Lettre de saint Paul aux Hébreux
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Explications verset par verset sur JesusMarie.com
Introduction
Le titre primitif parait avoir été simplement, d'après les manuscrits les plus anciens, πρὸς Ἑϐραίους, « ad Hebræos ». C'est à tort qu’on a contesté parfois au XIXème siècle le caractère épistolaire de cet écrit. Il est vrai qu‘on ne trouve pas, au début (non plus que dans la première lettre de saint Jean), la salutation habituelle ; mais les derniers versets, 13, 22-25, et la teneur générale prouvent jusqu'à l'évidence que l'auteur a vraiment voulu écrire une lettre proprement dite, et non pas un traité dogmatique.
1° Le sujet traité, la division. — Cette lettre, dont on a dit à bon droit qu’ elle n’a pas sa pareille parmi les lettres du Nouveau Testament, démontre d’une manière systématique, et avec une rare élévation de langage, que la religion fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ l’emporte de beaucoup sur l'ancienne religion judaïque, que la nouvelle alliance est incomparablement supérieure à l’ancienne.
Procédant avec une méthode rigoureuse et une grande clarté, l’auteur établit d’abord un parallèle entre les agents révélateurs des deux alliances, qui étaient d’une part, pour la théocratie juive, les anges et Moïse, de l'autre, pour la religion chrétienne, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Jésus est infiniment au-dessus des anges et de Moïse : tel est le résultat de cette comparaison. Vient ensuite un autre contraste, sur lequel il est insisté davantage et qui forme vraiment la partie centrale de la lettre. Il porte sur les sacerdoces des deux religions, avec les développements que voici. 1° La personne même des prêtres : Jésus-Christ, pontife selon l’ordre de Melchisédech, est bien supérieur à Aaron et à ses successeurs ; tandis que ceux-ci étaient mortels et pécheurs, Jésus est notre pontife éternel, unique, parfaitement saint. 2° Le local du culte : autrefois un simple tabernacle, une tente, tandis que le Christ exerce ses fonctions sacerdotales dans le ciel même. 3° Les sacrifices offerts : sous l’ancien Testament, des victimes immolées par milliers et sans relâche, parce qu’elles étaient incapables par elles-mêmes d’effacer les péchés ; sous le nouveau Testament, une seule victime, Jésus-Christ, victime idéale, immolée une seule fois, parce que sa vertu est toute-puissante.
A plusieurs reprises (cf. 2, 1-4 ; 3, 7-4, 13 ; 5, 11-6, 20), l’auteur interrompt sa démonstration, pour adresser à ses lecteurs des exhortations, des avertissements, des reproches. Et même, à partir de 10, 19, jusqu’à la fin de la lettre, c'est l'exhortation qui a la part prépondérante, car elle n’est guère interrompue qu'au chapitre 11, par la magnifique description des « héros de la foi » sous l’ancienne alliance.
On le voit par ce court exposé, la marche des pensées est des plus simples. Deux parties, dont la première est surtout dogmatique, et la seconde surtout morale. Cette division est très communément adoptée, et elle a réellement sa raison d'être, quoiqu'il règne une grande unité dans tout l'écrit, qui est, dans toute son étendue, comme le dit l'auteur lui-même, un λόγος παραϰλήσεως, une parole d'exhortation, cf. 13, 22.
La première partie, 1, 1-10, 18, démontre la thèse qui a été résumée plus haut. Elle se subdivise en deux sections : Jésus, en tant que fondateur du christianisme, est supérieur aux anges et à Moïse, qui avaient servi d’intermédiaires entre le Seigneur et les Hébreux pour l’institution de l’ancienne théocratie (1, 1-4, 13). 2° Notre-Seigneur, en tant que souverain prêtre de la nouvelle alliance, l’emporte de toutes manières sur Aaron et les autres pontifes de l’Ancien Testament (4, 14-10, 18). Dans la deuxième partie, 10, 19-13, 17, nous trouvons une longue série d'exhortations, d’un caractère d’abord plus général et se rattachant plus étroitement à la thèse dogmatique (c’est la première section, 10, 19-12, 29), puis d’une nature plus spéciale (c’est la deuxième section, 13, 1-17). Un court épilogue, 13, 18-25, sert de conclusion à la lettre.
2° Le but et l'occasion de la lettre. — Le but est au fond le même que dans les lettres aux Romains et aux Galates. Ces trois lettres, en effet, tendent à démontrer que le salut messianique n’est pas procuré par les œuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ ; ici, cependant, la méthode, l'argumentation, les moyens dialectiques diffèrent notablement.
L'auteur, nous l'avons vu, présente lui-même sa lettre comme « une parole d’exhortation », d’encouragement ; la Vulgate et les anciennes versions disent avec une nuance, mais moins exactement : parole de consolation. Elle est, en réalité, constamment cela. L’objet de cette exhortation est de maintenir dans la fidélité à Jésus-Christ et au christianisme ceux auxquels elle s’adresse. Aussi les met-elle en garde à tout instant, soit par les avertissements de longue haleine dont il était question plus haut, soit par des appels vibrants, directs ou indirects, qui retentissent à travers tout l’écrit (voyez, sous le rapport négatif, 2, 3 ; 3, 12 ; 4, 1 ; 6, 6 ; 7, 19 ; 10, 26, 29, 35 ; 12, 15, etc. ; sous le rapport positif, 4, 11, 14, 16 ; 6, 11 ; 10, 19, 22 ; 12, 28, etc.), contre tout ce qui pourrait les conduire à l'apostasie. Telle est bien la préoccupation capitale de l'auteur. Mais il se sert d’un exposé théorique pour atteindre ce but moral et pratique. De là sa grandiose démonstration dogmatique, destinée à fortifier les lecteurs dans la foi chrétienne, et, par conséquent, à les mieux encourager à une persévérance inébranlable.
Ils se trouvaient, en effet, dans une situation à la fois pénible et dangereuse (cf. 2, 1-4 ; 3, 7 et ss.; 4, 1-13 ; 10, 26 et ss. ; 12, 25 et ss.). Sans être persécutés jusqu’au sang, ils enduraient, de la part de leurs concitoyens demeurés infidèles, toutes sortes de vexations douloureuses (cf. 12, 1 et ss.), qui créaient un péril pour leur foi, d’autant plus qu’ils s’étaient un peu relâchés de leur ferveur première (cf. 5, 11-14 ; 6, 1-3, 9-12 ; 10, 25 et ss., 32-39). L'auteur, redoutant de les voir succomber, s’empresse de remonter leur courage par ses exhortations éloquentes.
3° Les destinataires sont très exactement désignés par le titre aux Hébreux, qui existe « d’antiquité immémoriale » dans tous les manuscrits grecs comme dans toutes les versions, qui exprime le sentiment unanime des commentateurs des dix-huit premiers siècles, et qui s’harmonise fort bien avec le contenu de la lettre.
Ce nom d’Hébreux n’est employé qu’en trois autres endroits du Nouveau Testament (cf. Actes des Apôtres 6, 1 ; 2 Corinthiens 11, 22 ; Philippiens 3, 5. Dans le premier de ces passages, cette appellation représente les Israélites qui parlaient la langue hébraïque, par opposition à ceux de leurs coreligionnaires qu’on surnommait « Hellénistes », parce que, dispersés à travers l'empire, ils avaient adopté la langue grecque. Dans les deux autres, elle désigne les Juifs en général, par opposition aux païens. C'est la première de ces deux significations qui lui convient davantage ici, comme il sera dit plus bas). C’est la dénomination nationale des descendants d’Abraham, en tant qu’ils étaient venus, en la personne de leur illustre aïeul, d’ « au delà » de l’Euphrate (‘Eber, au delà ; ‘Ibri, Hébreu), de la lointaine Chaldée. Dans toute cette lettre, il s’agit évidemment de Juifs convertis au christianisme.
La tradition est très ancienne et très nette sur ce point . Elle était déjà formulée par saint Clément pape et par Tertullien, de Pudic., 20. Elle le fut plus tard par Origène, Clément d'Alexandrie, Eusèbe, saint Jérôme, saint Jean Chrysostome, Théodoret. Il est à noter en outre que les deux grands docteurs alexandrins, Clément et Origène, disent tenir cette opinion des anciens auteurs, voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 25, 11-14.
Indépendamment de la tradition, ce sentiment est démontré jusqu’à l’évidence par la lettre même. 1° Le sujet, tel qu’il est présenté dans le détail par l’auteur, convient admirablement à des Juifs convertis, nullement à des chrétiens issus du paganisme. 2° Le but de la lettre nous conduit à la même conclusion, car, le commentaire le montrera clairement, l’apostasie de laquelle l’écrivain sacré travaille à détourner ses lecteurs consistait à retomber, non dans le paganisme, comme l'ont prétendu quelques exégètes du XIXème siècle, mais dans le judaïsme. 3° Tout du long, l’auteur appuie son argumentation sur des textes bibliques : il suppose donc que ses lecteurs connaissaient à fond les écrits de l'Ancien Testament ; or, tel n'était pas alors le cas pour des païens d’origine. 4° Même remarque à faire à propos des réflexions empruntées très fréquemment par l’auteur à l'histoire, aux institutions et aux coutumes juives (voyez en particulier 4, 15 et ss.; 6, 2 ; 9, 10, 13 ; 10, 22, 23, 26 ; 11, 1 et ss. ; 13, 9, etc.). Seuls, des lecteurs ayant appartenu au judaïsme pouvaient être familiarisés avec ces détails multiples, comprendre ces allusions réitérées. Un tel genre d'argumentation eût été à peine accessible à des païens. D’ailleurs, il est dit explicitement, 1, 1-2, que les destinataires avaient des Israélites pour ancêtres ; 2, 16, ils sont nommés postérité d’Abraham ; 12, 1 , ils sont mis en relations intimes et directes avec une « nuée de témoins », c'est-à-dire, avec les héros de la foi sous l’Ancien Testament énumérés au chapitre 11. Bref, tout suppose que le milieu auquel s’adresse la lettre était « d’éducation juive ». Voyez encore les passages suivants : 2, 1-2 ; 3, 2 ; 6, 6 ; 10, 28-29 ; 12, 18-22, 24 ; 13, 14, etc.
Mais nous pouvons mieux déterminer encore quels étaient les « Hébreux » pour lesquels fut écrite cette admirable lettre. Toujours d'après le sentiment traditionnel, très conforme au contenu de la lettre, c'est en Palestine, surtout à Jérusalem et dans ses alentours, que nous devons les chercher.
1° Dans ces pages, on ne trouve pas la moindre trace de païens convertis, coexistant à côté de chrétiens issus du judaïsme ; la chrétienté à laquelle s'adresse l’auteur ne paraît avoir été composée que de Juifs ; or, ce fait ne se rencontrait pas en dehors de la Palestine. Eusèbe, l. c., 4, 5, affirme savoir de source certaine que, jusqu'à l'époque de la révolte des Juifs sous Adrien, au second siècle, la chrétienté de Jérusalem était entièrement composée d’« Hébreux ». Voyez aussi les Homélies Clémentines, 11, 35.
2° C’est là seulement aussi, et spécialement à Jérusalem, que la théocratie, si bien décrite dans la lettre, vivait encore presque dans toute sa force et sa splendeur.
3° La lettre nous montre les destinataires en rapports intimes, incessants, personnels, avec les cérémonies du culte juif, les sacrifices, les purifications, etc.
4° L’oppression et les vexations auxquelles ils étaient en butte (cf. 10, 32-34 ; 12, 4 et ss. ; 13, 3) n’ont rien de commun avec celles qui éclatèrent plus tard contre les chrétiens, soit à Rome, soit dans tout le reste de l’empire, et qui furent autrement terribles ; ce sont celles que les Juifs convertis enduraient de la part de leurs compatriotes demeurés non-croyants.
5° Ce qui est dit de leurs chefs morts antérieurement pour la foi (13, 7), de leur conversion qui remontait déjà à un certain temps (5, 12 et ss. ; 10, 32), de leur brillant passé (6, 19 et ss. ; 10, 32-34), nous conduit au même résultat. C'est donc sans motif suffisant qu’on a supposé, au XIXème siècle, que la lettre a été écrite pour des judéo-chrétiens de Rome ou d'Alexandrie.
Notons aussi que la lettre aux Hébreux suppose une chrétienté très distincte, très concrète, qui a ses chefs, ses lieux de réunion (cf. 10, 25 ; 13, 7, 17, 24). L’auteur, qui a déjà vécu au milieu d’elle, se propose de la visiter bientôt (cf. 13, 19, 23). Il suit de là qu’on a eu tort parfois de prétendre que la lettre était destinée aux « communautés dispersées de la Judée », ou même, d'une manière encore plus générale, à « un groupe d’Églises d’origine juive ». A plus forte raison doit-on rejeter le sentiment de quelques exégètes du XIXème siècle, au dire desquels les destinataires de la lettre auraient été d’origine païenne, nullement d’origine juive. Ce n’est là qu’un paradoxe sans fondement. La lettre entière, aussi bien que la tradition, protestent contre cette audacieuse assertion. D’ailleurs, ses fauteurs peu nombreux ne peuvent se mettre d’accord pour désigner la chrétienté spéciale à laquelle la lettre aurait été destinée.
