.12 Dans une longue vie ; littéralement dans beaucoup de temps.
12.13 En Dieu ; littéralement En lui. Job désigne ordinairement Dieu par le pronom lui.
12.14 Voir Isaïe 22, 22 ; Apocalypse, 3, 7.
12.17 Il amène, etc. Calvin a abusé de ce passage, et d’autres semblables, pour établir que Dieu est auteur du péché. Mais de telles expressions dans les auteurs sacrés signifient seulement que Dieu permet qu’on tombe, parce que, par un jugement, il s’éloigne de ceux qui méprisent sa lumière, et qui, voulant suivre leur propre sagesse, tombent en des écarts qui les conduisent jusqu’à la mort.
12.18 Il délie le baudrier, etc. ; il dépouille les rois de leur autorité. ― Il ceint, etc. ; c’est-à-dire, il les réduit à la condition des esclaves.
13.6 Au jugement de mes lèvres ; c’est-à-dire aux preuves qui sortiront de ma bouche.
13.8-10 Faire acception de la personne ou de la face de quelqu’un, c’est, selon le langage de l’Écriture, avoir égard à sa puissance, à sa dignité, en un mot, à sa position plutôt qu’à son vrai mérite personnel ; ce que font ordinairement les juges peu consciencieux.
13.14 Porté-je, etc., c’est-à-dire, exposé-je ma vie au danger, à la mort ?
13.16 Après et lui-même sera mon sauveur, il y a ellipse de parce que je ne suis pas hypocrite.
13.17 Des énigmes ; des vérités cachées, que vous semblez ne pas vouloir comprendre.
13.20 Seulement, ne me faites pas deux choses. Ainsi lisent l’hébreu et la Vulgate ; mais les Septante ne portent pas la négation, ce qui s’accorde beaucoup mieux avec la suite du discours.
14.2 Voir Job 8, 9 ; Psaume 143, 4.
14.4 Voir Psaume 50, 4. ― Celui qui a été conçu, etc. Job fait évidemment allusion au péché originel ; aussi les Pères de l’Église, grecs et latins, se sont-ils servis de ce passage pour établir le dogme de la tache originelle, source de tous les maux et surtout de la concupiscence.
14.5-6 Il faut évidemment faire violence à ce passage, pour y trouver, comme l’ont fait plusieurs hérétiques, de quoi établir une certaine fatalité ou destinée, qui impose une espèce de nécessité inévitable à tous les hommes, soit par leur mort, soit même pour toutes les actions de leur vie.
14.8 Si un tronc était entièrement mort, on ne pourrait, en aucune manière, lui faire pousser des rejetons ; mais il arrive souvent qu’un tronc qui paraît mort conserve encore, dans l’intérieur, quelque fibre vivante que l’humidité met en action.
14.10 Où est-il, je vous prie ? Les vivants ne peuvent plus le trouver, le voir et lui parler.
14.11 Elles n’y reviennent plus… il ne coule pas de nouveau. Ces mots ou autres semblables sont évidemment sous-entendus. Au reste les ellipses de ce genre se rencontrent souvent dans l’Écriture.
14.12 Lorsqu’il s’est endormi ; lorsqu’il est mort. Ce qui est dit dans ce verset s’applique très vraisemblablement à la résurrection qui aura lieu à la fin du monde.
14.14 La suite du discours prouve que sous la forme d’une interrogation, Job exprime sa conviction intime. ― J’attends que mon changement vienne. Ces paroles et celles du verset suivant expriment encore éclairement le dogme de la résurrection.
14.16 Voir Job 31, 4 ; 34, 21 ; Proverbes 5, 21.
14.17 Vous avez scellé, etc. Vous avez mis comme en réserve mes offenses dans les trésors de votre justice ; mais la pénitence que j’en ai faite, et les maux dont vous m’avez accablé, me font espérer que mon iniquité est pardonnée.
14.20 Vous changerez son visage ; par la vieillesse. ― Vous l’enverrez au loin ; c’est-à-dire vous le ferez sortir de ce monde par la mort.
15.1 Deuxième discussion, du chapitre 15 au chapitre 21. ― Caractère de la seconde discussion. Ce qui distingue la seconde discussion de la première, c’est que dans celle-ci les amis de Job ne l’ont pas pris directement à partie ; ils ont défendu Dieu lui-même, et ce n’est que par voie de conséquence et sans l’exprimer d’ordinaire formellement qu’ils ont déclaré Job coupable. Désormais, il n’en sera plus de même, ils n’useront plus de réticence. Les discours de Job les forcent en quelque sorte à se démasquer. Par sa dernière réponse, il les a mis dans l’impossibilité de continuer leur tactique, en leur montrant qu’il possédait aussi bien qu’eux la sagesse, et en répétant à Dieu ses plaintes, qui avaient été le point de départ de leurs attaques. ― IIe discours d’Éliphaz, chapitre 15. Éliphaz rentre le premier en lice. Il essaie d’abord de réfuter Job, versets 2 à 19 ; puis il l’attaque, versets 20 à 35. ― I. Réfutation de Job. 1° S’il était vraiment sage, il ne répondrait pas avec tant de passion et n’oublierait pas le respect dû à Dieu, versets 2 à 6. ― 2° Sur quoi s’appuient donc ses prétentions à une si haute sagesse ? Versets 7 à 11. ― 3° Et comment un homme pécheur peut-il oser discuter contre Dieu qui trouve des taches dans ses anges ? Versets 12 à 16. ― 4° Transition. Qu’il écoute donc ce qu’il va lui dire d’après la révélation et la tradition, versets 17 à 19. ― II. Attaque contre Job. ― 5° L’impie n’a pas de repos ; il doit craindre à tout moment la plus terrible ruine, versets 20 à 24, ― 6° parce qu’il a été présomptueux dans la prospérité ; voilà pourquoi elle a un terme et finit d’une manière terrible, versets 25 à 30. ― 7° Les mensonges sur lesquels il se confie ne le protégeront pas, mais lui seront un piège, versets 31 à 35.
15.2 Remplira-t-il, etc. ; c’est-à-dire s’échauffera-t-il par des discours pleins d’une ardeur violente ?
15.3 Qui n’est pas égal à toi ; qui est infiniment au-dessus de toi. ― Tu dis ce qui, etc., puisque tu soutiens que Dieu afflige également le juste et le coupable.
15.4 Tu as anéanti, etc., en enseignant que ni le bien ni le mal ne reçoivent leur récompense en cette vie (voir Job 9, 22). ― Et tu as détruit les prières que l’on doit faire devant Dieu, puisque tu refuses toi-même de t’adresser à Dieu pour le prier.
15.10 Voir Ecclésiastique 18, 8.
15.14 Qu’il soit sans tache ; c’est-à-dire qu’il se croie sans tache.
15.15 Voir Job 4, 18.
15.23 Son pain ; littéralement en hébreu le pain ; mais comme nous l’avons déjà remarqué, l’article déterminatif se met souvent en hébreu pour le pronom possessif. ― Est prêt en sa main, ou à son côté ; hébraïsme, pour est proche.
15.26 Cou inflexible ; littéralement gras, épais. Comparer à Deutéronome, 31, 27 ; 32, 15.
15.28 Des villes désolées, des maisons désertes ; l’hébreu porte : Des villes qui seront désolées, des maisons qui seront désertes.
15.30 De sa bouche ; c’est-à-dire de la bouche de Dieu, nommé au verset 25. On a pu remarquer que dans plusieurs passages Job sous-entend le mot Dieu.
15.33 Sa grappe ; sa postérité. Comparer à Job 1, 18-19.
15.35 Voir Psaume 7, 15 ; Isaïe 59, 4. ― Son cœur ; littéralement et selon l’hébreu son ventre, son intérieur.
16.1 Ve discours de Job : IIe réponse à Éliphaz, chapitres 16 et 17. ― Éliphaz n’a fait que répéter son premier discours. ― 1° Job réfute ces vaines paroles qui ne sont que des répétitions, chapitre 16, versets 2 à 5. ― 2° Parler ou se taire lui est également inutile, il est vrai, mais il ne peut retenir ses plaintes, en voyant que Dieu et ses amis lui sont si hostiles, versets 6 à 11. ― 3° Son sort est d’autant plus dur qu’il a été frappé en pleine prospérité, à l’improviste, sans avoir conscience d’aucune faute, versets 12 à 17. ― 4° Mais son innocence lui cause en même temps un sentiment de joie, parce qu’alors même qu’il mourrait, son droit se fera jour et Dieu sera son témoin contre ses amis, du chapitre 16, verset 18 au chapitre 17, verset 2. ― 5° Il invoque donc Dieu avec confiance, versets 3 à 9, et ― 6° il repousse les consolations de ses amis, versets 10 à 16.
16.4-6 Et plût à Dieu, etc. ; c’est-à-dire si vous étiez à ma place, je saurais trouver autre chose pour vous consoler : mes gestes et les mouvements de ma tête indiqueraient combien je serais touché de vos afflictions ; je tâcherais de vous encourager par des paroles pleines d’amitié et de compassion. ― Mouvoir, ou secouer la tête sur quelqu’un signifie, tantôt se moquer, tantôt avoir compassion de lui. Voir Job 42, 11 ; Nahum, 3, 7. Or c’est dans le dernier sens que cette expression doit se prendre ici.
16.11 Ils ont frappé ma joue. Job, animé de l’esprit de prophétie, parle souvent au nom de Jésus-Christ qu’il représentait. C’est ainsi qu’à une autre époque, Isaïe, marquant cette même circonstance (voir Isaïe 50, 6), parlait en apparence de lui-même, quoiqu’en réalité il parlât au nom de Jésus-Christ.
16.13 Il m’a saisi par le cou ; métaphore tirée de l’usage où sont les lutteurs de saisir ordinairement leur adversaire par le cou, en s’efforçant de le renverser. ― Comme un but à ses traits.
16.21 Mes amis, etc. ; c’est-à-dire tandis que mes amis m’attaquent par des discours diffus et importuns, je n’ai recours qu’à Dieu seul, et je ne trouve de consolation que dans les larmes que je répands devant lui.
17.1 Mon esprit ; c’est-à-dire ma force vitale.
17.2 Mon œil vit, etc. Mon œil nage dans les larmes les plus amères, ou bien, ne voit que les outrages les plus amers.
17.5 Il promet, lui Éliphaz. ― Les yeux de ses enfants s’éteindront, c’est-à-dire ses enfants seront malheureux.
17.6 Exemple ; selon le grec, risée, sujet de risée ; selon l’hébreu, l’action de tympaniser, raillerie ; mais beaucoup d’hébraïsants modernes, expliquant le terme hébreu par le chaldéen et l’arabe, le rendent par crachat, et au figuré par abomination.
17.10 Convertissez-vous ; c’est-à-dire changez de sentiment ; ne me condamnez plus, comme impie, par cela seul que je suis malheureux. ― Et je ne trouverai, etc. Et je vous montrerai qu’aucun de vous ne possède la véritable sagesse.
