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Livre du Cantique des Cantiques

La Bible de Rome

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Introduction


Le nom et la forme générale du livre, son caractère canonique. - Le nom hébreu est Šir hašširim, que les Septante ont traduit d’une manière très littérale par άχσμα άσμάτων, et la Vulgate par Canticum canticorum. C’est là un superlatif à la façon hébraïque, pour signifier que « ce cantique dépasse tous les autres cantiques de l’Ancien Testament », comme le dit saint Bernard (de même saint François de Sales : « Ce divin ouvrage que, pour son excellente suavité, on appelle le Cantique des cantiques ». Les exemples analogues ne manquent pas dans la Bible : Gen. 9, 25, serviteur des serviteurs ; 1 Rois 8, 27, les cieux des cieux ; Eccl. 1, 1, vanité des vanités ; Ez. 16, 7 (d’après l'hébreu), ornement des ornements ; Dan. 8, 27, prince des princes; 1 Tim. 6, 15, roi des rois et Seigneur des seigneurs, etc. (dans la liturgie, la Vierge des vierges).

Ce nom désigne en même temps le caractère hautement poétique et lyrique du livre, puisqu’il fait du Cantique le šir par excellence de la Bible. Il montre aussi qu’on a parfois cherché bien à tort un drame proprement dit dans ces pages qui sont avant tout idylliques. Si le Cantique tient du drame, ce n’est, comme le livre de Job, que dans le sens large de cette expression (« à la manière du drame », a dit Origène); car le dialogue est trop intermittent, l’action trop lente, les surprises trop rares, l’intrigue trop absente, le dénouement trop peu saisissant, pour que le Cantique porte le nom de drame ; c’est une idylle où se meuvent deux principaux personnages, un cantique dialogué. Ses diverses parties sont donc des « chants », et nullement des actes ou des scènes, comme le voudrait l'école rationaliste.

Il règne dans le Cantique une parfaite unité, quoi qu’aient encore affirmé en sens contraire plusieurs membres de cette même école. Il est faux de le regarder comme une réunion de pièces rapportées et originairement disparates, comme une sorte d’anthologie : c’est d’un bout à l’autre le même sujet, ce sont les mêmes personnages, ce sont les mêmes expressions retentissant à la manière de refrains et soudant ensemble très étroitement les parties du poème. Comp. 2, 7 ; 3, 5, et 8, 3 ; 2, 9, 17, et 8, 14 ; 2, 6, et 8, 3 ; 4, 5, et 6, 2 ; 1, 8 ; 5, 9, et 6, 1, etc. etc.

Rien n’est plus certain que le caractère canonique de ce petit livre, qui a toujours fait partie de la Bible soit chez les Juifs, soit dans l'Église chrétienne. Le Talmud signale, il est vrai, les hésitations de quelques rabbins à ce sujet ; mais elles ne datent que du 2ème siècle de l'ère chrétienne, et le célèbre Akiba ripostait en ces termes énergiques : « A Dieu ne plaise ! Jamais homme en Israël n’a contesté que le Cantique soit un livre sacré ; car le cours entier des âges ne saurait rivaliser avec le jour où le Cantique a été donné à Israël. Tous les hagiographes sont saints, mais le Cantique est sacro-saint (voyez L. Wogue, Histoire de la Bible et de l'exégèse biblique jusqu'à nos jours ; Paris, 1881, p. 55 et 56). Quant à l’Église, les canons de ses conciles sont formels et indiscutables.

Dans la Bible hébraïque, le Šir hašširim fait partie des écrits dits Ketûbim, où il est placé à la suite de Job, comme le premier des cinq Megillôt. Dans les Septante et dans la Vulgate, il est rangé parmi les livres poétiques, entre l’Ecclésiaste et la Sagesse.

