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Livre d'Esther

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Introduction au livre d’Esther


Le nom, le sujet et la division du livre. — Comme pour les livres de Ruth et de Judith, le nom est celui de l’héroïne elle-même. Les Juifs disent : Megillat ’Ester, le rouleau d‘Esther (voyez le 3° de cette Introduction, p.434), ou simplement ’Ester (parfois aussi, Megillat tout court, le rouleau par excellence).

Grand drame qui se passe en Perse, surtout dans la ville de Suse, sous le règne d’Assuérus. Les mystérieux desseins de la Providence confèrent le titre de reine à la pieuse Juive Esther, élevée par son proche parent, Mardochée. Celui-ci s’attire la haine d’Aman, le premier ministre, qui, pour se venger, obtient du roi un édit de mort contre tous les Israélites domiciliés dans l’empire perse. Mais Esther est assez puissante pour faire révoquer ce décret terrible : Aman, ses fils, et tous les ennemis des Juifs, sont mis à mort; Mardochée devient premier ministre, et le peuple de Dieu, merveilleusement sauvé, célèbre ses actions de grâces.

Trois parties principales : 1° les Juifs dans un péril extrême, 1, 1-5, 14; 2° les Juifs sauvés par Esther et Mardochée, 6, 1-10, 3; 3° appendices deutérocanoniques, qui complètent les deux premières parties, 10, 4-16, 24.

La date des faits, l'auteur. la date de la composition. — Pour préciser exactement la date des faits racontés dans le livre d’Esther, il suffit de savoir quel est ce roi de Perse, Assuérus, sous le règne duquel tout s’est passé. Pendant longtemps, les meilleurs exégètes ont été en désaccord sur ce point important; mais, « un des premiers résultats de la lecture des inscriptions perses fut l'identification d’Assuérus à Xerxès...; cette conquête de la science ne fait plus l’ombre d’un doute (Appert, l.c., p.7. Tout le long du livre, les Septante emploient le nom d'Artaxercès, que nous trouverons, dans notre version latine, aux appendices deutérocanoniques (cf 11, 2 et ss.); mais il est identique à celui de Xercès) ». Assuérus est donc « Xercès Ier, fils de Darius Ier, fils d’Hystaspe. La forme hébraïque ’Ahašvéroš correspond à la forme perse Kchayarcha, en la faisant précéder de l’aleph prosthétique. Ce qui est dit de l’étendue de l’empire perse (1, 1, et 10, 1), des usages de la cour et de l’humeur capricieuse d’Assuérus convient parfaitement à Xercès. Les auteurs grecs et latins, en citant d’autres traits de son caractère, nous le présentent sous le même jour que l’écrivain hébreu : sensuel, vindicatif, cruel, extravagant. Le Lydien Pythius lui donne de grosses sommes pour la guerre contre la Grèce, traite très bien son armée, et lui demande seulement de garder l'aîné de ses cinq fils, qui servaient dans ses troupes : Xercès fait aussitôt couper le jeune homme en morceaux et passer ses soldats au milieu de ses débris sanglants (Hérod., 7, 37-39; Sénèque, de Ira, 7, 17). Parce qu’une tempête a emporté le pont de bateaux construit sur l’Hellespont pour le passage de ses bataillons, ce même roi condamne à mort le constructeur, et ordonne de fouetter la mer et de la charger de chaînes (Hérod., 7, 31). A la bataille des Thermopyles, il fait placer au premier rang, si on en croit Diodore de Sicile, les soldats mèdes, afin de les faire tous tuer. Après son échec en Grèce, il oublie ses désastres en se plongeant dans toutes sortes de débauches (Hérod., 9, 108 et ss.). Tel était Xercès, tel était Assuérus (Man. Bibl., t. 2, n. 552, 1°). » Or Xercès Ier régna de 485 à 464 avant J .-C.; en outre, comme le livre d’Esther s’ouvre à la troisième année d‘Assuérus pour s’achever à la treizième (cf. 1, 3; 3, 7; 10, 1 et ss.), la date des événements est ainsi limitée aux années 482-472 avant J.-C.

Au sujet de l’auteur, il existe différentes hypothèses, mais pas de tradition proprement dite qui s’impose. Saint Augustin et d’autres attribuent la composition du livre à Esdras; le Talmud, aux « hommes de la Grande Synagogue »; Clément d’Alexandrie et divers auteurs après lui, à Mardochée en personne. Sans être certaine, cette dernière conjecture est la plus plausible des trois; du moins, elle ne présente rien d’impossible (les passages 10, 20 et 32, tels qu'on les lit dans la Vulgate, semblent attribuer la composition du livre entier à Mardochée; mais, d'après l'hébreu, ils peuvent bien ne désigner que la lettre du premier ministre aux gouverneurs des provinces, et les annales des rois perses et mèdes). Si quelques traits de la fin paraissent un peu plus récents, notamment 9, 22-10, 1, rien n’empêche qu'ils n’aient été ajoutés par une autre main.

Le lieu et l’époque de la composition sont plus faciles à fixer avec certitude. L’auteur cite des documents qu’il n’a pu consulter que dans les archives persanes (cf. 9, 32; 10, 2; 13, 1-7; 16, 1-24); il est vraisemblable qu’il aura écrit à Suse même. Un nombre considérable de détails ne peuvent guère provenir que d'un témoin oculaire (cf. 1, 6;8, 10, 14-15, etc.); en tout cas, la fraîcheur et la précision du récit font penser à un contemporain d’Esther. Le style indique à peu près la même époque que celle des Chroniques, d‘Esdras et de Néhémie.

But et caractère du livre d’Esther. — Le but n’est pas seulement, comme l'affirment quelques auteurs contemporains, de raconter l’origine de la fête de Purim ou des Sorts, instituée en souvenir de la délivrance des Juifs (cf. 9, 20-32; 16, 22-24). Il est, au fond, le même qu’au livre de Judith (voyez la page 380), et consiste à donner une nouvelle preuve éclatante du soin avec lequel Dieu veillait sur son peuple, pour écarter de lui tout péril, et le préserver en vue du Messie promis. Voyez 10, 12-13; 11, 9 et ss.; 13, 15 et ss.; 14, 5 et ss.

Les Juifs ont attaché de tout temps « une importance particulière à cet opuscule, le seul ouvrage complet, avec le Pentateuque, qui se lise obligatoirement au temple; le seul qui, avec le Pentateuque, ait conservé sa forme antique de rouleau (Lazare Wogue, Histoire de la Bible et de l'exégèse biblique jusqu'à nos jours; Paris, 1881, p. 70-71). » Aussi le Talmud contient-il cette assertion : « Les Prophètes et les Hagiographes pourront être anéantis; mais le Pentateuque ne périra point; pareillement, le volume d'Esther est impérissable (Traité Megilloth, 1, 7). » Il respire un ardent et courageux patriotisme.

La forme est claire et simple, pittoresque et vivante; les tableaux dramatiques se présentent presque à toutes les pages; les portraits des quatre principaux personnages (Esther, Mardochée, Assuérus, Aman) sont d’une vérité saisissante. Les mots d’origine persane sont relativement fréquents; de même les expressions hébraïques de date plus récente et les aramaïsmes : ce qui s’explique par le lieu et l’époque de la composition.

Le caractère historique et la canonicité du livre. — On s’est plu, de nos jours, à attaquer la véracité de certains détails, que l’on a affecté de regarder comme invraisemblables. Ces détails, relatifs surtout au roi Assuérus, s’expliquent sans peine par ce que l’histoire nous révèle des mœurs et de la nature de ce prince despotique (voyez le 2°, page 434, et le commentaire, passim.). Bien plus, des traits nombreux du livre sont en parfaite conformité avec les usages persans, tels qu’ils nous sont connus par les auteurs classiques (notamment par Hérodote, qui sera souvent cité dans les notes exégétiques). La fête des Sorts, célébrée de tout temps dans Israël depuis le règne de Xercès 1er (cf. 2 Mach. 15, 37; Josèphe, Ant., 11, 6, 13), atteste la croyance de la nation théocratique à la vérité des faits sur lesquels cette solennité était fondée.

Sous le rapport de la canonicité, il faut distinguer deux parties dans le livre d’Esther : les deux premiers tiers, 1, 1-10, 3, existent seuls dans la Bible hébraïque; le reste, 10, 4-16, 24, en est absent. La première partie est donc protocanonique, comme l’on dit ; la seconde, deutérocanonique (voyez le tome 1, p. 12 et 13, et le Man. Bibl., t. 1, n. 35), c’est-à-dire égale à l’autre au point de vue de l'inspiration, mais reçue plus tard dans le canon sacré. Cette seconde partie se compose de sept fragments distincts, qui sont entremêlés au récit dans la traduction des Septante, mais que saint Jérôme a groupés ensemble dans la Vulgate, et placés à la fin du livre : 1° prologue, qui contient le songe de Mardochée (Vulg.,.11,2-12, 6; dans les Septante, avant 1, 1); 2° l’édit d’Assuérus contre les Juifs (Vulg., 13, 1-7; Septante, à la suite de 3, 13); 3° le message pressant de Mardochée à Esther pour l’inviter à se présenter devant Assuérus (Vulg., 15, 1-3; Septante, après 4, 8); 4° les prières de Mardochée et d’Esther (Vulg.,13, 8-14, 19; Septante, après 4, 17); 5° la description de la visite d’Esther au roi (Vulg., 15, 4-19; Septante, à la suite de 5, 1-2) ; 6° le décret d'Assuérus en faveur des Juifs (Vulg., 16, 1-24; Septante, après 8, 13); 7° épilogue, qui donne l'interprétation du songe de Mardochée (Vulg., 10 , 4-11, 1; Septante, après 10, 3).