17.13 ; 17.16 Comme nous l’avons déjà remarqué, par le mot hébreu scheôl, il faut entendre, non le sépulcre, le tombeau (hébreu Kéber), mais ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme le séjour des âmes après la mort. Ainsi ce mot fournit une preuve sans réplique de la survivance des âmes aux corps.
18.1 IIe discours de Baldad, chapitre 18. Il reproche à Job d’être dur à l’égard de ses amis et de se plaindre injustement au sujet de ses souffrances. ― 1° Combien de temps, méprisant ses amis, attaquera-t-il la Providence qui gouverne le monde et qui punit toujours à la fin les méchants ? Versets 2 à 11 ― 2° Oui, le méchant périt avec toute sa race, sa mémoire s’évanouit et il ne reste plus de lui que le souvenir confus de la catastrophe qui l’a englouti, versets 12 à 21.
18.2 Lancerez-vous… Comprenez, etc. Baldad emploie ici le pluriel, probablement parce qu’il s’adresse à Job et à tous ceux qui pensent comme lui. Ce pluriel est aussi dans l’hébreu ; mais les Septante ont le singulier.
18.5 La lumière chez les Hébreux était le symbole de la prospérité.
18.6 La lampe, etc. ; allusion à l’usage de tenir dans les maisons des lampes suspendues au-dessus de la tête.
18.7 Ses pas fermes et rapides ; littéralement les pas de sa force. ― Seront resserrés. Comparer à Proverbes 4, 12. Les pas sont resserrés, lorsque le chemin est très étroit ou embarrassé ; car dans ce cas on ne peut ni faire de grands pas, ni marcher vite. Les Arabes disent aussi grands pas, pas resserrés, pour grande fortune, prospérité, et adversité, état de misère.
18.11 Les frayeurs, etc. ; métaphore empruntée de la chasse, où l’on effraye la bête pour qu’elle aille se jeter dans le piège qu’on lui a tendu. Comparer à Isaïe 24, 17 ; Jérémie, 48, 43-44.
18.13 La mort la plus cruelle ; littéralement et par hébraïsme la mort la première-née. Le texte hébreu porte le premier-né de la mort, c’est-à-dire la maladie la plus mortelle. ― La beauté de sa peau. Allusion à la lèpre qui dévore Job et qui s’attaque d’abord à la peau.
18.15 Soit répandu du soufre, et du feu tombant du ciel, comme à Sodome et à Gomorrhe (voir Genèse 19, 24). Peut-être que Baldad fait allusion au feu céleste qui consuma les brebis et les serviteurs de Job (voir Job 1, 16). Ou bien qu’on répande du soufre dans son tabernacle pour le purifier, parce qu’il a été souillé par la présence de son cadavre.
18.17 Voir Proverbes 2, 22.
18.18 Il le chassera. C’est probablement Dieu que représente ici le pronom il. Nous avons déjà remarqué que Job sous-entend souvent le mot Dieu. D’autres traduisent : On le chassera. 18.20 Son jour fatal ; le jour de sa mort. ― Les derniers ; ceux qui viendront après lui. ― Les premiers ; c’est-a-à-dire ses contemporains.
19.1 VIe discours de Job : IIe réponse à Baldad, chapitre 19. C’est le discours le plus important de Job, et, à certains égards, du livre. Comme il ne peut plus compter sur ses amis, Job cherche à se consoler sans leur secours et se tourne plus que jamais vers Dieu. ― 1° Reproches à ses amis, versets 2 à 5. ― 2° Ils doivent songer que c’est Dieu lui-même qui le tourmente d’une manière si terrible, versets 6 à 12. ― 3° C’est pourquoi il lui a retiré l’appui de tous ceux qui l’avaient autrefois soutenu, versets 13 à 20. ― 4° Ils n’en devraient avoir que plus de compassion pour lui, car son droit demeure inébranlable ; aussi, il en est certain, il sera vengé dans une autre vie et le dernier jugement lui rendra justice, versets 21 à 29. C’est là le point culminant de la discussion. La vue de son Rédempteur attendrit le saint patriarche ; désormais sa fougue est tombée ; il n’a plus la même impétuosité et ne se plaint qu’avec calme ; mettant toute sa confiance en Dieu, il cherche moins à se défendre lui-même et se préoccupe plutôt de réfuter la thèse de ses adversaires.
19.5 Vous m’accusez, etc. Vous prétendez que je suis coupable, parce que je souffre des opprobres.
19.6 Ce n’est pas en vertu d’un jugement de cette justice qui punit le crime et récompense la vertu que Dieu m’a affligé ; car je ne suis nullement coupable, comme vous l’entendez ; mais c’est en sa qualité de créateur tout-puissant et infiniment sage, qui traite ses créatures selon les desseins impénétrables de son infinie sagesse, et par conséquent sans qu’elles puissent comprendre ses desseins.
19.12 Ils se sont faits un chemin au travers de moi ; c’est le sens littéral de la Vulgate qu’on explique généralement par ils m’ont foulé aux pieds, en disant que tel est le sens de l’hébreu et du grec ; mais on semble oublier que la préposition hébraïque et grecque qu’on traduit par sur, au-dessus de, signifie également contre, et que ce dernier sens convient beaucoup mieux ici. Ainsi le sens de la phrase qui paraît le plus naturel est : Ils se sont frayé un chemin contre moi.
19.17 Les enfants, etc. La plupart des exégètes pensent, d’après les Septante, qu’il s’agit ici des enfants que Job avait eus de ses femmes du second rang.
19.21 Saint Grégoire [le Grand] dit que Job appelle encore ses amis ceux qui l’accablent par leurs injures, soit afin de les obliger par ce terme de tendresse à user d’une meilleure conduite à son égard ; soit pour s’exciter lui-même à regarder leurs injures comme utiles à son salut (Greg. Moral., 64, c. 23).
19.22 Pourquoi… vous rassasiez-vous de ma chair ? Pourquoi me calomniez-vous ou dites-vous du mal de moi ? Cette image se retrouve, sous des formes plus ou moins différentes, dans toutes les langues, quoique nous ne soyons pas habitués à la forme hébraïque. Un passage d’une lettre de Machiavel à Julien de Médicis permet de se rendre bien compte de cette figure de langage. « Je vous envoie, Julien, quelques grives… Si vous avez autour de vous quelqu’un qui se plaise à me mordre, vous pourrez lui en jeter une aux dents : en mangeant cet oiseau il oubliera de déchirer son prochain… De ma pauvre chair, mes ennemis tirent de bonnes bouchées. »
19.23 Un livre. C’est ainsi que porte la version grecque. A la vérité, l’hébreu lit le livre dans ce passage ; mais dans un des endroits parallèles, comme Isaïe 30, 8 ; Jérémie 30, 2, il n’a pas l’article déterminatif.
19.24 On gravait des inscriptions sur le métal et sur la pierre dès une haute antiquité dans le pays que Job habitait.
19.25-27 Presque tous les Pères ont reconnu dans ces paroles de Job une profession de foi très claire à la résurrection des corps, et dans les premiers siècles de l’Église, après les persécutions, de pieux chrétiens ont fait graver sur leurs tombeaux cet acte de foi comme une expression de leur propre croyance.
19.25 Mon Rédempteur. Ce Rédempteur est, selon le sentiment commun des Pères et des exégètes, le Fils de Dieu, qui doit juger tous les hommes à la fin du monde.
19.28 Une parole fondamentale ; littéralement une racine, un fondement de parole, une parole radicale.
20.1 IIe discours de Sophar, chapitre 20. Ce discours est en quelque sorte l’ultimatum de Sophar ; dans la troisième discussion, il ne prendra plus la parole ; aussi sa violence est-elle maintenant très grande. ― 1° Les menaces de Job, qui les compare à des persécuteurs, obligent Sophar d’insister encore sur la thèse que ses amis et lui ont soutenue jusqu’à présent, versets 2 à 5. ― 2° Le coupable périt, malgré sa puissance ; il est dépouillé de ses biens injustement acquis, malgré son avidité, versets 6 à 17. ― 3° ― Un juste châtiment vient ainsi le punir de ses rapines et de son insatiabilité ; il n’échappera pas, versets 18 à 29.
20.2 C’est pour cela ; c’est-à-dire c’est parce qu’il y a un jugement. Voir Job 19, 29. ― En d’autres termes, un sujet d’accusation contre Job.
20.9 Son lieu. Voir Job 7, 10.
20.11 Ses os seront, etc. Les dérèglements de sa jeunesse pénétreront jusque dans ses os.
20.14 Fiel d’aspic, venin de ce serpent qui est très dangereux.
20.16 La tête des aspics, leur venin.
20.17 Les torrents… de beurre. Dans les pays chauds de l’Orient, le beurre est à l’état liquide et on le verse comme du lait des vases qui le contiennent.
20.18 Ses richesses acquises ; le grec porte le mot richesses ; l’hébreu lit travail, qui signifie encore très souvent le fruit du travail, les richesses.
20.20 Voir Ecclésiaste, 5, 9.
20.25 Dans son amertume ; c’est-à-dire pour porter son amertume, ou une mort amère, cruelle. ― Au lieu de l’horribiles de la Vulgate, l’hébreu porte terreurs.
20.26 Toutes sortes, etc. C’est en vain qu’il cherchera à se cacher dans les ténèbres, il ne trouvera pas de cache, où les ténèbres puissent pénétrer.
20.28 Les rejetons de sa maison sont ses enfants, sa progéniture.
21.1 VIIe discours de Job ; IIe réponse à Sophar, chapitre 21. Job s’est principalement attaché, dans ses discours précédents, à convaincre ses amis de son innocence ; ne pouvant y réussir, il se tourne maintenant contre eux, et, abandonnant le terrain de la justification personnelle pour se jeter sur celui des principes, il attaque leur thèse en elle-même ; il ne se borne plus à leur dire qu’ils la proposent d’une manière trop générale et qu’ils lui en font une fausse application, il la nie. ― 1° Il va leur donner une réponse décisive ; ils cesseront ainsi de le railler, versets 2 à 4. ― 2° C’est le contraire de ce qu’ils affirment qui est la vérité : beaucoup d’impies sont heureux sur la terre, versets 5 à 15. ― 3° Toute leur argumentation contre ce fait d’expérience est sans force ; ce serait orgueil de leur part que de le nier et de vouloir tracer à Dieu la voie qu’il doit suivre, versets 16 à 26. ― 4° Il sent bien les applications malignes que renferment leurs discours, mais leurs affirmations sont démenties par l’expérience, versets 27 à 34.
21.2 Faites pénitence ; c’est-à-dire changez de sentiment.
21.4 N’ai-je pas un juste sujet d’être contristé, quand je n’ai pas affaire à un homme, mais à Dieu, qui par les maux dont il m’accable semble autoriser les accusations de mes ennemis ?