Le sujet. — C’est, d’une manière générale, l’amour mutuel de deux personnages, dont l’un est nommé Salomon, et l’autre, Sulamite : Le poète sacré raconte les péripéties diverses de leur attachement. Ils désirent s’unir par les liens du mariage ; mais, pendant quelque temps, des obstacles se dressent devant eux et s’opposent à la consommation de leur union : les difficultés disparaissent toutefois ; alors le mariage est célébré, et les deux époux goûtent pleinement la joie de s’appartenir à jamais l‘un à l’autre. Un chant d’amour retentit donc véritablement ici dans toute la plénitude de sa beauté, de sa grâce et de sa force. Ce drame intime est, en effet, raconté dans les termes les plus gracieux et les plus délicats. L’auteur a mis en œuvre, pour l'exposer, toutes les ressources que lui fournissaient la nature et l’art, son cœur et son esprit ; aussi a-t-il réussi à réaliser une merveille littéraire et religieuse unique en son genre, que l'on ne cessera jamais d’admirer. Le Cantique est, de l’avis universel, l’un des plus beaux et des plus sublimes produits de l’art poétique, si ce n’est le plus beau de tous (c'est ce que Bossuet expose, dans la préface de son commentaire, en termes dignes du poème sacré : « Cette Amabilité pleine de charme venant de Salomon,  la fertilité des champs,  les jardins printaniers bien irrigués, les eaux, les puits, les fontaines, les odeurs exquises produites par l'art ou que la terre engendre d'elle-même, les colombes, les  tourterelles,  les voix, le miel, le lac,  les vignes,  et enfin, dans l'un et l'autre sexe, des formes honnêtes et belles, des chastes baisers, des étreintes, des amours aussi pudiques que passionnés. Et si quelque chose  nous horrifie comme des montagnes escarpées et sauvages, ainsi que les antres des lions, tout procure du plaisir,  comme étant  l'ornement d'une très belle table, et tout est composé avec art et variété. »

Néanmoins, et surtout pour nous Occidentaux modernes, les images sont parfois si fortes, les teintes si crues et si vives, qu’un lecteur inexpérimenté en fait de choses orientales et bibliques pourrait croire, au premier abord, qu'il y a dans ce livre le récit d'une passion toute terrestre. Le nom de Dieu n’est pas même prononcé une seule fois directement dans les huit chapitres qui le composent (il est pourtant cité d'une manière indirecte dans un nom composé, d'après le texte hébreu. Cf. 8, 6, et le commentaire). Aussi avons-nous cru devoir citer, dès la première ligne de cette introduction, les graves recommandations d’Origène et de saint Jérôme concernant sa lecture. Chez les Juifs, une loi spéciale interdisait de le lire à tous ceux qui n’avaient pas encore atteint leur trentième année. Mais, si le Cantique n’a pas été écrit pour des âmes profanes et sensuelles, et s’ « il ne doit pas être mis indistinctement entre toutes les mains et sous tous les yeux », il respire, dans ses moindres détails comme dans son ensemble, une pureté immaculée, une sainte gravité; il n’y a rien en lui qui ne soit digne de l’Esprit de Dieu. De tout temps les âmes les plus chastes, les plus élevées, les plus saintes, en ont fait leurs délices, et s’en sont admirablement servies pour accroître leur amour envers Dieu (voyez, sous ce rapport, le Fragment du livre de sainte Thérèse sur le Cantique des cantiques, traduit par le R.P. Marcel Bouix, Paris, 1880, et divers passages des œuvres de saint Jean de la Croix et de saint François de Sales).

D'autres personnages que Salomon et la Sulamite nous sont présentés : ce sont surtout les frères de l’Épouse mystique, un chœur formé par des jeunes filles de Jérusalem, puis les amis de l’Époux. Le local de la scène change fréquemment : « nous sommes transportés tantôt dans les appartements du palais royal à Jérusalem, tantôt en plein air, dans les jardins, dans la rue, tantôt dans l'habitation champêtre de l'épouse. » Tout se passe en discours (dialogues ou soliloques) ; il n'y a pas de narration proprement dite, faite par le poète lui-même

Les différentes écoles d’interprétation. — « Le sens qu’il faut attacher au Cantique est l’objet de vives controverses. On peut rapporter à trois écoles principales tous les modes d’interprétation qui ont été proposés : l'école littérale, l’école mystique ou typique, et l’école allégorique » (Vigouroux, Manuel Biblique, t. 2, n. 862).

