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Livre de l'Ecclésiaste (Qohélet)

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Introduction


1° Le titre. — Dans la Vulgate, nous lisons en tête de ce livre les mots suivants : Ecclésiaste, qui est appelé par les Hébreux Qoheleth (Ecclesiastes, qui ab Hebraeis Coheleth appellatur). En effet, les Juifs l'ont toujours appelé Qohéleth, nom très exactement traduit par la locution 'Eχχλησιαστής des Septante. Notre Bible latine a adopté la dénomination grecque, qui signifie: Celui qui parle à l'assemblée. Saint Jérôme en développe très bien le sens: «L'Ecclésiaste est appelé en grec celui qui convoque l'assemblée, c'est-à-dire l'église. Nous pouvons, nous,  l'appeler prédicateur du fait qu'il parle au peuple, et que son sermon ne s'adresse pas à une personne en particulier,  mais à tous en général. » Ce nom, qui n'apparaît pas ailleurs dans la Bible, est employé ici d'une manière symbolique, pour marquer le rôle que remplit l'auteur du livre : il y est « considéré en quelque sorte comme prédicateur et docteur de foules assemblées » (les autres traductions que l'on a parfois données du mot Qohéleth sont inexactes).

Dans la Bible hébraïque, le livre de l'Ecclésiaste est rangé parmi les Ketûbim ou Hagiographes, dans la catégorie des Megillôt, entre les Lamentations et Esdras. Les Septante et la Vulgate l'ont placé entre les Proverbes et le Cantique.

L'auteur du livre. - D'après la croyance unanime des anciens commentateurs juifs et chrétiens, c'est le roi Salomon qui a composé le livre de l'Ecclésiaste. Même lorsqu'ils se demandent avec anxiété, à propos de certains passages: «O Salomon, où est ta sagesse? Où est ta sottise ? Non seulement tes paroles contredisent celles de David, ton père, mais elles se contredisent elles-mêmes » (Talmud, traité Schabbâth, 30, a) les rabbins s'ingénient « à mainte combinaison pour justifier les contradictions dont il s'agit, au lieu de conclure de ces contradictions mêmes que Salomon... n'est pas l'auteur du livre » (L. Wogue, Hist. De la Bible, Paris, 1881, p. 61). Quant à la tradition chrétienne, Pineda la résume fort bien dans ces quelques mots : « L'église a  été constamment  et perpétuellement persuadée que  sont vraiment de Salomon les trois livres qui lui sont attribués. » Or ces trois livres sont les Proverbes, le Cantique et l'Ecclésiaste.

Luther lança contre cette tradition antique quelques objections superficielles, qui ne trouvèrent pas d'écho. C'est Grotius qui fut, en réalité, le premier à l'ébranler, au 17ème siècle, en essayant de démontrer scientifiquement que Salomon ne saurait être l'auteur de l'Ecclésiaste. Il a entraîné à sa suite la plupart des exégètes les plus récents, non seulement parmi les rationalistes, mais aussi parmi les protestants qui croient encore à l'inspiration des saints Livres. Il est même quelques exégètes catholiques qui se sont laissé séduire par leurs raisonnements (« L'origine salomonienne de ce livre n'est pas de foi » (Fulcran Vigouroux, Manuel Biblique, t. 2, n. 844), quoiqu'elle ait de très sûrs garants).

Pour rejeter l'ancienne croyance et « le seul argument véritable qui soit concluant en pareille matière, l'autorité du témoignage » (Vigouroux, Manuel Biblique, l.c.), on allègue des preuves purement intrinsèques, tirées du livre lui-même, et se rapportant les unes au style, les autres à la doctrine, et aussi à l'état de la société dépeint par l'Ecclésiaste. Mais, avant de citer plus longuement ces objections et d'y répondre, il est bon de répéter que le livre se donne ouvertement et formellement, dès l'abord (cf. 1, 1 et 12), comme étant l'œuvre «du fils de David, roi de Jérusalem », — expressions qui ne peuvent convenir qu'à Salomon, — et que le caractère général de l'écrit, comme aussi d'assez nombreux détails personnels qui concernent l'auteur, s'accordent parfaitement avec tout ce que l'histoire sainte nous apprend du règne de Salomon (« Des trois ouvrages de ce roi, aucun ne porte aussi manifestement le cachet royal et personnel de l'investigateur de la nature, et du monarque qui avait tout connu, le saint et le profane. » Mgr Meignan, Salomon, son règne, ses écrits. Paris, 1890, p. 272).

    1. Le style, a-t-on dit, diffère beaucoup de celui des Proverbes, et ne saurait être du même auteur ; bien plus, on assure qu'il diffère en général de celui des parties de la Bible composées avant l'exil. Par sa prolixité, ses néologismes, ses nombreux aramaïsmes (mots ou tournures empruntés aux idiomes araméens), l'Ecclésiaste rappelle les livres d'Esther, de Néhémie, d'Esdras et des trois derniers prophètes, dont il doit être le contemporain. — Réponse. Il est certain que le style du livre de l'Ecclésiaste est par moments inférieur à celui des Proverbes ; mais « la différence d'âge de l'auteur, le changement des circonstances, et aussi la différence du genre littéraire (voyez plus bas), expliquent sans peine » ce fait. « D'ailleurs, malgré des différences considérables, il y a aussi des ressemblances, et elles sont telles, surtout dans les passages sentencieux, que les adversaires eux-mêmes les ont reconnues. » (Man. Biblique, t. 2, n. 846) Les néologismes que l'on signale sont en très petit nombre, et ils s'expliquent suffisamment par le caractère philosophique de l'écrit ; au surplus, il n'est pas sûr que ce soient de vrais néologismes et qu'ils aient été inconnus et inusités avant Salomon. Quant aux aramaïsmes, après en avoir cité d'abord une longue liste (on est allé jusqu'au chiffre de 90), nos contradicteurs ont été contraints d'en réduire singulièrement le nombre (20 environ), et encore plusieurs de ces expressions sont-elles communes à tous les dialectes sémitiques, de sorte qu'elles peuvent très bien remonter beaucoup plus haut que Salomon (« Les chaldaïsmes , ou aramaïsmes, sont, quand il s'agit de l'âge des livres hébreux, un critérieum fort dangereux. On prend souvent pour des chaldaïsmes certaines particularités des dialectes du nord de la Palestine, ou des traits du langage populaire. » Renan, le Cantique, p. 108) ; enfin les relations commerciales ou autres que ce prince eut avec les Syriens et les Chaldéens justifieraient amplement l'insertion de locutions araméennes dans l'hébreu de son temps.

    2. Seconde objection : le contenu doctrinal du livre de Qohéleth serait tout à fait incompatible avec sa composition par Salomon. - Réponse. Sans doute le contenu est bien différent de celui des Proverbes et du Cantique ; mais il ne pouvait pas en être autrement, puisque le genre et le but ne sont pas les mêmes. Inutile d'insister sur la divergence de doctrine qui existe entre le Cantique et l'Ecclésiaste, puisqu'il n'y a pas le moindre rapport entre les sujets traités : c'est donc de la dissemblance, et point une vraie divergence. « Le livre des Proverbes, à partir surtout du chap. 10, est un recueil de pensées détachées, une collection de sentences la plupart du temps sans rapport entre elles, et dont la relation ne s'étend pas au delà de deux ou trois versets. L'Ecclésiaste, au contraire, a pour but de faire accepter une idée, d'en poursuivre sans trêve la démonstration à travers une série de raisonnements et de pensées toujours logiquement enchaînées, soit qu'il expose, soit qu'il discute, soit qu'il exhorte. Sans cesse il est retenu par son sujet, et toute digression que le besoin de sa cause ne demande pas serait une faute. Dans les Proverbes, rien ne l'arrête ; il lâche la bride à sa pensée ; il la laisse aller librement, sans préoccupation d'ordre ou d'enchaînement quelconque. Bien plus, autant l'intérêt du Qohéleth est de restreindre sa pensée, autant celui de l'auteur des Proverbes est de la varier, d'en multiplier les objets. » (Motais, l'Ecclésiaste, Paris, 1877, p. 43). Au reste, on a souvent exagéré les différences qui existent entre l'Ecclésiaste et les Proverbes. « Les idées favorites de Salomon, la sagesse opposée à la folie, se rencontrent dans les deux écrits. Il y a près de trois cents versets des Proverbes dont la doctrine concorde avec celle de l'Ecclésiaste, et est exprimée presque dans les mêmes termes (voyez Motais, Salomon et l'Ecclésiaste, Paris, 1876, t. 2, pp. 253 et ss.). D'ailleurs la situation de l'auteur avait beaucoup changé quand il écrivit l'Ecclésiaste. Cet ouvrage date probablement de sa vieillesse, lorsqu'il sentait tout le néant de la vie, tandis que la plupart des Proverbes appartiennent à l'époque glorieuse » de sa maturité (Vigouroux, Manuel Biblique, t. 2, n. 845).

    3. Le tableau que l'auteur de l'Ecclésiaste trace de la société, au milieu de laquelle il vivait ne saurait se concilier non plus, dit-on, avec l'époque de Salomon, et dénoterait une composition très tardive ; Qohéleth parle comme un homme entouré de juges iniques et de ministres ambitieux, vivant au milieu d'un peuple dont la religion n'est souvent qu'un pur formalisme, exposé à des révolutions soudaines, etc. ; or comment Salomon aurait-il pu tenir un tel langage, lui dont le règne fut toujours si florissant ? - Réponse. Salomon ne s'est pas proposé de décrire uniquement ce qui se passait sous ses yeux en Palestine ; ses peintures de mœurs vont plus loin, et conviennent à ce qui a lieu plus ou moins dans tous les temps et dans toutes les contrées, surtout dans les États de l'Orient. Même sous son règne il y eut, spécialement vers la fin, de nombreuses misères. D'autre part, les nombreux détails relatifs à la puissance, aux entreprises luxueuses et aux méditations philosophiques de l'auteur..., ne peuvent guère convenir qu'à Salomon. Ici encore, le fond même du livre parle donc en faveur de ce prince.