Il est certain que ces fragments firent primitivement partie du texte du livre. Il existe plusieurs anciens midrašim (commentaires) juifs qui les contiennent; l'historien Josèphe les a connus (cf. Ant., 11, 6, 1 et ss.); la paraphrase chaldaïque les renferme, aussi bien que les Septante; les traducteurs alexandrins, dans les dernières lignes du livre (Vulg., 11, 1(voyez le commentaire)), affirment clairement qu’ils les ont reçus de Jérusalem environ deux siècles avant l'ère chrétienne : que faut-il de plus, en fait de témoignages, pour une démonstration solide? Les preuves intrinsèques viennent aussi corroborer l'argument extrinsèque et attester que, sans ces passages, le livre d’Esther serait ·mutilé, incomplet. On a remarqué depuis longtemps que la partie protocanonique ne contient pas une seule fois le nom de Dieu, qu’il n’y est question ni du choix spécial que le Seigneur avait fait des Juifs pour qu’ils fussent sa nation sainte, ni de leur histoire antérieure, tandis que ces détails, qui caractérisent si bien tous les écrits inspirés, abondent dans les fragments deutérocanoniques. Qu’on remette ces derniers à leur place, ce fait bizarre et anormal disparaît; ils complètent admirablement le livre, et lui donnent sa vraie couleur théocratique. Ils en devaient donc faire partie intégrante à l’origine; mais il est probable, comme le supposait Aben-Esra, que le petit volume d’Esther fut traduit aussitôt en persan, pour être annexé aux annales de l’empire; or évidemment, cette rédaction officielle, purement historique, omit tout ce qui eût été en opposition avec la religion de la plupart des sujets de l'empire: étant la plus répandue, elle a pris place de préférence à l‘autre dans la Bible hébraïque. Notons encore que, le plus souvent, le style des morceaux deutérocanoniques annonce visiblement un original hébreu; si les deux édits (cf. 13, 1-7; 16, 1-24) ont un cachet grec assez accentué, cela tient ou au genre plus large qu’y a adopté le traducteur, ou mieux encore à ce qu’il les aura reproduits tels qu’ils furent publiés dans les provinces persanes de langue grecque.

Dans la Bible hébraïque, le livre d’Esther n’occupe point la même place que dans les Septante et la Vulgate; il est rangé, avec les quatre autres megillot, parmi les hagiographes, entre Job et Daniel (voyez le tome 1, p. 13).

Ouvrages à consulter : les commentaires de Serarius, Calmet, Cornelius a Lapide; J. Oppert, Commentaire historique et philologique du livre d'Esther, d’après la lecture des inscriptions perses, Paris, 1864 ; Gillet, Tobie, Judith et Esdras, Paris, 1879.



Livre d’Esther

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Esther 1. [Lire 11.2-12.6 : le Prologue.] 1 C'était au temps d'Assuérus, de cet Assuérus qui régna, depuis l'Inde jusqu'à l’Éthiopie, sur cent vingt-sept provinces, 2 au temps où le Roi Assuérus était assis sur son trône royal à Suse, la capitale. 3 La troisième année de son règne, il fit un festin à tous ses princes et à tous ses ministres. Les chefs de l'armée des Perses et des Mèdes, les grands et les gouverneurs des provinces furent réunis en sa présence, 4 c'est alors qu'il déploya devant eux la riche splendeur de son royaume et l'éclatante magnificence de sa grandeur, pendant un grand nombre de jours, pendant cent quatre-vingts jours. 5 Lorsque ces jours furent écoulés, le roi fit pour tout le peuple qui se trouvait à Suse, la capitale, depuis le plus grand jusqu'au plus petit, un festin de sept jours, dans la cour du jardin de la maison royale. 6 Des tentures blanches, vertes et bleues étaient attachées par des cordons de byssus et de pourpre à des anneaux d'argent et à des colonnes de marbre, des lits d'or et d'argent étaient posés sur un pavé de porphyre, de marbre blanc, de nacre et de marbre noir. 7 On servait à boire dans des vases d'or de différentes formes et le vin royal était offert en abondance, grâce à la libéralité du roi. 8 Suivant le décret, chacun buvait sans que personne lui fît violence, car le roi avait ordonné à tous les officiers de sa maison de se conformer à la volonté de chacun des convives. 9 La reine Vasthi fit aussi un festin pour les femmes, dans la maison royale du roi Assuérus. 10 Le septième jour, comme le vin avait mis la joie au cœur du roi, il ordonna à Maüman, Bazatha, Harbona, Bagatha, Abgatha, Zéthar et Charchas, les sept eunuques qui servaient devant le roi Assuérus, 11 d'amener en sa présence la reine Vasthi, couronnée du diadème royal, pour montrer sa beauté aux peuples et aux grands, car elle était belle de figure. 12 Mais la reine Vasthi refusa de se rendre au commandement du roi, qu'elle avait reçu par l'intermédiaire des eunuques et le roi fut très irrité et sa colère s'enflamma. 13 Alors le roi s'adressa aux sages qui avaient la connaissance des temps car ainsi se traitaient les affaires du roi, devant tous ceux qui étaient experts dans la loi et le droit 14 et les plus près de lui étaient Charséna, Séthar, Admatha, Tharsis, Marès, Marsana et Mamuchan, les sept princes de Perse et de Médie, qui voyaient le visage du roi et qui occupaient le premier rang dans le royaume. 15 "Quelle loi, dit-il, doit-on appliquer à la reine Vasthi, pour n'avoir pas exécuté l'ordre du roi Assuérus, qu'il lui a donné par l'intermédiaire des eunuques ?" 16 Mamuchan répondit devant le roi et les princes : "Ce n'est pas seulement à l'égard du roi que la reine Vasthi a mal agi, mais aussi envers tous les princes et tous les peuples qui sont dans toutes les provinces du roi Assuérus. 17 Car l'action de la reine viendra à la connaissance de toutes les femmes et les portera à mépriser leurs maris, elles diront : le roi Assuérus avait ordonné qu'on amenât en sa présence la reine Vasthi et elle n'y est pas allée. 18 Et dès aujourd'hui, les princesses de Perse et de Médie, qui auront appris l'action de la reine, la citeront à tous les princes du roi et il en résultera beaucoup de mépris et de colère. 19 Si le roi le trouve bon, qu'on publie de sa part et qu'on inscrive parmi les lois des Perses et des Mèdes, pour n'être pas enfreinte, une ordonnance royale portant que la reine Vasthi ne paraîtra plus devant le roi Assuérus et que le roi donnera sa dignité de reine à une autre qui soit meilleure qu'elle. 20 Et quand l'édit du roi sera connu dans tout son royaume, qui est vaste, toutes les femmes rendront honneur à leurs maris, depuis le plus grand jusqu'au plus petit." 21 Le conseil plut au roi et aux princes et le roi agit selon le discours de Mamuchan. 22 Il envoya des lettres à toutes les provinces du royaume, à chaque province selon son écriture et à chaque peuple selon sa langue, elles portaient que tout mari devait être le maître dans sa maison et qu'il parlerait le langage de son peuple.


Esther 2. 1 Après ces choses, quand la colère du roi Assuérus se fut calmée, il se rappela Vasthi, ce qu'elle avait fait et la décision qui avait été prise à son sujet. 2 Alors les serviteurs du roi, qui étaient en fonctions près de lui, dirent : "Qu'on cherche pour le roi des jeunes filles, vierges et belles de figure, 3 que le roi établisse dans toutes les provinces de son royaume des officiers chargés de rassembler toutes les jeunes filles, vierges et belles de figure, à Suse, la capitale, dans la maison des femmes, sous la surveillance d'Égée, eunuque du roi et gardien des femmes, qui pourvoira à leur toilette, 4 et que la jeune fille qui plaira au roi devienne reine à la place de Vasthi." Le roi approuva cet avis et il fit ainsi. 5 Il y avait à Suse, la capitale, un Juif nommé Mardochée, fils de Jaïr, fils de Séméï, fils de Cis, de la race de Benjamin, 6 qui avait été emmené de Jérusalem parmi les captifs déportés avec Jéchonias, roi de Juda, par Nabuchodonosor, roi de Babylone. 7 Il élevait Édissa, qui est Esther, fille de son oncle, car elle n'avait ni père ni mère. La jeune fille était belle de forme et d'un gracieux visage, à la mort de son père et de sa mère, Mardochée l'avait adoptée pour fille. 8 Lorsqu'on eut publié l'ordre du roi et son édit et que de nombreuses jeunes filles furent rassemblées à Suse, la capitale, sous la surveillance d'Égée, Esther fut prise aussi et amenée dans la maison du roi, sous la surveillance d'Égée, gardien des femmes. 9 La jeune fille lui plut et gagna sa faveur, il s'empressa de lui fournir les choses nécessaires à sa toilette et à sa subsistance, de lui donner sept jeunes filles choisies dans la maison du roi et il la fit passer avec elles dans le meilleur appartement de la maison des femmes. 10 Esther ne fit connaître ni son peuple ni sa naissance, car Mardochée lui avait défendu d'en parler. 11 Chaque jour Mardochée se promenait devant la cour de la maison des femmes, pour savoir comment se portait Esther et comment on la traitait. 12 Et quand arrivait pour chaque jeune fille le tour d'aller vers le Roi Assuérus, après avoir passé douze mois à accomplir ce qui était prescrit aux femmes, et voici ce que comportait le temps de leur purification : pendant six mois, elles se purifiaient avec de l'huile de myrrhe et pendant six mois avec des aromates et des parfums en usage parmi les femmes, 13 et que la jeune fille allait vers le roi, on lui permettait de prendre avec elle ce qu'elle voulait, pour aller de la maison des femmes dans la maison du roi. 14 Elle s'y rendait le soir et le lendemain matin elle passait dans la seconde maison des femmes, sous la surveillance de Susagaz, eunuque du roi et gardien des concubines. Elle ne retournait plus vers le roi, à moins que le roi ne la désirât et qu'elle ne fût appelée nommément. 15 Lorsque son tour d'aller vers le roi fut arrivé, Esther, fille d'Abihaïl, oncle de Mardochée qui l'avait adoptée pour fille, ne demanda pas autre chose que ce que désigna Égée, eunuque du roi et gardien des femmes, mais Esther plut aux yeux de tous ceux qui la virent. 16 Esther fut conduite auprès du roi Assuérus, dans sa maison royale, le dixième mois, qui est le mois de Tébeth, la septième année de son règne. 17 Le roi aima Esther plus que toutes les femmes et elle obtint grâce et faveur auprès de lui plus que toutes les jeunes filles. Il mit le diadème royal sur sa tête et la fit reine à la place de Vasthi. 18 Le roi donna un grand festin à tous ses princes et à ses serviteurs, le festin d'Esther, il accorda du repos aux provinces et fit des largesses avec une munificence royale. 19 La seconde fois qu'on rassembla des jeunes filles, Mardochée était assis à la porte du roi. 20 Esther n'avait fait connaître ni sa naissance ni son peuple, selon que Mardochée le lui avait ordonné et Esther suivait les ordres de Mardochée, comme lorsqu'elle était élevée par lui. 21 En ces jours-là, comme Mardochée était assis à la porte du roi, Bagathan et Tharès, deux eunuques du roi, gardes du palais, poussés par la colère, voulurent porter la main sur le roi Assuérus. 22 Mardochée eut connaissance du complot et il en informa la reine Esther, qui le redit au roi de la part de Mardochée. 23 Le fait ayant été examiné et trouvé exact, les deux eunuques furent pendus à un bois et cela fut écrit dans le livre des Chroniques en présence du roi.