    1. 1) L’école dite littérale, qu’on pourrait aussi appeler réaliste, s'en tient purement et exclusivement à la lettre du Cantique, c’est-à-dire à l’idée un mariage tout humain. Les premiers partisans de cette opinion furent, chez les Juifs, le fameux Schammaï et ses disciples, et, dans l'Église chrétienne, Théodore de Mopsueste ; elle fut aussitôt condamnée soit par le sanhédrin, vers l'an 90 après J.-C., soit par le second concile général de Constantinople, en 553. Elle varie à l’infini dans les détails, et franchit parfois (c’est le cas de nos jours dans le camp des incrédules) les limites des convenances les plus vulgaires. Ainsi, tandis que Théodore de Mopsueste s’était contenté de voir, dans le Cantique, un épithalame composé pour célébrer le mariage de Salomon avec la fille du roi d'Égypte, sa principale épouse, d'autres ont banalement appliqué ce magnifique poème à l'union d'un berger et d'une bergère (c'est l'opinion la plus à la mode parmi les rationalistes) ; les mots sacrilèges de « chanson de corps de garde » (on reconnaît Voltaire à ce trait digne de lui) et de « chant érotique » ont même été prononcés.

C’est bien le cas de redire après Aben Esra : « Loin de nous la pensée que le cantique décrive une volupté charnelle. Il faut plutôt dire que tout y est traité en figure. Si cet amour n'avait pas une dignité suprême, il ne serait pas raconté dans les livres de l'Écriture.  Là-dessus, il n'y a aucune controverse.» (Praefat. In Cant. Cantic.) D’ailleurs les auteurs de ce système ont pris soin, nous venons de l’indiquer, de se réfuter les uns les autres par la multiplicité de leurs explications discordantes. Le fond même du livre les contredit aussi à chaque instant ; car de nombreux traits du poème ne conviennent ni à Salomon ni à d’autres personnages purement terrestres, et deviennent par là même incompréhensibles, si l’on ne s’élève pas au-dessus du sens littéral : Ainsi le héros est tour à tour et sans transition, berger, chasseur, roi glorieux, pour redevenir subitement berger ; sa fiancée erre seule la nuit par les rues de la ville, et se voit maltraiter par les gardiens, etc. Même en admettant que le récit, interprété simplement à la lettre, avait un but didactique et une portée morale, - par exemple, de mettre en relief l’idée de « l'unité essentielle du lien conjugal, la notion de l’amour vrai comme base de l'amour conjugal », et de condamner la polygamie admise en Orient et même chez les Juifs, - le système demeure faux et condamnable, car ce n’est là qu'un palliatif insuffisant.

    1. 2) « L’école mystique admet dans le Cantique un sens littéral, mais non d’une façon exclusive : l’union de Salomon avec la fille du roi d'Égypte, qui y est célébrée, n’est que le type d’une autre union, celle du mariage mystique du Sauveur avec son Église. Le représentant le plus célèbre de cette opinion est Bossuet, qui l’a exposée et défendue dans la préface de son commentaire sur le Cantique. Calmet aussi l'a adoptée... L'interprétation de l’école mystique n’est pas condamnable comme la précédente ; nous croyons néanmoins qu'elle n’est pas la vraie » (Vigouroux, Manuel Biblique, t. 2, n. 864). En effet, la plupart des raisons qui vont contre l'école littérale vont aussi contre l'école typique, puisqu’elle admet, elle aussi, un sens historique qui ne peut pas avoir existé.

      3) L’école allégorique fournit seule une explication satisfaisante du Cantique des cantiques. S’élevant, conformément au sens du mot allégorie (espèce de fiction qui consiste à représenter un objet pour donner l'idée d'un autre. » De la double racine : άλλο, autre, et άγορεύω, je dis ; exprimer une chose pour en faire entendre une autre) bien au-dessus de la lettre et de ses apparences, elle se refuse à voir dans ce poème l'histoire d’un fait réel, qui se serait passé tel qu’il est raconté, avec tous ses détails ; pour elle, le mariage de Salomon et de la Sulamite n’est qu‘une figure destinée à représenter une vérité morale d’un ordre supérieur, qu'un voile qui recouvre un grand et profond mystère, qu’un noble vêtement pour orner une idée toute céleste. Sous ce rapport, « il en est du Cantique comme des paraboles de l'Évangile ; le sens littéral n’a jamais été historique. » Prenant pour base de ses descriptions « les tendresses des époux, par le seul motif qu’elles sont la plus vive et la plus sensible image de l'affection à son plus haut degré », le poète sacré chante ici, uniquement et exclusivement, « les infinies condescendances du saint Amour incarné, de cet amour qui, s’abaissant d’abord sous une forme humaine pour nous visiter dans notre misérable état, afin de rechercher et de conquérir l’objet aimé, et qui, élevant ensuite avec lui jusqu’au sanctuaire céleste une humanité sanctifiée (Eph. 2, 6), attend finalement là-haut une invitation de l’Épouse mystique, pour revenir une seconde fois sur la terre et sceller l’union pour l‘éternité (Apoc. 22, 17). » En termes plus simples, le Cantique raconte le mariage mystique de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ce Salomon idéal et parfait, avec l'Église, dont la Sulamite, si belle, si pure, si aimante, si fidèle, est un type admirable.