Au surplus, les exégètes qui formulent ces diverses objections se réfutent mutuellement lorsqu'il s'agit de bâtir après avoir détruit, c'est-à-dire de fixer une époque pour la composition du livre de l'Ecclésiaste. Toutes les périodes de l'histoire juive comprises entre la mort de Salomon (975 avant J .-C.) et le règne d'Hérode le Grand ont été indiquées tour à tour comme témoins de la naissance de cet écrit (cf. Gletmann, Commentarius in Ecclesiasten, Paris, 1890, pp. 22-29). On voit par là « combien sont peu certains et concluants les signes intrinsèques sur lesquels on prétend s'appuyer pour déterminer l'auteur et la date, puisque l'examen d'un livre si court amène à des résultats si divergents et si contradictoires » (Vigouroux, Manuel Biblique, t. 2, p. 844, note).

Le sujet et le but du livre de l'Ecclésiaste. - Les mots tout est vanité qui retentissent jusqu'à vingt-cinq fois dans ce petit livre, comme un douloureux refrain, expriment assez bien la pensée dominante, quoiqu'ils n'embrassent qu'une partie du sujet. «L'Ecclésiaste montre, disait Hugues de Saint-Victor, que tout est assujetti à la vanité. Dans les choses qui sont faites pour l'homme, la vanité liée au caractère changeant.  Dans celles qui sont faites dans l'homme,  la vanité liée au caractère mortel. (latin : Ostendit (Ecclesiastes), disait Hugues de Saint-Victor, omnia esse vanitati subjecta: in his quae propter homines facta sunt, vanitas est mutabilitatis; in his quae in hominibus facta sunt, vanitas mortalitatis) (In Ecclesiast. Hom. 1). » Bossuet est plus complet: «Tout ce livre se conclut par une unique argumentation.  Comme sont vaines toutes les choses qui sont sous le soleil, puisqu'elles ne sont que de la vapeur, de l'ombre, et même du néant, il n'y a qu'une seule chose qui, dans l'homme, soit grande et vraie : craindre Dieu, obéir à ses préceptes, se garder pur et intègre pour le jugement futur. (Au début de la préface placée en avant de son commentaire sur l'Ecclésiaste). » Ou, plus brièvement avec l'auteur de l'Imitation (1, 1, 4) : « Vanité des vanités.  Tout est vanité en dehors d'aimer Dieu et  de le servir lui seul. »

En d'autres termes, l'expérience nous apprend que toutes les aspirations, tous les efforts de l'homme sont « vanité des vanités» ; qu'il ne trouve rien de réel, de solide parmi les biens terrestres ; qu'ici-bas toutes les situations sont marquées au sceau de l'imperfection, du dégoût, du souci, d'une inégalité dénuée de cause apparente, du malaise universel. Heureusement la foi aussi nous transmet ses leçons. Elle nous enseigne que le monde est gouverné jusque dans les plus petits détails par un Dieu saint, juste et bon. Voilà deux faits opposés, contradictoires, qui créent pour l'homme un douloureux problème. Ce problème de la vie humaine, l'Ecclésiaste renonce à le résoudre d'une manière théorique ; il préfère le trancher plus facilement, en allant droit aux conclusions pratiques. Voulez-vous être heureux ? Demande-t-il. Attachez-vous à Dieu comme à un rémunérateur juste et sage ; puis, en attendant la rémunération parfaite, jouissez des rares éclaircies de bonheur qui illuminent votre vie, car c'est là un don du Seigneur lui-même. Ainsi donc, « au milieu du néant et des misères de la vie, il faut espérer dans la justice de Dieu, et s'en rapporter à la sagesse incompréhensible et absolument mystérieuse de ses conseils. Dieu semble sommeiller ; mais Dieu aura son jour et ses grandes assises (12, 14), où il redressera le monde, où il jugera le juste et l'injuste (Mgr Meignan, Salomon, son règne, ses écrits, p. 282). »

Il est aisé, d'après cela, d'indiquer le but que se proposa Salomon en composant ce livre. Ce but n'est ni simplement théorique, comme on l'a souvent affirmé (montrer la vanité de tous les biens terrestres ; indiquer la nature du souverain bien ; prouver l'immortalité de l'âme, etc.), ni simplement pratique (nous apprendre à vivre dans la paix et dans un bonheur relatif, malgré les vicissitudes et les misères de l'existence humaine, etc,). C'est un heureux mélange de théorie et de pratique : élever l'homme au-dessus de tous les objets sensibles, même de ceux qui lui paraissent les plus magnifiques, exciter ainsi en lui une vigoureuse aspiration vers des biens d'un ordre supérieur (ce sont là les paroles de S. Grégoire de Nysse, In Eccles., hom. 1), et lui montrer comment il doit régler sa vie pour parvenir à la félicité dont Dieu lui laisse la jouissance ici-bas. Or régler sa vie, c'est éviter l'usage coupable et immodéré des biens terrestres ; c'est, en toutes choses, se souvenir du compte qu'il faudra rendre un jour à Dieu ; c'est, en un mot, craindre le Seigneur et pratiquer sa loi sainte. Tous les détails du livre convergent vers cette fin (voyez Cornely, Introductio in utriusque Testamenti libros sacros, t. 2, 2è partie, pages 165-166).

Le caractère général de l'Ecclésiaste. - C'est faute d'avoir bien compris le sujet et le but de cet écrit qu'on l'a souvent apprécié, d'une manière si étrange et si fausse. On y a découvert toutes les erreurs anciennes et modernes, plus particulièrement le scepticisme, le fatalisme, le pessimisme, les doctrines d'Épicure, des contradictions perpétuelles (voyez sur ces points l'ouvrage magistral de M. l'abbé Motais, Salomon et l'Ecclésiaste, t. 1, pp. 151-507, ou son abrégé, l'Ecclésiaste, pages 70-118). Ce n'est pas ici le lieu de réfuter en détail ces fausses assertions, que le commentaire sapera, du reste, par la base, en établissant le véritable sens de chaque verset ou série de versets, et par là même de l'ensemble (voyez aussi le Man. Biblique, t.2, nn. 852-859, et Mgr Meignan, l.c., pp. 259 et ss.). Il sera bon cependant d'indiquer en quelques mots le genre, la «manière» de l'auteur ; plus d'une difficulté disparaîtra ainsi de prime abord.

L'Ecclésiaste n'est ni un moraliste qui écrit une homélie sur la vertu, ni un philosophe qui compose un traité sur la vanité de la vie, ni un prophète qui délivre un divin message à un peuple coupable ; c'est un homme qui a vécu, qui « a tout vu, tout connu: la puissance, la science, le plaisir, la société des hommes à tous ses degrés, les mystères du cœur humain et ses entraînements », et qui raconte très simplement les résultats de son expérience et de ses réflexions, en vue d'instruire les autres hommes, et de les aider à surmonter les tentations et les embarras par lesquels il avait passé lui-même. Il le fait, pour ainsi dire, dans un dialogue intime avec son âme, dont les deux « parties », comme les nomment les auteurs mystiques, la supérieure et l'inférieure, mais cette dernière surtout, proposent tour à tour leurs sentiments et font entendre des voix bien différentes (mais ce n'est pas un entretien proprement dit, entre deux personnes distinctes, dont l'une ferait les objections et l'autre les réponses, comme on l'a quelquefois pensé). De là ce va-et-vient si mouvementé de pensées. « C'est comme la lutte entre les deux principes dont parle la lettre aux Romains (chap. 7) ; c'est comme le retour perpétuel de la strophe et de l'antistrophe dans les Pensées de Pascal... Chaque spéculation et chaque impression du cœur humain est exposée et entendue successivement, » souvent sans la moindre transition, ce qui produit parfois ces apparences de contradictions, de scepticisme, de pessimisme, dont les hommes irréligieux ont abusé à maintes reprises, bien que l'auteur traite son sujet avec un grand respect et un profond esprit de religion. ll « semble noter ses pensées dans l'ordre même où elles s'offraient à lui, sans s'arrêter pour les arranger et les organiser. Il signale les difficultés d'une manière très sincère, telles qu'il les voyait ; s'il est incapable de les résoudre, il n'essaye pas de cacher sa propre ignorance, mais il les abandonne à Dieu, dont la puissance et la justice sont pour lui une réponse à toutes les objections ». Voilà pourquoi le pour et le contre se succèdent par moments sans interruption. Qohéleth est rond et franc dans ses appréciations, et il ne cache pas son désenchantement des choses humaines ; mais il n'est pas moins loyal dans ses nobles élans de sagesse et de résignation, dans ses exhortations au fidèle accomplissement du devoir, et dans le Haut les cœurs, qu'il redit à toutes ses pages.

Plan et division. - « L'allure du livre n'est donc ni régulière, ni méthodique ; il suffit à Salomon, pour l'unité du plan conçu par lui, que l'examen des choses ramène à la thèse principale, comme à un refrain : Tout ici-bas est vanité et affliction d'esprit. » (Mgr Meignan, Salomon, p. 287). Néanmoins, quoique l'Ecclésiaste n'ait pas été écrit avec la rigoureuse méthode d'un traité philosophique, il est aisé d'y reconnaître un plan et un ordre très réels.