21.5 Soyez dans l’étonnement. La chose étonnante dont va parler Job, c’est, selon la plupart des commentateurs modernes, la prospérité des méchants sur la terre. Saint Jérôme pense, et avec plus de raison, ce semble, qu’il s’agit du bonheur que Dieu accorde indistinctement aux méchants et aux bons, sans mettre entre eux aucune différence sensible et apparente.
21.7 Voir Jérémie, 12, 1 ; Habacuc, 1, vv. 3, 13.
21.12 Orgue ; instrument qui, chez les anciens Hébreux, était un composé de plusieurs tuyaux de flûte collés ensemble, et dont on jouait en faisant passer successivement ces divers tuyaux le long de la lèvre d’en bas. ― Une harpe, en hébreu, kinnor, instruments à cordes, sorte de harpe.
21.13 En un moment ils descendent dans les enfers. Ils sont heureux jusqu’à la fin de leur vie, mais la mort met brusquement un terme à leur félicité et les remplit d’épouvante en les précipitant dans le schéol.
21.15 Voir Malachie, 3, 14.
21.16 En leur main ; c’est-à-dire ne leur puissance. ― J’avoue que les méchants sont souvent heureux, mais leur bonheur n’est pas sûr, aussi à Dieu ne plaise que j’ai leurs sentiments.
21.19 Alors il comprendra qu’il y a une souveraine justice qui rendra à chacun selon ses mérites.
21.20 Ses yeux, etc. Il verra de ses propres yeux sa ruine entière ; littéralement son meurtre.
21.21 Lors même, ou bien et si, c’est-à-dire que lui importe encore, si le nombre, etc. Le verset est susceptible de cette double analyse.
21.22 Ceux qui sont élevés ; les grands de la terre, selon les uns, les habitants du ciel, selon les autres. Le terme hébreu est, comme celui de la Vulgate, susceptible de ces deux sens. Les Septante ont traduit phonous, c’est-à-dire meurtres ; mais il y a des exemplaires qui portent sohous ou sages.
21.28 Où est la maison, etc. La maison d’un mauvais prince et les tabernacles des impies ne subsistent plus, parce que c’étaient des méchants que Dieu a fait périr. Ainsi, c’est parce que tu es méchant que Dieu t’a traité comme eux.
21.30 Ce verset renferme la réponse des passants, c’est-à-dire des voyageurs étrangers.
21.32 Il veillera ; il vivra encore en quelque sorte à la faveur d’un mausolée fastueux qui conservera sa mémoire parmi les hommes ; ou bien il vivra en enfer parmi les morts.
22.1 Troisième discussion, du chapitre 22 au chapitre 31. ― IIIe discours d’Éliphaz, chapitre 22. ― La troisième discussion est la plus courte par le nombre et l’étendue des discours. C’est encore Éliphaz qui l’ouvre. A la suite de ce que vient de dire Job, ses amis ne peuvent lui répondre logiquement que de deux manières, ou en niant le bonheur des méchants qu’il vient d’affirmer, ou en soutenant que ce bonheur ne prouve rien en sa faveur. Éliphaz ne fait directement ni l’un ni l’autre : il considère le discours de Job comme non avenu ; il déplace la question et prétend toujours avec la même assurance que les souffrances de son ami sont la punition de ses péchés. Devenant de plus en plus agressif, il accuse Job d’un grand nombre de crimes, versets 2 à 11 ; ― 2° il l’avertit de ne pas s’attirer par son obstination et son impénitence un jugement sévère comme celui que Dieu porte contre les impies, versets 12 à 20 ; ― 3° il lui promet, s’il s’amende, un retour de bonheur et une prospérité plus grande qu’autrefois, versets 21 à 30.
22.4 Est-ce en craignant, etc. Est-ce parce qu’il a à craindre de toi ?
22.6 Nus ; c’est-à-dire ceux qui n’avaient que l’habit de dessous. Comparer à 1 Rois, 19, 24 ; Isaïe 20, 2.
22.7 Tu n’as pas donné, etc. On verra plus bas (voir Job 29, verset 15 et suivants ; 31, verset 16 et suivants), combien Job était éloigné de cette inhumanité. Éliphaz lui remet devant les yeux tous les excès où un homme de son rang avait pu tomber, lui reprochant facilement qu’il devait en avoir commis quelques-uns ; car il est difficile de se persuader qu’Éliphaz ait cru Job coupable de tous ces défauts.
22.8 Ta terre, littéralement en hébreu la terre; mais dans cette langue, aussi bien que dans les autres langues sémitiques, l’article déterminatif se met quelquefois pour le pronom possessif, ce qui a évidemment lieu ici.
22.15-16 Allusion aux impies célèbres des temps antiques, probablement aux géants qui furent punis par le déluge.
22.16 Un fleuve ; le déluge.
22.19 Voir Psaume 106, 42.
22.24 Un rocher. Dans le texte hébreu betser, tranches ou morceaux de métal, soit or ou argent, qu’on coupait pour s’en servir dans les achats et les transactions, avant qu’on eût inventé la monnaie proprement dite.
22.29 Voir Proverbes 29, 23.
23.1 VIIIe discours de Job : IIIe réponse à Éliphaz, chapitres 23 et 24. ― Malgré la vivacité des attaques d’Éliphaz, Job reste maintenant calme. ― 1° Il réitère d’abord son souhait de se justifier devant Dieu. Ses plaintes sont regardées comme une révolte contre lui ; cependant il lui permettrait, lui, de s’exprimer librement en sa présence. Mais Job voit bien qu’il n’obtiendra pas la faveur d’être admis devant lui, chapitre 23, versets 2 à 9. ― 2° Quoi qu’il en soit, il est certain d’avoir observé les commandements de Dieu. Pourquoi donc Dieu le châtie-t-il ? Il l’ignore, versets 10 à 17. ― 3° Mais qui peut comprendre pourquoi tant d’innocents souffrent dans le monde, chapitre 24, versets 1 à 12, et ― 4° pourquoi, au contraire, les méchants ne sont pas punis comme ils le méritent et vient heureux jusqu’à leur mort ? Versets 13 à 25.
23.2 D’amertume ; c’est-à-dire de tristesse, de douleur. ― La violence ; littéralement la main, c’est-à-dire la force, la puissance.
23.3 Que je sache trouver Dieu ; littéralement et par hébraïsme : Que je sache et que je trouve.
23.4 Je remplirai, etc., pour repousser les fausses accusations dirigées contre moi.
23.7 L’équité ; c’est-à-dire la justice ordinaire qui punit le crime et récompense la vertu. Comparer à Job 19, 6. ― Et ma cause obtiendra ; littéralement et par hébraïsme : Et que ma cause obtienne.
23.8-9 Ces deux versets sont la réponse à ce qui a été dit au 3e : Qui m’accordera, etc.
23.9 A gauche…, à droite. La gauche, c’est le nord ; la droite, c’est le sud, parce que les Orientaux déterminaient les quatre points cardinaux en regardant l’est en face.
23.13 Son âme. Nous avons déjà remarqué qu’en hébreu comme en arabe le mot âme se prend souvent pour personne, individu.
23.14 Un grand nombre de moyens semblables de m’affliger, sans que rien puisse s’y opposer.
23.16 A amolli mon cœur ; lui a ôté toute sa force.
23.17 Car je n’ai pas péri, quoique j’aie été éprouvé par beaucoup de maux. Les ténèbres signifient souvent dans l’Écriture, les maux, les calamités. ― L’obscurité n’a pas couvert ma face, au point que je ne voie pas tous les malheurs qui m’accablent.
24.1 Ceux qui le connaissent ; ses fidèles serviteurs eux-mêmes ignorent ses jours ; c’est-à-dire les jours où il doit rendre à chacun selon ses œuvres.
24.2 Transporter les bornes était chez les anciens un très grand crime. Ils regardaient les limites comme des choses sacrées et inviolables. ― Les ont fait paître dans leur propres pâturages, comme s’ils avaient été maîtres des troupeaux.
24.5 Pour leur ouvrage, qui est de piller et de voler.
24.17 Si tout d’un coup, etc. Si l’aurore les surprend au milieu de leurs vols, ils en sont effrayés, comme on est effrayé naturellement, quand on se trouve subitement enveloppé d’une obscurité profonde.
24.18 Il est plus léger, etc. Il est mis pour chacun d’eux. Cette sorte de changement de nombre a lieu très souvent en hébreu. Ainsi, dès que l’aurore paraît, il s’enfuit plus rapidement que l’eau qui s’écoule ; ou bien, selon d’autres, si rapidement qu’il semble qu’il pourrait marcher sur la surface de l’eau. ― Par le chemin des vignes. Les vignes sont ordinairement plantées dans les lieux d’un bel aspect.
24.20 Que la miséricorde l’oublie. le texte hébreu porte : que le sein qui l’a porté l’oublie.
24.21 Il a nourri, etc. L’hébreu peut signifier : Il a brisé ; sens qui a été donné dans la version chaldaïque. Les Septante ont rendu par : Il n’a pas fait de bien à la stérile.
24.22 Il ne croira pas, etc. Il ne se tiendra pas assuré de sa vie, il craindra continuellement pour ses jours.
24.23 Voir Apocalypse, 2, 21.
24.24 Ils se sont. Job reprend le nombre pluriel qu’il avait abandonné depuis le v. 18.
24.25 Mettre, etc., c’est-à-dire les accuser, pour les faire condamner.
25.1 IIIe discours de Baldad, chapitre 25. ― Au lieu de répondre à Job, il parle comme s’il n’avait rien entendu et ajoute seulement au discours d’Éliphaz quelques mots courts et solennels sur l’incompréhensible majesté de Dieu et le néant de l’homme. Devant Dieu, les créatures les plus saintes ne sont pas pures. Il veut faire entendre par là à Job qu’il ne peut être pur lui-même devant Dieu, versets 2 à 6. C’est le dernier mot de ses amis. Sophar n’intervient plus.
25.2 Qui établit ; qui entretient cette harmonie et cet ordre admirable qui paraît dans ses lieux élevés, dans les cieux qui lui appartiennent.
25.3 Ses soldats ; c’est-à-dire tous les corps célestes, ou, selon d’autres, les anges.
25.4-5 Tout ce qu’il y a de plus saint, de plus beau dans le ciel, et de plus parfait sur la terre, n’est qu’imperfection, que faiblesse devant Dieu.
26.1 IXe discours de Job : IIIe réponse à Baldad, chapitre 26. ― Job répond brièvement au dernier discours de Baldad. ― 1° Il lui reproche ironiquement l’inutilité de ce qu’il vient de dire, versets 2 à 4, et il lui montre ensuite qu’il peut peindre, aussi bien que lui, la puissance de Dieu, ce qu’il fait en effet d’une manière supérieure. ― 2° Il décrit la puissance divine dans l’enfer (le schéol), versets 5 à 7 ; ― 3° dans les airs, versets 8 à 10 ; ― 4° dans le ciel et sur les mers, versets 11 à 14.