Le Christ et l'Église, leur amour mutuel, leur ineffable union : telle est donc l’idée vraie et directe de ce poème sublime, celle que la tradition catholique y a toujours vue avant tout autre concept. Mais on conçoit fort bien qu’en la généralisant ou en la particularisant, on ait pu en faire des applications diverses, quoique secondaires : en effet, le Cantique représente « tous les amours de Dieu pour l'humanité »; par conséquent, l’union de Dieu avec les hommes en général, l’union de Dieu et de la synagogue (telle est naturellement l'interprétation des exégètes juifs), l’union du Verbe et de la Vierge Marie, sa mère selon la chair (voyez saint François de Sales, Traité de l'amour de Dieu, livre 10, ch.5.), et l’union du Christ avec l’âme fidèle (saint Bernard s'attache surtout à ce sens dans ces délicieuses homélies sur le Cantique). Mais il est bon de redire que le premier et principal objet du Cantique des cantiques est, comme l'écrivait saint Grégoire de Nysse, de «chanter, par l'inspiration divine, les louanges du Christ et de son Église » (« tout ce livre est prophétique, dit Cornelius a Lapide, à un point tel qu'il n'est  rien d'autre qu'une continuelle prophétie du Christ et de l'Église»).

Outre ce qui a été dit plus haut, d’après le fond même du livre, de l'impossibilité d‘une interprétation littérale, il est aisé d’appuyer l'interprétation allégorique sur les bases les plus sûres. 1° Des exemples ou comparaisons tout à fait analogues abondent soit dans l’Ancien Testament, soit dans le Nouveau. Souvent la Bible représente la nation juive «comme l’épouse ou la fiancée du Seigneur, même comme une mère ou une vierge, et elle qualifie la défection d'Israël comme une infidélité conjugale et une prostitution ». Elle nomme Dieu, dans le sens strict de l’expression, un « Dieu jaloux », qui menace du divorce son épouse mystique. Comp. Ex. 34, 15; Lev. 20, 5-6; Nomb. 15, 39; Ps. 73, 27 (d’après le texte hébreu) ; Is. 50, 1 ; 54, 6; Jer. 3, 1-11; 4, 30; Ez. 15, 16; Os. 2, 19-20, etc. Le Ps. 44 développe, mais d’une manière abrégée, absolument la même pensée que le Cantique, et sous la même figure. Dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ reçoit très expressément aussi le nom d’époux, et l'Église est mentionnée comme son épouse (cf. Matth. 9, 15; 22, 2-14, et 25, 1-13; Jean 3, 29; 2 Cor. 11, 12; Eph. 5, 22 et ss.; Apoc. 19, 9; 21, 2, 9, et 22, 17). 2° Les anciens commentateurs juifs (le Targum, le Midraš, les rabbins, les grands docteurs du moyen âge) ont toujours expliqué le Cantique d’après le sens allégorique, ne comprenant pas qu’on pût lui en donner un autre. 3° La tradition chrétienne n’est pas moins expresse et universelle sous ce rapport: « C'est la sentence commune des docteurs et des saints » dit à bon droit Sanchez pour la caractériser. Origène, saint Cyprien, saint Athanase, saint Grégoire de Nysse, saint Jérôme, saint Ambroise, saint Augustin, Théodoret, saint Bernard, saint Thomas d’Aquin, en sont les plus glorieux témoins (pour les détails de cette preuve, voyez Grandvaux et Le Hir, le Cantique des cantiques, Paris, 1883, p. 13-43; Cornely, Introductio specialis in didacticos et propheticos V.T. Libros, p. 186-195). 4° Enfin on trouve mainte allégorie semblable dans la littérature ancienne et moderne de l’Orient, c’est-à-dire l‘amour divin chanté par des comparaisons empruntées à l'affection humaine et au mariage.