On a dit avec assez de justesse que l'ordre général de notre livre est le même que celui de la lettre aux Hébreux, c'est-à-dire qu'il consiste en une succession continuelle de morceaux didactiques et d'exhortations. Mais nous pouvons préciser beaucoup mieux encore, et partager les douze chapitres de Qohéleth en quatre parties, précédées d'un court prologue et suivies d'un court épilogue. Le prologue, 1, 2-11, contient en abrégé le sujet du livre: Vanité des vanités, tout est vanité ! Si l'on envisage la vie humaine en dehors de Dieu, on n'y rencontre que «changements et oubli ». La première partie, 1, 12-2,26, expose, sous forme de confession, les expériences multiples de Salomon, et leur résultat relativement au problème du bonheur humain, cherché seulement parmi les choses de la terre. Dans la seconde partie, 3, 1-5, 19, l'auteur démontre que l'homme, cet être si dépendant et si peu maître de sa propre destinée, est absolument impuissant à acquérir le bonheur par ses propres efforts. La troisième partie, 6, 1-8, 15, fournit quelques excellentes règles pratiques pour arriver au bonheur. La quatrième partie, 8, 16-12, 7, démontre que la vraie félicité consiste ici-bas dans la possession de la sagesse. L'épilogue, 12, 8-14, résume le livre entier, et donne comme solution complète du problème la crainte de Dieu et la fidélité à garder ses commandements.

Cette division rend compte du plan de l'auteur sacré, au moins dans ses traits principaux. La suite des pensées n'est pas toujours rigoureuse, la liaison des idées surtout n'est pas partout apparente...; il y a des oscillations dans l'exposition, quelques répétitions, et quelques parenthèses; mais il est impossible néanmoins de méconnaître l'idée dominante de chacune des parties» (Vigouroux, Manuel Biblique, t. 2, n. 851).

La forme littéraire de l'Ecclésiaste. - Sous le rapport littéraire, ce livre appartient au genre poétique dit mâšal, ou didactique, aussi bien que les Proverbes. Cependant le plus souvent il est écrit en simple prose, mais en prose oratoire, munie d'un certain rythme ; tel est habituellement le cas lorsque Salomon expose les résultats de sa propre expérience et ses réflexions personnelles. Ce n'est que par moments, surtout lorsqu'il passe à l'exhortation, qu'il emploie le vrai langage de la poésie, et qu'il a recours au parallélisme. Voyez, entre autres passages, 5, 2, 5 ; 7, 2-10, 12 ; 8, 8 ; 9, 8, 11, et la fin du chap. 12. Sa diction reçoit de là un caractère bigarré, qu'on trouve quelquefois chez les écrivains arabes.

Certaines formules, qui retentissent fréquemment à travers le livre, comme des refrains mélancoliques, produisent un effet saisissant et témoignent d'un art très réel dans la composition. « Notre poète a du délicat, du gracieux dans l'expression, beaucoup de finesse dans l'association des pensées et des sentences. » Il y a de la vigueur dans le coloris, « malgré quelques négligences et un peu de diffusion. » En plusieurs endroits, « l'Ecclésiaste se manifeste comme un vrai maître de la parole : » par exemple, « quand il représente, 1, 4-11, l'éternel va-et-vient du cours des choses, et quand il peint, 12, 2-7, la vie humaine qui touche à son terme, et enfin se brise. »

L'importance du livre de l'Ecclésiaste est avant tout morale. Il dissipe les illusions et décrit avec une rare vigueur le néant de tous les biens terrestres, la fragilité de toutes les joies humaines. Par là même il élève et fortifie l'âme dans les situations heureuses, et la console dans le malheur. Saint Jérôme raconte qu'il le lut avec Blaesilla, pour exciter sa sainte amie au mépris des choses de la terre. Saint Augustin est plus complet lorsqu'il dit que si ce gracieux petit volume démontre la vanité de cette vie, c'est uniquement pour nous faire désirer une autre vie dans laquelle, au lieu de « la vanité qui est sous le soleil », il y a la vérité sous Celui qui a créé le soleil. Et cent assertions semblables des moralistes anciens et modernes.

Le philosophe aussi trouve à gagner dans la lecture de cet écrit, qui résout un problème si important et agite de si graves pensées. Il y trouve la clef d'un profond mystère, et apprend à connaître le moyen de réduire ses doutes au silence.

Enfin, d'une manière muette et indirecte, le livre de l'Ecclésiaste a un certain cachet messianique, puisque, en décrivant avec tant d'énergie les souffrances endurées par l'humanité sous le régime de la nature pure, et même de l'Ancien Testament, il fait naître en elle le désir du vrai bonheur, que Jésus-Christ seul devait apporter sur la terre.

Auteurs à consulter. — Saint Jérôme, Commentarius in librum Ecclesiasten ad Paulam et Eustochiam ; Hugues de Saint-Victor, In Ecclesiasten Homiliae 19 (au 12ème siècle) ; Pineda, Commentarium in Ecclesiasten, Anvers, 1620 (ouvrage aussi complet que solide) ; Bossuet, Liber Ecclesiastes ; les commentaires de Corneille de la Pierre, de Maldonat et de D. Calmet ; Vegni, L'Ecclesiaste secondo il testo ebraico, doppia traduzione con proemio e note, Florence, 1871 ; A. Motais, Salomon et l'Ecclésiaste, Étude critique sur le texte, les doctrines, l'âge et l'auteur de ce livre, Paris, 1876; du même, L'Ecclésiaste, Paris, 1877 (résumé du précédent) ; Mgr Meignan, Salomon, son règne, ses écrits, Paris, 1890 ; G. Gietmann, Commentarius in Ecclesiasten et Canticum canticorum, Paris, 1870 (le meilleur de tous les commentaires catholiques).



Ecclésiaste - Qohéleth



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Ecclésiaste 1. 1 Paroles de l'Ecclésiaste, fils de David, roi dans Jérusalem. 2 Vanité des vanités dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités. Tout est vanité. 3 Quel avantage revient-il à l'homme de toute la peine qu'il se donne sous le soleil ? 4 Une génération passe, une génération vient et la terre subsiste toujours. 5 Le soleil se lève, le soleil se couche et il se hâte de retourner à sa demeure, d'où il se lève de nouveau. 6 Allant vers le midi, tournant vers le nord, le vent se retourne encore et reprend les mêmes circuits. 7 Tous les fleuves vont à la mer et la mer n'est pas remplie, vers le lieu où ils se dirigent, ils continuent à aller. 8 Toutes choses sont en travail, au-delà de ce qu'on peut dire, l'œil n'est pas rassasié de voir et l'oreille ne se lasse pas d'entendre. 9 Ce qui a été, c'est ce qui sera et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera et il n'y a rien de nouveau sous le soleil. 10 S'il est une chose dont on dise : "Vois, c'est nouveau", cette chose a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés. 11 On ne se souvient pas de ce qui est ancien et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard. 12 Moi, l'Ecclésiaste, j'ai été roi d'Israël à Jérusalem, 13 et j'ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c'est une occupation pénible à laquelle Dieu impose aux enfants des hommes de se livrer. 14 J'ai examiné toutes les œuvres qui se font sous le soleil : et voici, tout est vanité et poursuite du vent. 15 Ce qui est courbé ne peut se redresser et ce qui manque ne peut être compté. 16 Je me suis dit en moi-même : Voici que j'ai accumulé et amassé de la sagesse, plus que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem et mon cœur a possédé amplement sagesse et science. 17 J'ai appliqué mon esprit à connaître la sagesse et à connaître la sottise et la folie, j'ai compris que cela aussi est poursuite du vent. 18 Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin et celui qui augmente sa science augmente sa douleur.


Ecclésiaste 2. 1 J'ai dit dans mon cœur : "Viens donc, je t'éprouverai par la joie, goûte le plaisir." Et voici, cela est encore une vanité. 2 J'ai dit du rire : "Insensé" et de la joie : "Que produit-elle ?" 3 Je m'appliquai dans mon cœur à livrer ma chair au vin, tandis que mon cœur me conduirait avec sagesse et à m'attacher à la folie, jusqu'à ce que je visse ce qu'il est bon pour les enfants des hommes de faire sous le ciel durant les jours de leur vie. 4 J'exécutai de grands ouvrages, je me bâtis des maisons, je me plantai des vignes, 5 Je me fis des jardins et des vergers et j'y plantai des arbres à fruit de toute espèce, 6 je me fis des réservoirs d'eau, pour arroser des bosquets où croissaient les arbres. 7 J'achetai des serviteurs et des servantes et j'eus leurs enfants nés dans la maison, j'eus aussi des troupeaux de bœufs et de brebis, plus que tous ceux qui furent avant moi dans Jérusalem. 8 Je m'amassai aussi de l'argent et de l'or et les richesses des rois et des provinces, je me procurai des chanteurs et des chanteuses et les délices des enfants des hommes, des femmes en abondance. 9 Je devins grand et je l'emportai sur tous ceux qui étaient avant moi dans Jérusalem et même ma sagesse demeura avec moi. 10 Tout ce que mes yeux désiraient, je ne les en ai pas privés, je n'ai refusé à mon cœur aucune joie, car mon cœur prenait plaisir à tout mon travail et ce fut ma part de tout mon travail. 11 Puis j'ai considéré toutes mes œuvres que mes mains avaient faites et le labeur que leur exécution m'avait coûté et voici, tout est vanité et poursuite du vent et il n'y a aucun profit sous le soleil. 12 Alors j'ai tourné mes regards vers la sagesse pour la comparer avec la sottise et la folie. Car quel est l'homme qui pourrait venir après le roi, lui à qui on a conféré cette dignité depuis longtemps ? 13 Et j'ai vu que la sagesse a autant d'avantage sur la folie, que la lumière sur les ténèbres : 14 Le sage a ses yeux où il faut et l'insensé marche dans les ténèbres. Et j'ai aussi reconnu qu'un même sort les atteindra tous deux. 15 Et j'ai dit dans mon cœur : "Le même sort que celui de l'insensé m'atteindra moi aussi, à quoi bon donc toute ma sagesse ?" Et j'ai dit dans mon cœur que cela encore est une vanité. 16 Car la mémoire du sage n'est pas plus éternelle que celle de l'insensé, dès les jours qui suivent, tous deux sont également oubliés. Eh quoi, le sage meurt aussi bien que l'insensé. 17 Et j'ai haï la vie, car ce qui se fait sous le soleil est mauvais à mes yeux, car tout est vanité et poursuite du vent. 18 Et j'ai haï tout mon travail, que j'ai fait sous le soleil et que je laisserai à l'homme qui viendra après moi. 19 Et qui sait s'il sera sage ou insensé ? Cependant il sera maître de mon travail, dans lequel j'ai mis ma peine et ma sagesse sous le soleil. C'est encore là une vanité. 20 Et j'en suis venu à livrer mon cœur au découragement, à cause de tout le travail que j'ai fait sous le soleil. 21 Car, qu'un homme qui a déployé dans son travail sagesse, intelligence et habileté, en laisse le fruit en partage à un homme qui n'y a pas travaillé : c'est encore là une vanité et un grand mal. 22 En effet, que revient-il à l'homme de tout son travail et du souci de son cœur, qui le fatiguent sous le soleil ? 23 Tous ses jours ne sont que douleur, ses occupations que chagrins, la nuit même son cœur ne se repose pas : c'est encore là une vanité. 24 Il n'y a rien de meilleur pour l'homme que de manger et de boire et de faire jouir son âme du bien-être, au milieu de son travail, mais j'ai vu que cela aussi vient de la main de Dieu. 25 Qui, en effet, peut sans lui manger et jouir du bien-être ? 26 Car à l'homme qui est bon devant lui, il donne la sagesse, la science et la joie, mais au pécheur, il donne le soin de recueillir et d'amasser, afin de donner à celui qui est bon devant Dieu. C'est encore là une vanité et la poursuite du vent.