26.5 Les géants gémissent sous les eaux ; c’est-à-dire dans l’enfer ; car c’est sous la mer que les anciens le plaçaient. Comparer à Genèse 6, 4 ; 7, 21 ; Sagesse 14, 6 ; 1 Pierre 3, 20. Quelques exégètes entendent par géants les monstres marins ; mais cette opinion ne paraît nullement fondée.
26.6 L’abîme ; littéralement la perdition, le lieu de perdition ; c’est encore l’enfer sous un autre nom.
26.7 Ces paroles sont des images et ne doivent pas être prises à la lettre, comme l’a fait observer saint Thomas.
26.9 La face ; c’est-à-dire le devant. Il tient son trône inaccessible à nos regards.
26.13 Sa main agissant ; littéralement obstetricante ; c’est-à-dire que sa main a formé un serpent tortueux ; le dragon, constellation de l’hémisphère boréal.
26.14 De ses voies ; de sa manière d’agir, de ses œuvres. ― Un petit mot ; littéralement une petite goutte. La parole est souvent comparée dans l’Écriture à la pluie ou à la rosée. Voir Deutéronome, 32, 2 ; Isaïe 55, 10-11. ― De sa parole ; c’est-à-dire de la parole qui le concerne, dite à son sujet. ― L’éclat. Ou ce mot est sous-entendu, ou l’antécédent du génitif de sa parole est une goutte, qui précède ; car il faut nécessairement au verbe contempler un accusatif pour complément. Job, ce nous semble, veut dire ici : Je ne vous ai rapporté qu’un bien faible partie des œuvres de la puissance de Dieu. Si donc vous n’avez entendu qu’avec peine le peu de paroles que j’ai dites de lui, comment me supporterez-vous, si je vous fais entendre la voix terrible de son tonnerre, et si je mets sous vos yeux les merveilles de sa grandeur infinie ?
27.1 Job, prenant, etc., littéralement et par hébraïsme Job ajouta, reprenant. ― Sa parabole ; c’est-à-dire l’oracle sacré que Dieu lui inspirait ; car tel est le sens qu’a ce mot dans le texte sacré. ― Xe discours de Job, chapitres 27 et 28. ― Les amis de Job ne lui répondant plus, il reste comme maître du champ de bataille. Il en profite pour compléter sa victoire dans deux discours. Dans le premier, en pensant à ses amis, dans le second, en ne songeant plus à eux, il ouvre toute son âme, il développe ses idées et ses croyances, il exprime ses craintes par rapport à son propre sort et fait connaître ses vues sur la Providence. Au commencement du premier discours, ― 1° il atteste à ses amis que sa vie tout entière dément leur accusation ; il ne peut s’avouer coupable, car il ne l’est pas : s’il le faisait, il trahirait la vérité et mériterai ainsi ses souffrances, chapitre 27, versets 2 à 12. ― 2° Il reconnaît d’ailleurs que la Providence punit souvent le pécheur, même en ce monde, mais cette loi souffre des exceptions, versets 13 à 23. ― 3° Les voies de Dieu sont cachées ; l’homme peut bien sonder les profondeurs de la terre, chapitre 28, versets 1 à 11 ; ― 4° mais non les profondeurs de Dieu ; l’enfer ou le schéol lui-même ne le peut, versets 12 à 22. ― 5° Seul Dieu connaît ses propres secrets ; à l’homme d’avoir la crainte de Dieu, versets 23 à 28.
27.2 Qui me refuse justice ; qui ne m’a pas permis de justifier mon innocence.
27.3 Un souffle de Dieu ; c’est-à-dire un souffle accordé par Dieu.
27.7 C’est mon ennemi et mon adversaire qui doivent être regardés comme impies et injustes, puisque n’admettant pas que quelques fois Dieu punit les justes pour les éprouver, et qu’il laisse souvent les pécheurs impunis dans cette vie, ils accusent par là même Dieu de ne pas toujours observer les règles de la justice ; ce qui est une véritable impiété.
27.11 Avec le secours ; littéralement et par hébraïsme, par la main, par le moyen. ― Ce que fait le Tout-Puissant ; c’est-à-dire la manière d’agir à l’égard des hommes. C’est un des sens dont le texte hébreu est susceptible, et qui est parfaitement conforme au texte.
27.14 c'est pour le glaive ; ils périront par le glaive.
27.15 Ils seront ensevelis, etc. ; c’est-à-dire selon l’opinion assez commune, qu’ils mourront privés de tombe.
27.18 Par ces comparaisons Job veut faire ressortir le peu de consistance de la maison de l’impie.
27.19 Voir Psaume 48, 18. ― Il ouvrira ses yeux et il ne trouvera rien. Dans l’hébreu : il ouvrira ses yeux et il ne sera plus, c’est-à-dire sa mort sera si prompte qu’elle lui laissera à peine le temps d’ouvrir les yeux avant qu’il expire.
27.23 Frappera des mains ; littéralement serrera ses mains, c’est-à-dire applaudira. ― Son lieu ; le lieu de sa félicité, dont il est déchu. ― Et sifflera sur lui, se moquera de lui.
28.1 L’argent a des sources de ses veines dans la terre. ― [Job fait probablement référence aux travaux des Égyptiens dans les mines de la péninsule du Sinaï.] Diodore de Sicile décrit ainsi la manière dont les Égyptiens purifiaient l’or : « A l’extrémité de l’Égypte, sur les confins de l’Arabie et de l’Éthiopie, est une contrée abondante en mines d’or d’où on retire ce métal à grands frais et par un pénible travail. La terre, de couleur noire, y est remplie de protubérances et de veines de marbre d’une blancheur remarquable… C’est dans cette terre que les préposés aux travaux des mines font recueillir l’or par un grand nombre d’ouvriers… Voici quels sont les procédés employés pour traiter la mine. On expose à un feu violent la partie la plus dure de la terre qui contient l’or, on la fait ainsi éclater, et on la travaille ensuite avec les mains… Les plus robustes sont occupés à fendre avec des masses de fer le marbre qu’on trouve dans la mine… Comme les travailleurs, au milieu des détours que forment les galeries, se trouvent dans l’obscurité, ils portent, attachés au front, des lanternes allumées… Les enfants ramassent… les fragments de pierre détachés et les portent en plein air, à l’ouverture extérieure de la galerie. D’autres ouvriers… prennent une certaine mesure de ces fragments et les broient dans des mortiers de pierre avec des pilons de fer, jusqu’à ce qu’ils soient réduits à la grosseur d’une lentille. Auprès d’eux sont le femmes et les vieillards, qui reçoivent ces petites pierres, les jettent sous des meules rangées plusieurs de suite, et deux ou trois d’entre eux, se plaçant à la manivelle de chaque meule, la font tourner jusqu’à ce qu’ils aient, par cette sorte de mouture, converti à la mesure de pierres qui leur a été livrée, en une poussière aussi fine que la farine… Enfin, des hommes instruits dans l’art de traiter les métaux s’emparent des pierres réduites en degré de finesse que nous avons indiqué, et mettent la dernière main au travail. Ils commencent par étendre sur une planche large et un peu en pente cette poussière de marbre, et la remuent ensuite, en versant de l’eau dessus. La partie terreuse, détrempée par l’eau, coule le long de la planche inclinée, et l’or plus pesant y reste. Ils répètent plusieurs fois cette opération, d’abord en frottant légèrement la matière entre les mains; puis, en la pressant mollement avec des éponges très fines, ils enlèvent peu à peu la terre inutile, jusqu’à ce que la paillette d’or demeure seule et pure sur la planche. D’autres reçoivent une certaine mesure de ces paillettes qui leur sont livrées au poids, et les jettent dans des vases d’argile cuite, en les mélangeant avec un lingot de plomb, d’un poids proportionné à la quantité de paillettes que contient le vase, quelques grains de sel, une très petite quantité d’étain, et du son de farine d’orge. Après quoi ils ferment ces vases d’un couvercle parfaitement ajusté, enduit avec soin d’argile délayée, et les rangent dans un four où ils les font chauffer, pendant cinq jours et cinq nuits, sans discontinuation. Ils les retirent ensuite du feu, les laissent refroidir, et n’y trouvent plus, après les avoir ouverts, que l’or devenu parfaitement pur et qui a très peu perdu de son poids : toutes les autres matières ont disparu. »
28.2 Cette description s’applique à l’extraction du cuivre, non à celle de l’or, de l’argent ou du fer. Les Égyptiens exploitaient le cuivre dans les mines du Sinaï. Ils en extrayaient aussi la turquoise ou la malachite qui est un cuivre carbonaté vert.
28.3 L’homme pénètre dans les sombres profondeurs de la terre pour en extraire le minerai et il y triomphe des ténèbres.
28.5 Pain se prend souvent dans l’Écriture pour nourriture, aliment en général. Le sens du verset est donc : Une terre auparavant cultivée et fertile, depuis que les mineurs l’ont découverte, a été bouleversée à l’intérieur à cause des fourneaux qu’il a fallu y établir, pour faire fondre les métaux.
28.15 Voir Sagesse, 7, 9.
28.16 Aux tissus colorés de l’Inde ; en hébreu : à l’or d’Ophir.
28.17 Comme l’époque reculée à laquelle vivait Job, le verre était très rare, il a pu le compter parmi les choses les plus précieuses.
28.18 La sagesse, etc. Selon l’hébreu : La possession de la sagesse est plus que les coraux rouges, ou que des perles.
28.25 Qui a fait un poids, etc., c’est-à-dire qui a pesé les vents et mesuré les eaux, de manière à les contenir les uns et les autres dans de certaines limites.
29.1 Job prenant encore, etc. Voir Job 27, 1. ― XIe discours de Job, du chapitre 29 au chapitre 31. ― En décrivant d’une manière si éloquente l’impénétrabilité de la sagesse divine, Job a montré à ses amis combien il était téméraire de leur part de vouloir assigner les raisons pour lesquelles Dieu le faisait souffrir. Comme ils ne lui répondent rien, Job commence un long discours, divisé en trois parties : ― I. il décrit sa félicité passée, qu’il ne peut se rappeler sans douleur dans son état présent ; ― II. il décrit ensuite ses douleurs actuelles ; ― III. enfin il dit combien elles sont pour lui inexplicables, parce qu’il n’a pas conscience de les avoir méritées par ses péchés. Ce discours est moins une continuation de la discussion qu’une récapitulation méthodique et complète de ce qu’il avait avancé déjà : ― 1° qu’il n’a pas mérité son malheur et ― 2° qu’il en ignore la cause. ― Ire partie : Félicité passée, chapitre 29. ― 1° Souvenirs mélancoliques du bonheur, des honneurs et de la considération dont il a autrefois joui, versets 2 à 11. ― 2° La considération dont il jouissait était méritée par son zèle à défendre les droits de l’opprimé ; c’est pourquoi il croyait pouvoir compter sur la stabilité de son bonheur, versets 12 à 20. ― 3° Il inspirait à tous confiance, et cette confiance était fondée sur la peine qu’il prenait pour l’intérêt du prochain, versets 21 à 25.