4° La langue originale. — D’après Clément d’Alexandrie (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14), c’est en hébreu (ἑϐραΐϰῇ φωνῇ), c'est-à-dire, dans l’idiome araméen que l’on parlait encore à Jérusalem et en Palestine au premier siècle de notre ère, qu’aurait été composée la lettre aux Hébreux. Cette opinion fut presque unanimement admise dans l’antiquité, et l’autorité d’Eusèbe (Histoire Ecclésiastique 3, 38), de saint Jérôme (« Hébreux qui écrivait en hébreux à des Hébreux, il maîtrisait sa langue maternelle à la perfection. Mais ce qui avait été écrit avec éloquence en hébreux a été rendu en grec avec encore plus d’éloquence. »), etc., ne contribua pas peu à la généraliser durant de longs siècles. Cependant, l'illustre élève de Clément d’Alexandrie, Origène, abandonna sur ce point le sentiment de son maître, une étude attentive de la lettre l'ayant convaincu qu’on n’y trouve pas les particularités (τὸ ἰδιώτιϰον) du style de saint Paul ; d’où il concluait qu’un autre, sans doute un disciple du grand apôtre, avait donné aux pensées de Paul leur vêtement extérieur. D’après lui, la langue originale aurait donc été le grec, et non l'hébreu. Au XIXème siècle, l’accord tendait à se faire dans ce même sens, et la plupart des exégètes, sans distinction de parti (parmi les catholiques, citons MM. Kaulen, van Steenkiste, Fouard, B. Schæfer, le P. Cornely, etc.), admettaient que la lettre aux Hébreux fut écrite en grec, comme tous les autres livres du Nouveau Testament, à part le premier évangile.
Telle est, en effet, l’hypothèse la plus vraisemblable. Le texte grec est vraiment de telle nature (voyez ce qui sera dit plus bas du style), qu’il semble exclure toute supposition d’un écrit original en langue hébraïque. Rien n’y manifeste le traducteur ; tout au contraire, «il porte visiblement un cachet primesautier.» On y rencontre fort peu d'hébraïsmes (par exemple, 1, 3 ; 5, 7 ; 9, 5, etc.) ; on sent que l’écrivain pensait en grec et non en hébreu. En outre, les citations de l’Ancien Testament sont toujours faites d’après les Septante : ce qui favorise encore l’hypothèse d'un original grec. Certaines allitérations ou paronomases (par exemple : 5, 8 : ἔμαθεν ἀφʹ ᾧν ἔπαθεν ; 10, 38-39, ὑποστείληται, ὑποστολῆς ; 13, 14, μένουσαν, μέλλουσαν. Voyez aussi 1, 1 ; 2, 10 ; 7, 23-24 ; 9, 28, etc.) que l’on rencontre çà et là s’expliquent moins facilement si le texte grec actuel n’est qu’une traduction.
Voici encore quelques autres particularités que l’on regarde comme concluantes et décisives. 9, 5 et 16, l'auteur donne successivement au mot διαθήϰη deux significations distinctes (alliance et testament). Mais le mot hébreu correspondant, berit, n’a que la première : d’où il suit que le texte primitif de ce passage n’a guère pu être l’hébreu. Même conclusion à tirer de l'argumentation faite, 10, 5 et ss., sur le Psaume 39, 7-8 : elle s’harmonise avec la version des Septante. Voyez encore les passages suivants : 1, 6-7 ; 2, 5-8 ; 6, 1 ; 9, 2 et ss. ; 10, 37 ; 12, 5 et ss., 26 et 2.
Quoique les destinataires fussent des «Hébreux» de Jérusalem et de Palestine, dont l’idiome maternel était l’araméen, ils comprenaient certainement le grec, et aucune objection sérieuse ne peut être faite de ce côté. C'est également en grec que saint Jacques écrivit sa lettre adressée « aux douze tribus ». Cf. Jac. 1, 1.
5° Comme nous l’avons insinué, le style est vraiment remarquable à tous les points de vue, et d’une telle pureté, qu’aucune autre partie du Nouveau Testament ne peut être comparée à notre lettre sous ce rapport. Elle nous est parvenue dans un excellent état de conservation. Sans doute, ce n’est pas le grec classique qu’elle emploie, mais l’idiome judéo-hellénique des Septante et du Nouveau Testament ; toutefois, cette réserve faite, le style de la lettre aux Hébreux est d’une étonnante richesse et d’une rare élégance.
En ce qui concerne le vocabulaire, c'est-à-dire les matériaux du langage, la quantité des mots employés est extraordinaire. La lettre contient de nombreuses expressions qui n’apparaissent pas ailleurs dans le Nouveau Testament (on en a compté jusqu'à cent quarante), ni dans les Septante, ni même dans la littérature grecque, de sorte qu’elle a réellement un domaine philologique qui lui est propre. Ce fait suppose que l’auteur maniait le grec avec aisance. Il use plus fréquemment des verbes composés qu’aucun autre écrivain du Nouveau Testament ; il aime les verbes en ιζειν (environ quatorze ; par exemple, ἀναϰαινίζειν, πρίζειν, etc.), les substantifs en σις (entre autres, ἀθέτησις, αἴνεσις, ὑπόστασις : quinze environ) ; ὅθεν est sa conjonction préférée.
Mais son habile agencement des mots attire encore davantage l’attention. Il n’y a qu’une voix parmi les littérateurs, comme parmi les exégètes, pour vanter ses belles périodes arrondies (notez en particulier les passages 1, 1-3 ; 2, 2-4 ; 5, 1-6 ; 6, 16-20 ; 7, 26-28 ; 10, 19-25 ; 12, 1-2, 18-24, etc.), l’art exquis avec lequel il donne à chaque mot sa véritable place, ses épithètes toujours bien choisies, le rythme parfait des propositions, l’emploi d'expressions euphoniques, ses amplifications calmes et majestueuses. Tout est soigné et pondéré dans son style, sans que rien soit jamais gâté par une tendance trop visible à produire de l'effet. On sent partout l’écrivain exercé, qui savait d’avance ce qu'il voulait dire, et qui réussit toujours à bien l’exprimer. Ses images sont nombreuses et dramatiques, voyez en particulier 2, 1 ; 4, 12 ; 6, 7-8, 19 ; 10, 20 ; 11, 13 ; 12, 1.
6° La question relative à l'auteur a été de tout temps fort débattue. Nous interrogerons successivement à son sujet la tradition ecclésiastique et la lettre elle-même.
1. Les plus anciens témoignages sont ceux de saint Panthène et de Clément d’Alexandrie (voyez Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14. Clément d'Alexandrie, Stromates, cite Hebreux 5, 12, avec cette formule d'introduction : « Paul écrivait aux Hébreux. »), qui la regardaient comme l'œuvre immédiate de saint Paul. Origène affirme (dans Eusèbe, l. c., 6, 25. Lui aussi, il introduit plusieurs fois des passages de la lettre aux Hébreux par des formules qui attribuent ouvertement la composition à saint Paul) que « ce n’est pas en vain que les anciens (οἱ ἀρχαῖοι ἄνδρες, expression qui désigne évidemment les premières générations chrétiennes) l’ont transmise comme étant de Paul. » Et cette attestation d’Origène est d’autant plus précieuse, qu’il est fidèle à mentionner ailleurs les doutes qui existaient çà et là sur l'origine paulinienne de la lettre. Les célèbres évêques d’Alexandrie, Denys, Pierre, Alexandre, saint Athanase et saint Cyrille (Ep. fest. : « De l'apôtre Paul il existe quatorze lettres : ... les deux aux Thessaloniciens et celle aux Hébreux. »), le concile tenu en 264 contre Paul de Samosate, l’historien Eusèbe (Histoire Ecclésiastique, 2, 17, etc.), Théophile d’Antioche, saint Cyrille de Jérusalem, Jacques de Nisibe, saint Éphrem, saint Épiphane, saint Grégoire de Nazianze, saint Grégoire de Nysse, saint Jean Chrysostome et d’autres encore n’hésitent pas à regarder saint Paul comme l'auteur de notre lettre. On le voit, tous ces grands noms résument la tradition des différentes Églises d’Orient : tradition très ancienne, très ferme et très explicite.
En Occident, l’opinion ne fut pas tout d’abord unanime sur le point en question. C’est ainsi que, d’après Eusèbe (Loc. cit. ), le prêtre romain Caius n’aurait pas compté la lettre aux Hébreux parmi les écrits de saint Paul. Tertullien (De Pudicit., 20) va plus loin, et l’attribue directement à saint Barnabé. Saint Cyprien ( Adv. Jud., 1, 20) ne mentionne que sept Églises auxquelles l’apôtre des païens aurait écrit, et parmi elles il ne signale pas celle des « Hébreux ». Peu à peu cependant, surtout à la suite de l'arianisme, on se mit, dans l’Église d’Occident comme dans l’Église d’Orient, à regarder saint Paul comme l’auteur de la lettre aux Hébreux. Saint Hilaire de Poitiers (De Trinit., 4, 10, etc.), Lucifer de Cagliari, saint Ambroise, Rufin, saint Jérôme et saint Augustin (ces deux savants docteurs signalent fréquemment, eux aussi, les doutes qui existaient dans l'Église latine ; mais ils préférèrent suivre, comme ils disent, « l’autorité des anciens auteurs.» Voyez saint Jérôme, ad Dardan., ep. 129, 3 ; de Vir. ill., 5, etc.; saint Augustin, de Civit. Dei, 16, 22 ; Enchir., 8, etc. ; Rufin, Symb. Apost., 37), les conciles d’Hippone (« L’apôtre Paul a écrit treize lettres. Et, du même, une aux Hébreux.») (en 393), de Carthage (397 et 419), de Rome (en 494), attestent la croyance, comme aussi, le cas échéant, les hésitations de leurs contemporains sur ce point.
De tout cela, se dégage clairement ce fait que, dans l’ancienne Église, saint Paul a été regardé d'abord généralement, puis à l'unanimité, comme étant, au moins dans le sens large de l'expression, l’auteur de la lettre aux Hébreux. Nous reviendrons plus bas sur les nuances avec lesquelles cette croyance s'est produite, et sur les conclusions qu'il faut en tirer. C'est là en réalité le sentiment catholique, dont il serait téméraire de s’écarter : Dans le sens large dont nous parlons, le mot d’Estius, Prolog. in Ep. ad Hebreux, « Je suis de l’avis de la faculté de Paris… il serait téméraire de nier que la lettre aux Hébreux ait écrite par saint Paul, » n’a rien perdu de sa valeur. De fait, on n’a commencé à l'abandonner, et tout d’abord d’une manière assez lente, qu’à la suite de Luther et de Calvin. Au XIXème siècle, plusieurs exégètes protestants affirmaient néanmoins l'origine paulinienne de la lettre même dans le sens strict.
2. Si nous consultons la lettre elle-même sur ce point, elle nous donne trois sortes de réponses, qui consistent soit dans quelques allusions biographiques, soit dans la doctrine enseignée, soit dans la forme extérieure. Sous ces trois aspects, elle confirme entièrement l'antique tradition.
a) Si la lettre aux Hébreux est anonyme pour nous, elle ne l’était pas pour ses destinataires qui, d'après divers passages (cf. 13, 19, 25, etc.), connaissaient fort bien l'auteur. Elle nous le révèle d’ailleurs assez nettement : d'après sa manière de parler en divers endroits (1, 2, «il nous a parlé» ; 12, 1, etc.), et d’après sa connaissance remarquable des livres de l'Ancien Testament, de l’histoire et des choses juives, il appartenait lui-même par sa naissance à la nation théocratique. On le voit, ces deux détails conviennent à saint Paul. Le passage 13, 19, où l’auteur demande des prières à ses correspondants pour qu’il leur soit promptement rendu, nous font également penser au grand apôtre, qui aimait à intéresser à sa personne et à ses œuvres les Églises avec lesquelles il était en relations. Même conséquence à tirer de 13, 23, où l’auteur mentionne Timothée comme son compagnon de voyage (comp. Actes des Apôtres 16, 1 et ss.; Philippiens 2, 23, etc.). La doxologie, 13, 20-21, et la salutation finale, 13, 23-25, rappellent aussi très vivement saint Paul. Le passage 2, 3 a été souvent allégué comme supposant que l’auteur faisait partie de la seconde génération chrétienne, et ne pouvait pas être saint Paul : mais, dans ce texte, le pronom « nous » se rapporte surtout aux lecteurs, parmi lesquels l'écrivain sacré se place comme ne formant qu’une seule personne morale avec eux.
b) En ce qui concerne la doctrine contenue dans la lettre, rien n’est plus exact que la réflexion faite par Origène à son sujet (dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 25, 13. Voyez aussi 6, 25, 12) : Τὰ μὲν νοήματα τοῦ ἀποστόλου ἐστίν, « Les pensées sont celles de l’apôtre ». Comme l'écrivait naguère un exégète protestant, « une comparaison établie entre la substance de la lettre et les idées émises dans les écrits reconnus (de tous) comme étant de saint Paul montre avec certitude que la doctrine de la lettre aux Hébreux est tout à fait paulinienne ». Cela est parfaitement vrai, soit pour l'ensemble, soit pour les détails.