Ecclésiaste 3. 1 Il y a un temps fixé pour tout, un temps pour toute chose sous le ciel : 2 un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour planter et un temps pour arracher ce qui a été planté, 3 un temps pour tuer et un temps pour guérir, un temps pour abattre et un temps pour bâtir, 4 un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour se lamenter et un temps pour danser, 5 un temps pour jeter des pierres et un temps pour en ramasser, un temps pour embrasser et un temps pour s'abstenir d'embrassements. 6 un temps pour chercher et un temps pour perdre, un temps pour garder et un temps pour jeter, 7 un temps pour déchirer et un temps pour coudre, un temps pour se taire et un temps pour parler, 8 un temps pour aimer et un temps pour haïr, un temps pour la guerre et un temps pour la paix. 9 Quel est l'avantage, pour celui qui travaille, de la peine qu'il se donne ? 10 J'ai examiné le labeur auquel Dieu impose aux enfants des hommes de se livrer : 11 Dieu a fait toute chose belle en son temps, il a mis aussi dans leur cœur l'éternité, mais sans que l'homme puisse comprendre l'œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu'à la fin. 12 Et j'ai reconnu qu'il n'y a rien de meilleur pour eux que de se réjouir et se donner du bien-être pendant leur vie, 13 et en même temps que si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de son travail, c'est là un don de Dieu. 14 J'ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu'il n'y a rien à y ajouter ni rien à en retrancher : Dieu agit ainsi afin qu'on le craigne. 15 Ce qui se fait existait déjà et ce qui se fera a déjà été : Dieu ramène ce qui est passé. 16 J'ai encore vu sous le soleil, qu'au siège même du droit il y a la méchanceté et au lieu de la justice, il y a l'iniquité. 17 J'ai dit dans mon cœur : "Dieu jugera le juste et le méchant, car il y a là un temps pour toute chose et pour toute œuvre." 18 J'ai dit dans mon cœur au sujet des enfants des hommes : "Cela arrive ainsi, afin que Dieu les éprouve et qu'ils voient qu'ils sont quant à eux-mêmes semblables aux bêtes." 19 Car le sort des enfants des hommes est le sort de la bête : ils ont un même sort, comme l'un meurt, l'autre meurt aussi, il n'y a qu'un même souffle pour tous, l'avantage de l'homme sur la bête est nul, car tout est vanité. 20 Tout va dans un même lieu, tout est sorti de la poussière et tout retourne à la poussière. 21 Qui connaît le souffle des enfants des hommes, qui monte en haut et le souffle de la bête, qui descend en bas vers la terre ? 22 Et j'ai vu qu'il n'y a rien de mieux pour l'homme que de se réjouir dans ses œuvres : c'est là sa part. Car qui lui donnera de découvrir ce qui arrivera après lui ?


Ecclésiaste 4. 1 Je me suis tourné et j'ai vu toutes les oppressions qui se commettent sous le soleil et voici que les opprimés sont dans les larmes et personne ne les console. Ils sont en butte à la violence de leurs oppresseurs et personne ne les console. 2 Et j'ai proclamé les morts qui sont déjà morts plus heureux que les vivants qui sont encore vivants, 3 et plus heureux que les uns et les autres celui qui n'est pas encore arrivé à l'existence, qui n'a pas vu les mauvaises actions qui se commettent sous le soleil. 4 J'ai vu que tout travail et que toute habileté dans un ouvrage n'est que jalousie contre un homme de la part de son prochain : cela encore est vanité et poursuite du vent. 5 L'insensé se croise les mains et mange sa propre chair. 6 Mieux vaut une main pleine de repos, que les deux pleines de labeur et de poursuite du vent 7 Je me suis tourné et j'ai vu une autre vanité sous le soleil. 8 Tel homme est seul et n'a pas de second, il n'a ni fils ni frère et pourtant il n'y a pas de fin à tout son travail et ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesses : "Pour qui donc est-ce que je travaille et que je prive mon âme de jouissance ?" Cela encore est vanité et mauvaise occupation. 9 Mieux vaut vivre à deux que solitaire, il y a pour les deux un bon salaire dans leur travail, 10 car s'ils tombent, l'un peut relever son compagnon. Mais malheur à celui qui est seul et qui tombe sans avoir un second pour le relever. 11 De même, si deux couchent ensemble, ils se réchauffent, mais un homme seul, comment aurait-il chaud 12 Et si quelqu'un maîtrise celui qui est seul, les deux pourront lui résister et le fil triplé ne rompt pas facilement. 13 Mieux vaut un jeune homme pauvre et sage qu'un roi vieux et insensé qui ne sait plus écouter les avis, 14 car il sort de prison pour régner, quoiqu'il soit né pauvre dans son royaume. 15 J'ai vu tous les vivants qui marchent sous le soleil près du jeune homme qui s'élevait à la place du vieux roi. 16 Il n'y avait pas de fin à toute cette foule, à tous ceux à la tête desquels il était. Et cependant les descendants ne se réjouiront pas à son sujet. Cela encore est vanité et poursuite du vent. 17 Prends garde à ton pied quand tu vas à la maison de Dieu, s'approcher pour écouter vaut mieux que d'offrir des victimes à la manière des insensés, car leur ignorance les conduit à faire mal.


Ecclésiaste 5. 1 Ne sois pas pressé d'ouvrir la bouche et que ton cœur ne se hâte pas d'exprimer une parole devant Dieu, car Dieu est au ciel et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses 2 car de la multitude des occupations naissent les songes et de la multitude des paroles, des propos d'insensé. 3 Lorsque tu fais un vœu à Dieu, ne tarde pas à l'accomplir, car il n'y a pas de faveur pour les insensés : ce que tu voues, accomplis-le. 4 Mieux vaut pour toi ne pas vouer, que vouer et ne pas accomplir. 5 Ne permets pas à ta bouche de faire pécher ta chair et ne dis pas en présence de l'envoyé de Dieu que c'est une inadvertance : pourquoi Dieu s'irriterait-il au sujet de tes paroles et détruirait-il les œuvre de tes mains ? 6 Car, comme il y a des vanités dans la multitude des occupations, il y en a aussi dans beaucoup de paroles, c'est pourquoi crains Dieu. 7 Si tu vois dans une province le pauvre opprimé, le droit et la justice violés, ne t'étonne pas de la chose, car un plus grand veille sur un grand et de plus grands encore veillent sur eux. 8 Un avantage pour le pays à tous égards, c'est un roi qui donne ses soins à l'agriculture. 9 Celui qui aime l'argent n'est pas rassasié par l'argent et celui qui aime les richesses n'en goûte pas le fruit, c'est encore là une vanité. 10 Quand les biens se multiplient, ceux qui les mangent se multiplient aussi et quel avantage en revient-il à leurs possesseurs, sinon qu'ils les voient de leurs yeux ? 11 Le sommeil du travailleur est doux, qu'il ait peu ou beaucoup à manger, mais la satiété du riche ne le laisse pas dormir. 12 Il est un mal grave que j'ai vu sous le soleil : des richesses conservées pour son malheur par celui qui les possède : 13 ces richesses se perdent par quelque fâcheux événement et, s'il a engendré un fils, il ne lui reste rien entre les mains. 14 Tel qu'il est sorti du sein de sa mère, il s'en retournera nu, comme il était venu et il ne recevra rien pour son travail, qu'il puisse emporter dans sa main : 15 C'est encore là un grave mal, qu'il s'en aille comme il est venu : et quel avantage lui revient-il d'avoir travaillé pour le vent ? 16 De plus, toute sa vie il mange dans les ténèbres, il a beaucoup de chagrin, de souffrance et d'irritation. 17 Voici donc ce que j'ai vu : c’est une chose belle et bonne pour l'homme de manger et de boire et de jouir du bien-être dans tout son travail, auquel il se livre sous le soleil, durant les jours de vie que Dieu lui donne, car c'est là sa part. 18 De plus, pour tout homme à qui Dieu donne richesses et biens, avec pouvoir d'en manger, d'en prendre sa part et de se réjouir de son travail, c'est là un don de Dieu. 19 Car alors il ne songe guère aux jours de sa vie, parce que Dieu répand la joie dans son cœur.