29.2 Job, voyant que ses amis ne répondaient pas à ses raisons, continue à parler dans ce chapitre et les deux suivants. C’est ici un discours nouveau, mais qui tend au même but que les précédents. Il y fait d’abord son apologie en réponse aux reproches injustes que lui avait faits Éliphaz (voir Job 22, verset 5 et suivants). Il termine par une peinture de ses maux, et soutient qu’ils ne sont pas la punition de ses crimes passés (du chapitre 29 au chapitre 31).
29.3 Sa lampe, etc. dans un grand nombre de passages de la Bible, la lumière marque la prospérité, et les ténèbres l’adversité.
29.6 Je lavais mes pieds, etc. Ces expressions hyperboliques indiquent une grande abondance. ― Le beurre est ordinairement à l’état liquide en Orient.
29.23 Dans ces contrées orientales, il ne pleut guère qu’en deux saisons de l’année, au printemps et en automne. Comme les pluies de l’automne succèdent aux grandes chaleurs de l’été, et lorsque la terre était toute desséchée, et comme altérée, les auteurs sacrés empruntent de là des images, pour marquer une grande avidité, un ardent désir.
29.24 La lumière de mon visage ; c’est-à-dire un regard gracieux de ma part. ― Ne tombait pas à terre ; n’était pas négligé, était au contraire très bien accueilli.
30.1 IIe partie du XIe discours de Job : Malheurs présents, chapitre 30. ― Ils sont décrits en trois tableaux qui commencent tous par le mot maintenant. ― 1° Maintenant les hommes les plus méprisables s’élèvent contre lui, versets 1 à 8 ; ― 2° maintenant il est pour eux un objet de moquerie ; ils l’attaquent de toutes leurs forces, versets 9 à 15 ; ― 3° maintenant il a cependant assez à souffrir, sans cette peine de surcroît, de la part de ses propres maux et de la part de Dieu, versets 16 à 23. ― 4° Combien moins ses amis devraient-ils se tourner contre lui, puisque sa félicité s’est changée en une douleur si cruelle. Versets 24 à 31.
30.2 Dont je comptais pour rien, etc. ; la force de leur bras m’était entièrement inutile ; je n’avais nullement besoin de leur secours.
30.4 Des herbes, en hébreu malouakh, kali des Arabes, espèce d’accroche, d’une saveur salée, dont les pauvres mangent les bourgeons et les feuilles jeunes. Quelques philosophes pythagoriciens s’en nourrissaient aussi, au rapport d’Athénée. ― L’abondance du genêt dans une partie du désert du Sinaï fit donner son nom, Rithmah, à un des campements des Israélites dans la péninsule, voir Nombres 33, 18. La racine de cette plante est très amère.
30.6 Dans les cavernes. Il est question ici d’une espèce de Troglodytes ou d’un peuple semblable à celui que mentionnent Genèse 14, 6, et Deutéronome 2, 12, les Chorréens ou Horrhéens. Ces derniers étaient les habitants aborigènes du mont Séir, probablement les alliés des Émim et des Réphaïm. Ils en furent chassés par les enfants d’Ésaü. On voit encore par centaines leurs habitations, taillées dans le grès, dans les montagnes d’Édom et surtout à Pétra. Les Troglodytes dont parle Job habitaient le Hauran, dont le nom signifie peut-être « terre des cavernes », parce que les cavernes y abondent. Elles sont encore aujourd’hui en parties habitées. M. Drake en a fait la description suivante, qui nous fait connaître en même temps la vie misérable des Troglodytes, semblable à celle des contemporains de Job. « Ils habitent les antiques cavernes, en commun avec leurs vaches, les brebis et les boucs. L’entrée est généralement un passage taillé dans le roc, d’environ un mètre de large, ouvert au-dessus, et descendant soit par un plan incliné, soit par de petites marches à la porte de la caverne, qui est d’un peu plus d’un mètre sur 0.75 centimètre. Les parois de la caverne sont rarement polies. Elle est de forme circulaire ou ovale et a rarement deux mètres de hauteur. Le milieu est occupé par le bétail ; la partie réservée pour la portion humaine des habitants est marquée et délimitée par une ligne de pierres. On porte chaque matin le fumier au dehors… Lorsqu’une pluie abondante amène dans la caverne quelques centimètres d’eau, cette eau, jointe à l’humidité des murs, aux moustiques, à la vermine, à la mauvaise odeur qu’exhalent hommes et bêtes, fait de cette habitation la plus affreuse des étables. Et cependant les hommes indolents, bien constitués, qui possèdent cette écurie, sont trop paresseux pour se construire une hutte. Ils préfèrent demeurer dans ces cavernes que leur ont léguées leurs ancêtres et ils errent sur les collines avec leurs troupeaux, ou bien enveloppés dans leurs haillons, ils sommeillent dans quelque coin abrité, sans autre désir que de remplir leur estomac d’herbes sauvages qu’ils mangent crues. Ces herbes sauvages, du pain de millet et le lait diversement préparé forment leur nourriture ordinaire. »
30.7 Sous des ronces. Hébreu : les ronces, ou plutôt les orties leur servent de lit.
30.8 La région que décrit Job a été de tout temps habitée par des pillards, vivant en partie de brigandage. La population actuelle de la Trachonitide orientale, qui porte aujourd’hui le nom arabe fort significatif de Ledjah, c’est-à-dire refuge, parce que c’est là en effet que se réfugient comme dans un repaire inaccessible les aventuriers et les bandits, rappelle particulièrement ce trait de la description de Job.
30.11 Il m’a mis un frein à la bouche. Les bas-reliefs assyriens représentent des hommes à qui l’on a mis réellement un frein à la bouche.
30.17 Ceux qui, etc., peut s’entendre de ses ennemis, ou mieux peut-être, des vers qui le rongeaient.
30.18 Cette phrase signifie, comme le remarque Ménochius, que les vers qui rampaient au-dessus du cou de Job formaient comme un capuchon qui entourait et couvrait sa tête.
30.19 Je suis devenu comme la boue. Détails pathologiques, exprimés métaphoriquement, sur l’éléphantiasis dont souffre Job. Dans cette maladie, la peau se colore d’abord fortement en rouge ; elle devient ensuite noire et écailleuse et a l’apparence d’une croûte terreuse et sale.
30.22 Me posant comme sur le vent, etc. Me tenant comme suspendu en l’air, c’est-à-dire après m’avoir élevé, vous m’avez laissé tomber, etc.
30.23-24 Tous les hommes vont à la mort ; mais vous ne voulez pas leur perte entière ; vous les conservez dans cette vie. S’ils font quelques faux pas, vous les relevez. Voilà, Seigneur, la conduite que vous tenez envers le commun des hommes ; mais pour moi, il semble que vous vouliez en tenir une autre.
30.27 N’a cessé de brûler ; c’est le vrai sens de l’hébreu, qui porte à la lettre : Elles (mes entrailles) ont brûlé et n’ont pas cessé.
30.29 J’ai été frère des chacals et compagnons des autruches, c’est-à-dire je leur suis devenu semblable par les cris que m’arrache la douleur. Le glapissement du chacal fatigue tous ceux qui l’entendent, et le cri strident de l’autruche a quelque chose plaintif et de lugubre qui remplit d’effroi. « Lorsque les autruches, raconte un voyageur, se préparent à la course ou au combat, elles font sortir de leur grand cou tendu et de leur long bec béant un bruit sauvage, terrible, semblable à un sifflement. Dans le silence de la nuit, elles poussent des gémissements plaintifs et horribles qui ressemblent parfois de loin au rugissement de lion, mais plus souvent au beuglement enroué du taureau. Je les ai entendues souvent gémir, comme si elles étaient en proie aux plus affreuses tortures. » (SHAW.)
30.31 Orgue. Voir, pour le sens de ce mot, Job 21, 12.
31.1 IIIe partie du XIe discours de Job : Conscience de son innocence, chapitre 31. ― Du moins sa conscience est-elle pour lui. ― 1° Il ne s’est jamais abandonné à ses passions, versets 1 à 12 ; ― 2° il ne s’est jamais servi de sa force pour traiter injustement les faibles, versets 13 à 23 ; ― 3° il n’a jamais été arrogant, comme on le lui a reproché, ni envers Dieu ni envers les hommes, versets 24 à 40.
31.6 Ma simplicité ; c’est-à-dire ma droiture, mon innocence.
31.7 La voie droite, juste.
31.11 L’adultère ; littéralement Cela, ce dont Job vient de parler. Or c’est l’adultère qu’il a désigné dans les deux versets précédents.
31.12 Jusqu’à la perdition. Le terme hébreu abaddôn signifie aussi le lieu de perdition, l’enfer. Comparer à Job 26, 6. ― L’adultère est effectivement une vraie flamme qui dévore et les richesses, et la réputation, et les qualités les plus excellentes du corps et de l’âme. L’adultère extirpe encore toutes les productions, c’est-à-dire toute la race ou les enfants légitimes.
31.13 C’est au verset 22 que se trouve la conclusion de ces phrases. ― Si j’ai dédaigné, etc. Les esclaves régulièrement n’avaient pas d’action contre leur maître, en public devant les juges ; le maître avait sur eux un droit absolu ; mais en particulier, les esclaves pouvaient se plaindre ; et il était de l’équité de leur maître d’écouter leurs humbles remontrances et de leur faire justice.
31.36 Un livre, contenant sa sentence. ― Celui qui juge ; le juge par excellence, le juge suprême, Dieu. Après avoir exposé son innocence, Job demande à son souverain juge qu’il daigne prononcer et écrire sa sentence, parce que, loin de craindre qu’elle ne lui soit défavorable, il la portera au contraire comme un trophée et s’en parera comme d’un ornement précieux.
31.36 Sur mon épaule. Chez les Hébreux, comme chez plusieurs autres peuples de l’antiquité, les princes et les grands portaient sur leurs épaules les marques de leurs dignités. Voir Isaïe 9, 6 ; 22, 22.
31.37 Comme à un prince ; comme un présent digne d’un prince ; selon d’autres : comme à mon prince ; ce qui est s’écarter du texte. L’hébreu porte littéralement Comme un prince je le présenterai ; ce que l’on explique ainsi : Je donnerai ce livre à lire qui voudra, avec la même assurance, la même hardiesse qu’un prince qui présente les titres de sa qualité, qui prononce une sentence ou qui donne ses ordres.
31.39 Sans argent, sans les payer.
31.40 Les paroles de Job sont finies ; c’est-à-dire ses paroles à ses amis ; il ne leur parle plus, en effet, dans la suite, il répond seulement à Dieu, qui intervient pour terminer le différend.