Pour l’ensemble, nous avons déjà fait remarquer que le thème traité ici est au fond le même que celui des lettres aux Romains et aux Galates. Dans la lettre aux Hébreux comme dans toute la prédication orale ou écrite de saint Paul (cf. 1 Corinthiens 1, 23 ; 2 Corinthiens 1, 19, etc.), c'est autour de Notre-Seigneur Jésus-Christ que tout converge, à sa divine personne que tout est rattaché comme à un centre. Dans les lettres proprement dites de l'apôtre des païens comme dans celle-ci, l’Ancien Testament tout entier est un type de Jésus et de son Église (voyez Romains 5, 14 ; 10, 6-7 ; 1 Corinthiens 5, 7 ; 9, 9 et ss.; 10, 1 et ss ; 2 Corinthiens 3, 13-18 ; Galates 3, 18-24 ; 4, 21-31).
Pour les détails aussi, la doctrine est certainement la même. De part et d’autre, la parole de Dieu est un glaive acéré (Hebreux 4, 12 ; cf. Éphésiens 6, 17) ; il y a, sous le rapport religieux, les commençants, que l’on nourrit avec du lait, et les hommes mûrs, qui ont besoin d’une nourriture plus substantielle (Hebreux 5, 13-14 ; cf. 1 Corinthiens 3, 1-2 ; 14, 20, etc.) ; le monde présent est mis en opposition avec le monde futur (Hebreux 6, 5 et 9, 9 ; cf. Éphésiens 1, 21), ce qui est terrestre avec ce qui est céleste (Hebreux 6, 4 ; 9, 1, etc. ; cf. Éphésiens 1, 10), l’ombre avec la réalité (Hebreux 8, 5 et 10, 1, cf. 1 Corinthiens 2, 17), etc. On remarque surtout une identité frappante entre les données christologiques. Les relations du Christ avec Dieu et avec le monde (Hebreux 1,2 et ss. ; cf. Romains 11, 36 ; 1 Corinthiens 8, 6 ; Colossiens 1, 16), l’humiliation volontaire du Fils de Dieu par l’incarnation (Hebreux 2, 9 et ss. ; 5, 7-9 ; cf. Philippiens 2, 7-8 ; Galates 4, 4, etc.), son élévation en tant qu’homme au-dessus des anges (Hebreux 2, 7 et ss. ; 10, 12 ; cf. Éphésiens 1, 20-21 ; Philippiens 2, 9), son triomphe sur la mort et sur le démon (Hebreux 2, 14 ; cf. Colossiens 2, 15 ; 1 Corinthiens 15, 54 et ss. ; 2 Timothée 1, 10), le salut mérité par lui pour tous les hommes (Hebreux 9, 15 ; 5, 9, etc.), son état de victime et implicitement son sacerdoce (cf. Éphésiens 5, 2 ; Galates 2, 20, etc.), la continuation de son activité dans le ciel (Hebreux 8, 1-3 ; 9, 24 ; cf. Romains 8, 34 ; 1 Corinthiens 12, 9-10, etc.), l’identité de son enseignement avec celui des apôtres (Hebreux 2, 3 ; cf. Éphésiens 2, 20) : ces points dogmatiques et beaucoup d’autres encore sont présentés des deux parts de la même manière. L’harmonie est donc très réelle sous le rapport doctrinal. On a vainement allégué en sens contraire l’absence, dans la lettre aux Hébreux, de certaines théories regardées comme « spécifiquement pauliniennes » par exemple, la justification par la foi seule et non par les œuvres de la loi ; la vocation des païens eux-mêmes au christianisme, la résurrection du Sauveur. En effet, outre que la lettre touche au premier et au troisième de ces points (voyez 5, 9 ; 10, 38, etc.), faut-il donc qu’un auteur, pour que l’on puisse croire à l’authenticité de ses écrits, soit obligé d'y reproduire toujours toutes ses pensées dominantes ? On ne peut pas demander cela raisonnablement. En réalité, l’on ne trouve dans la lettre aux Hébreux rien, absolument rien, qui soit en opposition avec l'enseignement de saint Paul.
c) Sous le rapport de la forme, il n’en est pas de même, comme le reconnaissaient déjà Clément d’Alexandrie, Origène et saint Jérôme (Saint Jérôme signale, de Vir. Ill., 5, « La dissonance du style et du discours. »). Le style surtout diffère : plus abondant (ici), plus soutenu (et aussi plus correct) que celui de l'apôtre ; il n’a en revanche ni le même élan, ni la marche libre, inégale, suspendue ou précipitée au souffle du moment. On a remarqué aussi que, d’ordinaire, saint Paul ne développe pas ses comparaisons et ses rapprochements jusque dans le détail (voyez en particulier Galates 4, 1 et ss.) ; au contraire, dans la lettre aux Hébreux, le parallèle établi entre le sacerdoce lévitique et le sacerdoce du Christ (8, 1 et ss.) est complet, minutieux. La longue énumération des héros de la foi (11, 1 et ss.) n'a rien non plus qui lui corresponde dans les autres écrits de l’apôtre des païens. On a noté aussi les nuances qui existent de part et d’autre dans l’emploi du nom sacré de Jésus : saint Paul y ajoute presque toujours les titres de Christ ou de Seigneur ; le rédacteur de la lettre aux Hébreux l’écrit souvent seul, sans aucune épithète (cf. Hebreux 2, 9 ; 3, 1 ; 6, 20 ; 7, 21, 22 ; 10, 19 ; 12, 2, 24, etc.). L’absence de l’introduction épistolaire habituelle, le mélange presque perpétuel de l’exposition dogmatique et de l'exhortation morale doivent aussi attirer notre attention, comme étant opposés au genre habituel de saint Paul. Il en est de même des citations de l’Ancien Testament, faites invariablement ici d'après les Septante, tandis qu’elles ont lieu dans les autres lettres de l'apôtre tantôt selon cette même version, tantôt suivant l’hébreu. Les formules qui les introduisent différent fréquemment aussi.
On a donc pu dire à bon droit que le caractère tout spécial de la lettre sous le rapport du style (et de la forme extérieure) oblige d’abandonner l'opinion d’après laquelle Paul l’aurait composée d’une manière immédiate. Ce n’est pas qu’à côté des différences que nous venons de signaler, sous le rapport de la forme, entre les deux catégories d’écrits il n’existe aussi des ressemblances considérables ; on a composé de longues listes avec les expressions ou les constructions identiques que l'on rencontre de part et d'autres, et il est certain que ces coïncidences ne peuvent guère être attribuées au hasard. Mais celles-là sont beaucoup plus frappantes, et suffisent pour motiver l’opinion d’Origène, de saint Jérôme et des nombreux auteurs catholiques qui ont suivi ces deux savants exégètes. Nous admettons comme tout à fait vraisemblable que si saint Paul doit être regardé réellement comme l’auteur de la lettre aux Hébreux, ce n’est pas de la même manière que pour ses autres écrits. Il en a conçu le projet et le plan ; puis il a chargé un de ses amis de la rédiger, d’après les idées qu’il avait lui-même fournies. C'est bien là ce que disait saint Jérôme, l. c. : « Il a mis en ordre et embelli les sentences de saint Paul avec ses phrases à lui. ». Il a ensuite adopté la rédaction comme sienne, de sorte qu’on peut dire qu’elle lui appartient véritablement. On comprend, de la sorte, pourquoi cette lettre présente tout à la fois tant de ressemblances et tant de différences avec ses autres lettres.
Lequel des amis ou des disciples de l’apôtre aura été chargé de ce travail de rédaction ? Sur ce point, le mot célèbre d’Origène demeure toujours vrai : Dieu seul connaît la vérité sur ce point (L. c. : Τίς δὲ ὁ γράψας τὴν ἐπίστολην, τὸ μὲν ἀληθὲς θεὸς οἴδεν ). Tout ce qu’on peut dire de plus ne saurait dépasser les limites de l'hypothèse. Les anciens mentionnaient saint Luc (Clément d'Alexandrie, dans Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 6, 14), saint Barnabé (Tertullien, de Pudic., 20), surtout le pape saint Clément (voyez Origène, dans Eusèbe, l. c., 6, 25 ; saint Jérôme, de Vir. ill., 5 et 15 ; Philastrius, Lib. de Haer., c. 89), auxquels on a ajouté, dans les temps modernes, saint Marc, Silas (cf. Actes des Apôtres 15, 22, etc.), et tout particulièrement Apollos (cf. Actes des Apôtres 18, 24 et ss.). Les commentateurs et les critiques contemporains adoptent l'un ou l'autre de ces divers noms, avec cette divergence très importante, que la plupart des auteurs protestants et tous les exégètes rationalistes voient l'auteur proprement dit là où les catholiques parlent d'un simple rédacteur. Les plus grandes probabilités nous paraissent être en faveur de saint Clément ; mais ce n’est là qu’une vraisemblance, et nous devons laisser la question ouverte en ce qui regarde le rédacteur.
7° La date et le lieu de la composition peuvent être déterminés avec assez de vraisemblance, d’après ce qui précède. En ce qui concerne le premier point, la lettre aux Hébreux a dû être composée avant la destruction de Jérusalem et du temple juif par les Romains (70 ap. J.-C.). En effet, l'auteur se propose d’écarter de ses lecteurs le grave péril qu’ils couraient de retomber dans le judaïsme. Or, après la ruine de l'État juif, ce péril eût été à peu près nul pour les chrétiens de Jérusalem et de la Palestine, qui auraient vu au contraire, dans cet événement terrible prédit par Notre-Seigneur Jésus-Christ (voyez Matth. 24, 1 et ss., etc.), une frappante confirmation de leur foi. Comme on l’a dit avec beaucoup de justesse, si la lettre n’a été écrite qu’après la destruction de Jérusalem, l’auteur avait, dans cette catastrophe même, pour démontrer sa thèse, un argument beaucoup plus décisif que tous les autres. Pourquoi ne l’a-t-il pas employé ? Par exemple, lorsqu’il affirme, 7, 12 et ss., que l'abrogation du sacerdoce lévitique entraînait forcément celle de la loi mosaïque tout entière, il avait un développement éloquent de sa proposition dans le fait en question. Voyez d’ailleurs 8, 13 et 10, 25, où il annonce précisément la fin prochaine de l'ancienne alliance ; il aurait tenu un langage plus énergique, si elle avait eu lieu depuis quelque temps.
En outre, la lettre suppose que le judaïsme existait encore, avec son culte, ses sacrifices et tous ses dehors brillants, qui exerçaient une influence séductrice sur les Juifs devenus chrétiens (voyez en particulier 7, 5 ; 8, 3-4 ; 9, 6-7, 9, 25 ; 10, 1-2, 11 ; 13, 10, etc.). Elle suppose également que ceux-ci avaient à souffrir de la part de leurs anciens coreligionnaires. Or, ces deux faits sont incompatibles avec une date postérieure à l’an 70. Aussi la plupart des exégètes, sans distinction d’écoles, admettent-ils que la lettre fut composée entre les années 63 et 67. C'est probablement vers la fin de 63, ou au commencement de 64, vers les derniers temps de sa première captivité à Rome, ou au moment où il revenait de retrouver sa liberté, que Paul écrivit aux Hébreux. Timothée était précisément alors auprès de lui, comme le suppose la fin de la lettre (13, 23. Cf. Philippiens 1, 1 ; Colossiens 1, 1 ; Philémon 1).
D’aprés 13, 24 (voyez le commentaire), le lieu de la composition fut d’une manière générale l'Italie. Les mots « Elle fut écrite à Rome », qui terminent la lettre dans le célèbre manuscrit d’Alexandrie, et la conclusion analogue de la Peschito syriaque (« Fin de la lettre aux Hébreux, écrite d'Italie, de Rome. ») nous fournissent un précieux et très ancien renseignement, qui, joint au témoignage de plusieurs Pères grecs (notamment de saint Jean Chrysostome, Proœm. in ep. ad Hebreux), présente toutes les garanties d’une tradition sérieuse et authentique.