Ecclésiaste 6. 1 Il est un mal que j'ai vu sous le soleil et ce mal est grand sur l'homme : 2 Tel homme à qui Dieu a donné richesses, trésors et gloire et qui ne manque pour son âme de rien de ce qu'il peut désirer, mais Dieu ne lui permet pas d'en jouir, car c'est un étranger qui en jouit : voilà une vanité et un mal grave. 3 Quand un homme aurait engendré cent fils, eût vécu de nombreuses années et que les jours de ses années se seraient multipliés, si son âme ne s'est pas rassasiée de bonheur et qu'il n'ait pas même eu de sépulture, je dis qu'un avorton est plus heureux que lui. 4 Car il est venu en vain, il s'en va dans les ténèbres et les ténèbres couvriront son nom, 5 il n'a même ni vu ni connu le soleil, il a plus de repos que cet homme. 6 Et quand il vivrait deux fois mille ans, sans jouir du bonheur, tout ne va-t-il pas au même lieu ? 7 Tout le travail de l'homme est pour sa bouche, mais ses désirs ne sont jamais satisfaits. 8 Car quel avantage a le sage sur l'insensé ? Quel avantage a le pauvre qui sait se conduire devant les vivants ? 9 Ce que les yeux voient est préférable à la divagation des désirs. Cela encore est vanité et poursuite du vent. 10 De toute chose qui arrive, le nom est déjà prononcé, on sait ce que sera un homme et il ne peut contester avec qui est plus fort que lui. 11 Car il y a beaucoup de paroles qui ne font qu'accroître la vanité : quel avantage en revient-il à l'homme ? 12 Car qui sait, en effet, ce qui est bon pour l'homme dans la vie, pendant les jours de sa vie de vanité, qu'il passe comme une ombre ? Et qui peut indiquer à l'homme ce qui sera après lui sous le soleil ?


Ecclésiaste 7. 1 Une bonne renommée vaut mieux qu'un bon parfum et le jour de la mort que le jour de la naissance. 2 Mieux vaut aller à la maison de deuil qu'aller à la maison de festin, car dans la première apparaît la fin de tout homme et le vivant y applique son cœur. 3 Mieux vaut la tristesse que le rire, car un visage triste fait du bien au cœur. 4 Le cœur des sages est dans la maison de deuil et le cœur des insensés dans la maison de joie. 5 Mieux vaut entendre la réprimande du sage que d'entendre la chanson des insensés. 6 Car semblable au pétillement des épines sous la chaudière est le rire des insensés : c'est là encore une vanité. 7 Car l'oppression rend insensé le sage et les cadeaux corrompent le cœur. 8 Mieux vaut la fin d'une chose que son commencement, mieux vaut un esprit patient qu'un esprit hautain. 9 Ne te hâte pas dans ton esprit de t'irriter, car l'irritation repose dans le sein des insensés. 10 Ne dis pas : "D'où vient que les jours anciens étaient meilleurs que ceux-ci ?" Car ce n'est pas par sagesse que tu interroges à ce sujet. 11 La sagesse est bonne avec un patrimoine et profitable à ceux qui voient le soleil. 12 Car telle la protection de l'argent, telle la protection de la sagesse, mais un avantage du savoir, c'est que la sagesse fait vivre ceux qui la possèdent. 13 Regarde l'œuvre de Dieu : qui pourra redresser ce qu'il a courbé ? 14 Au jour du bonheur, sois joyeux et au jour du malheur, réfléchis : Dieu a fait l'un comme l'autre, afin que l'homme ne découvre pas ce qui doit lui arriver. 15 Tout ceci, je l'ai vu au jour de ma vanité : il y a tel juste qui périt dans sa justice et il y a tel méchant qui prolonge sa vie dans sa méchanceté. 16 Ne sois pas juste à l'excès et ne te montre pas sage outre mesure : pourquoi voudrais-tu te détruire ? 17 Ne sois pas méchant à l'excès et ne sois pas insensé : pourquoi voudrais-tu mourir avant ton temps ? 18 Il est bon que tu retiennes ceci et que tu ne relâches pas ta main de cela, car celui qui craint Dieu évite tous ces excès. 19 La sagesse donne au sage plus de force que n'en possèdent dix chefs qui sont dans la ville. 20 Car il n'y a pas sur terre d'homme juste qui fasse le bien sans jamais pécher. 21 Ne fais pas non plus attention à toutes les paroles qui se disent, de peur que tu n'entendes ton serviteur te maudire, 22 car ton cœur sait que bien des fois aussi tu as maudit les autres. 23 J'ai reconnu vrai tout cela par la sagesse, j'ai dit : je veux être sage mais la sagesse est restée loin de moi. 24 Ce qui arrive est lointain, profond, profond : qui peut l'atteindre ? 25 Je me suis appliqué et mon cœur a cherché à connaître, à sonder et à poursuivre la sagesse et la raison des choses et j'ai reconnu que la méchanceté est une démence et qu'une conduite folle est un délire. 26 Et j'ai trouvé plus amère que la mort la femme dont le cœur est un piège et un filet et dont les mains sont des liens, celui qui est agréable à Dieu lui échappe, mais le pécheur sera enlacé par elle. 27 Vois, j'ai trouvé ceci, dit l'Ecclésiaste, en considérant les choses une à une pour en découvrir la raison, que mon âme a constamment cherchée, sans que je l'aie trouvée : J'ai trouvé un homme entre mille, mais je n'ai pas trouvé une femme dans le même nombre. 28 Seulement, vois, j'ai trouvé ceci : C'est que Dieu a fait l'homme droit, mais eux cherchent beaucoup de subtilités.


Ecclésiaste 8. 1 Qui est comme le sage et qui connaît comme lui l'explication des choses ? La sagesse d'un homme fait briller son visage et la rudesse de sa face est transfigurée. 2 Je te dis : Observe les ordres du roi et cela à cause du serment fait à Dieu, 3 ne te hâte pas de t'éloigner de lui. Ne persiste pas dans une chose mauvaise, car tout ce qu'il veut, il peut le faire, 4 la parole du roi, en effet, est souveraine et qui lui dira : "Que fais-tu ?" 5 Celui qui observe le précepte n'éprouve rien de mal et le cœur du sage connaîtra le temps et le jugement. 6 Il y a en effet, pour toute chose, un temps et un jugement, car il est grand le mal qui tombera sur l'homme. 7 Il ne sait pas ce qui arrivera et qui lui dira comment cela arrivera ? 8 L'homme n'est pas maître de son souffle, pour pouvoir retenir son souffle et il n'a aucune puissance sur le jour de sa mort, il n'y a pas de dispense dans ce combat et le crime ne saurait sauver son homme. 9 J'ai vu toutes ces choses, en appliquant mon cœur à toute l'œuvre qui se fait sous le soleil, en un temps où un homme domine sur un homme pour le malheur de celui-ci. 10 Et alors j'ai vu des méchants recevoir la sépulture et entrer dans leur repos, tandis que s'en vont loin du lieu saint et sont oubliés dans la ville des hommes qui ont agi avec droiture, cela encore est une vanité. 11 Parce que la sentence portée contre les mauvaises actions ne s'exécute pas en toute hâte, à cause de cela le cœur des enfants des hommes s'enhardit en eux à faire le mal, 12 mais, quoique le pécheur fasse cent fois le mal et prolonge ses jours, je sais, moi, que le bonheur est pour ceux qui craignent Dieu, qui sont dans la crainte en sa présence. 13 Mais le bonheur n'est pas pour le méchant et pareil à l'ombre, il ne prolongera pas ses jours, parce qu'il ne craint pas Dieu. 14 Il est une autre vanité qui se produit sur la terre : C'est qu'il y a des justes auxquels il arrive des choses qui conviennent aux œuvres des méchants et il y a des méchants auxquels il arrive des choses qui conviennent aux œuvres des justes. Je dis que cela encore est une vanité. 15 Aussi j'ai loué la joie, parce qu'il n'y a de bonheur pour l'homme sous le soleil qu'à manger et à boire et à se réjouir et c'est là ce qui doit l'accompagner dans son travail, pendant les jours de vie que Dieu lui donne sous le soleil. 16 Lorsque j'ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse et à considérer la tâche qui s'accomplit sur la terre, car ni le jour ni la nuit l'homme ne voit de ses yeux le sommeil, 17 j'ai vu toute l'œuvre de Dieu, j'ai vu que l'homme ne saurait trouver l'œuvre qui se fait sous le soleil, l'homme se fatigue à chercher et ne trouve pas, même si le sage veut connaître, il ne peut trouver.