32.2 IIIe partie : Intervention d’Éliu, du chapitre 32 au chapitre 37. ― La conclusion de Job, c’est qu’étant innocent il ne sait pas pourquoi Dieu l’afflige. Éliu intervient et veut lui apprendre la raison de ses souffrances. C’est un jeune homme, issu probablement d’une branche collatérale de la famille d’Abraham, voir Job 32, vv. 2, 6 ; Genèse 22, 21. Il a écouté en silence, comme il convenait à sa jeunesse, mais non sans indignation, des hommes plus âgés que lui, voir Job 32, 6-7, qui lui paraissent avoir avancé beaucoup d’erreurs. Poussé par une inspiration divine, il s’adresse maintenant aux deux partis. Ils se sont tous trompés, puisqu’ils n’ont vu ni les uns ni les autres un des principaux buts de la souffrance : c’est que Dieu parle à l’homme par la voix de la douleur et lui enseigne toutes les vertus. Tout en faisant ressortir ce caractère médicinal, préventif et didactique de la souffrance, Éliu redresse accessoirement ce qui lui a paru faux à un degré quelconque dans les paroles de Job et de ses amis. Ses discours sont au nombre de quatre. Les Pères les ont sévèrement jugés. Éliu est en effet présomptueux et avide de faire étalage de sa science, mais il n’en fait pas moins ressortir une vérité nouvelle, qui n’avait pas encore été présentée, celle de l’utilité de la souffrance pour purifier l’homme et l’instruire ; ce qui montre que le juste lui-même peut être affligé. Il prépare ainsi la manifestation de Dieu, en faisant cesser les plaintes de Job ; Dieu n’a plus, en paraissant, qu’à faire confesser à Job qu’il a eu tort de se plaindre.
32.6 Ier discours d’Éliu : L’homme n’est pas sans tache aux yeux de Dieu, chapitres 32 et 33. ― Après l’introduction historique, en prose, chapitre 32, versets 1 à 6a, dans laquelle sont mentionnées l’indignation de Job contre ses amis, versets 1 et 3, et les raisons qu’a eues Éliu de se taire d’abord et de parler maintenant, ― 1° Éliu commence en disant qu’il a laissé parler les amis plus âgés de Job, dans l’espérance qu’ils le réfuteraient mais puisqu’il s’est trompé, il prend la parole, versets 6b à 14. ― 2° Quand ils ont eu fini leurs discours, il s’est tu quelque temps encore ; l’esprit le pousse maintenant à exposer sans partialité ce qu’il pense, versets 15 à 22. ― 3° Que Job l’écoute, car il sera sincère et clair ; Job n’a pas d’ailleurs à craindre devant lui comme devant Dieu, puisqu’il est son semblable, chapitre 33, versets 1 à 7. ― 4° Quand il a fini ce long exorde, il entre dans le cœur de son sujet. Job s’est déclaré innocent à l’encontre de Dieu, mais il est faux que Dieu ne manifeste pas à l’homme sa volonté, il la lui manifeste de plusieurs manières, d’abord par des visions de nuit, versets 8 à 18 ; ― 5° ensuite par la souffrance et par la maladie, qui est un des langages de Dieu. Ces coups ne doivent pas décourager l’homme, mais plutôt, au moyen de l’intercession des saints, lui faire reconnaître ses péchés, versets 19 à 30. ― 6° Péroraison : Job peut continuer à l’écouter tranquillement ou lui répondre, v. 31 à 33.
32.7 Qu’un âge aussi avancé… qu’une multitude d’années, est dit par métonymie, pour des hommes d’un âge aussi avancé ; … des hommes qui ont une multitude d’années.
32.13 Ne dites pas , etc. Il ne suffit pas de dire que Dieu lui-même l’a rejeté, que ce qu’il souffre est une preuve plus manifeste de son péché, que tout ce que nous pourrions dire ; il faut le convaincre, et venger la justice de Dieu offensée par ses discours insolents.
33.2 ma langue forme des mots dans mon palais. Les Hébreux, dans les récits, exprimaient souvent l’action matérielle et physique. C’est ainsi qu’on lit dans 1 Rois, 10, 9 : Lorsqu’il eut détourné son épaule, pour s’en aller. Ces sortes d’expressions sont de vrais archaïsmes, qui n’ont pas été compris par tous les hébraïsants, mais que nous avons dû conserver dans notre Traduction, sans nous inquiéter des sarcasmes de quelques Voltairiens ignorants.
33.9 Je suis pur, etc. Job soutenait son innocence contre les calomnies de ses amis ; mais il ne prétendait pas être absolument pur de toute faute aux yeux de Dieu ; car il dit le contraire en plusieurs endroits, notamment à Job 7, 20-21 ; 9, 2-3 ; 13, vv. 23, 26 ; 14, 16-17. Il a mis mes pieds dans les entraves voir 2 Chroniques, 16, 10.
34.1 IIe discours d’Éliu : Apologie de la justice divine, chapitre 34. ― Job ne lui répond rien. Éliu a consacré en partie son premier discours à montrer que Dieu n’est pas injuste envers l’homme ; il consacre le second tout entier à développer cette idée et à établir que Dieu gouverne le monde avec équité. ― 1° Il prie les assistants de l’écouter et de prononcer. Job accuse Dieu de ne pas le traiter avec justice, versets 2 à 9 ; ― 2° mais comment Dieu pourrait-il être injuste, puisqu’il créé et gouverne le monde librement ? Versets 10 à 18. ― 3° La justice de Dieu envers ses créatures éclate de toutes parts : sa toute-puissance et sa science infinie lui permettent de juger avec pleine justice, versets 19 à 28. ― 4° Comment pourrait-on calomnier les voies de Dieu, puisqu’il se propose comme but le bien des hommes ? On doit plutôt s’humilier devant lui, et c’est parce que Job ne le fait pas qu’il mérite le châtiment divin, versets 29 à 37.
34.3 Voir Job 12, 11.
34.12 Le bon droit. Voir le verset 5.
34.17 Celui qui est juste par excellence, Dieu.
34.19 Voir Deutéronome, 10, 17 ; 2 Chroniques, 19, 7 ; Sagesse, 6, 8 ; Ecclésiastique 35, 15 ; Actes des Apôtres, 10, 34 ; Romains 2, 11 ; Galates, 2, 6 ; Éphésiens 6, 9 ; Colossiens, 3, 25 ; 1 Pierre 1, 17.
34.20 Sans main d’homme ; sans que la main d’un homme le frappe, parce que Dieu lui-même l’enlève par la maladie, etc.
34.27 Toutes ses voies. C’est ainsi qu’on traduit généralement ; selon nous, il serait plus exact de dire : Nulle, aucune de ses voies ; parce que, comme nous en avons déjà fait la remarque, le mot tout en hébreu, étant joint à une négation, signifie nul, aucun.
34.31 Dans son discours, en effet, Éliu a parlé de Dieu dont il a entrepris la défense contre les prétendus blasphèmes de Job, mais sans s’adresser directement à lui.
34.37 Ses, omis dans la Vulgate, est exprimé en hébreu.
35.1 IIIe discours d’Éliu : réfutation de la seconde affirmation de Job sur l’inutilité de la confiance en Dieu, chapitre 35. ― Il développe dans ce discours l’idée qu’il avait déjà exprimée contre Job, voir Job 34, 9, et il affirme que, par la piété ou l’impiété, l’homme se rend utile ou nuisible à lui-même. ― 1° Quand Job dit que la piété est inutile à l’homme, croit-il par là que l’homme puisse donner ou enlever quelque chose à Dieu ? Versets 2 à 8. ― 2° Ceux-là se plaignent en vain qui négligent, par présomption, de recourir à Dieu ; que Job prenne garde de leur devenir semblable ! Versets 9 à 16.
35.2 J'ai raison contre Dieu. Job n’avait pas proféré un pareil blasphème ; mais il avait soutenu son innocence en des termes si forts, qu’il semblait en quelques endroits accuser Dieu d’injustice à son égard.
35.6 Lui représente Dieu, qui est exprimé au verset 2.
35.8 Fils d’un homme ; expression poétique, synonyme du mot homme.
35.9 Ils crieront ; c’est-à-dire les méchants opprimés par d’autres méchants crieront, mais ils ne seront pas exaucés, parce qu’ils ne crieront pas à Dieu, comme il est dit au v. 2.
35.15 pas encore ; c’est-à-dire dans ce monde.
36.1 IVe discours d’Éliu : Dieu afflige l’homme pour le garder du péché et l’exciter au repentir, chapitres 36 et 37. ― Dans son dernier discours, Éliu explose encore plus complètement les motifs pour lesquels Dieu permet que le juste soit affligé : c’est pour le tenir en garde contre le péché, ou, s’il a péché, pour l’exciter au repentir. ― 1° Son exorde annonce des raisons décisives en faveur de sa thèse, chapitre 36, versets 2 à 4. ― 2° Dieu est tout-puissant, mais il ne dédaigne personne, et c’est ce qu’il montre en éprouvant ceux qu’il aime, versets 5 à 12. ― 3° C’est pour le plus grand bien de Job que Dieu l’afflige ; il doit donc veiller à ne pas perdre par sa faute la bénédiction que Dieu veut répandre sur lui, versets 13 à 22. ― 4° L’homme doit louer humblement ce maître incomparable qui manifeste sa puissance et sa sagesse par ses œuvres merveilleuses et par les phénomènes atmosphériques, versets 23 à 33. ― 5° Éliu décrit en détail l’orage, sa magnificence et ses suites, chapitre 37, versets 1 à 13. ― 6° En face de pareils spectacles, Job peut bien reconnaître sa faiblesse et son ignorance, comme Éliu reconnaît la sienne, versets 14 à 24. C’est la conclusion naturelle des discours d’Éliu et la préparation de l’apparition de Dieu qui se manifeste maintenant au sein d’une de ces tempêtes que l’orateur vient de décrire.
36.2 littéralement souffre-moi, supporte-moi.
36.14 Dans la tempête d’une mort subite et violente.
36.16 La table… sera pleine de viandes grasses; littéralement et par hypallage, figure grammaticale très familière aux écrivains sacrés : Le repas de ta table sera plein, etc.
36.17 Comme ta cause est très mauvaise, le jugement que tu subiras, sera proportionné à cette cause ; il sera très mauvais pour toi, très défavorable.
36.24 Ses œuvres que les hommes ont chantée. Les anciens ne conservaient guère la mémoire des grands événements que par des cantiques composés exprès.
36.25 Chacun le considère de loin, et par conséquent d’une manière imparfaite, confuse et avec une certaine obscurité. Comparer à 1 Corinthiens 13, 12.
36.29 On supposait que Dieu habitait dans une tente ou pavillon composé de nuées qui l’environnaient de toutes parts et en dérobaient la vue aux hommes.
37.1 C’est à cause des merveilles dont je viens de parler, et surtout du tonnerre dont les effets sont si terribles et dont la cause est si inconnue. ― On tient généralement le livre de Job pour une grande œuvre de la poésie hébraïque. Il y a autant de charme pittoresque dans la peinture de chaque phénomène que d’art dans la composition didactique de l’ensemble. Le Seigneur marche sur les sommets de la mer, sur le dos des vagues soulevées par la tempête. L’aurore embrasse les contours de la terre et façonne diversement les nuages comme la main de l’homme pétrit l’argile docile. Nous y voyons l’air pur, quand viennent à souffler les vents dévorants du sud, étendu comme un métal en fusion sur les désert altérés.