Esther 3. 1 Après ces choses, le roi Assuérus éleva en dignité Aman, fils d'Amadatha, du pays d'Agag, il l'éleva et plaça son siège au-dessus de tous les chefs qui étaient auprès de lui. 2 Tous les serviteurs du roi, qui se tenaient à sa porte, fléchissaient le genou et se prosternaient devant Aman, car ainsi l'avait ordonné le roi à son sujet. Mais Mardochée ne fléchissait pas le genou et ne se prosternait pas. 3 Les serviteurs du roi, qui se tenaient à sa porte, dirent à Mardochée : "Pourquoi transgresses-tu l'ordre du roi ?" 4 Comme ils le lui répétaient chaque jour et qu'il ne les écoutait pas, ils en informèrent Aman, pour voir si Mardochée persévérerait dans sa résolution, car il leur avait dit qu'il était Juif. 5 Aman vit que Mardochée ne fléchissait pas le genou et ne se prosternait pas devant lui et Aman fut rempli de fureur. 6 Mais il dédaigna de porter la main sur Mardochée seul, car on lui avait appris de quel peuple était Mardochée et Aman voulut détruire le peuple de Mardochée, tous les Juifs qui se trouvaient dans tout le royaume d'Assuérus. 7 Le premier mois, qui est le mois de Nisan, la douzième année du roi Assuérus, on jeta le PUR, c'est-à-dire le sort, devant Aman, pour chaque jour et pour chaque mois, jusqu'au douzième mois, qui est le mois d'Adar. 8 Alors Aman dit au roi Assuérus : "Il y a dans toutes les provinces de ton royaume un peuple dispersé et vivant à part parmi les autres peuples, ayant des lois différentes de celles de tous les autres peuples et n'observant pas les lois du roi. Il n'est pas de l'intérêt du roi de le laisser en repos. 9 Si le roi le trouve bon, qu'on écrive l'ordre de les faire périr et je pèserai dix mille talents d'argent entre les mains des fonctionnaires, pour qu'on les porte au trésor du roi." 10 Le roi ôta son anneau de son doigt et le remit à Aman, fils d'Amadatha, du pays d'Agag, ennemi des Juifs, 11 et le roi dit à Aman : "L'argent t'est donné et ce peuple aussi, pour que tu en fasses ce qui te paraîtra bon." 12 Les secrétaires du roi furent appelés le treizième jour du premier mois et l'on écrivit, conformément à tous les ordres d'Aman, aux satrapes du roi, aux gouverneurs de chaque province et aux chefs de chaque peuple, à chaque province selon son écriture et à chaque peuple selon sa langue. Ce fut au nom du roi Assuérus que l'on écrivit et on scella l'édit avec l'anneau royal. 13 Des lettres furent envoyées par les courriers dans toutes les provinces du roi, pour qu'on détruisit, qu'on égorgeât et qu'on fît périr tous les Juifs, jeunes et vieux, petits-enfants et femmes, en un seul jour, le treizième du douzième mois, qui est le mois d'Adar et qu'on pillât leurs biens. [Voir 13.1-7 : le texte de l'édit.] 14 Une copie de l'édit, qui devait être publié comme loi dans chaque province, fut adressée ouverte à tous les peuples, afin qu'ils fussent prêts pour ce jour-là. 15 Les courriers partirent en toute hâte, d'après l'ordre du roi. L'édit fut aussi publié dans Suse la capitale et, tandis que le roi et Aman étaient assis à boire, l'agitation régnait dans la ville de Suse.


Esther 4. 1 Mardochée, ayant appris tout ce qui se passait, déchira ses vêtements, se revêtit d'un sac et se couvrit la tête de cendre, puis il alla au milieu de la ville en poussant avec force des gémissements amers. 2 Et il se rendit jusque devant la porte du roi, car nulle personne revêtue d'un sac n'avait le droit de franchir la porte du roi. 3 Dans chaque province, partout où arrivaient l'ordre du roi et son édit, il y eut un grand deuil parmi les Juifs, ils jeûnaient, pleuraient et se lamentaient et le sac et la cendre servaient de couche à beaucoup d'entre eux. 4 Les servantes d'Esther et ses eunuques vinrent lui apporter cette nouvelle et la reine fut très effrayée. Elle envoya des vêtements à Mardochée pour s'en revêtir, afin qu'il ôtât son sac, mais il ne les accepta pas. 5 Alors Esther, ayant appelé Athach, l'un des eunuques que le roi avait placés auprès d'elle, le chargea d'aller demander à Mardochée ce que c'était et d'où venait son deuil. 6 Athach se rendit auprès de Mardochée, qui se tenait sur la place de la ville, devant la porte du roi, 7 et Mardochée lui fit connaître tout ce qui lui était arrivé et la somme d'argent qu'Aman avait promis de peser pour le trésor du roi en retour du massacre des Juifs. 8 Il lui remit aussi une copie de l'édit publié dans Suse en vue de leur extermination, afin qu'il le montrât à Esther, lui apprît tout et lui commandât de se rendre chez le roi afin de le supplier et de lui demander grâce pour son peuple. [Voir 15.1-3 : l'exhortation de Mardochée à Esther.] 9 Athach vint rapporter à Esther les paroles de Mardochée. 10 Esther donna l'ordre à Athach d'aller dire à Mardochée : 11 "Tous les serviteurs du roi et le peuple de ses provinces savent que si quelqu'un, homme ou femme, pénètre chez le roi, dans la cour intérieure, sans avoir été appelé, l'unique loi qu'on lui applique porte peine de mort, à moins que le roi, lui tendant son sceptre d'or, ne lui donne la vie. Et moi, je n'ai pas été appelée à aller auprès du roi depuis trente jours." 12 Quand les paroles d'Esther eurent été rapportées à Mardochée, 13 celui-ci lui fit répondre : "Ne t'imagine pas en toi-même que tu échapperas seule d'entre tous les Juifs, parce que tu es dans la maison du roi. 14 Car, si tu te tais maintenant, il surgira d'ailleurs un secours et une délivrance pour les Juifs et toi et la maison de ton père, vous périrez. Et qui sait si ce n'est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la dignité royale ?" 15 Esther fit répondre à Mardochée : 16 "Va, rassemble tous les Juifs qui se trouvent à Suse et jeûnez pour moi, sans manger ni boire pendant trois jours, ni la nuit ni le jour. Moi aussi, je jeûnerai de même avec mes servantes, puis j'entrerai chez le roi, malgré la loi et si je dois mourir, je mourrai." 17 Mardochée s'en alla et il fit tout ce qu'Esther lui avait ordonné. [Voir 13.8-18 & 14.1-19 : la prière de Mardochée et d’Esther.]


Esther 5. 1 Le troisième jour, Esther revêtit ses vêtements royaux et se tint dans la cour intérieure de la maison du roi, devant l'appartement du roi. Le roi était assis sur son trône royal dans l'appartement royal, en face de l'entrée du palais. [Voir 15.4-19 : un autre récit de la venue d'Esther auprès d'Assuérus.] 2 Lorsque le roi vit la reine Esther debout dans la cour, elle trouva grâce à ses yeux et le roi tendit à Esther le sceptre d'or qu'il tenait à la main. Esther, s'approchant, toucha le bout du sceptre. 3 Et le roi lui dit : "Qu'as-tu, reine Esther et que demandes-tu ? Quand ce serait la moitié du royaume, elle te serait donnée." 4 Esther dit : "Si le roi le trouve bon, que le roi vienne aujourd'hui avec Aman au festin que je lui ai préparé." 5 Le roi dit : "Qu'on appelle de suite Aman, pour faire ce qu'a dit Esther." Le roi se rendit avec Aman au festin qu'Esther avait préparé. 6 Au festin du vin, le roi dit à Esther : "Quelle est ta demande ? Elle te sera accordée. Que désires-tu ? Quand ce serait la moitié du royaume, tu l'obtiendras." 7 Esther répondit et dit : "Voici ma demande et mon désir : 8 si j'ai trouvé grâce aux yeux du roi et s'il plaît au roi d'accorder ma demande et d'accomplir mon désir, que le roi vienne avec Aman au festin que je leur préparerai et demain je ferai au roi la réponse qu'il demande." 9 Aman sortit ce jour-là content et le cœur joyeux. Mais lorsqu'il vit, à la porte du roi, Mardochée qui ne se levait ni ne bougeait devant lui, il fut rempli de colère contre Mardochée. 10 Aman se contint néanmoins et s'en alla chez lui. Puis, ayant envoyé chercher ses amis et Zarès, sa femme, 11 Aman leur parla de la magnificence de ses richesses, du grand nombre de ses fils et du haut rang que le roi lui avait conféré, en l'élevant au-dessus de ses princes et de ses serviteurs. 12 "Je suis même le seul, ajouta-t-il, que la reine Esther ait admis avec le roi au festin qu'elle a préparé et je suis encore invité pour demain chez elle avec le roi. 13 Mais tout cela ne peut me suffire, aussi longtemps que je verrai Mardochée, le Juif, assis à la porte du roi." 14 Zarès, sa femme et tous ses amis lui dirent : "Qu'on prépare un bois haut de cinquante coudées et demain matin demande au roi qu'on y pende Mardochée et tu iras joyeux au festin avec le roi." Cet avis plut à Aman et il fit préparer le bois.