C’est donc cette grande pensée de l’union de Jésus-Christ avec son Église que l’on doit avoir toujours présente à l’esprit lorsqu’on lit les pages du saint Cantique. « Il traverse rapidement les sens humains, et les élève vers les hauteurs, comme dit si délicatement Bossuet. Il faut faire effort pour que rapide soit l'envol vers le divin. » (Praef. In Cant., 4).

4° L'auteur du Cantique. — Le titre même du livre l’indique clairement : Cantique des Cantiques, de Salomon, et nous n’avons aucune raison grave de révoquer en doute l’authenticité de cette formule, qui est plus ancienne que la version des Septante. La tradition à peu près unanime des Juifs et de l’Église catholique attribue également au roi Salomon la composition du Cantique. Divers caractères intrinsèques confirment cette double assertion. Le style est certainement, dans son ensemble, « le pur hébreu de la meilleure époque, » digne par conséquent de l’âge d’or de la littérature hébraïque; digne aussi de Salomon, qui fut un si grand poète (cf. 1 Rois 4, 33. Ici encore les rationalistes allèguent de prétendus aramaïsmes, afin de pouvoir retarder de plusieurs siècles l'époque de la composition ; cette affirmation exagérée s'est présentée à propos de l'Ecclésiaste. La description des splendeurs de Jérusalem, de la cour royale et de tout Israël convient très bien aussi au règne de Salomon, qui ne fut pas surpassé sous ce rapport (cf. 1, 4, 8 ; 3, 7-11 ; 4, 4, 12-15 ; 8, 11, etc,). ll en est de même des détails si fréquents qui concernent le monde des plantes et celui des animaux, avec lesquels le roi Salomon était intimement familiarisé, d’après 1 Rois 4, 33 (cf. 1, 11-16 ; 2, 1-5 ; 7-17 ; 4, 1-16, etc. 1). Ce fait est donc regardé comme indiscutable.

5° Il n’en est pas de même de la question relative au plan et à la division du livre, car elle a été tranchée de bien des manières. On remarque cependant çà et là des formules identiques, qui paraissent terminer ou commencer un chant ; par exemple, Je vous en conjure, filles de Jérusalem... (2, 7; 3, 5, et 8, 4), et Quelle est celle-ci... (3, 6 ; 6, 9, et 8, 5). En les combinant avec les faits racontés, on peut partager le Cantique en six parties distinctes, qui paraissent assez complètes sous le rapport du fond et de la forme : Premier chant, 1, 1-2, 7 ; Second chant, 2, 8-3, 5 ; Troisième chant, 3, 6-5, 1 ; Quatrième chant, 5, 2-6, 8 ; Cinquième chant, 6, 9 8, 4 ; Sixième chant, 8, 5-14 (On a depuis assez longtemps abandonné la division trop factice de Bossuet en sept parties, qui correspondraient aux sept jours des fêtes nuptiales). Il y a, pour l'idée, une gradation ascendante très sensible dans les différents chants ; le Christ et l'Église vont s’entr’aimant de plus en plus et se manifestent toujours davantage leur céleste amour. Leur union devient plus étroite à chaque chant ; au dernier, elle reçoit sa consommation et son couronnement dans le ciel.

Auteurs à consulter. — Aux premiers siècles, Origène, saint Grégoire de Nysse et Théodoret, dans l'Église grecque ; saint Ambroise, saint Grégoire le Grand et Bède le Vénérable, dans l'Église latine. Au moyen âge, Honorius d’Autun, saint Bernard, Nicolas de Lyre et saint Thomas d‘Aquin. Aux temps modernes, Pineda (Praelectio sacra in Cant., 1602), Sanchez (Lyon, 1616), Bossuet (Libri Salomonis... cum notis, Paris, 1693), Calmet. Au XIXème siècle, Le Hir (Le Cantique des cantiques, précédé d’une étude sur le vrai sens du Cantique, par M. l’abbé Grandvaux ; Paris, 1883), Mgr Meignan (Salomon, son règne, ses écrits; Paris, 1890); G. Gietmann (Commentarius in Ecclesiasten et Canticum canticorum; Paris, 1890).