Ecclésiaste 9. 1 En effet, j'ai pris tout ceci à cœur et j'ai observé tout ceci : Que les justes et les sages et leurs œuvres sont dans la main de Dieu, l'homme ne connaît ni l'amour, ni la haine : tout est devant eux. 2 Tout arrive également à tous : même sort pour le juste et pour le méchant, pour celui qui est bon et pur et pour celui qui est impur, pour celui qui sacrifie et pour celui qui ne sacrifie pas. Comme il arrive à l'homme bon, il arrive au pécheur, il en est de celui qui jure comme de celui qui craint de jurer. 3 C'est un mal, parmi tout ce qui se fait sous le soleil, qu'il y ait pour tous un même sort, c'est pourquoi le cœur des fils de l'homme est plein de malice et la folie est dans leur cœur pendant leur vie, après quoi ils vont chez les morts. 4 Car pour l'homme qui est parmi les vivants, il y a de l'espérance, mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort. 5 Les vivants, en effet, savent qu'ils mourront, mais les morts ne savent rien et il n'y a plus pour eux de salaire, car leur mémoire est oubliée. 6 Déjà leur amour, leur haine, leur envie ont péri et ils n'auront plus jamais aucune part à ce qui se fait sous le soleil. 7 Va, mange avec joie ton pain et bois ton vin d'un cœur content, puisque déjà Dieu se montre favorable à tes œuvres. 8 Qu'en tout temps tes vêtements soient blancs et que l'huile parfumée ne manque pas sur ta tête. 9 Jouis de la vie avec une femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité que Dieu t'a donnée sous le soleil, pendant tous les jours de ta vanité, car c'est ta part dans la vie et dans le travail que tu fais sous le soleil. 10 Tout ce que ta main peut faire, fais-le avec ta force, car il n'y a plus ni œuvre, ni intelligence, ni science, ni sagesse, dans le schéol où tu vas. 11 Je me suis tourné et j'ai vu sous le soleil que la course n'est pas aux agiles, ni la guerre aux vaillants, ni le pain aux sages, ni la richesse aux intelligents, ni la faveur aux savants, car le temps et les accidents les atteignent tous. 12 Car l'homme ne connaît même pas son heure, pareil aux poissons qui sont pris au filet fatal, pareil aux oiseaux qui sont pris au piège, comme eux les enfants des hommes sont enlacés au temps du malheur, quand il fond sur eux tout à coup. 13 J'ai encore vu sous le soleil ce trait de sagesse et celle-ci m'a paru grande. 14 Il y avait une petite ville, avec peu d'hommes dans ses murs, un roi puissant vint contre elle, l'investit et bâtit contre elle de hautes tours. 15 Et il s'y trouva un homme pauvre et sage, qui sauva la ville par sa sagesse. Et personne ne s'est souvenu de cet homme pauvre. 16 Et j'ai dit : "La sagesse vaut mieux que la force, mais la sagesse du pauvre est méprisée et ses paroles ne sont pas écoutées." 17 Les paroles des sages, prononcées avec calme, sont écoutées, mieux que les cris d'un chef au milieu des insensés. 18 La sagesse vaut mieux que des instruments de guerre, mais un seul pécheur peut détruire beaucoup de bien.


Ecclésiaste 10. 1 Des mouches mortes infectent et corrompent l'huile du parfumeur, de même un peu de folie l'emporte sur la sagesse et la gloire. 2 Le cœur du sage est à sa droite et le cœur de l'insensé, à sa gauche. 3 Et aussi, quand l'insensé va dans le chemin, le sens lui manque et il montre à tous qu'il est fou. 4 Si l'esprit du prince s'élève contre toi, ne quitte pas ta place, car le calme prévient de grandes fautes. 5 Il est un mal que j'ai vu sous le soleil, comme une erreur qui provient du souverain : 6 la folie occupe les postes élevés et des riches sont assis dans de basses conditions. 7 J'ai vu des esclaves portés sur des chevaux et des princes aller à pied comme des esclaves. 8 Celui qui creuse une fosse peut y tomber et celui qui renverse une muraille peut être mordu par un serpent. 9 Celui qui détache des pierres peut être blessé et celui qui fend du bois peut se faire mal. 10 Si le fer est émoussé et si l'on n'a pas aiguisé le tranchant, on devra redoubler de force, mais la sagesse est préférable pour le succès. 11 Si le serpent mord faute d'enchantement, il n'y a pas d'avantage pour l'enchanteur. 12 Les paroles de la bouche du sage sont pleines de grâce, mais les lèvres de l'insensé le dévorent. 13 Le commencement des paroles de sa bouche est sottise et la fin de son discours est démence furieuse. 14 Et l'insensé multiplie les paroles. L'homme ne sait pas ce qui arrivera et qui lui dira ce qui sera après lui ? 15 Le travail de l'insensé le fatigue, lui qui ne sait pas même aller à la ville. 16 Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant et dont les princes mangent dès le matin. 17 Heureux es-tu, pays dont le roi est fils de nobles et dont les princes mangent au temps convenable, pour soutenir leurs forces et non pour se livrer à la boisson. 18 Quand les mains sont paresseuses, la charpente s'affaisse et quand les mains sont lâches, la maison ruisselle. 19 On fait des repas pour goûter le plaisir, le vin rend la vie joyeuse et l'argent répond à tout. 20 Même dans ta pensée ne maudis pas le roi, même dans ta chambre à coucher ne maudis pas le puissant, car l'oiseau du ciel emporterait ta voix et l'animal ailé publierait tes paroles.


Ecclésiaste 11. 1 Jette ton pain sur la face des eaux car après beaucoup de jours tu le retrouveras, 2 donnes-en une part à sept et même à huit car tu ne sais pas quel malheur peut arriver sur la terre. 3 Quand les nuées sont remplies de pluie, elles se vident sur la terre et si un arbre tombe au midi ou au nord, il reste à la place où il est tombé. 4 Celui qui observe le vent ne sèmera pas et celui qui interroge les nuages ne moissonnera pas. 5 Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent et comment se forment les os dans le sein de la mère, ainsi tu ne connais pas l'œuvre de Dieu, qui fait toutes choses. 6 Dès le matin sème ta semence et le soir ne laisse pas reposer ta main, car tu ne sais pas ce qui réussira, ceci ou cela, ou si l'un et l'autre ne sont pas également bons. 7 La lumière est douce et c'est un plaisir pour l'œil de voir le soleil. 8 Même si l'homme vit de nombreuses années, qu'il se réjouisse pendant toutes ces années et qu'il pense aux jours de ténèbres, car ils seront nombreux : tout ce qui arrive est vanité. 9 Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, que ton cœur te donne de la joie dans les jours de ta jeunesse. Marche dans les voies de ton cœur et selon les regards de tes yeux, mais sache que pour tout cela Dieu te fera venir en jugement. 10 Bannis de ton cœur le chagrin et éloigne le mal de ta chair, la jeunesse et l'adolescence sont vanité.


Ecclésiaste 12. 1 Et souviens-toi de ton créateur aux jours de ta jeunesse, avant que viennent les jours mauvais et qu'approchent les années dont tu diras : "Je n'y ai pas de plaisir" 2 avant que s'obscurcissent le soleil et la lumière et la lune et les étoiles et que les nuages reviennent après la pluie, 3 au jour où tremblent les gardiens de la maison, où se courbent les hommes forts, où celles qui moulent s'arrêtent parce que leur nombre est diminué, où s'obscurcissent celles qui regardent par les fenêtres, 4 où les deux battants de la porte se ferment sur la rue, tandis que s'affaiblit le bruit de la meule, où l'on se lève au chant de l'oiseau, où disparaissent toutes les filles du chant, 5 où l'on redoute les lieux élevés, où l'on a des terreurs dans le chemin, où l'amandier fleurit, où la sauterelle devient pesante et où la câpre n'a plus d'effet, car l'homme s'en va vers sa maison d'éternité et les pleureurs parcourent les rues, 6 avant que se rompe le cordon d'argent, que se brise l'ampoule d'or, que la cruche se casse à la fontaine, que la poulie se brise et roule dans la citerne, 7 et que la poussière retourne à la terre, selon ce qu'elle était  et que l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné. 8 Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, tout est vanité. 9 Outre que l'Ecclésiaste fut un sage, il a encore enseigné la science au peuple, il a pesé et sondé et il a disposé un grand nombre de sentences. 10 L'Ecclésiaste s'est étudié à trouver un langage agréable et à écrire avec exactitude des paroles de vérité. 11 Les paroles des sages sont comme des aiguillons et leurs recueils comme des clous plantés, elles sont données par un seul Pasteur. 12 Et quant à plus de paroles que celles-ci, mon fils, sois averti : multiplier les livres n'aurait pas de fin et beaucoup d'étude est une fatigue pour la chair. 13 Fin du discours, le tout entendu : Crains Dieu et observe ses commandements, car c'est là le tout de l'homme. 14 Car Dieu citera en un jugement portant sur tout ce qui est caché, toute œuvre, soit bonne, soit mauvaise.



Notes sur le livre de l’Ecclésiaste aussi appelé livre du Qohéleth



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1.1 Le prologue, chapitre 1, v. 2 à 11, expose le sujet du livre. Il commence par une sentence qui le résume tout entier : Vanité des vanités et tout est vanité, voir Ecclésiaste, 1, 2. Cette sentence est répétée au commencement de l’épilogue. Une sentence termine aussi le prologue : On ne se souvient pas de ce qui est ancien , voir Ecclésiaste, 1, 11, de même que l’épilogue : Car Dieu citera en un jugement portant sur tout ce qui est caché, voir Ecclésiaste, 12, 14 ; mais elle est fort différente dans les deux cas, parce que la conclusion nous fait connaître la sanction divine de la vie, tandis que le prologue ne nous fait connaître que la vanité de la vie considérée en elle-même, indépendamment de Dieu. Tout en elle est changement et oubli. C’est cette peinture des misères de la vie qui donne au livre de l’Ecclésiaste un charme douloureux auquel personne ne peut se soustraire.

1.4 toujours ne signifie pas éternellement. L’auteur veut dire simplement que tout dans ce monde paraît, passe et disparaît, tandis que la terre est stable, et, par sa stabilité, plus à l’abri que les autres êtres de perpétuelles révolutions. Ainsi il est évident que l’auteur n’enseigne pas l’éternité du monde, comme l’ont prétendu les incrédules.

1.8 au-delà de ce qu'on peut dire Il n’y a pas de scepticisme dans ce verset ; nous y apprenons seulement que l’homme ne peut prétendre à approfondir et à expliquer entièrement les choses de ce monde, à cause des bornes trop étroites de son esprit.

1.12 Avec ce verset commence la 1re section, du chapitre 1, verset 12 au chapitre 2. Elle montre quelle est la vanité de la vie, en traçant le tableau de la vanité de la sagesse humaine, chapitre 1, v. 12 à 18, et celui de la jouissance des plaisirs et des bien terrestres, chapitre 2, v. 1 à 11, alors même qu’on cherche à n’en jouir qu’avec modération, v. 12 à 26. Ainsi la sagesse, la science et le plaisir, qui paraissent les plus grands biens de l’homme sur la terre, ne sont que vanité. Cette 1re section a généralement la forme d’une confession de Salomon ; il raconte les expériences qu’il a faites pour trouver le bonheur sans tenir compte de Dieu.