8° La canonicité est, comme l’on sait, tout à fait indépendante de la question relative à l’auteur, de sorte que si, par impossible, on arrivait à démontrer que la lettre aux Hébreux n’est de saint Paul en aucun sens, mais qu’elle a pour auteur un chrétien de la seconde moitié du premier siècle, cela ne prouverait nullement qu’elle ne fait pas partie des saintes Écritures. Comme l'écrivait naguère un savant exégète protestant, en rangeant officiellement notre lettre parmi les livres inspirés, le concile de Trente (et après lui, le concile Vatican I) « s’est borné à confirmer ce qui était depuis longtemps un fait établi par l’Église. »
Les documents que l’antiquité nous a transmis prouvent que l'opinion a été unanime sur ce point dans les différentes Églises orientales depuis la fin du second siècle, et aussi, à partir de la fin du quatrième siècle, dans l'Église occidentale. Celle-ci, il est vrai, a manifesté, jusqu’à l'époque de saint Jérôme et de saint Augustin, des hésitations notables, mais purement négatives : on ne rejetait pas, on ne condamnait pas la lettre, on se contentait de ne pas la recevoir dans le canon sacré. L'influence des deux grands docteurs dont nous venons de citer les noms ne contribua pas peu à faire cesser les doutes : Le langage de saint Jérôme est intéressant à étudier sur ce point. Son opinion personnelle est très claire ; il admet sans hésiter la canonicité de la lettre :
« Nous recevons cette lettre en suivant l’autorité des anciens auteurs. » (Ep. 129 ad Dardan). Lorsqu'il parle de ses compatriotes, il fait des restrictions : « Parmi les latins, beaucoup doutent qu’elle soit vraiment de saint Paul » (in. Matth. 26) ; « Chez les auteurs latins, la coutume est de ne pas la recevoir parmi les écritures canoniques » (Ep. 129 ). Cependant « Quelques-uns parmi les latins » la reçoivent, avec « tous les Grecs », etc. Puis tout à coup il écrit, in Tite, 2 : « Elle est déjà reçue parmi les écrits ecclésiastiques. » Saint Augustin, de Civ. Dei, 16, 22, signale les contradictions auxquelles la lettre était en butte de la tradition des Églises orientales : « Je suis plus impressionné par l’autorité des églises orientales, qui reçoivent cette épitre même parmi les écritures canoniques (De Peccator. Meritis, 1, 27, 50). » De sorte que les conciles de Carthage et de Rome, comme il a été dit plus haut, purent trancher définitivement la question. De là le témoignage significatif d’Eusèbe, que nous avons cité dans notre Introduction générale aux lettres de saint Paul.
Mais il est certain qu’à Rome même, et de très bonne heure, la lettre aux Hébreux fut traitée comme canonique et jouit d’une grande autorité. Dans sa lettre aux Corinthiens, le pape saint Clément la cite très souvent, et de la même manière que les autres écrits inspirés (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 3, 38, et saint Jérôme, de Vir. illustr., signalent ce fait). L'auteur du Pasteur d’Hermas, qui écrivait pareillement à Rome, y fait de même allusion plusieurs fois. Saint Justin la cite aussi dans sa première apologie, composée également à Rome (Apol., 1, 63). Au dire d’Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 5, 26, saint Irénée de Lyon la citait comme un livre canonique dans ceux de ses écrits qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Tertullien nous apprend, de Pudic., 20, qu’au nord de l'Afrique elle était admise de son temps dans le canon sacré par un certain nombre de chrétiens. Ces divers faits sont éloquents. Si peu à peu la lettre aux Hébreux perdit de son autorité en Occident, ce fut, comme l’insinue saint Philastrius (Haer., 89. Fin du quatrième siècle), pour une raison toute secondaire : «à cause des Novatiens». Ces hérétiques prétendaient, comme les Montanistes, que certains péchés graves ne pouvaient pas être pardonnés ; or, comme quelques passages de notre lettre, entre autres, 6, 4 et ss., semblaient favoriser leur enseignement erroné, on cessa de la lire dans les assemblées publiques, et peu à peu le silence se fit autour d’elle, jusqu’au changement d’opinion dont nous avons parlé. Mais saint Philastrius a soin d’ajouter que « actuellement, elle est lue dans les églises latines.» Même en Occident, elle a donc toujours eu un nombre plus ou moins considérable de partisans.
Concluons de tout cela que la canonicité et l’inspiration de la lettre aux Hébreux sont absolument indiscutables.
9° Commentaires catholiques. — A la liste des auteurs qui ont expliqué toutes les lettres de saint Paul, il faut ajouter: F. Ribera, Commentarii in lettre ad Hebreux, Salamanque, 1598 ; L. de Tena, Comm. et disputationes in lettre ad Hebreux, Tolède, 1611.
Lettre aux Hébreux
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Hébreux 1. 1 Après avoir, à plusieurs reprises et en diverses manières, parlé autrefois à nos pères par les Prophètes, Dieu, 2 dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses et par lequel il a aussi créé le monde. 3 Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire, l'empreinte de sa substance et qui soutient toutes choses par sa puissante parole, après nous avoir purifiés de nos péchés, s'est assis à la droite de la majesté divine au plus haut des cieux, 4 d'autant plus grand que les anges, que le nom qu'il possède est plus excellent que le leur. 5 Auquel des anges en effet Dieu a-t-il jamais dit : "Tu es mon Fils, aujourd'hui je t'ai engendré" ? Et encore "Je serai pour lui un père et il sera pour moi un Fils" ? 6 Et lorsqu'il introduit de nouveau dans le monde le Premier-né, il dit : "Que tous les anges de Dieu l'adorent." 7 De plus, tandis qu'il est dit des anges : "Celui qui fait de ses anges des vents et de ses serviteurs une flamme de feu," 8 il dit au Fils : "Ton trône, ô Dieu, est éternel, le sceptre de ta royauté est un sceptre de droiture. 9 Tu as aimé la justice et haï l'iniquité, c'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile d'allégresse au-dessus de tous tes compagnons." 10 Et encore : "C'est toi, Seigneur, qui as au commencement fondé la terre et les cieux sont l'ouvrage de tes mains, 11 ils périront, mais tu demeures, ils vieilliront tous comme un vêtement, 12 comme un manteau tu les rouleras et ils seront changés, mais toi, tu restes le même et tes années ne s'épuiseront pas." 13 Et auquel des anges a-t-il jamais dit : "Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds"? 14 Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés comme serviteurs pour le bien de ceux qui doivent recevoir l'héritage du salut ?
Hébreux 2. 1 C'est pourquoi nous devons nous attacher avec plus de soin aux choses que nous avons entendues de peur que nous ne venions à être entraînés. 2 Car, si déjà la parole promulguée par des anges a eu son effet et si toute transgression et toute désobéissance a reçu en retour un juste châtiment, 3 comment pourrons-nous échapper, si nous venions à négliger un message si salutaire, qui, annoncé d'abord par le Seigneur, nous a été sûrement transmis par ceux qui l'ont entendu de lui, 4 Dieu confirmant leur témoignage par des signes, des prodiges et toutes sortes de miracles, ainsi que par les dons du Saint-Esprit, répartis selon sa volonté ? 5 En effet, ce n'est pas à des anges que Dieu a soumis le monde à venir dont nous parlons. 6 Aussi quelqu'un a-t-il écrit quelque part ce témoignage : "Qu'est-ce que l'homme, pour que vous vous souveniez de lui, ou le fils de l'homme pour que vous en preniez soin ? 7 Vous l'avez abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, vous l'avez couronné de gloire et d'honneur, [vous l'avez établi sur les ouvrages de vos mains], 8 vous avez mis toutes choses sous ses pieds." En effet, en lui soumettant toutes choses, Dieu n'a rien laissé qui ne lui soit soumis. Or à présent nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient soumises. 9 Mais celui qui "a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges," Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tous. 10 En effet, il était bien digne de celui pour qui et par qui sont toutes choses, qu'ayant à conduire à la gloire un grand nombre de fils, il élevât par les souffrances au plus haut degré de perfection le chef qui les a guidés vers le salut. 11 Car celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés, tous sont d'un seul. C'est pourquoi Jésus-Christ ne rougit pas de les appeler frères, 12 lorsqu'il dit : "J'annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de l'assemblée." 13 Et encore : "Je mettrai ma confiance en lui." Et encore : "Me voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés." 14 Puisque les enfants ont eu en partage le sang et la chair, lui aussi y a participé également, afin de briser par sa mort la puissance de celui qui a l'empire de la mort, c'est-à-dire du diable, 15 et de délivrer ceux que la crainte de la mort retenait toute leur vie assujettis à la servitude. 16 Car certes ce n'est pas à des anges qu'il vient en aide, mais c'est à la postérité d'Abraham. 17 De là vient qu'il a dû être fait semblable en tout à ses frères, afin d'être un Pontife miséricordieux et qui s'acquittât fidèlement de ce qu'il faut auprès de Dieu, pour expier les péchés du peuple, 18 car, c'est parce qu'il a souffert et a été lui-même éprouvé, qu'il peut secourir ceux qui sont éprouvés.
Hébreux 3. 1 C'est pourquoi, frères saints, vous qui entrez en partage de la vocation céleste, considérez l'apôtre et le grand prêtre de la foi que nous professons, Jésus, 2 qui est fidèle à celui qui l'a établi, comme Moïse a été "fidèle dans toute sa maison." 3 Car il surpasse Moïse en dignité, d'autant que celui qui a construit une maison a plus d'honneur que la maison même. 4 Car toute maison est construite par quelqu'un et celui qui a construit toutes choses c'est Dieu. 5 Tandis que Moïse a été "fidèle dans toute la maison de Dieu," en qualité de serviteur, pour rendre témoignage de ce qu'il avait à dire, 6 le Christ a été fidèle comme fils, à la tête de sa propre maison et sa maison c'est nous, pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin la profession ouverte de notre foi et l'espérance qui fait notre gloire. 7 C'est pourquoi, comme le dit le Saint-Esprit : "Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, 8 n'endurcissez pas vos cœurs, comme il arriva au lieu nommé la Contradiction, au jour de la tentation au désert, 9 où vos pères me provoquèrent pour m'éprouver, cependant, ils avaient vu mes œuvres pendant quarante ans. 10 Aussi je fus irrité contre cette génération et je dis : Sans cesse leur cœur s'égare, ils n'ont pas connu mes voies. 11 Je jurai donc dans ma colère : Ils n'entreront pas dans mon repos." 12 Prenez garde, mes frères, que personne parmi vous n'ait un cœur mauvais et infidèle, qui lui fasse abandonner le Dieu vivant. 13 Au contraire exhortez-vous les uns les autres, chaque jour, tant que dure ce temps appelé : "Aujourd'hui" afin que personne d'entre vous "ne s'endurcisse" séduit par le péché. 14 Car nous sommes entrés en participation du Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin le commencement de notre être en lui, 15 pendant qu'il nous est dit encore : "Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs, comme au lieu appelé la Contradiction." 16 Qui sont, en effet, ceux qui, après "avoir entendu la voix de Dieu", se révoltèrent ? Mais ne sont-ce pas tous ceux qui étaient sortis de l'Égypte sous la conduite de Moïse ? 17 Et contre qui Dieu fut-il "irrité pendant quarante ans." N'est-ce pas contre ceux qui avaient péché et dont les cadavres jonchèrent le désert ? 18 "Et à qui jura-t-il qu'ils n'entreraient pas dans son repos", sinon à ceux qui avaient désobéi ? 19 En effet nous voyons qu'ils ne purent y entrer à cause de leur désobéissance.
Hébreux 4. 1 Craignons donc, tandis que la promesse "d'entrer dans son repos" est encore en vigueur, qu'aucun de vous en vienne à être frustré. 2 Car le joyeux message nous a été adressé aussi bien qu'à eux, mais la parole qui leur fut annoncée ne leur servit à rien, n'étant pas alliée à la foi chez ceux qui l'entendirent. 3 Au contraire nous entrerons dans le repos, nous les croyants, selon ce qu'il a dit : "J'ai juré dans ma colère : Ils n'entreront pas dans mon repos." Il parle ainsi, quoique ses œuvres eussent été achevées, depuis le commencement du monde. 4 Car il est dit quelque part au sujet du septième jour : "Et Dieu se reposa de toutes ses œuvres le septième jour" 5 et ici de nouveau : "Ils n'entreront pas dans mon repos" 6 Puisque quelques-uns doivent y entrer et que ceux qui reçurent d'abord la promesse n'y sont pas entrés à cause de leur désobéissance, 7 Dieu fixe de nouveau un jour qu'il appelle "aujourd'hui", en disant dans David si longtemps après, comme on l'a vu plus haut : "Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs." 8 Car si Josué les eût introduits dans "le repos", David ne parlerait pas après cela d'un autre jour. 9 Il reste donc un jour de repos réservé au peuple de Dieu. 10 En effet celui qui entre "dans le repos de Dieu" se repose aussi de ses œuvres, comme Dieu s'est reposé des siennes. 11 Empressons-nous donc d'entrer dans ce repos, afin qu'aucun ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance. 12 Car elle est vivante la parole de Dieu, elle est efficace, plus acérée qu'aucune épée à deux tranchants, si pénétrante qu'elle va jusqu'à séparer l'âme et l'esprit, les jointures et les moelles, elle démêle les sentiments et les pensées du cœur. 13 Aussi nulle créature n'est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte. 14 Ainsi, puisque nous avons en Jésus, le Fils de Dieu, un grand prêtre excellent qui a pénétré les cieux, demeurons fermes dans la profession de notre foi. 15 Car nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos infirmités, pour nous ressembler, il les a toutes éprouvées hormis le péché. 16 Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus en temps opportun.