Le Cantique

des Cantiques



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Les baisers de sa bouche

1 1 Cantique des Cantiques, de Salomon. 2 Qu'il m’embrasse des baisers de sa bouche car ton amour est meilleur que le vin. 3 Tes parfums ont une odeur suave, ton nom est une huile épandue, c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment. 4 Entraîne-moi après toi, courons. Le roi m'a fait entrer dans ses appartements. Nous tressaillirons, nous nous réjouirons en toi, nous célébrerons ton amour plus que le vin. Qu'on a raison de t'aimer. [L'ÉPOUSE :] 5 Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon. 6 Ne prenez pas garde à mon teint noir, c'est le soleil qui m'a brûlée. Les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m'ont mise à garder des vignes ; ma vigne, à moi, je ne l'ai pas gardée.


Toi que mon Cœur aime

7 Dis-moi, ô toi que mon cœur aime, où tu mènes paître tes brebis, où tu les fais reposer à midi, pour que je ne sois pas comme une égarée, autour des troupeaux de tes compagnons. [LE CHŒUR :] 8 Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes, sors sur les traces de ton troupeau, et mène paître tes chevreaux près des huttes des bergers. [L'ÉPOUX :] 9A ma cavale, quand elle est attelée aux chars de Pharaon, je te compare, ô mon amie. 10 Tes joues sont belles au milieu des colliers, ton cou est beau au milieu des rangées de perles. 11 Nous te ferons des colliers d'or, pointillés d'argent. [L'ÉPOUSE :] 12 Tandis que le roi était à son divan, mon nard a donné son parfum.




Un sachet de myrrhe entre mes seins

13 Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins. 14 Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre, dans les vignes d'Engaddi. [L'ÉPOUX :] 15 Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle, tes yeux sont des yeux de colombe. [L'ÉPOUSE :] 16 Oui, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es charmant. Notre lit est un lit de verdure. [L'ÉPOUX :] 17 Les poutres de nos maisons sont des cèdres, nos lambris sont des cyprès.


Je suis malade d'amour

2 [L'ÉPOUSE :] 1 Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées. [L'ÉPOUX :] 2 Comme un lis au milieu des épines, telle est mon amie parmi les jeunes filles. [L'ÉPOUSE :] 3 Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. J'ai désiré m'asseoir à son ombre et son fruit est doux à mon palais. 4 Il m'a fait entrer dans son cellier et la bannière qu'il lève sur moi, c'est l'amour. 5 Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin, fortifiez-moi avec des pommes car je suis malade d'amour. 6 Que sa main gauche soutienne ma tête et que sa droite me tienne embrassée. [L'ÉPOUX :] 7 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles et les biches des champs, n'éveillez pas, ne réveillez pas la bien-aimée, avant qu'elle le veuille. [L'ÉPOUSE :] 8 La voix de mon bien-aimé, voici qu'il vient, bondissant sur les montagnes, sautant sur les collines.


Mon bien-aimé est semblable à la gazelle

9 Mon bien-aimé est semblable à la gazelle ou au faon des biches. Le voici, il est derrière notre mur, regardant par la fenêtre, épiant par le treillis. 10 Mon bien-aimé a pris la parole, il m'a dit : "Lève-toi, mon amie, ma belle et viens 11 car voici que l'hiver est fini, la pluie a cessé, elle a disparu. 12 Les fleurs ont paru sur la terre, le temps des chants est arrivé, la voix de la tourterelle s'est fait entendre dans nos campagnes, 13 le figuier pousse ses fruits naissants, la vigne en fleur donne son parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle et viens. 14 Ma colombe, qui te tiens dans la fente du rocher, dans l'abri des parois escarpées. Montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix car ta voix est douce et ton visage charmant. 15 Prenez-nous les renards, les petits renards, qui ravagent les vignes, car nos vignes sont en fleur."


Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui

16 Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui, il fait paître son troupeau parmi les lis. 17 Avant que vienne la fraîcheur du jour et que les ombres fuient, reviens. Sois semblable, mon bien-aimé, à la gazelle ou au faon des biches, sur les montagnes ravinées.