Esther 6. 1 Cette nuit-là, le roi, ne pouvant trouver le sommeil, se fit apporter le livre des annales, les Chroniques. On en fit lecture devant le roi, 2 et l'on trouva le récit de la révélation que Mardochée avait faite au sujet de Bagathan et de Tharès, les deux eunuques du roi, gardes du palais, qui avaient voulu porter la main sur le roi Assuérus. 3 Le roi dit : "Quelle marque d'honneur et quelle dignité a-t-on données à Mardochée pour cela ?" "Il n'en a reçu aucune", répondirent les serviteurs du roi qui étaient en fonction près de lui. 4 Et le roi dit : "Qui est dans la cour ?" Or Aman était venu dans la cour extérieure de la maison du roi, pour demander au roi de faire pendre Mardochée au bois qu'il avait préparé pour lui. 5 Les serviteurs du roi lui répondirent : "C'est Aman qui se tient dans la cour." Et le roi dit : "Qu'il entre" 6 Aman étant entré, le roi lui dit : "Que faut-il faire pour l'homme que le roi veut honorer ?" Aman se dit en lui-même : "Quel autre le roi voudrait-il honorer de préférence à moi ?" 7 Et Aman dit au roi : "Pour l'homme que le roi veut honorer, 8 il faut prendre un vêtement royal dont le roi s'est revêtu et un cheval que le roi a monté et sur la tête duquel est posée une couronne royale, 9 remettre ce vêtement et ce cheval à l'un des principaux chefs du roi, puis revêtir l'homme que le roi veut honorer, le promener à cheval à travers la place de la ville et crier devant lui : C'est ainsi qu'il est fait à l'homme que le roi veut honorer." 10 Le roi dit à Aman : "Prends sans tarder le vêtement et le cheval, ainsi que tu l'as dit et fais ainsi pour Mardochée, le Juif, qui est assis à la porte du roi, ne néglige rien de tout ce que tu as indiqué." 11 Aman prit le vêtement et le cheval, il revêtit Mardochée et le promena à cheval à travers la place de la ville, en criant devant lui : "C'est ainsi que l'on fait à l'homme que le roi veut honorer." 12 Mardochée retourna à la porte du roi et Aman se hâta de se rendre chez lui, désolé et la tête voilée. 13 Aman raconta à Zarès, sa femme et à tous ses amis tout ce qui lui était arrivé. Ses sages et sa femme Zarès lui dirent : "Si Mardochée, devant lequel tu as commencé de tomber, est de la race des Juifs, tu ne pourras rien contre lui, mais tu succomberas certainement devant lui." 14 Comme ils lui parlaient encore, les eunuques du roi arrivèrent et emmenèrent en hâte Aman au festin qu'Esther avait préparé.


Esther 7. 1 Le roi et Aman allèrent au festin d'Esther. 2 Ce second jour, le roi dit encore à Esther, lorsqu'on fut au festin du vin : "Quelle est ta demande, reine Esther ? Elle te sera accordée. Quel est ton désir ? Quand ce serait la moitié du royaume, tu l'obtiendras." 3 La reine Esther répondit : "Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ô roi et si le roi le trouve bon, accorde-moi la vie : voilà ma demande, accorde-la à mon peuple : voilà mon désir. 4 Car nous sommes vendus, moi et mon peuple, pour être détruits, égorgés, anéantis. Encore si nous étions vendus pour devenir esclaves et servantes, je me tairais, mais maintenant, l'oppresseur ne peut compenser le dommage fait au roi." 5 Le roi Assuérus prenant la parole, dit à la reine Esther : "Qui est-il et où est-il celui que son cœur pousse à agir ainsi ?" 6 Esther répondit : "L'oppresseur, l'ennemi, c'est Aman, ce méchant." Aman fut saisi d'effroi en présence du roi et de la reine. 7 Le roi, dans sa colère, se leva et quitta le festin du vin pour aller dans le jardin du palais et Aman resta pour demander grâce de la vie à la reine Esther, car il voyait bien que, du côté du roi, sa perte était assurée. 8 Lorsque le roi revint du jardin du palais dans la salle du festin du vin, il vit Aman qui s'était prosterné sur le lit sur lequel était Esther et le roi dit : " Quoi, ferait-il violence à la reine chez moi, dans le palais ?" Cette parole était à peine sortie de la bouche du roi qu'on voila le visage d'Aman. 9 Harbona, l'un des eunuques, dit devant le roi : "Voici que le bois préparé par Aman pour Mardochée, qui a parlé pour le bien du roi, est dressé dans la maison d'Aman, à une hauteur de cinquante coudées." Le roi dit : "Qu'on y pende Aman." 10 Et l'on pendit Aman au bois qu'il avait préparé pour Mardochée. Et la colère du roi s'apaisa.


Esther 8. 1 Ce même jour, le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d'Aman, l'ennemi des Juifs et Mardochée se présenta devant le roi, car Esther avait fait connaître ce qu'il était pour elle. 2 Le roi ôta son anneau, qu'il avait repris à Aman et le donna à Mardochée et Esther établit Mardochée sur la maison d'Aman. 3 Ensuite Esther parla de nouveau en présence du roi, se jetant à ses pieds, elle le supplia avec larmes d'écarter les effets de la méchanceté d'Aman, du pays d'Agag et des projets qu'il avait formés contre les Juifs. 4 Le roi tendit le sceptre d'or à Esther, qui se releva et se tint debout devant le roi. 5 "Si le roi le trouve bon, dit-elle et si j'ai trouvé grâce devant lui, si la chose paraît convenable au roi et si je suis agréable à ses yeux, qu'on écrive pour révoquer les lettres conçues par Aman, fils d'Amadatha, du pays d'Agag et écrites par lui dans le but de faire périr les Juifs qui sont dans toutes les provinces du roi. 6 Car comment pourrais-je voir le malheur qui atteindrait mon peuple et comment pourrais-je voir l'extermination de ma race ?" 7 Le roi Assuérus dit à la reine Esther et au Juif Mardochée : "Voici que j'ai donné à Esther la maison d'Aman et il a été pendu au bois pour avoir étendu la main contre les Juifs. 8 Vous, écrivez en faveur des Juifs comme il vous plaira, au nom du roi et scellez avec l'anneau du roi, car une lettre écrite au nom du roi et scellée avec l'anneau royal ne peut être révoquée." 9 Les secrétaires du roi furent alors appelés, le vingt-troisième jour du troisième mois, qui est le mois de Sivan et l'on écrivit, conformément à tout ce qu'ordonna Mardochée, aux Juifs, aux satrapes, aux gouverneurs et aux chefs des provinces, des cent vingt-sept provinces situées de l'Inde à l'Ethiopie, à chaque province selon son écriture, à chaque peuple selon sa langue et aux Juifs selon leur écriture et selon leur langue. 10 On écrivit au nom du roi Assuérus et l'on scella avec l'anneau royal. On expédia les lettres par l'intermédiaire de courriers à cheval, montés sur des coursiers de l'État, provenant des haras du roi. 11 Par ces lettres, le roi permettait aux Juifs, en quelque ville qu'ils fussent, de se rassembler et de défendre leur vie, de détruire, de tuer et de faire périr, avec leurs petits enfants et leurs femmes, les troupes de chaque peuple et de chaque province qui les attaqueraient et de livrer leurs biens au pillage, 12 et cela en un seul jour, dans toutes les provinces du roi Assuérus, le treizième jour du douzième mois, qui est le mois d'Adar. [Voir 16.1-24, le texte de l'édit :] 13 Une copie de l'édit, qui devait être publié comme loi dans chaque province, fut adressée ouverte à tous les peuples, afin que les Juifs fussent prêts ce jour-là à se venger de leurs ennemis. 14 Aussitôt les courriers, montés sur des coursiers de l'État, partirent en toute hâte, d'après l'ordre du roi. L'édit fut aussi publié dans Suse, la capitale. 15 Mardochée sortit de chez le roi avec un vêtement royal bleu et blanc, une grande couronne d'or et un manteau de byssus et de pourpre et la ville de Suse témoignait sa joie par des cris d'allégresse. 16 Il n'y avait pour les Juifs que bonheur et joie, jubilation et gloire. 17 Dans chaque province et dans chaque ville, partout où arrivaient l'ordre du roi et son édit, il y eut pour les Juifs de la joie et de l'allégresse, des festins et des fêtes. Et beaucoup de gens d'entre les peuples du pays se firent Juifs, car la crainte des Juifs les avait saisis.