37.2 Le tonnerre est souvent appelé dans l’Écriture la voix de Dieu.
37.3 Il considère tout ce qui se passe sous le ciel. ― Son éclair ; c’est-à-dire les éclairs qui accompagnent le tonnerre.
37.4 Partout où il va, des bruits effrayants annoncent sa présence.
37.5 on ne pourra rien dire de certain et d’incontestable sur la cause, sur le lieu et sur les circonstances du tonnerre.
37.7 met un sceau, etc. Nous sommes tous comme les esclaves de Dieu, qui a gravé, pour ainsi dire, dans la main de chaque homme son emploi, sa qualité et son rang, son engagement. Cette coutume d’imprimer des marques aux esclaves, est connue dans toute l’antiquité. Comparer à Isaïe 44, 5 ; Ézéchiel, 9, 6 ; Apocalypse, 7, 3 ; 13, 16. Chez les Romains, on imprimait avec un fer chaud une certaine marque aux soldats qu’on enrôlait. Voir Veget., liv. I, chap. VIII ; liv. II, chap. V. Éliu peut donc faire ici allusion à cet ancien usage, pour montrer notre dépendance du Seigneur. Cependant d’autres expliquent ce passage dans le sens que Dieu, pendant les orages, ferme la main des hommes et la scelle, en quelque sorte, pour les empêcher de travailler à la terre, et qu’ils reconnaissent que toutes leurs œuvres ne se font que par l’ordre du Seigneur.
37.13 sa terre, une terre qui est à lui, où il a ses adorateurs. Comparer à Psaume 68, 10.
37.16 La science parfaite, nécessaire pour comprendre les phénomènes relatifs aux nuées.
37.18 Les miroirs ne sont mentionnés dans l’Écriture que dans ce passage et Exode 38, 8. Tous les miroirs des anciens étaient en métal ; c’est ce qui explique la comparaison renfermée dans ce verset. On a trouvé en Égypte un grand nombre de miroirs antiques. Ils sont fabriqués avec un métal composé principalement de cuivre. L’habileté des Égyptiens à mélanger les métaux était telle qu’on a pu rendre leur pouvoir réflecteur à quelques-uns de ceux qui ont été découverts à Thèbes, quoiqu’ils fussent ensevelis dans la terre depuis des siècles.
38.1 IVe partie : Apparition et discours de Dieu, du chapitre 38 au chapitre 41. ― Ce que Job avait si ardemment souhaité, voir Job 13, 22, arrive enfin : Dieu apparaît. Le mystère de la souffrance n’a pas encore été complètement éclairci. Il est démontré que la thèse des trois premiers adversaires de Job est insoutenable ; il est établi que les idées de Job ne sont pas non plus toutes également justes ; cependant Éliu lui-même n’a pas dit le dernier mot. Les souffrances du saint patriarche ont eut pour but de manifester la sincérité de sa vertu et de démontrer que la fidélité au devoir peut subsister dans la mauvaise comme dans la bonne fortune, mais aucun des interlocuteurs ne l’a soupçonné, et, à vrai dire, ce but ne pouvait être connu que par une révélation. A Dieu seul il appartient de trancher le différend ; lui seul peut distribuer à chacun le blâme et l’éloge, déclarer Job innocent, tout en lui reprochant les excès de parole dans lesquels il s’est laissé entraîner ; faire sentir à ses trois amis leur dureté et leur opiniâtreté. Il semble que Dieu ne saurait intervenir sans s’abaisser, et cependant il apparaît en maître souverain. Il ne se justifie pas, il ne dit pas un seul mot pour expliquer sa conduite, il dédaigne de parler des questions spéculatives qui ont été l’objet du débat ; il a fait résoudre le problème en tête du livre par l’écrivain inspiré, qui nous a découvert le secret divin dans le prologue. Maintenant les choses se passent tout autrement que Job ne l’avait imaginé, quand il réclamait la présence de Dieu. Surpris, accablé par les questions que son Seigneur lui adresse, il comprend quelle a été sa présomption et son imprudence, il s’humilie et se tait. Dieu veut nous rappeler notre ignorance, nous apprendre à nous abaisser devant lui et à reconnaître que la véritable sagesse consiste à ne pas tenter de pénétrer ce qui est impénétrable. Comment pourrions-nous sonder les plans du Seigneur et scruter ses desseins, puisqu’il est si grand et que nous sommes si petits ?
38.2 Discours de Dieu, du chapitre 38 au chapitre 41. ― Il se divise en trois parties. La première renferme la description des phénomènes de l’ordre physique, la seconde la description du règne animal, la troisième celle de deux animaux, l’hippopotame et le crocodile. La première et la seconde partie sont à peu près d’égale longueur, chapitre 38, versets 1 à 38 ; du chapitre 38, verset 39, au chapitre 39, verset 30 ; la troisième a près du double de longueur, chapitres 40 et 41. ― Ire partie, chapitre 38, versets 1 à 38. ― 1° Dieu interroge Job. Lui qui veut disputer avec le Tout-Puissant, a-t-il assisté à la création, à l’emprisonnement de l’océan et à l’asservissement de la lumière ? Versets 2 à 15. ― 2° A-t-il découvert le secret des mystères de la nature, versets 16 à 30, et ― 3°, en particulier des lois qui régissent les astres ? Versets 31 à 38.
38.3 Ceins, etc. Ceindre ses reins se disait chez les anciens Hébreux d’un homme qui entreprend un voyage, ou qui va au combat.
38.7 Les fils de Dieu ; c’est-à-dire les anges. Comparer à Job 1, 6.
38.12 Son lieu ; le lieu où elle doit naître.
38.14 Elle ; c’est-à-dire la terre, après que les méchants en auront disparu, la terre reprendra son ancienne forme, comme une terre molle reprend la sienne, après qu’on y a appliqué un cachet, parce qu’elle n’a pas assez consistance pour conserver l’empreinte du cachet. ― Un vêtement magnifique, splendide ; c’est le sens de l’hébreu. ― Une terre molle de cachet. Les Orientaux se servent encore aujourd’hui, en guise de cire à sceller, d’une argile particulière.
38.21 Alors ; quand j’ai créé toutes ces choses.
38.22-23 Dieu tient la foudre, la neige, la grêle, les vents, la tempête, comme des armes toutes prêtes à agir contre ses ennemis. Comparer : Psaume 32, 7 ; 134, 7 ; Jérémie, 10, 13 ; 50, 25.
38.39 Empliras-tu l’âme ; c’est-à-dire rassasieras-tu la faim. ― IIe partie du discours de Dieu, du chapitre 38, verset 39 au chapitre 39, verset 35. Description du règne animal. ― 1° Nourriture du lion et du corbeau, enfantement de la biche, du chapitre 38, verset 39 au chapitre 39, verset 4. ― 2° Comparaison des animaux domestiques avec les animaux sauvages, du buffle avec le bœuf, de l’onagre avec l’âne, chapitre 39, versets 5 à 12. ― 3° Description de l’autruche, versets 13 à 18. ; ― 4° du cheval, versets 19 à 25 ; ― 5° de l’aigle, versets 26 à 30. ― Après ce tableau de sa puissance, Dieu demande à Job s’il va lui répondre. Job confesse qu’il a parlé avec légèreté et qu’il aurait dû se taire, versets 31 à 35.
38.41 Voir Psaume 146, 9.
39.1 Dans l’original, le premier animal est nommé littéralement grimpeur de rochers, c’est-à-dire chèvre sauvage, bouquetin, sorte de chamois semblable à celui de la Suisse et des Alpes Tyroliennes, qui habite les endroits les plus escarpés.
39.2 Les mois de leur conception ; c’est-à-dire les mois qui se sont écoulés depuis le moment où elles ont conçu leur fruit.
39.5 L’onagre. Cet animal est très célèbre en Orient à cause de la rapidité de sa course, et c’est de cette qualité qu’il paraît tirer son nom oriental. On assure qu’aucun cavalier ne peut l’atteindre. Les poètes orientaux comparent à un troupeau d’onagres un escadron de cavaliers qui passent avec la rapidité de l’éclair. C’est un animal très sauvage, d’un roux cendré, à longues oreilles, qui vit en troupes dans les déserts.
39.6 Une terre de sel ; c’est un terrain rempli de nitre, inculte, stérile.
39.10 A tes traits ; aux traits de ta charrue. ― Après toi ; en labourant, les animaux vont devant le labourant, et en hersant. ― Vallons ; c’est-à-dire sillons, comme ont traduit les Septante.
39.13 Littéralement dans l’original : L’aile de l’autruche bat avec allégresse ; est-ce l’aile pieuse (de la cigogne qu’on appelle pieuse à cause de sa tendresse pour ses petits) ? Non ; est-ce l’aile prenant l’essor (ou l’aile de l’épervier) ? Non, car elle ne vole pas.
39.14 Les naturalistes et les voyageurs rapportent sur ce point des choses contradictoires. Si l’autruche ne néglige pas entièrement ses œufs, il paraît du moins certain qu’elle en prend peu de soin, surtout dans les jours qui suivent la ponte, et qu’elle les abandonne toujours quand elle est poursuivie par les chasseurs.
39.15 L’autruche fait son nid dans un trou qu’elle creuse dans le sable. Les œufs mal enterrés ou dispersés sont souvent la proie des chacals et des hyènes.
39.16 L’autruche travaille en vain, en pondant des œufs, en les plaçant dans un nid, en les couvant même pour un temps, puisqu’après cela elle les abandonne sans y être forcée par aucun motif de crainte. Si quelquefois les autres oiseaux quittent leur nid, c’est ou parce que leurs œufs ont été refroidis, ou qu’on a dérangé leur nid, ou qu’on les en a chassés et qu’on les a effarouchés. Mais l’autruche abandonne ses œufs, sans y être obligée par aucune de ces raisons.
39.17 On sait que l’autruche est un animal oublieux et stupide. C’est ainsi que la dépeignent les naturalistes. ― Plus sot qu’une autruche, dit un proverbe arabe.
39.18 Elle se rit ; etc. Pline dit (liv. X, chap. I) que, lorsque l’autruche est poursuivie par les chasseurs, elle étend ses ailes dont elle s’aide, comme de voiles, pour courir, et qu’elle court ainsi avec une vitesse qui approche du vol le plus rapide. Diodore de Sicile ajoute (liv. II) qu’en courant elle lance des pierres avec ses pieds par derrière si violemment que souvent elle tue les chasseurs. ― Les naturalistes confirment ces détails. « La course des autruches est très rapide, dit l’un d’eux. Les lévriers les plus agiles ne peuvent les atteindre. L’Arabe lui-même, monté sur son cheval, est obligé de recourir à la ruse pour les prendre, en leur jetant adroitement un bâton dans les jambes. Dans leur fuite, elles lancent derrière elles des cailloux comme des traits contre ceux qui les poursuivent. »
39.20 Le souffle si fier de ses narines répand la terreur. Un cheval, animé et échauffé, montre une certaine audace par le souffle de ses narines, qui inspire de la crainte à ceux qui le voient.