Hébreux 5. 1 En effet, tout grand prêtre, pris d'entre les hommes, est établi pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin d'offrir des oblations et des sacrifices pour les péchés. 2 Il est capable d'user d'indulgence envers ceux qui pèchent par ignorance et par erreur, puisqu'il est lui-même entouré de faiblesse. 3 Et c'est à cause de cette faiblesse qu'il doit offrir pour lui-même, comme pour le peuple, des sacrifices pour les péchés. 4 Et nul ne s'arroge cette dignité, il faut y être appelé de Dieu, comme Aaron. 5 Ainsi le Christ ne s'est pas élevé de lui-même à la gloire du souverain pontificat, mais il l'a reçue de celui qui lui a dit : "Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui", 6 comme il dit encore dans un autre endroit : "Tu es prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech." 7 C'est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant avec de grands cris et avec larmes offert des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort et ayant été exaucé pour sa piété, 8 a appris, tout Fils qu'il est, par ses propres souffrances, ce que c'est qu'obéir, 9 et maintenant que le voilà au terme, il sauve à jamais tous ceux qui lui obéissent. 10 Dieu l'ayant déclaré "grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech." 11 Sur ce sujet, nous aurions beaucoup de choses à dire et des choses difficiles à vous expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre. 12 Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne les premiers éléments des oracles de Dieu et vous en êtes venus à avoir besoin de lait, plutôt que d'une nourriture solide. 13 Quiconque en est encore au lait, n'est pas capable de la parole de perfection car c'est un enfant. 14 Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le sens est exercé par habitude à discerner le bien et le mal.
Hébreux 6. 1 C'est pourquoi, laissant de côté l'enseignement élémentaire sur le Christ, élevons-nous à l'enseignement parfait, sans poser de nouveau les principes fondamentaux du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu, 2 de la doctrine des ablutions, de l'imposition des mains, de la résurrection des morts et du jugement éternel. 3 C'est ce que nous allons faire, si Dieu le permet. 4 Car il est impossible, pour ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, 5 qui ont goûté la douceur de la parole de Dieu et les merveilles du monde à venir, 6 et qui pourtant sont tombés, de les renouveler une seconde fois en les amenant à la pénitence, eux qui pour leur part crucifient de nouveau le Fils de Dieu et le livrent à l'ignominie. 7 Lorsqu'une terre, abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, produit une herbe utile à ceux pour qui on la cultive, elle a part à la bénédiction de Dieu 8 mais si elle ne produit que des épines et des chardons, elle est jugée de mauvaise qualité, près d'être maudite et l'on finit par y mettre le feu. 9 Cependant, bien-aimés, quoique nous parlions ainsi, nous avons de vous une opinion meilleure et plus favorable à votre salut. 10 Car Dieu n'est pas injuste pour oublier vos œuvres et la charité que vous avez montrée pour son nom, vous qui avez rendu service aux saints et leur en rendez encore. 11 Nous désirons que chacun de vous déploie le même zèle jusqu'à la fin, afin que vos espérances soient accomplies, 12 en sorte que vous ne vous relâchiez pas, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance, entrent dans l'héritage promis. 13 Dans la promesse qu'il fit à Abraham, Dieu ne pouvant jurer par un plus grand que lui, il jura par lui-même, 14 et dit : "Oui, je te bénirai et je te multiplierai." 15 Et ce fut ainsi que ce patriarche, ayant patiemment attendu entra en possession de la promesse. 16 En effet, les hommes jurent par celui qui est plus grand qu'eux et le serment, servant de garantie, termine tous leurs différends. 17 C'est pourquoi Dieu, voulant monter avec plus d'évidence aux héritiers de la promesse l'immuable stabilité de son dessein, fit intervenir le serment, 18 afin que, par deux choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu nous trompe, nous soyons, nous qui avons cherché en lui un refuge, puissamment encouragés à tenir ferme l'espérance qui nous est proposée. 19 Nous la gardons comme une ancre de l'âme, sûre et ferme, cette espérance qui pénètre jusqu'au-delà du voile, 20 dans le sanctuaire où Jésus est entré pour nous comme précurseur, en qualité de "grand prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech."
Hébreux
7. 1
Ce Melchisédech, roi
de Salem, prêtre du Dieu très-haut. qui vint au-devant d'Abraham à
son retour de la défaite des rois, le bénit, 2
et à qui Abraham
donna la dîme de tout le butin, qui est d'abord, selon la
signification de son nom, roi de justice, ensuite roi de Salem,
c'est-à-dire, roi de paix, 3
qui est sans père,
sans mère, sans généalogie, qui n'a ni commencement de jours, ni
fin de vie et qui est ainsi devenu semblable au Fils de Dieu : ce
Melchisédech demeure prêtre pour toujours. 4
Considérez combien
est grand celui à qui Abraham, le patriarche donna une dîme sur ce
qu'il y avait de meilleur. 5
Ceux des fils de Lévi
qui obtiennent le sacerdoce ont, d'après la Loi, l'ordre de lever la
dîme sur le peuple, c'est-à-dire sur leurs frères, qui cependant
sont sortis eux aussi du sang d'Abraham, 6
et lui, qui n'était
pas issu de leur race, a levé la dîme sur Abraham et il a béni
celui qui avait les promesses. 7 Or, sans contredit, c'est
l'inférieur qui est béni par le supérieur. 8
En outre, ici, ceux
qui perçoivent les dîmes sont des hommes qui meurent, mais là,
c'est un homme dont il est attesté qu'il est vivant. 9
Et Lévi même, qui
perçoit la dîme, l'a payée, pour ainsi dire, en la personne
d'Abraham, 10
car il était encore
dans son aïeul, lorsque Melchisédech alla à sa rencontre. 11
Si donc la perfection
avait pu être réalisée par le sacerdoce lévitique, car c'est sous
lui que le peuple reçut la loi, quelle nécessité y avait-il qu'il
surgît un autre prêtre "selon l'ordre de Melchisédech"
et non selon l'ordre d'Aaron ? 12
Car, le sacerdoce
étant changé, il est nécessaire que la Loi le soit aussi. 13
En effet, celui de qui
ces paroles sont dites appartient à une autre tribu, dont aucun
membre n'a servi à l'autel : 14
il est notoire en
effet que notre Seigneur est sorti de Juda, tribu à laquelle Moïse
n'a jamais attribué le sacerdoce. 15
Cela devient plus
évident encore, s'il surgit un autre prêtre à la ressemblance de
Melchisédech, 16
institué, non d'après
les prescriptions d'une loi charnelle, mais selon la puissance d'une
vie qui ne finit pas, 17
selon ce témoignage :
"Tu es prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech."
18
Ainsi, a été abrogée
la première ordonnance, à cause de son impuissance et de son
inutilité, 19
car la Loi n'a rien
amené à la perfection, mais elle a été l'introduction à une
meilleure espérance, par laquelle nous avons accès auprès de Dieu.
20
Et comme cela ne s'est
pas fait sans serment, car, tandis que les autres ont été établis
prêtres sans serment, 21
celui-ci l'a été
avec serment par celui qui lui a dit : "Le Seigneur l'a juré et
il ne s'en repentira pas : Tu es prêtre pour toujours selon l'ordre
de Melchisédech", 22
Jésus est par cela
même le garant d'une alliance supérieure. 23
De plus, ils forment,
eux, une longue série de prêtres, parce que la mort les empêchait
de l'être toujours, 24
mais lui, parce qu'il
demeure éternellement, il possède un sacerdoce qui ne se transmet
pas. 25
De là vient aussi
qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui,
puisqu'il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur. 26
Tel est, en effet, le
grand prêtre qu'il nous fallait, saint, innocent, sans tache, séparé
des pécheurs et élevé au-dessus des cieux, 27
qui n'a pas besoin,
comme les grands prêtres, d'offrir chaque jour des sacrifices
d'abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, car
ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même. 28
La Loi, en effet,
institue grands prêtres des hommes sujets à la faiblesse, mais la
parole du serment, intervenue après la Loi, institue le Fils qui est
arrivé à la perfection pour l'éternité.
Hébreux
8. 1
Cela étant dit,
l'essentiel est que nous avons ainsi un grand prêtre qui s'est assis
à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, 2
comme ministre du
sanctuaire et du vrai tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur
et non par un homme. 3
Car tout grand prêtre
est établi pour offrir des oblations et des sacrifices, d'où il est
nécessaire que lui aussi ait quelque chose à offrir. 4
S'il était sur la
terre, il ne serait pas même prêtre, puisqu'il s'y trouve des
prêtres chargés d'offrir les oblations selon la Loi, 5
lesquels célèbrent
un culte qui n'est qu'une image et une ombre des choses célestes,
comme Moïse en fut divinement averti lorsqu'il dut construire le
tabernacle : "Regarde, dit le Seigneur, tu feras tout d'après
le modèle qui t'a été montré sur la montagne." 6
Mais notre grand
prêtre a reçu un ministère d'autant plus élevé, qu'il est
médiateur d'une alliance supérieure et fondée sur de meilleures
promesses. 7
En effet, si la
première alliance avait été sans défaut, il n'y aurait pas eu
lieu de lui en substituer une seconde. 8
Car c'est bien un
blâme que Dieu exprime, quand il leur dit : "Voici, dit le
Seigneur, que les jours viennent où je contracterai une alliance
nouvelle avec la maison d'Israël et avec la maison de Juda, 9
non pas une alliance
comme celle que je fis avec leurs pères, au jour où je les pris par
la main pour les faire sortir de la terre d’Égypte. Puisqu'ils
n'ont pas persévéré dans mon alliance, moi aussi je les ai
délaissés, dit le Seigneur. 10
Mais voici l'alliance
que je ferai avec la maison d'Israël après ces jours-là, dit le
Seigneur : Je mettrai mes lois dans leur esprit et je les écrirai
dans leur cœur et je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. 11
Aucun d'eux
n'enseignera plus son concitoyen, aucun n'enseignera plus son frère,
disant : Connais le Seigneur car tous me connaîtront, depuis le plus
petit d'entre eux jusqu'au plus grand. 12
Je pardonnerai leurs
iniquités et je ne me souviendrai plus de leurs péchés." 13
En disant : "Une
alliance nouvelle", Dieu a déclaré la première vieillie, or,
ce qui est devenu ancien, ce qui est vieilli, est près de
disparaître.
Hébreux 9. 1 La première alliance avait aussi ses règlements relatifs au culte et un sanctuaire terrestre. 2 En effet, on a construit un tabernacle, avec une partie antérieure, appelée le lieu saint, où étaient le chandelier, la table et les pains de proposition. 3 Derrière le second voile, se trouvait la partie du tabernacle appelée le Saint des saints, ayant un autel d'or pour les parfums et l'arche de l'alliance toute recouverte d'or. 4 Dans l'arche se trouvait une urne d'or renfermant la manne, le bâton d'Aaron qui avait fleuri et les tables de l'alliance. 5 Au-dessus étaient des chérubins de la gloire, couvrant de leur ombre le propitiatoire. Mais ce n'est pas ici le lieu de parler sur ce sujet en détail. 6 Or, ces choses étant ainsi disposées, les prêtres entrent en tout temps dans la partie antérieure du tabernacle, lorsqu'ils font le service du culte, 7 le grand prêtre seul, une seule fois l'année, entre dans la seconde partie, mais avec du sang qu'il offre pour lui-même et pour les péchés du peuple. 8 L'Esprit-Saint montre par-là que le chemin du Saint des Saints n'a pas encore été ouvert, tant que subsiste le premier tabernacle. 9 C'est une figure qui a rapport au temps présent, elle signifie que les oblations et les sacrifices offerts ne peuvent amener à la perfection, au point de vue de la conscience, celui qui rend ce culte. 10 Car avec les prescriptions relatives aux aliments, aux boissons et aux diverses ablutions, ce ne sont que des ordonnances charnelles, imposées seulement jusqu'à une époque de réformation. 11 Mais le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c'est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n'est pas construit de main d'homme, c'est-à-dire, qui n'appartient pas à cette création-ci 12 et ce n'est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu'il est entré une fois pour toutes dans le saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. 13 Car si le sang des boucs et des taureaux, si la cendre d'une vache, dont on asperge ceux qui sont souillés, sanctifient de manière à procurer la pureté de la chair, 14 combien plus le sang du Christ qui, par l'Esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant ? 15 Et c'est pour cela qu'il est médiateur d'une nouvelle alliance, afin que, sa mort ayant eu lieu pour le pardon des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l'héritage éternel qui leur a été promis. 16 Car, là où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur intervienne, 17 parce qu'un testament n'a son effet qu'en cas de mort, étant sans force lorsque le testateur est en vie. 18 Voilà pourquoi même la première alliance n'a pas été inaugurée sans effusion de sang. 19 Moïse, après avoir proclamé devant tout le peuple tous les commandements selon la teneur de la Loi, prit le sang des taureaux et des boucs, avec de l'eau, de la laine écarlate et de l'hysope et il fit l'aspersion sur le Livre lui-même et sur tout le peuple, en disant : 20 "Voici le sang de l'alliance que Dieu a contractée avec vous. 21 "Il aspergea de même avec le sang le tabernacle et tous les ustensiles du culte. 22 Et d'après la Loi, presque tout se purifie avec du sang et sans effusion de sang il n'y a pas de rémission. 23 Puisque les images des choses qui sont dans les cieux devaient être purifiées de cette manière, il était donc nécessaire que les choses célestes elles-mêmes fussent inaugurées par des sacrifices supérieurs à ceux-là. 24 Car ce n'est pas dans un sanctuaire fait de main d'homme, image du véritable, que le Christ est entré, mais il est entré dans le ciel même, afin de se tenir désormais pour nous présent devant la face de Dieu. 25 Et ce n'est pas pour s'offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre entre chaque année dans le sanctuaire avec un sang qui n'est pas le sien : 26 autrement il aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde, mais il s'est montré une seule fois, dans les derniers âges, pour abolir le péché par son sacrifice. 27 Et comme il est arrêté que les hommes meurent une seule fois, après quoi vient le jugement, 28 ainsi le Christ, après s'être offert une seule fois pour ôter les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, sans péché, pour donner le salut à ceux qui l'attendent.