J'ai cherché celui que mon cœur aime

3 1 Sur mon lit, pendant la nuit, j'ai cherché celui que mon cœur aime, je l'ai cherché et je ne l'ai pas trouvé. 2 "Levons-nous, me suis-je dit, parcourons la ville, les rues et les places, cherchons celui que mon cœur aime." Je l'ai cherché et je ne l'ai pas trouvé. 3 Les gardes m'ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville. "Avez-vous vu celui que mon cœur aime ?" 4 A peine les avais-je dépassés, que j'ai trouvé celui que mon cœur aime. Je l'ai saisi et je ne le lâcherai pas, jusqu'à ce que je l'aie introduit dans la maison de ma mère et dans la chambre de celle qui m'a donné le jour.


Ne réveillez pas la bien-aimée

[L'ÉPOUX :] 5 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles et les biches des champs, n'éveillez pas, ne réveillez pas la bien-aimée, avant qu'elle le veuille. [LE CHŒUR :] : 6 Quelle est celle-ci qui monte du désert, comme une colonne de fumée, exhalant la myrrhe et l'encens, tous les aromates des marchands ? 7 Voici le lit de Salomon ; autour de lui, soixante braves d'entre les vaillants d'Israël. 8 Tous sont armés de l'épée, exercés au combat. Chacun porte son épée sur sa hanche, pour écarter les alarmes de la nuit. 9 Le roi Salomon s'est fait un lit des bois du Liban. 10 Il en a fait les colonnes d'argent, le dossier d'or, le siège de pourpre ; au milieu est une broderie, œuvre d'amour des filles de Jérusalem. 11 Sortez, filles de Sion et voyez le roi Salomon, avec la couronne dont sa mère l'a couronné, le jour de ses épousailles, le jour de la joie de son cœur.


Tu es toute belle, mon amie

4 [L'ÉPOUX :] 1 Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle, tes yeux sont des yeux de colombes derrière ton voile ; tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, suspendues aux flancs de la montagne de Galaad. 2 Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui remontent du lavoir ; chacune porte deux jumeaux, et, parmi elles, il n'est pas de stérile. 3 Tes lèvres sont comme un fil de pourpre et ta bouche est charmante ; ta joue est comme une moitié de grenade, derrière ton voile. 4 Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour servir d'arsenal ; mille boucliers y sont suspendus, tous les boucliers des braves. 5 Tes deux seins sont comme deux faons, jumeaux d'une gazelle, qui paissent au milieu des lis. 6 Avant que vienne la fraîcheur du jour et que les ombres fuient, j'irai à la montagne de la myrrhe, et à la colline de l'encens. 7 Tu es toute belle, mon amie, et il n'y a pas de tache en toi. 8 Avec moi, viens du Liban, ma fiancée, viens avec moi du Liban. Regarde du sommet de l'Amana, du sommet du Sanir et de l'Hermon, des tanières des lions, des montagnes des léopards. 9 Tu m'as ravi le cœur, ma sœur fiancée tu m'as ravi le cœur par un seul de tes regards, par une seule des perles de ton collier.


Ma fiancée est une fontaine scellée

10 Que ton amour a de charme, ma sœur fiancée. Combien ton amour est meilleur que le vin et l'odeur de tes parfums, que tous les aromates. 11 Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée, le miel et le lait sont sous ta langue et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban. 12 C'est un jardin fermé que ma sœur fiancée, une source fermée, une fontaine scellée. 13 Tes pousses sont un bosquet de grenadiers, avec les fruits les plus exquis ; le cypre avec le nard, 14 le nard et le safran, la cannelle et le cinnamome, avec tous les arbres à encens, la myrrhe et l'aloès, avec tous les meilleurs baumiers. 15 Source de jardins, puits d'eaux vives, ruisseau qui coule du Liban. [L'ÉPOUSE :] 16 Levez-vous vents du nord ; venez vents du sud. Soufflez sur mon jardin et que ses baumiers exsudent. Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu'il mange de ses beaux fruits.


Je dors mais mon cœur veille

5 [L'ÉPOUX :] 1 Je suis entré dans mon jardin, ma sœur fiancée, j'ai cueilli ma myrrhe avec mon baume ; j'ai mangé mon rayon avec mon miel, j'ai bu mon vin avec mon lait. Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés. [L'ÉPOUSE :] 2 Je dors mais mon cœur veille. C'est la voix de mon bien-aimé. Il frappe : "Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, mon immaculée ; car ma tête est couverte de rosée, les boucles de mes cheveux sont trempées des gouttes de la nuit." 3 J'ai ôté ma tunique, comment la remettre ? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? 4 Mon bien-aimé a passé la main par le trou de la serrure et mes entrailles se sont émues sur lui. 5 Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe exquise, sur la poignée du verrou.