1.13 Les enfants des hommes, se met souvent dans la Bible pour les hommes mêmes, les humains.

1.17 La sagesse ; c’est-à-dire la science, les connaissances.

1.18 Plus quelqu’un acquiert de sagesse, dit saint Jérôme en expliquant ce passage, et plus il s’indigne de se voir exposé aux vices et éloigné des vertus qu’elle demande.

2.5 Le Jardin fermé. D’après la tradition, le Jardin fermé se trouvait au sud de Bethléhem, au fond d’une vallée étroite et profonde appelée Ouadi Ourtas. « La chaleur concentrée et l’abondance des eaux rendent ce terrain si prodigieusement fertile qu’on y avoir cinq récoltes de pommes de terre par an. » (LIEVIN.)

2.6 Des réservoirs d’eaux. Une tradition, dont il est d’ailleurs impossible de vérifier l’exactitude, attribue à l’auteur de l’Ecclésiaste les trois grands réservoirs situés au-dessous du Jardin fermé et qu’on appelle Étangs ou Vasques de Salomon.

2.7 Des serviteurs et des servantes ; c’est-à-dire des esclaves hommes et femmes. ― leurs enfants nés dans la maison ; ce qui signifie les fils des esclaves, nés dans la maison du maître.

2.14 Voir Proverbes, 17, 24 ; Ecclésiaste, 8, 1.

2.24 Le but de l’auteur dans ce verset est de nous prémunir contre une avarice sordide et la passion de rechercher les richesses, en disant qu’il vaut mieux passer sa vie à jouir avec modération des fruits de ses travaux, comme d’autant de dons du Créateur, que de s’en priver pour se consumer dans des soucis immodérés et dans une vaine poursuite des faux biens de ce monde. Ainsi rien ne prouve que cet auteur se montre épicurien, comme le veulent quelques incrédules.

3.1 Avec ce chapitre commence la 2e section, du chapitre 3 au chapitre 5. Elle établit que l’homme n’est pas le maître de son sort, mais qu’il est tout entier entre les mains de Dieu et sous la dépendance de sa Providence. Tous les événements de la vie sont fixés et réglés. L’homme doit donc s’y soumettre et tâcher de tirer le meilleur parti possible de la vie présente. Quels que soient les maux et les injustices qui règnent sur la terre, si l’homme a la crainte de Dieu, s’il remplit ses devoirs, s’il se confie en la Providence, s’il estime à leur juste valeur les biens de ce monde, s’il se contente de jouir des biens qui lui sont donnés, il aura agi sagement. Cette 2e section nous montre donc l’impuissance des efforts humains pour atteindre le bonheur, parce que nous ne pouvons pas lutter contre les événements et contre la Providence. La conclusion est qu’il faut se résigner à supporter les maux qu’on ne peut éviter et à jouir des biens que Dieu nous donne.

3.12 Rien de mieux que de se réjouir ; que d’être joyeux, mais d’une joie sage et modérée, opposée aux soucis immodérés dont il est question dans la note précédente.

3.13 C’est encore faussement que quelques incrédules prétendent trouver la morale d’Épicure dans ce verset, dont le sens tout naturel est que celui-là agit sagement qui, après avoir amassé quelques biens par son travail, en jouit modérément, comme d’autant de présents du ciel. Or, il n’y a rien là qui ressemble le moins du monde à l’épicurisme. Ecclésiaste, 2, 24.

3.18-20 C’est à tort que les incrédules ont prétendu trouver du matérialisme dans ces passages. L’auteur ne veut parler que du corps, qui est matériel, et de la décomposition que la mort fait subir aux parties qui le composent, puisqu’à Ecclésiaste, 12, 7, il déclare formellement que l’âme survit au corps : que l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné.

3.21 Il n’y a pas plus de matérialisme dans ce verset que dans les précédents. Salomon y dit seulement, ce qui est incontestable, que la raison humaine ne saurait voir clairement, par ses seules forces, quel peut être le sort réservé à l’homme après sa mort.

4.1 Les oppressions ; littéralement les calomnies. Voir Proverbes, 14, 31. ― Des oppresseurs ; littéralement d’eux, c’est-à-dire de ceux qui sont les auteurs des oppressions et des larmes dont il vient d’être fait mention.

4.2 c’est-à-dire j’ai trouvé l’état des morts préférable à celui des vivants. Saint Jérôme remarque que le sage ne considère dans cette expression que la souffrance dans l’état des vivants, et que le repos dans celui des morts. C’est ainsi que plusieurs saints personnages ont trouvé, dans certaines circonstances, la mort préférable à la vie. Voir 1 Rois, 19, 4 ; Tobie, 3, 6.

4.15 l’héritier d’un roi, lequel doit régner en sa place, a souvent beaucoup plus de partisans que le roi régnant lui-même ; tout le peuple porte sur lui ses espérances. Plusieurs pensent que l’auteur fait ici allusion au roi vieux et insensé, et à l’enfant pauvre et sage du verset 13.

4.16 cette foule ; c’est-à-dire de la multitude.

4.17 Considère où tu mets le pied, quand tu entres dans le temple ; c’est-à-dire songe à la conduite que tu dois y tenir ; et approche-toi de ceux qui annoncent sa parole, pour écouter et pratiquer les vérités qu’ils t’enseigneront. Cette docilité te rendra agréable au Seigneur. ― Car l’obéissance, etc. Voir 1 Samuel 15, 22 ; Osée, 6, 6.

5.5 Ne permets pas à ta bouche. Cette phrase est susceptible de plusieurs sens ; le plus simple et le plus naturel, comme se liant parfaitement à ce qui précède, nous a paru être : Ne permets pas de prononcer aucun vœu témérairement ; parce que, en ne l’acquittant pas, tu te rendras coupable de péché. ― Ta chair, pour toi. Voir Ecclésiaste, 2, 3. ― L’ange ; probablement le prêtre à qui il appartenait de prononcer sur les vœux (voir Lévitique, 5, 4-8), et de la bouche duquel on recueillait l’explication de la loi, car le prophète Malachie (voir Malachie, 2, 7), l’appelle formellement l’ange du Seigneur. Saint Jean désigne aussi sous le nom d’anges les évêques (voir Apocalypse, 1, 20, etc.)

5.12 Voir Job 20, 20.

5.14 Voir Job 1, 21 ; 1 Timothée, 6, 7.

5.15 Pour le vent. Les Hébreux employaient le mot vent pour exprimer ce qu’il y a de plus léger, de plus vain.

5.19 Lauteur veut dire qu’en usant avec modération du fruit de ses travaux, l’homme dont il est question au verset précédent trouvera sa vie courte, parce que Dieu remplit son cœur de délices qui la lui font passer agréablement.

6.1 La 3e section embrasse les chapitres 6 à 8, verset 15. Elle montre que le bonheur n’est pas dans la recherche des richesses ni de la réputation. La sagesse pratique consiste à prendre les choses comme Dieu les envoie, à être patient, à ne pas se livrer aux récriminations, à obéir aux supérieurs.

6.10 Celui qui doit être, etc. Les hommes ont toujours été hommes, naissant toujours de la même manière, faibles, malheureux, etc. Ainsi celui qui doit naître un jour à venir est déjà connu ; son nom d’homme, connu par avance, indique déjà ce qu’il sera.

7.2 Voir Proverbes, 22, 1.

7.3 Mieux vaut la colère ; c’est-à-dire le ton sévère, d’un homme juste, par exemple, que le rire ou l’approbation du méchant, parce qu’en effet le regard sévère du premier et la tristesse de son visage peuvent faire sur le pécheur une impression salutaire, et le porter à se corriger.

7.8 Voir Proverbes, 14, 31.

7.18 Si le sage conseille, comme on vient de le voir, de ne pas excéder dans la justice et la sagesse, à plus forte raison fera-t-il la même recommandation, quand il s’agira du mal et de l’impiété. Ainsi, en défendant d’être trop impie, il ne permet pas pour cela de l’être un peu ; il veut dire seulement que puisque la vie de l’homme ne peut être sans défaut et sans péché, il faut au moins éviter les grands désordres, les chutes trop fréquentes, les mauvaises habitudes.

7.21 Voir 1 Rois, 8, 46 ; 2 Chroniques, 6, 36 ; Proverbes, 20, 9 ; 1 Jean, 1, 8.

8.1 Qui est assez éclairé pour comprendre ce qui vient d’être dit, et pouvoir donner la solution complète des grandes questions relatives à la condition présente des hommes, au penchant qui les entraîne au mal, à leur aveuglement et à leur état de misère ? Voir Ecclésiaste, 2, 14. ― La sagesse se fait remarquer sur le visage du sage, et le Tout-Puissant change son visage, selon les circonstances ; par exemple, il lui donnera un air triste ou joyeux, selon que le sage se trouvera avec des gens qui seront dans la tristesse ou dans la joie.

8.15 Le but de l’auteur dans ce verset n’est nullement de recommander une vie molle et voluptueuse. Voir Ecclésiaste, 2, 24.