Hébreux 10. 1 La Loi, en effet, n'ayant qu'une ombre des biens à venir et non l'image même des choses, ne peut jamais, par ces mêmes sacrifices que l'on offre sans interruption chaque année, sanctifier parfaitement ceux qui s'en approchent. 2 Autrement n'aurait-on pas cessé de les offrir, car ceux qui rendent ce culte, une fois purifiés, n'auraient plus eu aucune conscience de leurs péchés. 3 Tandis que, par ces sacrifices, on rappelle chaque année le souvenir des péchés, 4 parce qu'il est impossible que le sang des taureaux et des boucs enlève les péchés. 5 C'est pourquoi le Christ dit en entrant dans le monde : "Vous n'avez voulu ni sacrifice, ni oblation, mais vous m'avez formé un corps, 6 vous n'avez agréé ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché. 7 Alors j'ai dit : Me voici, car il est question de moi dans le rouleau du livre, je viens ô Dieu, pour faire votre volonté." 8 Après avoir commencé par dire : "Vous n'avez voulu et vous n'avez agréé ni ablations, ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché", toutes choses qu'on offre selon la Loi, 9 il ajoute ensuite : "Voici que je viens pour faire votre volonté." Il abolit ainsi le premier point, pour établir le second. 10 C'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l'oblation que Jésus-Christ a faite, une fois pour toutes, de son propre corps. 11 Et tandis que tout prêtre se présente chaque jour pour accomplir son ministère et offre plusieurs fois les mêmes victimes, qui ne peuvent jamais enlever les péchés, 12 lui au contraire, après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, "s'est assis" Pour toujours "à la droite de Dieu" 13 attendant désormais "que ses ennemis deviennent l'escabeau de ses pieds" 14 car, par une oblation unique, il a procuré la perfection pour toujours à ceux qui sont sanctifiés. 15 C'est ce que l'Esprit-Saint nous atteste aussi, car, après avoir dit : 16 "Voici l'alliance que je ferai avec eux après ces jours-là", le Seigneur ajoute : Je mettrai mes lois dans leurs cœurs et je les écrirai dans leur esprit 17 et je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités." 18 Or, là où les péchés sont remis, il n'est plus question d'oblation pour le péché. 19 Ainsi donc, frères, puisque nous avons, par le sang de Jésus un libre accès dans le sanctuaire, 20 par la voie nouvelle et vivante, qu'Il a inaugurée, pour nous à travers le voile, c'est-à-dire à travers sa chair 21 et puisque nous avons un grand prêtre établi sur la maison de Dieu, 22 approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, le cœur purifié des souillures d'une mauvaise conscience et le corps lavé dans une eau pure. 23 Restons inébranlablement attachés à la profession de notre espérance, car celui qui a fait la promesse est fidèle. 24 Ayons l’œil ouvert les uns sur les autres pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres. 25 Ne désertons pas notre assemblée, comme quelques-uns ont coutume de le faire, mais exhortons-nous les uns les autres et cela d'autant plus que vous voyez s'approcher le jour. 26 Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, 27 il n'y a plus qu'à attendre un jugement terrible et le feu jaloux qui dévorera les rebelles. 28 Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou, trois témoins, 29 de quel châtiment plus sévère pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance par lequel il avait été sanctifié et qui aura outragé l'Esprit de la grâce ? 30 Car nous le connaissons, celui qui a dit : "A moi la vengeance, c'est moi qui paierai de retour" Et encore : Le "Seigneur jugera son peuple." 31 Il est effroyable de tomber entre les mains du Dieu vivant. 32 Rappelez-vous ces premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat de souffrances, tantôt exposés comme en spectacle aux opprobres et aux tribulations, 33 tantôt prenant part aux maux de ceux qui étaient ainsi traités. 34 En effet, vous avez compati aux prisonniers et vous avez accepté avec joie le pillage de vos biens, sachant que vous avez une richesse meilleure et qui durera toujours. 35 N'abandonnez donc pas votre assurance, une grande récompense y est attachée. 36 Car la persévérance vous est nécessaire afin que, après avoir fait la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. 37 Encore un peu, bien peu de temps et "celui qui doit venir viendra, il ne tardera pas. 38 Et mon juste vivra par la foi, mais, s'il se retire, mon âme ne mettra pas sa complaisance en lui." 39 Pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour leur perte, mais de ceux qui gardent la foi pour sauver leur âme.
Hébreux 11. 1 Or la foi est la substance des choses qu'on espère, une conviction de celles qu'on ne voit pas. 2 C'est pour l'avoir possédée que les anciens ont obtenu un bon témoignage. 3 C'est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu, en sorte que les choses que l'on voit n'ont pas été faites de choses visibles. 4 C'est par la foi qu'Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn, c'est par elle qu'il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes et c'est par elle que, mort, il parle toujours. 5 C'est par la foi qu'Enoch fut enlevé sans qu'il eût subi la mort : "on ne le trouva plus, parce que Dieu l'avait enlevé" car avant cet enlèvement, il avait reçu ce témoignage qu'il avait plu à Dieu. 6 Or, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu, car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie qu'il existe et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. 7 C'est par la foi que Noé, divinement averti des événements qu'on ne voyait pas encore, construisit, avec une pieuse crainte, une arche pour sauver sa famille, c'est par elle qu'il condamna le monde et devint héritier de la justice qui s'obtient par la foi. 8 C'est par la foi qu'Abraham, obéissant à l'appel de Dieu, partit pour un pays qu'il devait recevoir en héritage et se mit en chemin sans savoir où il allait. 9 C'est par la foi qu'il séjourna dans la terre promise, comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu'Isaac et Jacob, héritiers comme lui de la même promesse. 10 Car il attendait la cité aux solides fondements, dont Dieu est l'architecte et le constructeur. 11 C'est par la foi que Sara, elle aussi, qui n'était plus dans l'âge de concevoir, en reçut la vertu, parce qu'elle crut à la fidélité de Celui qui en avait fait la promesse. 12 C'est pourquoi, d'un seul homme, déjà comme mort, sortit une postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que les grains de sable innombrables qui sont sur le bord de la mer. 13 C'est dans la foi que ces patriarches sont tous morts, sans avoir reçu l'effet des promesses, mais ils l'ont vu et salué de loin, confessant "qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre." 14 Ceux qui parlent ainsi montrent bien qu'ils cherchent une patrie. 15 Et certes, s'ils avaient entendu par-là celle d'où ils étaient sortis, ils auraient eu le moyen d'y retourner. 16 Mais c'est à une patrie meilleure, à la patrie du ciel, que tendent leurs aspirations. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte de s'appeler "leur Dieu", car il leur a préparé une cité. 17 C'est par la foi qu'Abraham mis à l'épreuve, offrit Isaac en sacrifice. 18 Ainsi celui qui avait reçu les promesses et à qui il avait été dit : "C'est d'Isaac que naîtra ta postérité", offrit ce fils unique, 19 estimant que Dieu est assez puissant pour ressusciter même les morts, aussi le retrouva-t-il comme en figure. 20 C'est par la foi qu'Isaac bénit Jacob et Ésaü, en vue des choses à venir. 21 C'est par la foi que Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph et qu'il se prosterna appuyé sur le sommet de son sceptre". 22 C'est par la foi que Joseph, près de sa fin, fit mention de la sortie des fils d'Israël et qu'il donna des ordres au sujet de ses restes. 23 C'est par la foi que Moïse à sa naissance, fut caché pendant trois mois par ses parents, parce qu'ils virent que l'enfant était beau et qu'ils ne craignirent pas l'édit du roi. 24 C'est par la foi que Moïse, devenu grand, renonça au titre de fils de la fille de Pharaon, 25 aimant mieux d'être maltraité avec le peuple de Dieu, que de jouir du plaisir si court qui se trouve dans le péché, 26 il considéra l'opprobre du Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l'Égypte, car il avait les yeux fixés sur la récompense. 27 C'est par la foi qu'il quitta l'Égypte, sans redouter la colère du roi, car il tint ferme, comme s'il voyait celui qui est invisible. 28 C'est par la foi qu'il célébra la Pâque et fit l'aspersion du sang, afin que l'exterminateur des premiers-nés ne touchât pas à ceux des Israélites. 29 C'est par la foi qu'ils passèrent la mer Rouge comme une terre ferme, tandis que les Égyptiens qui tentèrent le passage furent engloutis. 30 C'est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent, après qu'on en eût fait le tour pendant sept jours. 31 C'est par la foi que Rahab la courtisane ne périt pas avec les rebelles, pour avoir donné aux espions une sûre hospitalité. 32 Et que dirai-je encore ? Le temps me manquerait si je voulais parler aussi de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jephté, de David, de Samuel et des prophètes. 33 Par la foi, ils ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l'effet des promesses, fermé la gueule des lions, 34 éteint la violence du feu, échappé au tranchant de l'épée, triomphé de la maladie, déployé leur vaillance à la guerre, mis en fuite des armées ennemis, 35 par eux des femmes ont recouvré leurs morts ressuscités. Les uns ont péri dans les tortures, refusant la délivrance afin d'obtenir une meilleure résurrection, 36 d'autres ont souffert les moqueries et les bâtons, de plus, les chaînes et les cachots, 37 ils ont été lapidés, sciés, éprouvés, ils sont morts par le tranchant de l'épée, ils ont erré çà et là, couverts de peaux de brebis et de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, 38 eux dont le monde n'était pas digne. Ils ont été errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et dans les antres de la terre. 39 Cependant eux tous que leur foi a rendus recommandables, n'ont pas obtenu l'objet de la promesse 40 parce que Dieu nous a fait une condition meilleure pour qu'ils n'obtinssent pas sans nous la perfection du bonheur.
Hébreux 12. 1 Donc, nous aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout ce qui nous appesantit et le péché qui nous enveloppe et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, 2 les yeux fixés sur Jésus, l'auteur et le consommateur de la foi, lui qui, au lieu de la joie qu'il avait devant lui, méprisant l'ignominie, a souffert la croix et "s'est assis à la droite du trône de Dieu". 3 Considérez celui qui a supporté contre sa personne une si grande contradiction de la part des pécheurs, afin de ne pas vous laisser abattre par le découragement. 4 Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans votre lutte contre le péché. 5 Et vous avez oublié l'exhortation de Dieu qui vous dit comme à des fils : "Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend, 6 car le Seigneur châtie celui qu'il aime et il frappe du bâton tout fils qu'il reconnaît pour sien." 7 C'est pour votre instruction que vous êtes éprouvés : Dieu vous traite comme des fils, car quel est le fils que son père ne châtie pas ? 8 Si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes et non de vrais fils. 9 D'ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés et que nous les avons respectés, combien plus nous devons nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie ? 10 Quant à ceux-là, c'était pour peu de temps qu'ils nous châtiaient au gré de leur volonté, mais Dieu le fait autant qu'il est utile pour nous rendre capables de participer à sa sainteté. 11 Toute correction, il est vrai, paraît sur l'heure un sujet de tristesse et non de joie, mais elle produit plus tard, pour ceux qui ont été ainsi exercés, un fruit de paix et de justice. 12 "Relevez donc vos mains languissantes et vos genoux défaillants, 13 dirigez vos pas dans la voie droite", afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt se raffermisse. 14 Recherchez la paix avec tous et la sainteté, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. 15 Veillez à ce que personne ne manque à la grâce de Dieu, à ce qu'aucune racine d'amertume, venant à pousser des rejetons, ne cause du trouble et que la masse n'en soit infectée. 16 Qu'il n'y ait parmi vous ni impudique, ni profanateur comme Ésaü, qui pour un seul plat vendit son droit d'aînesse. 17 Vous savez que, plus tard, voulant obtenir la bénédiction, il fut repoussé, quoiqu'il la sollicitât avec larmes, car il ne put amener son père à changer de sentiments. 18 Vous ne vous êtes pas approchés d'une montagne que la main puisse toucher, ni d'un feu ardent, ni de la nuée, ni des ténèbres, ni de la tempête, 19 ni de l'éclat de la trompette, ni d'une voix si retentissante, que ceux qui l'entendirent supplièrent qu'on ne leur parlât pas davantage, 20 car ils ne pouvaient supporter cette défense: "Si même une bête touche la montagne, elle sera lapidée." 21 Et ce spectacle était si terrible que Moïse dit: "Je suis terrifié et tout tremblant." 22 Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant qui est la Jérusalem céleste, des myriades qui forment le chœur des anges, 23 de l'assemblée des premiers nés inscrits dans les cieux, du juge qui est le Dieu de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection, 24 de Jésus, le médiateur de la nouvelle alliance et du sang de l'aspersion qui parle plus éloquemment que celui d'Abel. 25 Prenez garde de résister à celui qui parle, car si ceux-là n'ont pas échappé au châtiment, qui ont refusé d'écouter celui qui publiait ses oracles sur la terre, combien moins échapperons-nous, si nous le repoussons, quand il nous parle du haut des cieux : 26 lui, dont la voix ébranla alors la terre, mais qui maintenant a fait cette promesse : "Une fois encore j'ébranlerai non seulement la terre, mais aussi le ciel." 27 Ces mots : "Une fois encore", indiquent le changement des choses qui vont être ébranlées comme ayant eu leur accomplissement, afin que celles qui ne doivent pas être ébranlées subsistent à jamais. 28 Ainsi, puisque nous rentrons en possession d'un royaume qui ne sera pas ébranlé, retenons fermement la grâce, par elle rendons à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte. 29 Car notre Dieu est aussi un feu dévorant.