Esther 9. 1 Au douzième mois, qui est le mois d'Adar, le treizième jour du mois, où devaient s'exécuter l'ordre et l'édit du roi, jour où les ennemis des Juifs avaient espéré dominer sur eux, ce fut le contraire qui arriva et les Juifs dominèrent sur leurs ennemis. 2 Les Juifs se rassemblèrent dans leurs villes, dans toutes les provinces du roi Assuérus, pour frapper ceux qui cherchaient leur perte et personne ne put leur résister, car la crainte qu'ils inspiraient s'était répandue chez tous les peuples. 3 Tous les chefs des provinces, les satrapes, les gouverneurs, les fonctionnaires du roi soutinrent les Juifs, car la crainte de Mardochée pesait sur eux. 4 Car Mardochée était puissant dans la maison du roi et sa renommée se répandait dans toutes les provinces, car cet homme, Mardochée, allait toujours grandissant. 5 Les Juifs frappèrent donc à coup d'épée tous leurs ennemis, ce fut un massacre et une destruction, ils traitèrent comme il leur plut ceux qui leur étaient hostiles. 6 Dans Suse, la capitale, les Juifs tuèrent et firent périr cinq cents hommes, 7 et ils massacrèrent Pharsandatha, Delphon, Esphatha, 8 Phoratha, Adalia, Aridatha, 9 Phermestha, Arisaï, Aridaï et Jézatha, 10 les dix fils d'Aman, fils d'Amadatha, l'ennemi des Juifs. Mais ils ne mirent pas la main au pillage. 11 Le jour même, le nombre de ceux qui avaient été tués dans Suse, la capitale, parvint à la connaissance du roi. 12 Et le roi dit à la reine Esther : "Les Juifs ont tué et fait périr dans Suse, la capitale, cinq cents hommes et les dix fils d'Aman, que n'auront-ils pas fait dans le reste des provinces du roi ? Quelle est ta demande ? Elle te sera accordée. Quel est ton désir ? Il sera accompli." 13 Esther répondit : "Si le roi le trouve bon, qu'il soit permis aux Juifs qui sont à Suse d'agir encore demain selon le décret d'aujourd'hui et que l'on pende au bois des dix fils d'Aman." 14 Le roi ordonna de faire ainsi et l'édit fut publié dans Suse. On pendit les dix fils d'Aman 15 et les Juifs qui se trouvaient à Suse, s'étant rassemblés de nouveau le quatorzième jour du mois d'Adar, tuèrent dans Suse trois cents hommes. Mais ils ne mirent pas la main au pillage. 16 Les autres Juifs qui étaient dans les provinces du roi se rassemblèrent pour défendre leur vie et obtenir que leurs ennemis les laissassent en repos, ils tuèrent soixante-quinze mille de ceux qui leur étaient hostiles. Mais ils ne mirent pas la main au pillage. 17 Ces choses arrivèrent le treizième jour du mois d'Adar. Les Juifs se reposèrent le quatorzième et ils en firent un jour de festin et de joie. 18 Les Juifs qui se trouvaient à Suse, s'étant rassemblés le treizième et le quatorzième jour, se reposèrent le quinzième et ils en firent un jour de festin et de joie. 19 C'est pourquoi les Juifs de la campagne, qui habitent des villes sans murailles, font du quatorzième jour du mois d'Adar un jour de joie, de festin et de fête, où l'on s'envoie des portions les uns aux autres. 20 Mardochée écrivit ces choses et il envoya des lettres à tous les Juifs qui étaient dans toutes les provinces du roi Assuérus, à ceux qui étaient près comme à ceux qui étaient loin, 21 pour leur enjoindre de célébrer chaque année les quatorzième et quinzième jours du mois d'Adar, 22 comme étant les jours où ils avaient obtenu d'être laissés en repos par leurs ennemis et le mois où avaient été changés leur tristesse en joie et leur deuil en jour de fête, on devait donc faire de ces jours des jours de festin et de joie, où l'on s'envoie des portions les uns aux autres et où l'on distribue des dons aux indigents. 23 Les Juifs adoptèrent pour usage, ce qu'ils avaient déjà commencé à faire et ce que Mardochée leur écrivit. 24 Car Aman, fils d'Amadatha, du pays d'Agag, ennemi de tous les Juifs, avait formé contre les Juifs le projet de les perdre et il avait jeté le PUR, c'est-à-dire le sort, afin de les exterminer et des détruire. 25 Mais Esther s'étant présentée devant le roi, celui-ci ordonna par écrit de faire retomber sur la tête d'Aman le méchant projet qu'il avait formé contre les Juifs et on le pendit au bois avec ses fils. 26 C'est pourquoi on appela ces jours PURIM, du nom de PUR. Ainsi, d'après tout le contenu de cette lettre, d'après ce qu'ils en avaient eux-mêmes vu et ce qui leur était arrivé, 27 les Juifs établirent et adoptèrent pour eux, pour leurs descendants et pour tous ceux qui s'attacheraient à eux, la coutume irrévocable de célébrer chaque année ces deux jours, selon le rite prescrit et au temps fixé. 28 Ces jours devaient être rappelés et célébrés, de génération en génération, dans chaque famille, dans chaque province et dans chaque ville et ces jours des PURIM ne devaient jamais être abolis au milieu des Juifs, ni le souvenir s'en effacer dans leur postérité. 29 La reine Esther, fille d'Abihaïl et le Juif Mardochée écrivirent une seconde fois, de la manière la plus pressante, pour confirmer cette lettre sur les PURIM. 30 On envoya des lettres à tous les Juifs, dans les cent vingt-sept provinces du royaume d'Assuérus : des paroles de paix et de fidélité, 31 et la recommandation de maintenir ces jours des PURIM au temps fixé, comme le Juif Mardochée et la reine Esther les avaient établis pour eux et comme ils les avaient établis pour eux-mêmes et pour leurs descendants, avec les jeûnes et leurs lamentations. 32 Ainsi l'ordre d'Esther établit ces observances des PURIM et cela fut écrit dans le livre.


Esther 10. 1 Le roi Assuérus établit un tribut sur le continent et les îles de la mer. 2 Tous les faits concernant sa puissance et ses exploits et les détails sur la grandeur à laquelle le roi éleva Mardochée, cela n'est-il pas écrit dans le livre des Chroniques des rois de Médie et de Perse ? 3 Car le Juif Mardochée était le premier ministre du roi Assuérus, considéré en même temps parmi les Juifs, aimé de la multitude de ses frères, recherchant le bien de son peuple et parlant pour le bonheur de toute sa race. [Ici finit le texte hébreu. La suite provient de la Bible juive écrite en grecque : la Septante. 10.4-13 : Mardochée reconnait la réalisation du songe dont Dieu l'avait favorisé :] 4 Alors Mardochée dit : "C'est Dieu qui a fait toutes ces choses. 5 Je me souviens en effet du songe que j'ai eu à ce sujet, aucun trait de la vision n'est resté sans accomplissement : 6 la petite source qui devint un fleuve et la lumière qui se fit et le soleil et la masse d'eau. Le fleuve, c'est Esther, que le roi a prise pour femme et qu'il a faite reine. 7 Les deux dragons, c'est moi et Aman. 8 Les nations sont ceux qui s'étaient réunis pour détruire le nom des Juifs, 9 et mon peuple, c'est Israël qui a crié vers Dieu et qui a été sauvé. Ainsi le Seigneur a sauvé son peuple et il nous a délivrés de tous ces maux, Dieu a fait des miracles et de grands prodiges, comme il n'est est pas arrivé parmi les nations. 10 A cet effet, il a préparé deux sorts : un pour le peuple de Dieu et un pour toutes les nations. 11 Et ces deux sorts sont venus à l'heure, au temps et au jour du jugement, marqués devant Dieu pour toutes les nations. 12 Et Dieu s'est souvenu de son peuple et il a rendu justice à son héritage. 13 Et ces jours du mois d'Adar, le quatorzième et le quinzième de ce mois, seront célébrés par eux en assemblée, avec joie et allégresse devant Dieu, durant les générations, à perpétuité, dans Israël, son peuple."


Esther 11. [Apostille de la version juive écrite en grecque :] 1 La quatrième année du règne de Ptolémée et de Cléopâtre, Dosithée, qui se disait prêtre et de la race de Lévi, ainsi que Ptolémée, son fils, apportèrent cette lettre des Phrouraï, qu'ils dirent être authentique et avoir été traduite par Lysimaque, fils de Ptolémée, résidant à Jérusalem. [Prologue : 11.2-12.6] 2 La seconde année du règne d'Assuérus, le grand roi, le premier jour du mois de Nisan, Mardochée, fils de Jaïr, fils de Séméi, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, eut un songe. 3 C'était un Juif qui demeurait dans la ville de Suse, homme illustre et attaché à la cour du roi. 4 Il était du nombre des captifs que Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait transporté de Jérusalem avec Jéchonias, roi de Juda. 5 Voici quel fut son songe : Soudain on entendit des voix, un grand bruit et des tonnerres, la terre trembla et fut bouleversée. 6 Puis soudain deux grands dragons s'avancèrent, tous deux prêts à combattre. 7 Ils firent entendre un grand cri et, à leur voix, toutes les nations se préparèrent à la lutte, pour combattre le peuple des justes. 8 Puis soudain, ce fut un jour de ténèbres et d'obscurité, il y eut angoisse, détresse, tribulation et grande épouvante sur la terre. 9 Le peuple entier des justes, craignant pour lui tous les maux, était dans le trouble et se préparait à périr. 10 Ils crièrent vers Dieu et, à leurs cris, il y eut comme une petite source d'où sortit un grand fleuve, une masse d'eau. 11 La lumière et le soleil brillèrent, ceux qui étaient dans l'humiliation furent élevés et ils dévorèrent ceux qui étaient dans les honneurs. 12 S'étant réveillé après avoir vu ce songe et ce que Dieu avait résolu de faire, Mardochée le retint gravé dans son esprit et, jusqu'à la nuit, il fit tous ses efforts pour le comprendre.


Esther 12. 1 Puis Mardochée demeura à la cour avec Bagathan et Tharès, les deux eunuques du roi, gardiens de la porte du palais. 2 Ayant connu leurs pensées et pénétré leurs desseins, il découvrit qu'ils s'étaient proposés de porter la main sur le roi Assuérus et il en donna avis au roi. 3 Celui-ci fit mettre à la question les deux eunuques et, sur leur aveu, les envoya au supplice. 4 Le roi fit écrire dans les Chroniques ce qui s'était passé et Mardochée en consigna aussi par écrit le souvenir. 5 Et le roi ordonna qu'il exercerait un office dans le palais et il lui donna des présents pour sa dénonciation. 6 Mais Aman, fils d'Amadatha, l'Agagite, était en grand honneur auprès du roi et il chercha à perdre Mardochée et son peuple à cause des deux eunuques du roi.