8.16 La 4e et dernière section du livre de l’Ecclésiaste commence ici au verset et elle s’étend jusqu’au chapitre 12, verset 7. Elle donne le résumé des recherches et des expériences des trois sections précédentes et la conclusion finale. Il est impossible à la sagesse humaine d’approfondir l’œuvre de Dieu, chapitre 8, v. 16 et 17 ; les bons, comme les méchants, sont soumis à la Providence dont la volonté est inscrutable, chapitre 9, v. 1 et 2 ; ils doivent mourir et être oubliés, v. 3 à 6 ; nous devons donc jouir de la vie en attendant la mort, v. 7 à 10 ; le succès ne récompense pas toujours les efforts de l’habile et du sage, v. 11 et 12 ; la sagesse, quoique avantageuse en bien des cas, est souvent un objet de mépris pour la folie, du chapitre 9, verset 13 au chapitre 10, verset 3. Nous devons être patients et obéir à ceux qui gouvernent, même quand ils sont injustes, parce que la résistance ne ferait qu’accroître nos maux, chapitre 10, v. 4 à 11 ; la prudence dans les choses de la vie vaut mieux que la folie, v. 12 à 26. Il faut être charitable, dussions-nous faire des ingrats, car ceux à qui nous faisons du bien peuvent après tout nous en être reconnaissants, chapitre 11, v. 1 et 2. Nous devons toujours travailler, puisque nous ignorons lesquels de nos efforts seront couronnés de succès, et rendre par ce travail la vie agréable, v. 3 à 8. Néanmoins, comme tout cela ne satisfait pas l’âme, l’Ecclésiaste conclut en définitive que la pensée du jugement dernier doit être la règle de notre vie, v. 9 et 10, et que nous devons vivre depuis notre jeunesse jusqu’à la vieillesse dans la crainte de Dieu et du jugement final, dans lequel tout sera expliqué, chapitre 12, v. 1 à 7.

9.5 Il n'y a plus pour eux de salaire ; c’est-à-dire ils n’ont plus aucun moyen de mériter la récompense qui leur était promise, et qu’ils ont négligée.

9.7 Va, etc. Voir, pour le vrai sens de ces paroles, Ecclésiaste, 2, 24.

10.1 Les mouches qui meurent dans un parfum en font perdre la bonne odeur. ― Une folie, etc. Il y a une certaine folie qui l’emporte sur la sagesse et la gloire. Pour être véritablement sage, il faut devenir insensé aux yeux du monde. Or, cette folie, suivant saint Paul, vaut mieux que toute la prétendue sagesse humaine, qui, en effet, selon le même apôtre, n’est que folie devant Dieu. Voir 1 Corinthiens, 1, 25 ; 3, 18.

10.4 Si l’esprit, etc. Le sens le plus naturel de ce verset est : Si un grand, un homme puissant est irrité contre toi, ne quitte pas ta place ; c’est-à-dire ne te décourage pas, mais sois modéré et doux ; car, par ce moyen, tu éviteras et tu feras éviter les plus grandes fautes.

10.5 c’est-à-dire qu’on ne peut considérer que comme une faute d’ignorance du prince, comme un manque de sagesse ou d’attention de sa part.

10.8 Voir Proverbes, 26, 27 ; Ecclésiastique, 27, 29.

10.15 L’insensé est si paresseux, que tout travail le lasse et l’accable ; il est en même temps si ignorant et si stupide, qu’il ignore jusqu’au chemin de la ville.

11.1 Jette ton pain, etc. Le vrai sens de ce verset paraît être : Jette ton pain dans l’eau qui passe, comme si tu n’espérais pas de le revoir ; c’est-à-dire fais du bien même aux ingrats ou aux malheureux, de qui tu n’as rien à attendre, parce que, plus tard, tu en recevras la récompense. Cette interprétation semble être autorisée par un passage de l’Évangile de saint Luc (voir Luc 14, 12-14).

12.1 Avant que viennent les jours, etc. Cette phrase et les suivantes, jusqu’à la fin du verset 4, sont sous la dépendance de la proposition Souviens-toi de ton Créateur, dont elles forment l’apodose. ― Le temps de l’affliction ; c’est-à-dire de la vieillesse.

12.2 Le soleil, la lumière et la lune et les étoiles ; c’est-à-dire l’entendement, la mémoire, le raisonnement ; en un mot, les différentes facultés de l’esprit humain. ― Avant que les nuages, etc. ; ces paroles marquent une suite de maux qui se succèdent les uns aux autres.

12.3 Les gardes de la maison, etc. Le corps de l’homme est comparé ici à une maison, de même que dans Job, 4, 19, et dans saint Paul (voir 2 Corinthiens, 5, 1). Or, les gardes sont les bras et les mains. ― Celles qui, etc. ; signifient les dents qui, chez les vieillards, sont ordinairement en petit nombre, et ne peuvent plus mâcher, ni mordre les aliments, et sont, par conséquent, oisives. ― Celles qui regardent ; c’est-à-dire les yeux. ― Par les fenêtres ; par les orbites, les cavités du crâne où les yeux sont placés.

12.4 porte, apparemment les lèvres que les vieillards ferment en mangeant, étant obligés de serrer leurs mâchoires et leurs gencives, pour mâcher avec elles, défaut de leurs dents. ― la meule, peut s’entendre de la bouche elle-même. Comparer au verset précédent. ― Qu’on se lèvera, etc. Le sommeil des vieillards est court et souvent interrompu ; le moindre chant d’un petit oiseau les réveille. ― Les filles du chant, sont proprement les organes de la voix, tels que les poumons, l’épiglotte, les dents les lèvres, etc., comme aussi les oreilles, qui, dans la vieillesse, n’entendent plus et, par conséquent, sont entièrement insensibles à toute espèce de chant et d’harmonie. L’Écriture nous en offre un exemple dans la personne du vieillard octogénaire Berzellaï (voir 2 Samuel 19, 35). Nous ferons observer, à cette occasion, qu’en hébreu l’expression fils ou fille d’une chose se donne à tout ce qui dépend de cette chose, à tout ce qui lui appartient, à tout ce qui a un rapport avec elle. ― L’image tirée de la faible voix de celle qui moud est très naturelle en Palestine. Le bruit de la meule qui écrase le grain caractérisait les lieux habités en Orient, comme le bruit des voitures caractérise les grandes villes de l’Occident. ― Les figures et les métaphores employées dans cette description de la vieillesse peuvent nous paraître bien recherchées, mais sont tout à fait dans le goût des Orientaux. A la fin d’un manuscrit syriaque de la Sainte Écriture, le copiste a écrit cette prière : « Daigne, Seigneur, ne pas nous priver de la récompense des cinq sœurs jumelles qui se sont fatiguées à travailler, et des autres sœurs qui leur ont prêté le secours du regard pour semer, avec la vertu de l’Esprit-Saint et les ailes d’un oiseau, leur semence dans un champ paisible. » Les cinq sœurs jumelles sont les cinq doigts de la main qui a écrit ; les deux autres sœurs jumelles sont les deux yeux ont lu le manuscrit copié ; les ailes de l’oiseau ont fourni leurs plumes pour écrire, le champ est le papier ou le parchemin et la semence, ce sont les pensées.

12.5 On craindra aussi, etc. Les vieillards craindront de monter, parce que leurs jambes ne seront plus flexibles, ni leur poitrine et leur respiration libres et dégagées ; et dans le chemin même, ils marcheront avec peine, et toujours dans l’appréhension de trébucher, de rencontrer un sentier raboteux et inégal. ― L’amandier fleurit ; c’est-à-dire que les cheveux des vieillards paraîtront comme la fleur de l’amandier, qui fleurit blanc. ― La sauterelle devient pesante ; c’est-à-dire deviendra lourde et pesante ; en sorte qu’elle ne pourra plus ni voler, ni sauter ; autre image de l’homme parvenu à la vieillesse. ― La câpre n’a plus d’effet. Cet arbrisseau, s’entrouvrant, produit une fleur blanche qui tombe bientôt, et qui découvre une espèce de gland oblong. Or, cette fleur représente assez naturellement les cheveux blancs qui tombent de la tête des vieillards, et qui la leur laissent toute pelée et toute chauve. ― La maison d’éternité ; c’est-à-dire le tombeau, où il demeurera jusqu’à la fin du monde.

12.6 Le cordon d’argent et l’ampoule d’or figurent probablement les liens qui attachent à la vie. ― La cruche qui se brise sur la fontaine peut signifier le cœur qui se brise à la source de la vie, et la poulie qui se brise, les poumons qui n’aspirent plus l’air.

12.7 Ce verset suffit pour venger l’auteur de l’Ecclésiaste du reproche de matérialisme ; il est impossible de s’exprimer d’une manière plus claire sur le dogme de la survivance de l’âme au corps.

12.8 L’épilogue, chapitre 12, v. 8 à 14, contient la solution du problème énoncé dans le prologue. Tous les efforts de l’homme pour obtenir la félicité complète sur la terre sont vains, chapitre 12, verset 8 ; l’expérience de Salomon, le plus sage des hommes, qui a essayé de tout, en est la preuve, versets 9 et 10. Les livres sacrés, qui nous apprennent la vraie sagesse, conduisent à la vraie félicité, versets 11 et 12 ; ils nous apprennent qu’il y a un juge équitable qui, au grand jour du jugement, nous rendra selon nos œuvres. La règle de la vie, c’est donc de le craindre et de garder ses commandements, c’est-à-dire de pratiquer fidèlement la religion, versets 13 et 14. C’est par conséquent Dieu, la pensée de Dieu, qui résout le problème de la destinée de l’âme que s’est posé l’Ecclésiaste. Si Dieu n’intervient pas personnellement dans ce livre, comme dans celui de Job, avec lequel il a tant de ressemblance par le sujet, c’est lui du moins qui donne la solution comme dans Job. Dieu est toujours présent à Salomon ; il ne nomme pas moins de 37 fois dans douze chapitres ; c’est bien le crains Dieu qui est le devoir de l’homme, voir Ecclésiaste, 5, 6 ; 12, 13, d’où dépend sa félicité, voir Ecclésiaste, 8, 12, et son sort définitif, voir Ecclésiaste, 7, 18 ; 11, 9 ; 12, 14. Telle est la pensée dominante de l’Ecclésiaste et l’explication du livre.


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