Hébreux 13. 1 Persévérez dans l'amour fraternel. 2 N'oubliez pas l'hospitalité, quelques-uns en la pratiquant ont, à leur insu, logé des anges. 3 Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers et de ceux qui sont maltraités, comme étant vous aussi dans un corps. 4 Que le mariage soit honoré de tous et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu condamnera les impudiques et les adultères. 5 Que votre conduite soit exempte d'avarice, vous contentant de ce que vous avez, car Dieu lui-même a dit : "Je ne te délaisserai pas et ne t'abandonnerai pas", de sorte que nous pouvons dire en toute assurance : 6 "Le Seigneur est mon secours, je ne craindrai rien, que pourraient me faire les hommes ?" 7 Souvenez-vous de ceux qui vous conduisent, qui vous ont annoncé la parole de Dieu, et considérant quelle a été l'issue de leur vie, imitez, leur foi. 8 Jésus-Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera éternellement. 9 Ne vous laissez pas entraîner par des doctrines diverses et étrangères, car il vaut mieux affermir son cœur par la grâce, que par des aliments, qui n'ont servi de rien à ceux qui s'y attachent. 10 Nous avons un autel dont ceux-là n'ont pas le droit de manger qui restent au service du tabernacle. 11 Car pour les animaux dont le sang, expiation du péché, est porté dans le sanctuaire par le grand prêtre, leurs corps sont brûlés hors du camp. 12 C'est pour cela que Jésus aussi, devant sanctifier le peuple par son sang, a souffert hors de la porte. 13 Donc, pour aller à lui, sortons hors du camp, en portant son opprobre. 14 Car nous n'avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. 15 Que ce soit donc par lui que nous offrions sans cesse à Dieu "un sacrifice de louange", c'est-à-dire "le fruit de lèvres" qui célèbrent son nom. 16 Et n'oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car Dieu se plaît à de tels sacrifices. 17 Obéissez à ceux qui vous conduisent et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte, afin qu'ils le fassent avec joie et non en gémissant, ce qui ne vous serait pas avantageux. 18 Priez pour nous, car nous sommes assurés d'avoir une bonne conscience, voulant en toutes choses bien nous conduire. 19 C'est avec instance que je vous conjure de le faire, afin que je vous sois plus tôt rendu. 20 Que le Dieu de la paix, qui a ramené d'entre les morts celui qui, par le sang d'une alliance éternelle, est devenu le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus, 21 vous rende capables de toute bonne œuvre pour l'accomplissement de sa volonté, en opérant en vous ce qui est agréable à ses yeux, par Jésus-Christ, auquel soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen. 22 Je vous prie, frères, d'agréer cette parole d'exhortation car je vous ai écrit brièvement. 23 Apprenez que notre frère Timothée est relâché, s'il vient assez tôt, j'irai vous voir avec lui. 24 Saluez tous ceux qui vous conduisent et tous les saints. Les frères d'Italie vous saluent. Que la grâce soit avec vous tous. Amen.
Notes sur la lettre aux Hébreux
Explications verset par verset sur JesusMarie.com
1.3 Voir Sagesse, 7, 26.
1.5 Voir Psaume, 2, 7 ; 1 Samuel, 7, 14.
1.6 Voir Psaume, 96, 7.
1.7 Celui qui fait, etc., citation de Psaumes, 103, 4 d’après les Septante. Sens : Les anges sont de condition si inférieure, que Dieu les fait servir au fonctionnement du monde physique ; ce sont eux qui mettent en mouvement les forces naturelles (cf. Jean, 5, 4) ; ils agissent comme le feraient des vents, une flamme, etc.
1.8 Voir Psaume, 44, 7.
1.9 tous tes compagnons, les saints et les prophètes.
1.10 Voir Psaume, 101, 26.
1.13 Voir Psaume, 109, 1 ; 1 Corinthiens, 15, 25. ― L’escabeau de tes pieds. Voir Matthieu 22, 44.
2.4 Voir Marc, 16, 20.
2.5 Le monde, etc. Cf. Hébreux, 1, 11-12.
2.6 Voir Psaume, 8, 5. ― Ou le fils de l’homme. Jésus-Christ se donnait lui-même (voir Matthieu 8, 20) ce nom, c’est-à-dire Fils par excellence de l’homme.
2.8 Voir Matthieu 28, 18 ; 1 Corinthiens, 15, 26.
2.9 Voir Philippiens, 2, 8.
2.10 Dieu, créateur de toutes choses, et à qui toutes choses doivent se rapporter, a voulu, par un effet de sa sagesse et de sa justice, que son Fils unique, qu’il avait destiné pour être notre Sauveur, consommât son sacrifice par ses souffrances, et méritât ainsi le salut des élus, en méritant pour lui-même la gloire infinie dont il est revêtu.
2.11 D’un seul, principe c’est-à-dire Dieu.
2.12 Voir Psaume, 21, 23.
2.13 Voir Psaume, 17, 3 ; Isaïe, 8, 18.
2.14 Voir Osée, 13, 14 ; 1 Corinthiens, 15, 54. ― Le sang et la chair, la nature humaine. ― Le diable a l’empire de la mort, parce qu’il est le premier auteur du péché. ― Jésus-Christ a anéanti le diable en tant qu’ayant la puissance de la mort, c’est-à-dire qu’il a anéanti la mort (voir 2 Timothée, 1, 10), la mort spirituelle et la mort corporelle, en communiquant à l’humanité, dans le baptême et l’eucharistie, un principe de vie spirituelle et divine, qui conserve le corps lui-même pour la vie éternelle.
3.1 De la foi que nous professons ; c’est-à-dire, de la religion que nous professons.
3.2 Voir Nombres, 12, 7.
3.8 Voir Psaume, 94, 8 ; Hébreux, 4, 7. ― au jour de la tentation au désert, ce lieu est Raphidim, où les Israélites murmurèrent, parce qu’ils manquaient d’eau (voir Exode, 17, verset 1 et suivants) ; ou, selon d’autres, l’endroit du désert de Pharan, où ils se révoltèrent, quand on leur annonça ce qu’étaient les Cananéens et le pays de Canaan (voir Nombres, 14, verset 2 et suivants) ; ou bien encore, Cadès, où le manque d’eau excita une nouvelle sédition parmi eux (voir Nombres, 21, verset 4 et suivants).
3.11 Ils n’entreront pas. Voir Psaume, 94, 11.
3.14 le commencement de notre être en lui, c’est-à-dire le commencement de l’être nouveau qu’il a mis en nous, la foi, selon saint Chrysostome, Théodoret, Théophylacte, etc.
3.15 Comme au lieu appelé la Contradiction, lieu dont il est parlé aux versets 8 et 9.
3.17 Voir Nombres, 14, 37.
4.1 La promesse d’entrer ; c’est-à-dire la promesse qui nous est faite d’entrer.
4.3 Voir Psaume, 94, 11. ― Ils n’entreront pas. Cf. Hébreux, 3, 11.
4.4 Voir Genèse, 2, 2.
4.7 Voir Hébreux, 3, 7-8.
4.8 Voir Actes des Apôtres, 7, 45.
4.12 Vivante, un germe vivant qui, reçu avec foi dans l’âme, porte des fruits : voir la parabole du Sauveur à Matthieu 13, verset 3 et suivants. ― Efficace, ayant son accomplissement (voir Isaïe, 55, 10-11).
4.13 Voir Psaume, 33, 16 ; Ecclésiastique, 15, 20.
5.4 Voir Exode, 28, 1 ; 2 Chroniques, 26, 18.
5.5 Voir Psaume, 2, 7.
5.6 Voir Psaume, 109, 4.
5.7 De sa chair, de sa vie passible et mortelle. ― Des supplications, etc. : allusion à la prière et à l’agonie de Jésus-Christ dans le jardin de Gethsémani. Comparer aussi à Psaumes, 21, 25. Les évangélistes ne disent pas que Jésus-Christ ait pleuré au jardin des Oliviers, ou sur la croix : mais l’Apôtre a pu apprendre cette particularité de la tradition ou par révélation. Remarquons qu’il n’y a pas de contradiction entre ce qui est dit ici, que Jésus-Christ fut exaucé, et ce cri qu’il poussa sur la croix : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? Parce que quoiqu’il eût été exaucé dans sa demande à son Père d’accomplir sa volonté, par rapport à sa passion ; c’est-à-dire de mériter par sa passion et sa mort de ressusciter et d’obtenir pour nous-mêmes notre salut éternel, il a été réellement abandonné de son Père sur la croix, en ce sens que son Père l’a livré, lui, Fils unique, aux douleurs, aux tourments et à la mort même.
5.13 parole de perfection, c’est-à-dire de l’enseignement, des leçons de la perfection chrétienne.
6.4 Il s’agit de l’apostasie : rejetant le Christ c’est comme s’il rejeté son médecin, son mal ne pourra plus être soigné. Voir Matthieu 12, 45 ; Hébreux, 10, 26 ; 2 Pierre, 2, 20. ― éclairés ; c’est-à-dire baptisés. Le baptême s’appelait autrefois l’illumination.
6.5 La douceur de la parole de Dieu, l’Évangile avec ses promesses et ses consolations (cf. Zacharie, 1, 13). ― Les merveilles du monde à venir, les dons extraordinaires du Saint-Esprit.
6.6 Thomas d’Aquin. Saint Paul fait sentir la difficulté de se relever, difficulté qui a sa cause dans la chute. En disant qu’il est « impossible » il veut faire comprendre la très grande difficulté de se relever, d’abord, à cause du péché, et ensuite à cause de l’orgueil, comme on le voit dans les démons. C’est de cette parole de S. Paul que Novat, prêtre de l’Église romaine, prit occasion d’erreur. Il prétendit que personne ne pouvait après le baptême se relever par la pénitence Mais c’est une fausse supposition, comme l’a expliqué saint Athanase (dans sa lettre à Sérapion), puisque S. Paul lui-même reçut à la pénitence l’incestueux de Corinthe, comme on le voit dans la 2ème lettre aux Corinthiens, 2, 8, et dans le chapitre 4 de la lettre aux Galates (verset 19), puisque S. Paul y dit: "Mes petits enfants, pour qui je souffre de nouveau les douleurs de l’enfantement, etc." Il faut donc entendre, comme dit S. Augustin, que l’Apôtre ne dit pas qu’il est impossible de se repentir, mais qu’il l’est de se renouveler une seconde fois par le baptême (Tite 3, 5): "Par l’eau de la renaissance et par le renouvellement du Saint Esprit " car jamais le pécheur ne pourrait faire une pénitence assez grande pour mériter d’être de nouveau baptisé. L’Apôtre s’exprime ainsi, parce que, d’après la loi, les Juifs reçoivent plusieurs baptêmes, comme on le voit en S. Marc, 7, 4. C’est donc pour renverser cette erreur, que S. Paul parle de cette manière.
6.10 Aux saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.
6.14 Voir Genèse, 22, 17.
6.18 deux choses, la promesse et le serment.
6.19 Et qui pénètre jusqu'au-delà du voile. Notre espérance dans les promesses de Dieu pénètre au-delà du voile tendu dans le temple devant le Saint des Saints, c’est-à-dire jusqu’au ciel, représenté par le Saint des Saints.