Esther 13. [Édit d'Assuérus pour exterminer les Juifs :] 1 Voici la copie de cette lettre : "Assuérus, le grand roi, aux satrapes et aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces, de l'Inde à l'Éthiopie, lesquels sont soumis à ses ordres, mande ce qui suit : 2 "Quoique je commande à un très grand nombre de nations et que j'aie soumis tout l'univers, je veux, non pas abuser de ma puissance pour m'enorgueillir, mais, par un gouvernement toujours clément et doux, assurer continuellement à mes sujets une vie sans trouble et, procurant à mon royaume le calme et la sécurité jusqu'à ses extrêmes frontières, faire refleurir la paix chère à tous les mortels. 3 Ayant donc demandé à mes conseillers de quelle manière mes intentions pouvaient être réalisées, l'un d'eux, nommé Aman, qui excelle parmi nous en sagesse, qui est connu pour son dévouement inaltérable et sa fidélité constante et qui occupe la seconde place dans le royaume, 4 m'a fait connaître qu'il y a un peuple mal intentionné, mêlé à toutes les tribus qui sont sur la terre, en opposition avec tous les peuples au nom de ses lois, méprisant continuellement les commandements des rois, de façon à empêcher la parfaite harmonie de l'empire que nous dirigeons. 5 Ayant donc appris que ce seul peuple, en contradiction perpétuelle avec tout le genre humain, s'en séparant par le caractère étrange de ses lois et mal affectionné à nos intérêts, commet les derniers excès et empêche ainsi la prospérité du royaume, 6 nous avons ordonné que ceux qui vous sont désignés dans les lettres d'Aman, lequel est à la tête des affaires et honoré comme notre second père, soient tous, avec femmes et enfants, radicalement exterminés par le glaive de leurs ennemis, sans aucune miséricorde ni clémence, le quatorzième jour du douzième mois, le mois d'Adar, de la présente année, 7 afin que ces hommes, autrefois et maintenant encore hostiles, descendant le même jour, par mort violente, aux enfers, rendent pour les temps à venir à nos affaires une prospérité et une paix parfaites". [Prières d'Esther et de Mardochée :] 8 Et Mardochée pria le Seigneur, se souvenant de toutes ses œuvres. 9 Il dit : "Seigneur, Seigneur, Roi tout-puissant, toutes choses sont soumises à votre pouvoir et il n'est personne qui puisse vous faire obstacle, si vous avez résolu de sauver Israël. 10 C'est vous qui avez fait le ciel et la terre et toutes les merveilles qui sont sous le ciel. 11 Vous êtes le Seigneur de toutes choses et nul ne peut vous résister, à vous le Seigneur. 12 Vous connaissez toutes choses et vous savez que ce n'est ni par insolence, ni par orgueil, ni par quelque désir de gloire que j'ai agi en ne me prosternant pas devant le superbe Aman, 13 car volontiers, pour le salut d'Israël, je serais prêt à baiser les traces mêmes de ses pas. 14 Mais je l'ai fait pour ne pas mettre l'honneur d'un homme au-dessus de l'honneur dû à mon Dieu et jamais je ne me prosternerai devant un autre que vous, mon Seigneur et ce n'est pas par orgueil que j'agirai de la sorte. 15 Maintenant donc, Seigneur mon Dieu et mon Roi, Dieu d'Abraham, ayez pitié de votre peuple, parce que nos ennemis jettent les yeux sur nous pour nous perdre et veulent détruire votre antique héritage. 16 Ne méprisez pas votre lot, que vous avez racheté pour vous de la terre d'Égypte. Exaucez ma prière. 17 Soyez favorable à votre part d'héritage et changez notre deuil en joie, afin que, conservant la vie, nous célébrions votre nom, Seigneur et ne fermez pas la bouche de ceux qui vous louent." 18 Tout Israël cria aussi vers le Seigneur de toutes ses forces, car ils avaient la mort devant les yeux.


Esther 14. 1 La reine Esther aussi, se sentant placée en un extrême péril de mort, eut recours au Seigneur. 2 Quittant ses vêtements splendides, elle prit des habits d'angoisse et de deuil, à la place de ses parfums précieux, elle se couvrit la tête de cendre et de poussière, affligea durement son corps et, s'arrachant les cheveux, elle en remplissait tous les lieux où elle avait coutume de se livrer à la joie. 3 Et elle adressa cette prière au Seigneur, Dieu d'Israël : "Mon Seigneur, qui êtes seul notre Roi, assistez-moi dans mon délaissement, moi qui n'ai, pas d'autre secours que vous 4 car le danger qui me menace, je le touche déjà de mes mains. 5 J'ai appris dès mon bas âge, au sein de ma tribu paternelle, que vous, Seigneur, avez pris Israël de préférence à toutes les nations et nos pères de préférence à tous leurs ancêtres, pour votre héritage éternel et que vous avez accompli en leur faveur toutes vos promesses. 6 Et maintenant, nous avons péché en votre présence et vous nous avez livrés aux mains de nos ennemis, 7 parce que nous avons rendu hommage à leurs dieux. Vous êtes juste, Seigneur. 8 Et maintenant, il ne leur suffit plus de faire peser sur nous une amère servitude, mais ils ont mis leurs mains dans les mains de leurs idoles, 9 pour faire serment d'abolir les décrets de votre bouche, d'anéantir votre héritage, de fermer la bouche de ceux qui vous louent et d'éteindre la gloire de votre temple et de votre autel, 10 afin que s'ouvre la bouche des nations, pour louer la puissance des idoles et célébrer à jamais un roi de chair. 11 Ne livrez pas, Seigneur, votre sceptre à ceux qui ne sont rien, afin qu'ils ne se rient pas de notre ruine, mais faites retomber sur eux leur dessein et faites un exemple de celui qui le premier s'est déchaîné contre nous. 12 Souvenez-vous de nous, Seigneur, faites-vous connaître dans ce temps de notre affliction et donnez-moi du courage, Roi des Dieux et Dominateur de toute puissance. 13 Mettez de sages paroles sur mes lèvres en présence du lion et faites passer son cœur à la haine de notre ennemi, afin qu'il périsse, lui et tous ceux qui ont les mêmes sentiments. 14 Mais nous, délivrez-nous par votre main et assistez-moi, moi qui suis seule et n'ai que vous, Seigneur. Vous connaissez toutes choses, 15 et vous savez que je hais la splendeur des méchants, que j'ai horreur du lit des incirconcis et de tout étranger. 16 Vous savez la contrainte que je subis, vous savez que j'ai en horreur l'insigne de mon élévation, qui est posé sur ma tête aux jours où je dois me laisser voir, je l'ai en horreur comme un linge souillé et je ne le porte pas aux jours que je puis passer dans la retraite. 17 Votre servante n'a jamais mangé à la table d'Aman, ni fait grand cas des festins du roi, ni bu le vin des libations. 18 Jamais, depuis le jour où j'ai été amenée ici jusqu'à maintenant, votre servante n'a goûté la joie, si ce n'est en vous, Seigneur Dieu, Dieu d'Abraham. 19 O Dieu, qui l'emportez sur tous en puissance, exaucez la prière de ceux qui n'ont aucun autre espoir, délivrez-nous des mains des méchants et tirez-moi de mon angoisse."


Esther 15. 1 Il fit mander à Esther d'entrer chez le roi, afin de lui adresser une supplication pour son peuple et sa patrie. 2 "Rappelle-toi, lui dit-il, les jours de ton abaissement et comment tu as été nourrie de ma main car Aman, le premier après le roi, a parlé contre nous pour notre perte. 3 Mais toi, invoque le Seigneur et parle pour nous au roi, sauve-nous de la mort." [Esther chez le roi :] 4 Le troisième jour, ayant fini sa prière, Esther quitta ses habits de pénitence et revêtit les ornements de sa dignité. 5 Dans tout l'éclat de sa parure, après avoir invoqué Dieu, l'arbitre et le sauveur de tous, elle prit avec elle les deux suivantes d'usage. 6 Elle s'appuyait sur l'une comme pouvant à peine soutenir son corps délicat, 7 l'autre suivait, relevant la longue robe de sa maîtresse. 8 Celle-ci, tout empourprée du puissant éclat de sa beauté, avait le visage joyeux et l'air aimable, mais la crainte lui serrait le cœur. 9 Ayant donc franchi toutes les portes, elle se présenta devant le roi. Assuérus était assis sur son trône royal, revêtu de tous les insignes de sa majesté, tout brillant d'or et de pierres précieuses, son aspect était terrible. 10 Lorsqu'il eut relevé sa tête rayonnante de gloire et lancé un regard étincelant de colère, la reine tomba en défaillance, changeant de couleur et s'inclinant sur l'épaule de la servante qui marchait devant elle. 11 Alors Dieu changea la colère du roi en douceur, inquiet, il s'élança de son trône et soutint Esther dans ses bras, jusqu'à ce qu'elle eût repris ses sens, calmant sa frayeur par des paroles amicales : 12 "Qu'as-tu donc, Esther ? lui disait-il, je suis ton frère, aie confiance, 13 tu ne mourras pas, car notre ordonnance est pour le commun de nos sujets. 14 Approche." 15 Et levant le sceptre d'or, il le lui posa sur le cou et lui donna un baiser, en disant : "Parle-moi." 16 Elle répondit : "Je vous ai vu, seigneur, comme un ange de Dieu et mon cœur a été troublé par la crainte de votre majesté, 17 car vous êtes digne d'admiration, seigneur et votre visage est plein d'amabilité." 18 Comme elle parlait, elle s'affaissa de nouveau, prête à s'évanouir. 19 Le roi était consterné et tous ses serviteurs cherchaient à ranimer la reine.