39.26 déploie ses ailes vers le midi. Ce mot fait allusion à l’habitude qu’a d’émigrer l’épervier dont il est question.
39.30 Partout où est un cadavre. L’aigle ordinaire ne se nourrit pas de cadavres, mais il en existe une espèce qui les dévore volontiers. De plus, tous les aigles mangent les corps morts, avant qu’ils aient commencé à se corrompre.
40.1 IIIe partie, chapitres 40 et 41. ― Pour lui faire reconnaître encore davantage son néant, Dieu continue : ― 1° Que Job montre sa sagesse en maîtrisant ce qu’il y a de plus indomptable au monde. Mais il n’est pas même en état de dominer Béhémoth, c’est-à-dire l’hippopotame, qu’on rencontre dans les eaux du Nil, en Égypte, où on l’appelait péhémouth, nom devenu, en hébreu, Béhémoth, c’est-à-dire « les bêtes ou le grand animal », chapitre 40, versets 2 à 19. ― 2° Il ne peut dompter non plus Léviathan, mot qui désigne le crocodile ; combien moins peut-il donc lutter contre Dieu, du chapitre 40, verset 20 au chapitre 41, verset 3. ― 3° Puissance redoutable et beauté de Léviathan, chapitre 41, versets 4 à 13. ― 4° Tableau de sa supériorité et de sa souveraineté incontestée dans son royaume, versets 14 à 26. ― Les chapitres 38 et 39 avaient parlé des animaux de la terre et des animaux de l’air ; la description se termine ainsi par les animaux aquatiques ou amphibies, par les deux animaux les plus singuliers de l’Égypte.
40.2 Ceins tes reins. Voir Job 38, 3.
40.4 Semblable à celle de Dieu.
40.10 Béhémoth ; à la lettre, bêtes d’une énorme grosseur, est ici un pluriel d’excellence. Quant à l’animal particulier que ce mot désigne, c’est la baleine, selon les anciens exégètes ; l’éléphant, selon quelques modernes ; mais Bochart semble avoir prouvé qu’on doit l’entendre de l’hippopotame. Les Pères de l’Église appliquent au démon ou aux méchants animés de son esprit ce qui est dit ici de Béhémoth. ― Le nom de Béhémoth est hébreu, mais il a été vraisemblablement choisi à cause de sa ressemblance avec le mot égyptien Pehemouth, l’hippopotame, littéralement le bœuf d’eau, composé de p, article, ehe bœuf, et mout eau. Il se nourrit d’herbe comme le bœuf. Ce trait est relevé parce qu’il est surprenant dans un animal qui vit dans l’eau. C’est parce qu’il est herbivore que cet animal est malfaisant. Il ravage pendant la nuit les récoltes sur le bord du Nil.
40.11 Plusieurs commentateurs ont cru reconnaître l’éléphant dans Béhémoth. Le trait que nous avons ici : sa vertu dans le nombril de son ventre convient parfaitement à l’hippopotame, mais non pas à l’éléphant dont la peau du ventre est assez tendre. A 1 Machabées 6, 46, Éléazar, tue un éléphant en lui perçant le ventre.
40.15 L’hippopotame a des dents de la forme d’un sabre recourbé, harpé ; et l’éléphant, outre ses dents, a une trompe pour défense. ― Tous les commentateurs reconnaissent aujourd’hui dans ce glaive les dents de l’hippopotame. « Avec ses dents, dit Wood, l’hippopotame peut courber l’herbe aussi régulièrement qu’avec une faux. » Ces dents, dit l’abbé Prévot, dans son Histoire des voyages, « sont plus dures et plus blanches que l’ivoire. » L’hippopotame va paître sur les collines qui bordent le Nil dans l’Égypte supérieure. Tous les animaux des champs se jouent autour de lui. Comme il est herbivore et non carnivore, les autres animaux n’ont pas à le redouter.
40.23 Allusion aux crues du Nil. Le Jourdain désigne ici, non le Jourdain de Palestine, mais le Nil.
40.24 On prendra, on percera, littéralement et par hébraïsme, il prendra, il percera. On emploie souvent en hébreu un verbe actif d’une manière impersonnelle.
40.25 Léviathan ; c’est le crocodile, selon l’opinion commune. Voir Job 3, 8. Les Pères expliquent allégoriquement du démon ce qui est dit dans ce récit de Léviathan. ― Léviathan est moins un nom spécial qu’un nom générique. Étymologiquement, il signifie une chose qui se replie en guirlande, un serpent. Ici, il est appliqué au crocodile.
40.26 Un passage du Voyage à la recherche des sources du Nil, de J. Bruce, nous donne un excellent commentaire de ce verset. Ce voyageur raconte que les pêcheurs des bords du Nil, quand ils prennent un poisson, le tirent à terre, lui passent un anneau de fer dans les branchies et le rejettent dans le fleuve, après lui avoir fait passer dans l’anneau une corde qui est solidement attachée au rivage. « Ceux qui désirent du poisson l’achètent ainsi vivant. Nous en achetâmes deux et le pêcheur nous en montra dix ou douze autres qui étaient ainsi prisonniers dans l’eau. »
40.30 Des amis, etc. Tes amis découperont-ils le Léviathan sur ta table, ou des marchands en feront-ils trafic ? ― Ou plutôt, les associés, les pêcheurs qui s’unissent ensemble pour la pêche. ― Quoique le crocodile fût sacré dans quelques parties de l’Égypte, à Eléphantine et à Apollinopolis, on le salait, et on le vendait par morceaux, mais on ne pouvait le faire souvent, parce que comme l’indique le verset 26, il était très difficile de le prendre. ― Des marchands, en hébreu ; les Chananéens ou Phéniciens qui étaient des marchands si fameux que leur nom étaient devenu synonyme de marchands.
40.31 Harponnait-on déjà le crocodile au temps de Job ? Ce verset semble prouver le contraire, ou au moins l’inefficacité du procédé. D’ailleurs encore aujourd’hui le harpon est généralement sans résultat, à moins qu’il ne frappe l’animal juste entre le cou et la tête ou dans le ventre. Les balles glissent sur ses écailles sans les entamer.
40.32 Si tu l’attaques, tu te souviendras du combat par les nombreuses et sanglantes blessures que tu y auras reçues et tu n’oseras pas en parler.
41.6 La gueule du crocodile est si vaste, qu’il dévore et avale aisément un homme.
41.10 Ses yeux sont comme les paupières de l’aurore. Les yeux du crocodile sont en égyptien le signe hiéroglyphique qui désigne l’aurore.
41.17 Lorsque le crocodile paraîtra hors de l’eau, les hommes les plus puissants, les plus considérables du pays, seront saisis de frayeur et d’épouvante. ― Ils se purifieront de leurs péchés, en faisant pénitence.
41.18-22 La nature a pourvu à la sûreté des crocodiles en les revêtant d’une armure presque impénétrable ; tout leur corps est couvert d’écailles, excepté le sommet de la tête, où la peau est collée immédiatement sur l’os… Ces écailles carrées ont une très grande dureté et une flexibilité qui les empêche d’être cassantes ; le milieu de ces lames présente une sorte de crête dure qui ajoute à leur solidité. Thévenot, compare le dos du crocodile, à cause de ces pointes, à une porte qui serait toute garnie de clous de fer et si dure qu’aucune lance ne pourrait la percer.
41.23 La mer. Le crocodile se tient ordinairement dans les eaux douces ; mais il ne faut pas oublier que le Nil est appelé dans l’Écriture mer, à cause de sa grandeur et de ses inondations réglées, et qui durent si longtemps, et que dans le style des Hébreux tous les grands amas d’eaux, les lacs, les étangs, portent le nom de mers.
41.24 Derrière lui, etc. La rapidité et le mouvement du crocodile dans l’eau sont tels, qu’il laisse des traces de son passage par un long sillon d’écume et par la blancheur de l’eau semblable aux cheveux blancs d’un vieillard.
42.1 Réponse de Job, versets 1 à 6. ― La seconde réponse de Job à Dieu est courte, mais complète, versets 1 à 6. Il savait que Dieu était grand et que sa conduite est incompréhensible, mais il ne le sentait pas assez ; il confesse qu’il a eu tort de vouloir se mesurer présomptueusement avec Dieu et il le prie de lui pardonner. La discussion se termine donc comme cela devait être, par la victoire complète de Dieu, victoire avouée et acceptée de l’homme qui ne peut en remporter lui-même d’autre que celle-là : reconnaître son néant en présence de son créateur.
42.7 Ve partie : Épilogue, versets 7 à 16. ― L’épreuve de Job est maintenant finie. Il a déjoué, sans le savoir, le plan de Satan : ― 1° Dieu proclame son innocence devant ses amis, et leur injustice n’est pardonnée que par son intercession, versets 7 à 9. ― 2° Job lui-même est récompensé : il saura que l’épreuve bien supportée devient une source de bonheur ; il reçoit le double des biens qu’il avait perdus, versets 10 à 15. ― 3° Il en jouit 140 ans et meurt plein de jours, verset 16.
42.8 Ce passage condamne formellement les hérétiques, qui s’élèvent contre l’intercession des saints reconnue par l’Église catholique, et qui prétendent qu’elle déroge à l’unique médiateur qui est Jésus-Christ. Car on voit ici Job établi de Dieu même, intercesseur, et en quelque sorte médiateur entre ses amis et Dieu irrité contre eux. On ne conçoit pas comment l’invocation ou l’intercession des saints, que l’Église catholique nous enseigne, déroge davantage à la médiation de Jésus-Christ.
42.10-12 Job, en priant pour ses amis, selon l’ordre que Dieu lui en a donné, s’humilie lui-même en sa présence, et son humiliation, jointe à cette charité qui le portait à intercéder pour ceux qui l’avaient outragé, lui fit mériter pour récompense une grande augmentation dans tous ses biens. Mais, comme le remarque saint Augustin, (Epist. CXX, chap. X), c’eût été peu de choses pour Job que de recevoir temporellement le double de ce qu’il avait possédé auparavant, pour récompense de cette admirable fermeté avec laquelle il avait souffert une si terrible épreuve de sa vertu. C’est donc principalement la béatitude de l’autre vie que le Saint-Esprit a voulu nous figurer par cette prospérité beaucoup plus grande que la première dont le Seigneur récompensa sa fidélité.
42.13 Et leur père leur donna, etc. ; c’est-à-dire que Job donna à ses filles leur part dans son héritage comme à ses fils. L’auteur du livre de Job, qui était Hébreu, fait cette remarque, parce que dans sa nation les filles n’héritaient pas, quand elles avaient des frères (voir Nombres 27, 8). L’usage contraire était établi dans l’Arabie, nous le voyons confirmé par Mahomet dans le Coran. On voit la même chose parmi les Romains, dans les lois des douze Tables et dans leurs lois civiles.
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