7.1 Voir Genèse, 14, 18. ― Salem signifie paix. D’après le plus grand nombre des exégètes, c’est la ville de Jérusalem.
7.3 Qui est sans père ; c’est-à-dire qui est présenté dans l’Écriture sans père, etc. Remarquons aussi que les anciens disaient souvent de quelqu’un qu’il était sans père et sans mère, quand ses parents étaient inconnus. Sénèque, Tite Live et Horace nous en fournissent des exemples.
7.5 Voir Deutéronome, 18, 3 ; Josué, 14, 4.
7.7 Cf. Romains, 11, 32.
7.8 Ici ; c’est-à-dire dans ce qui est plus rapproché de nous, sous la loi mosaïque, dans le sacerdoce lévitique. ― Mais là ; dans un temps plus éloigné, à l’époque d’Abraham et de Melchisédech.
7.15-16 Que les paroles du Psalmiste annoncent un nouveau sacerdoce et une loi nouvelle, cela devient plus évident encore, si nous voyons que le nouveau prêtre selon l’ordre de Melchisédech est institué pour toujours, qu’il ne doit ni mourir ni avoir de successeur.
7.17 Voir Psaume, 109, 4.
7.20 Cela ne s'est pas fait sans serment. Pour avoir la liaison des idées, il faut rapprocher ces mots du verset 17.
7.21 Voir Psaume, 109, 4.
7.25 pour intercéder en leur faveur. Jésus-Christ, comme homme, intercède continuellement pour nous, en représentant sa passion à son Père.
7.27 Voir Lévitique 16, 6.
8.5 Voir Actes des Apôtres, 7, 44. ― Des choses célestes, ce que fait Jésus, le grand prêtre, dans le tabernacle du ciel. ― regarde, tiré d’Exode, 25, vv. 8, 40. Ces mots font entendre que le tabernacle devait avoir une signification symbolique, qu’il n’était que l’image d’un type céleste. Voir chapitre 9. .
8.8 Voir Jérémie, 31, 31.
9.2 Voir Exode, 26, 1 ; 36, 8. ― Les pains de proposition, c’est-à-dire les pains exposés, les rangées de pains.
9.3 Le second voile. Voir Matthieu 27, 51.
9.4 Un encensoir d’or. L’autel des parfums. voir note Exode 30, 6 ; 1 Rois, 8, 9 ; 2 Chroniques, 5, 10. Des chérubins … qui couvraient voir note Exode 25, 20.
9.7 Voir Exode, 30, 10 ; Lévitique, 16, 2.
9.11 Qui n'appartient pas à cette création-ci, qui ne fait pas partie des œuvres de ce monde.
9.12 Par le seul sacrifice de son sang offert une fois sur la croix, Jésus-Christ nous a acquis une rédemption dont l’effet est permanent et éternel ; au lieu que l’effet des sacrifices de la loi n’était que passager, ce qui obligeait de les réitérer. Aussi, lorsque l’Église offre à Dieu Jésus-Christ présent sur l’autel, elle ne croit pas pour cela qu’il manque quelque chose au sacrifice de la croix ; elle le croit au contraire si parfait et si suffisant, qu’elle n’offre celui de la messe que pour en célébrer la mémoire, et pour nous en appliquer la vertu.
9.13 Voir Lévitique, 16, 15.
9.14 Voir 1 Pierre, 1, 19 ; 1 Jean, 1, 7 ; Apocalypse, 1, 5. ― Par l’Esprit éternel. Jésus-Christ s’offre par l’Esprit éternel, c’est-à-dire, animé, porté, consacré, pour cet acte par l’Esprit de Dieu qui est en lui sans mesure, dans une harmonie ineffable avec Dieu qui s’associe à son œuvre par son Esprit. Ici, comme à Romains, 1, 4 et 1 Timothée, 3, 16, ces mots expriment la nature divine du Christ, d’où son sacrifice tira une valeur infinie. ― Éternel rappelle et explique la rédemption éternelle du verset 12 : c’est l’œuvre de Dieu accomplie pour l’éternité. ― Œuvres mortes, les péchés (voir Hébreux, 6, 1).
9.15 Voir Galates, 3, 15.
9.20 Voir Exode, 24, 8.
9.26 Dans les derniers âges ; c’est-à-dire lorsque la plénitude du temps marquée pour la venue du Sauveur a été accomplie. Cf. 1 Corinthiens, 10, 11 ; Galates, 4, 4.
9.28 Voir Romains, 5, 9 ; 1 Pierre, 3, 18. ― De la multitude. Voir, pour le vrai sens de cette expression, Matthieu 20, 28. ― Sans péché ; c’est-à-dire sans avoir encore à expier le péché.
10.5 Voir Psaume, 39, 7.
10.7 Voir Psaume, 39, 8.
10.13 Voir Psaume, 109, 1 ; 1 Corinthiens, 15, 25. ― l'escabeau de ses pieds. Voir Matthieu 22, 44.
10.16 Voir Jérémie, 31, 33 ; Hébreux, 8, 8.
10.18 Là où il a rémission entière des péchés, comme dans le baptême, il n’y a aucun besoin d’offrir un sacrifice pour de pareils péchés déjà remis ; et quant aux péchés commis après, ils ne peuvent être remis que par la vertu de l’oblation et de la mort de Jésus-Christ.
10.26 Voir Hébreux, 6, 4. ― L’Apôtre veut dire que, puisque les hosties de la loi ne peuvent, comme il l’a parfaitement prouvé, effacer les péchés, et qu’il n’y a que le sang de Jésus-Christ qui ait cette vertu, il suit nécessairement que ceux qui y renoncent n’ont pas de salut à espérer.
10.28 Voir Deutéronome, 17, 6 ; Matthieu 18, 16 ; Jean, 8, 17 ; 2 Corinthiens, 13, 1.
10.30 Voir Deutéronome, 32, 35 ; Romains, 12, 19.
10.38 Voir Habacuc, 2, 4 ; Romains, 1, 17 ; Galates, 3, 11.
10.39 Nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour leur perte, nous ne sommes nullement disposés à nous retirer, à abandonner par une lâche apostasie le parti de la vérité. Cf. Luc, 16, 8.
11.3 Voir Genèse, 1, 3.
11.4 Voir Genèse, 4, 4 ; Matthieu 23, 35. ― Il parle toujours : « allusion aux paroles de Dieu à Caïn : Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie vers moi. » Voir Genèse, 4, 10. Cf. Hébreux, 12, 24. Mais est-ce là le langage de sa foi ? D’autres : il parle encore par son exemple, consigné dans les premières pages de l’Écriture.
11.5 Voir Genèse, 5, 24 ; Ecclésiastique, 44, 16.
11.7 Voir Genèse, 6, 14 ; 8, 5 ; Ecclésiastique, 44, 17.
11.8 Voir Genèse, 12, 1 ; 17, 5.
11.11 Voir Genèse, 17, 19.
11.15 c’est-à-dire s’ils s’étaient regardés comme citoyens d’Ur ou de Haran, ils y seraient aisément retournés.
11.17 Voir Genèse, 22, 1 ; Ecclésiastique, 44, 21.
11.18 Voir Genèse, 21, 12 ; Romains, 9, 7.
11.19 Comme en figure de la mort et de la résurrection du Sauveur.
11.20 Voir Genèse, 27, vv. 27, 39.
11.21 Voir Genèse, 48, 15 ; 47, 31. ― il se prosterna, etc. ; envisageant par la foi dans le sceptre de son fils la puissance souveraine du Messie, dont Joseph était la figure.
11.22 Voir Genèse, 50, 23. ― de la sortie d’Égypte. Joseph demanda que ses restes fussent transportés en Palestine quand Israël quitterait l’Égypte, ce qui fut fidèlement exécuté.
11.23 Voir Exode, 2, 2 ; 1, 17.
11.24 Voir Exode, 2, 11.
11.25 Aimant mieux, etc. Il préféra la vie pénible des Hébreux aux délices de la cour, qu’il ne pouvait goûter sans péché ; il aurait cru pécher s’il s’était livré aux plaisirs, sans se mettre en peine de ses frères.
11.28 Voir Exode, 12, 21. ― Il célébra la Pâque. Voir Matthieu 26, 2.
11.29 Voir Exode, 14, 22.
11.30 Voir Josué, 6, 20.
11.31 Voir Josué, 2, 3. ― une sûre hospitalité, sans les découvrir, sans les dénoncer, ou avec bienveillance, sans leur faire aucun mal, les conservant sains et saufs.
11.33 Ont conquis des royaumes, comme Gédéon, Barac, David. ― Fermé la gueule des lions, comme Daniel qui, jeté dans la fosse aux lions, n’en reçut aucun mal.
11.34 éteint la violence du feu. Les trois compagnons de Daniel jetés dans la fournaise ne furent pas brûlés. ― Échappé au tranchant de l’épée, comme Élie et Élisée, échappant à leurs ennemis. ― triomphé de la maladie, comme le saint roi Ézéchias. ― déployé leur vaillance à la guerre, comme les Machabées.
11.35 Des femmes ont recouvré leurs morts, leurs enfants, ressuscités par Élie et Élisée. ― Les uns ont péri dans les tortures, le saint vieillard Eléazar et les sept frères Machabées.
11.37 Ont été lapidés. Zacharie, fils du grand-prêtre Joïada, fut lapidé. Jérémie le fut aussi, selon une ancienne tradition. ― Sciés. D’après la tradition juive, Isaïe fut scié en deux.
11.40 c’est-à-dire Dieu ayant voulu, par une faveur singulière qu’il nous a faite, que leur félicité complète fut différée jusqu’à ce que nous jouissions nous-mêmes de la nôtre. Mais ce retard de leur béatitude ne l’a pas diminuée ; au contraire, en les animant à une plus grande patience et à une espérance plus vive, il a augmenté le mérite de leur foi.
12.1 Voir Romains, 6, 4 ; Éphésiens, 4, 22 ; Colossiens, 3, 8 ; 1 Pierre, 2, 1 ; 4, 2.
12.4 Le péché, personnifié et présenté sous la figure d’un adversaire, d’un lutteur, dont il faut repousser les coups.
12.5 Voir Proverbes, 3, 11 ; Apocalypse, 3, 19.
12.6 Tout fils qu’il reconnaît pour sien.
12.14 Voir Romains, 12, 18.
12.16 Voir Genèse, 25, 34. ― Pour un seul plat de lentilles.
12.17 Voir Genèse, 27, 38. ― Il ne put amener son père à changer de sentiments, sa pénitence, quoique accompagnée de larmes, ne fut pas reçue de Dieu, parce qu’elle manquait d’autres conditions nécessaires. C’est le sens donné à ce passage par saint Jean Chrysostome, par plusieurs auteurs anciens et des exégètes.
12.18 Voir Exode, 19, 12 ; 20, 21.
12.20 Voir Exode, 19, 13.
12.22 La montagne de Sion, la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, l’Église.
12.23 Parvenus à la perfection, à qui rien ne manque plus, puisqu’ils sont arrivés au ciel où est la perfection de la sainteté et de la gloire.
12.26 Voir Aggée, 2, 7.
12.29 Voir Deutéronome, 4, 24.
13.2 Voir Genèse, 18, 3 ; 19, 2 ; Romains, 12, 13 ; 1 Pierre, 4, 9.
13.5 Voir Josué, 1, 5.
13.6 Voir Psaume, 117, 6.
13.7 ceux qui vous conduisent, c’est-à-dire les évêques et les prêtres, comme l’indiquent assez clairement les mots qui suivent.
13.10 Saint Paul veut dire ici que les Juifs convertis au christianisme, qui rendent encore un culte au tabernacle, c’est-à-dire qui continuent à observer les pratiques du judaïsme, perdent par là même le droit de participer à la divine Eucharistie.
13.11 Voir Lévitique, 16, 27.
13.12 Hors de la porte de Jérusalem. Du temps de Notre-Seigneur, le Calvaire était en dehors de la ville de Jérusalem.
13.14 Voir Michée, 2, 10.
13.17 ceux qui vous conduisent. Voir au v. 7.
13.19 Afin que je vous sois plus tôt rendu : plusieurs pensent que l’Apôtre était alors prisonnier à Rome.
13.20-21 Le Grand Pasteur : cf. 1 Pierre, 5, 4 ; Jean, 10, vv. 11, 16. ― Par le sang, peut se joindre à Pasteur, Jésus nous ayant rendus à la vie, réconfortés et nourris par son sang ; Dieu a retiré Jésus-Christ d’entre les morts et l’a fait monter au Ciel par ou avec son sang, que, grand prêtre éternel, il offre sans cesse pour nous (saint Thomas). Ce sens convient mieux à tout l’ensemble de la lettre. ― D'une alliance éternelle, la nouvelle alliance, qui ne sera jamais remplacée par une autre. ― en opérant en vous par sa grâce, à laquelle l’homme doit coopérer.
13.23 « Il semble résulter de ce passage : 1. Que Timothée avait été aussi prisonnier à Rome ; 2. que, après avoir été mis en liberté, il avait reçu de Paul quelque mission ; 3. enfin que ce dernier espérait être prochainement relâché.
13.24 ceux qui vous conduisent . Voir au v. 7. ― Les saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.
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