Esther 16. 1 Ce qui suit est la copie de cette lettre : "Assuérus, le grand roi, aux satrapes et aux chefs des cent vingt-sept provinces, de l'Inde à l'Ethiopie et à ceux qui ont à cœur nos intérêts, salut. 2 "Plusieurs, après avoir été comblés de distinctions par la grande bonté des princes leurs bienfaiteurs, deviennent arrogants. 3 Non seulement ils prennent à tâche d'opprimer nos sujets, mais, incapables de porter le poids des honneurs, ils ourdissent des trames contre leurs bienfaiteurs. 4 Ce n'est pas assez pour eux de bannir la reconnaissance du milieu des hommes, enflés par le fastueux éclat d'une fortune inaccoutumée, ils vont jusqu'à se persuader qu'ils pourront échapper à la justice vengeresse de Dieu, qui toujours voit toutes choses. 5 Maintes et maintes fois, le langage artificieux des hommes que l'amitié des princes avait chargés d'administrer les affaires, a engagé dans d'irrémédiables maux ceux qui étaient à la tête des empires, en les rendant complices de l'effusion du sang innocent, 6 les fallacieux mensonges de la malice trompant ainsi la bienveillante simplicité des gouvernants. 7 Et ce n'est pas seulement dans les anciennes histoires comme nous venons de le rappeler, que vous pourrez voir des actes impies dus à l'influence pestilentielle de ceux qui exercent indignement le pouvoir, vous le pourrez mieux encore en examinant ce qui se passe auprès de vous. 8 Il nous faut donc pourvoir à l'avenir, afin d'assurer, en faveur de tous les hommes, la tranquillité et la paix du royaume, 9 opérant les changements nécessaires et jugeant avec prudence les choses qui se présentent à nous, afin d'y faire face avec une constante équité. 10 "Vous savez, en effet, comment Aman, fils d'Amadatha, un Macédonien, vraiment étranger à la race des Perses et fort éloigné de notre mansuétude, ayant été recueilli par notre hospitalité, 11 éprouva les effets de la bienveillance que nous portons à tous les peuples, jusqu'à être appelé notre père et à voir tout le monde se prosterner devant lui, comme possédant la dignité la plus proche du trône royal. 12 Mais incapable de porter dignement une si haute fortune, il s'étudia à nous priver de la royauté et de la vie. 13 Par toutes sortes d'artifices et de mensonges, il s'efforça de perdre et Mardochée, qui nous a sauvé et toujours utilement servi et Esther, la compagne irréprochable de notre royauté, avec leur peuple tout entier. 14 De cette manière il espérait nous surprendre dans l'isolement et livrer l'empire des Perses aux Macédoniens. 15 Mais ces Juifs, voués à la mort par le plus scélérat des hommes, nous avons reconnu qu'ils n'étaient coupables d'aucune faute, mais qu'ils obéissent à des lois très justes, 16 et qu'ils sont les enfants du Dieu très haut, très grand et éternellement vivant, lequel, pour nous comme pour nos ancêtres, conserve ce royaume dans l'état le plus florissant. 17 "C'est pourquoi, vous ferez bien de ne pas tenir compte des lettres envoyées par Aman, fils d'Amadatha, 18 attendu que l'auteur de ces crimes a été pendu au bois, avec toute sa maison, devant les portes de Suse, Dieu, Maître souverain de toutes choses, lui ayant infligé sans retard le châtiment mérité. 19 Affichant la copie de la présente lettre publiquement en tout lieu, permettez aux Juifs de suivre leurs lois en toute liberté, 20 et prêtez-leur assistance, afin qu'ils puissent repousser l'attaque de ceux qui, durant les jours d'oppression, se sont élevés contre eux et cela, le treizième jour du douzième mois, appelé Adar, en un même jour. 21 Car Dieu, le Maître de toutes choses, a changé, pour la race choisie, ce jour de malheur en un jour d'allégresse. 22 Vous donc, célébrez aussi ce grand jour avec toutes sortes de réjouissances, comme une de vos fêtes solennelles, afin qu'il soit, maintenant et dans l'avenir, 23 pour nous et pour tous ceux qui sont affectionnés aux Perses, un gage de salut et au contraire un souvenir de ruine pour ceux qui complotent contre nous. 24 "Toute ville et généralement toute contrée qui n'aura pas suivi ces prescriptions, sera dévastée avec fureur par le fer et le feu, de telle sorte qu'elle soit à jamais, non seulement inaccessible aux hommes, mais encore abhorrée des bêtes sauvages et des oiseaux. "Que des copies de ce décret soient exposées aux yeux dans toute l'étendue de l'empire et qu'ainsi tous les Juifs soient prêts, pour le jour susdit, à combattre leurs ennemis."



Notes sur le livre d’Esther


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1.1 Assuérus. Xerxès Ier. Voir l’Introduction.

1.2 Suse, capitale de la Susiane, sur l’Eulæus, une des résidences des rois de Perse.

1.4 Le roi voulut que pendant cent quatre-vingt jours, son palais fût ouvert à tous les seigneurs de son vaste empire qui venaient le complimenter sur son avènement au trône et que pendant ce temps ils y fussent magnifiquement traités à mesure qu’ils arrivaient.

1.5 Remarquons bien que le texte ne dit pas que tous les habitants de Suse se trouvèrent en même temps réunis dans le vestibule du jardin. On peut donc légitimement supposer que le peuple fut distribué en sept bandes différentes dont chacune avait son jour, pour éviter la confusion, et qu’on partagea ensuite les convives de chaque bande en plusieurs repas, dans le même jour.

1.6 Un pavé d’émeraude et de marbre de Paros en mosaïque. De Paros est un mot ajouté par la Vulgate.

1.8 Que chacun prît ce qu’il voudrait. Assuérus voulut bien en cette circonstance déroger à la coutume des Perses en vertu de laquelle les convives devaient boire autant que le roi du festin l’ordonnait.

1.9 Vasthi. Voir l’Introduction.

1.12 Vasthi refusa ; fondée sur la loi qui ne permettait pas aux femmes en dignité de se montrer dans les festins.

1.14 Qui voyaient, etc. ; qui avaient l’honneur de voir le roi, ou qui étaient toujours près de lui. Comparer à 1 Esdras, 7, 14.

1.15 Quelle sentence, etc., est le complément direct de : Il demanda, qui se trouve au verset 13.

1.19 De vous ; littéralement et par hébraïsme de votre face.

1.20 Toutes les provinces de votre empire ; littéralement et par hypallage, tout l’empire de vos provinces.

2.5 Voir Esther, 11, 2. ― Mardochée, à l’époque où commence notre histoire, était déjà très âgé, selon plusieurs exégètes, qui entendent les versets 5 et 6 en ce sens qu’il avait été transporté de Jérusalem du temps de Jéchonias, c’est-à-dire en 599 ; il aurait eu ainsi alors plus de 120 ans. Mais il est plus naturel de rapporter le verset 6, lequel avait été transféré, à Cis, son arrière grand-père. Son nom de Mardochée, qui est babylonien et non palestinien, semble indiquer qu’il était né en Babylonie.

2.6 Voir 2 Rois, 24, 15 ; Judith, 11, 4.

2.7 Esther. Sur le nom d’Esther, voir l’Introduction.

2.9 Ses portions ; c’est-à-dire tout ce qui concernait sa nourriture, sa table, ou bien, selon d’autres exégètes, tout ce qu’il était convenable de lui donner selon son rang.

2.16 Le dixième mois commençait à la nouvelle lune de septembre.

2.17 Et la fit régner. On objecte que suivant Hérodote, après la mort du mage Smerdis, il fut arrêté solennellement que le roi ne pourrait prendre de femme que dans la maison des sept prétendants au trône. On objecte encore qu’il n’est nullement probable qu’Assuérus ait voulu choisir pour reine une femme juive. Mais d’abord est-il bien sûr que l’obligation de n’épouser qu’une femme appartenant à la maison des sept prétendants ne regardait pas uniquement le successeur de Smerdis ? Il n’est pas plus sûr que, lors même que la convention eut été générale et sans restriction, les princes qui vinrent après lui la crurent obligatoire pour eux et consentirent à s’y soumettre. Enfin on sait que les souverains d’Asie, entièrement plongés dans la volupté, ne consultaient que leurs passions et que, par conséquent, ils ne pouvaient être qu’indifférents sur leur famille et leur religion. Cette considération explique encore comme Assuérus a pu épouser une Juive, d’autant plus qu’Esther cherchait elle-même à cacher son extraction, ainsi que le lui avait prescrit Mardochée, son oncle (voir verset 20).

3.1 Aman. Quelques temps après l’élévation d’Esther à la dignité de reine et le service rendu au roi par Mardochée, Assuérus choisit pour premier ministre un Mède nommé Aman, originaire de la province d’Agag. « On a longtemps cru que Haman, fils d’Hamadâtha, dont le nom a reçu une si triste célébrité, était Amalékite, car l’un des rois d’Amalec s’appelait Agag. Et puisque déjà dans l’antiquité les noms d’Ésaü, d’Amalec, étaient pris comme les désignations des païens d’Europe, les Septante traduisent l’hébreu Agagi par Μαχεδῶν, le Macédonien. Néanmoins, le nom de Haman, ainsi que celui de son père, trahit une origine médo-perse. Nous savons maintenant, par les inscriptions de Khorsabad, que le pays d’Agag composait réellement une partie de la Médie. Or, voilà donc une nouvelle circonstance qui montre, jusque dans ses moindres détails, la valeur historique du livre d’Esther. » (OPPERT.) ― On voit par là que l’objection faite contre Esther, 16, 10, et tirée de ce que, dans ce passage, Aman est qualifié de Macédonien, est sans valeur. Ce passage ne contredit pas, comme on le prétendait, Esther, 3, vv. 1, 10 ; 8, 3 ; 9, vv. 6, 24. Le mot de Macédonien, dans le chapitre 16, vient de ce que les traducteurs grecs, d’après lesquels a été faite la version de ce chapitre 16, ont rendu à tort, ici comme à Esther, 9, 23 (24), le mot Agagite par Macédonien.

3.2 Le seul Mardochée ne fléchissait pas le genou, sans doute parce qu’il considérait cette prostration comme un acte d’idolâtrie. Les Spartiates refusèrent de rendre à Xerxès un hommage semblable.

3.7 Le mois de Nisan commençait à la nouvelle lune de mars, et le mois d’Adar, à la nouvelle lune de février. ― Phur ; mot persan qui a été adopté par les Hébreux. Comparer à Esther, 9, 24. ― On tirait douze sorts, pour les douze mois de l’année.

3.9 Je pèserai ; c’est-à-dire je donnerai le poids, je payerai. ― Dix mille talents. Si c’étaient les talents d’argent des Hébreux, ils feraient environ 44 145 000 francs (en 1900, 1 franc de 1900 vaudrait environ 2,37 € en 2022) ; mais s’il s’agissait des talents babyloniens, les dix mille donneraient tout au plus 21 000 000 de francs (en 1900). Quoi qu’il en soit, Aman espérait recueillir de la confiscation des Juifs mis à mort la somme qu’il promettait.

3.10 L’anneau. Il lui donnait ainsi tout pouvoir.

3.13 Le treizième jour du douzième mois. Onze mois devaient donc s’écouler entre la date du décret et son exécution. On a trouvé ce délai invraisemblable, mais l’explication nous en est fournie par le texte lui-même. Les Perses consultaient le sort dans les affaires graves ; le sort, en cette circonstance, ayant indiqué le douzième mois, appelé Adar, il était nécessaire d’attendre cette date. ― Aman fait porter l’ordre par des courriers dans tout le royaume. Ces courriers avaient été institués par Cyrus.

4.4 Les jeunes filles ; les filles attachées au service.

4.11 Le vestibule, etc. ; c’est-à-dire le vestibule qui précédait immédiatement la chambre où était le roi.

4.13 Plutôt que tous les autres Juifs ; c’est-à-dire à l’exclusion de tous les autres Juifs, si tous les Juifs périssent.

4.16 Trois jours et trois nuits. Cela doit s’entendre d’une partie de deux nuits et d’un jour entier ; puisqu’Esther mangea avec le roi, avant même que le troisième jour fût passé (voir Esther, 5, 1). Comparer à Matthieu 12, 40. ― A la mort et au péril ; hébraïsme, pour au péril de la mort.

5.4 Le vestibule, etc. Voir Esther, 4, 11.

5.14 Une croix. Le texte hébreu porte la croix, avec l’article déterminatif, parce que le mot croix est virtuellement renfermé dans le terme générique potence qui précède.

6.8 Que le roi monte ; littéralement, qui est de la selle du roi.

7.1 Boire, signifie ici, comme souvent ailleurs, prendre un repas, faire un festin.

7.8 On couvrit, etc. Comme c’était une coutume assez générale dans l’antiquité de couvrir la tête de ceux qu’on menait ou qu’on destinait au supplice, bien des exégètes pensent que le visage d’Aman, ainsi couvert, était un signe du châtiment qui lui était réservé mais d’autres prétendent qu’on voila le visage d’Aman, parce qu’ayant offensé et irrité le roi, il s’était rendu indigne de le voir.

8.3 Agagite, du pays d’Agag. Voir, Esther, note 3.1.

8.9 Le troisième mois, Siban ou Sivan, commençait à la nouvelle lune de mai. ― A une province et à une province, hébraïsme, pour à chaque province.

8.11 De défendre, etc. ; littéralement et par hébraïsme, de se tenir debout pour leurs âmes.

8.12 Du douzième mois, Adar. Voir Esther, 3, 7.

9.6 L’Agagite. Voir Esther, 8, 3.

9.13 Esther pouvait avoir un motif suffisant de faire cette demande : elle pouvait croire en effet que soixante-quinze mille personnes devaient être sacrifiées à la conservation de trois ou quatre millions de Juifs répandus dans tout l’empire, et que cette mesure était nécessaire à la sûreté de son peuple, qui s’était trouvé à la veille d’une extinction totale, et qui pouvait encore y être exposé.

9.16 Défendirent leur vie. Voir Esther, 8, 11. ― Soixante-quinze mille de tués. Ce nombre n’a rien d’incroyable, réparti sur l’étendue de l’empire perse. Mithridate, roi de Pont, fit massacrer, en un seul jour, dans son royaume, 80 000 Romains. On a reproché aux Juifs de s’être laissé entraîner en cette circonstance par la cruauté et la vengeance ; on a, en particulier, blâmé Esther d’avoir demandé pour eux, à son époux, la permission de continuer à Suse le massacre, pendant un autre jour, voir Esther, 9, 13. Mais on oublie que les coreligionnaires de Mardochée, dans la capitale comme ailleurs, ne faisaient que se défendre : la reine sollicite l’autorisation de faire le lendemain ce qui a été fait le même jour, voir Esther, 9, 13 ; c’est-à-dire de défendre leur vie, voir Esther, 8, 11 ; sa prière suppose que les habitants de Suse voulaient le lendemain renouveler leurs attaques contre ceux qu’ils haïssaient, non seulement sans doute à cause de leur nationalité, mais aussi à cause de leur religion.

9.24 ; 9.26 Phur. Voir Esther, 3, 7. ― Phurim ; pluriel hébreu de Phur. ― Dans le rouleau, etc. Les lettres et les livres qui sont souvent exprimés en hébreu par le même mot, s’écrivaient sur des feuilles de papyrus, de parchemin, etc. On les roulait aussi autour d’un bâton (de là le mot rouleau ou volume), et quand elles étaient ainsi roulées, on les arrêtait avec un petit cordon ; ce qui faisait qu’on pouvait facilement y apposer un sceau.

9.26 Ces jours ont été appelés Phurim, c’est-à-dire la fête des Phurim. La fête des Phurim est encore célébrée dans les synagogues. Le 13 adar, veille de la fête, est un jour de jeûne. Le soir de ce jour, la fête commence, et le livre d’Esther est lu en entier. Le lecteur prononce très rapidement le passage Esther, 9, 7-9, dans lequel on trouve les noms d’Aman et des ses fils, et, autant que possible, sans reprendre haleine, pour signifier qu’ils furent pendus tous à la fois. Pendant ce temps les assistants font du bruit. Cette lecture est répétée de la même manière le matin du 14 adar. La soirée se passe dans de grandes réjouissances. ― Les manuscrits hébreux reproduisent les versets 7 à 9 du chapitre 9 sous forme de trois colonnes perpendiculaires, comme pour représenter les dix fils d’Aman, pendus à trois cordes parallèles, au nombre de 3, 3 et 4.

9.27 Cet écrit ; la lettre de Mardochée. ― Et qui demandent, etc. ; c’est-à-dire, que ces jours de fête devront se renouveler tous les ans, sans jamais y manquer, à l’époque fixée, qui est le quatorze et le quinze du mois d’Adar.

9.30 Dans le langage ordinaire de l’Écriture, les mots paix et vérité signifient, l’un toute sorte de prospérité, et l’autre, la fidélité à s’acquitter de ses promesses.

9.31 Les cris vers le Seigneur ; c’est-à-dire les prières faites à haute voix. La fête des sorts se célèbre encore aujourd’hui chez les Juifs avec la plus grande solennité.

10.3 La paix. Voir, sur ce mot, Esther, 9, 30.

11.1 Ce commencement ; c’est-à-dire depuis le verset 2 de ce chapitre 11 jusqu’au chapitre 12, verset 6. ― Ce verset forme le titre du livre d’Esther dans la version grecque, où il est placé en tête. Le Ptolémée mentionné ici est Ptolémée VI Philométor qui régna de 181 à 146 avant Jésus-Christ. C’est sous le règne de ce prince qu’on porta en Égypte la traduction grecque du livre d’Esther, mais le livre lui-même existait en hébreu depuis longtemps.

11.2 Artaxerxès très grand. Le nom d’Artaxerxès qui se lit ici et dans tous les Appendices, vient des Septante ; il est certain qu’il répond là, comme dans les chapitres précédents, à Xerxès. La version grecque a traduit à tort Akhaschvérosch par Artaxerxès, dans tout le cours de ce livre, et comme cette partie de notre traduction latine est faite sur les Septante, elle porte le nom d’Artaxerxès au lieu de celui d’Assuérus que nous lisons dans les chapitres précédents traduits directement par saint Jérôme sur l’original hébreu.

11.4 Voir 2 Rois, 24, 15 ; Esther, 2, 6.

12.1 Voir Esther, 2, 21 ; 6, 2.

12.3 Qu’ils eurent été mis… à la question ; ou simplement qu’on eut fait, qu’on eut instruit leur procès.

12.5 En lui donnant des présents. Il est dit plus haut (voir Esther, 6, 3) que Mardochée ne reçut pas de récompense. Le roi, sans aucun doute, donna l’ordre de récompenser dignement le service que Mardochée lui avait rendu ; mais il est très vraisemblable qu’Aman, qui en voulait à Mardochée, parce qu’il avait dévoilé la conspiration des deux eunuques, fit en sorte que la bonne volonté du roi fût en effet. D’autres disent que les présents faits à Mardochée furent si peu de chose, que les historiens ne crurent pas devoir en faire mention dans les annales du roi.

13.7 Et allant, etc. Ces paroles se trouvent dans la Vulgate, voir Esther, 4, 17.

13.16 Votre portion ; le peuple hébreu que vous avez choisi pour être spécialement votre peuple.

13.17 A votre lot, etc. Même figure qu’au verset précédent. ― Votre partage ; littéralement votre corde. Comme nous l’avons déjà remarqué, on se servait de cordes pour la division et le partage des terres.

14.4 Est en mes mains ; c’est-à-dire imminent.

14.5 Voir Deutéronome, 4, vv. 20, 34 ; 32, 9.

14.11 Votre sceptre, votre pouvoir, ou votre peuple. Le peuple d’Israël, en effet, est quelquefois désigné sous ce nom. ― Ceux qui ne sont pas, c’est-à-dire qui ne sont rien ; les méchants, ou plus probablement les idoles, qui sont appelées ailleurs vanités, choses vaines.

14.12 Des dieux ; c’est-à-dire des rois, des grands de la terre.

14.17 Du vin des libations offertes aux faux dieux.

15.4 De sa parure ; qui était en ce moment une parure de deuil. Comparer à Esther, 14, 2. ― De sa gloire ; de sa dignité, c’est-à-dire de ses habits de reine.

15.13 Cette loi ; la loi qui défendait de paraître devant le roi sans avoir été appelé. Voir Esther, 4, 11.

16.6 En vertu d’une hypallage dont on déjà vu plusieurs exemples, l’écrivain sacré attribue aux oreilles des princes ce qui appartient aux princes eux-mêmes.

16.10 On dit ici qu’Aman était de Macédonien d’origine, ce qui n’est pas en contradiction avec ce qui est dit à Esther, 3, 1, qu’il était de la race d’Agag, roi des Amalécites, parce que le mot Macédonien est un terme générique, employé, comme on le voit en plusieurs endroits des Maccabées, pour signifier un étranger. D’ailleurs il peut très bien se faire qu’un homme de la postérité d’Agag se soit établi en Macédoine, et qu’Aman soit descendu de lui, et né dans cette contrée. ― Voir Esther, 3, 1.

16.14 Aux Macédoniens. Voir Esther, 3, 1.

16.24 Qu’elle devienne inaccessible, etc. Les prophètes emploient souvent cette expression pour marquer une destruction totale, et qui ne laisse aucun espoir de rétablissement. ― Comme un exemple, etc. Pour être un exemple du châtiment réservé à ceux qui désobéissent aux rois et méprisent leurs commandements.



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