Ô la plus belle des femmes

6 J'ouvre à mon bien-aimé mais mon bien-aimé avait disparu, il avait fui. J'étais hors de moi quand il me parlait. Je l'ai cherché et ne l'ai pas trouvé ; je l'ai appelé, il ne m'a pas répondu. 7 Les gardes m'ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville ; ils m'ont frappée, ils m'ont meurtrie ; ils m'ont enlevé mon manteau, ceux qui gardent la muraille. 8 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade d'amour. [LE CHŒUR :] : 9 Qu'a donc ton bien-aimé de plus qu'un autre bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? Qu'a donc ton bien-aimé de plus qu'un autre bien-aimé, pour que tu nous conjures de la sorte ?


Mon bien-aimé est Frais et Vermeil

[L'ÉPOUSE] : 10 Mon bien-aimé est frais et vermeil ; il se distingue entre dix mille. 11 Sa tête est de l'or pur, ses boucles de cheveux, flexibles comme des palmes, sont noires comme le corbeau. 12 Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux, se baignant dans le lait, posées sur les rives. 13 Ses joues sont comme des parterres de baumiers, des carrés de plantes odorantes ; ses lèvres sont des lis, d'où découle la myrrhe la plus pure. 14 Ses mains sont des cylindres d'or, émaillés de pierres de Tharsis ; son sein est un chef-d'œuvre d'ivoire, couvert de saphirs. 15 Ses jambes sont des colonnes d'albâtre, posées sur des bases d'or pur. Son aspect est celui du Liban, élégant comme le cèdre. 16 Son palais n'est que douceur et toute sa personne n'est que charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem.


Je suis à mon Bien-aimé, Il est à moi

6 [LE CHŒUR :] : 1 Où est allé ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? De quel côté ton bien aimé s'est-il tourné, pour que nous le cherchions avec toi ? [L'ÉPOUSE :] 2 Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, aux parterres d’aromates, pour faire paître son troupeau dans les jardins et pour cueillir des lis. 3 Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi ; il fait paître son troupeau parmi les lis. [L'ÉPOUX :] 4 Tu es belle, mon amie, comme Thirsa, charmante comme Jérusalem, mais terrible comme des bataillons. 5 Détourne de moi tes yeux car ils me troublent. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, suspendues aux flancs de la montagne de Galaad. 6 Tes dents sont comme un troupeau de brebis, qui remontent du lavoir ; chacune porte deux jumeaux et parmi elles, il n'est pas de stérile. 7 Ta joue est comme une moitié de grenade, derrière ton voile. 8 Il y a soixante reines, quatre-vingts concubines et des jeunes filles sans nombre : 9 une seule est ma colombe, mon immaculée ; elle est l'unique de sa mère, la préférée de celle qui lui donna le jour. Les jeunes filles l'ont vue et l'ont proclamée bienheureuse ; les reines et les concubines l'ont vue et l'ont louée : 10 "Quelle est celle-ci qui apparaît comme l'aurore, belle comme la lune, pure comme le soleil, mais terrible comme des bataillons ?" 11 J'étais descendu au jardin des noyers, pour voir les herbes de la vallée, pour voir si la vigne pousse, si les grenadiers sont en fleurs. 12 Je ne sais, mais mon amour m'a fait monter sur les chars de mon noble peuple.


Mon amour, au milieu des délices

7 [LE CHŒUR :] 1 Reviens, reviens, Sulamite, reviens, reviens, afin que nous te regardions. [L'ÉPOUX :] Pourquoi regardez-vous la Sulamite, comme une danse de Machanaïm. [LE CHŒUR :] 2 Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince. La courbe de tes hanches est comme un collier, œuvre d'un artiste. 3 Ton nombril est une coupe arrondie, où le vin aromatisé ne manque pas. Ton ventre est un monceau de froment, entouré de lis. 4 Tes deux seins sont comme deux faons, jumeaux d'une gazelle. 5 Ton cou est comme une tour d'ivoire ; tes yeux sont comme les piscines d'Hésébon, près de la porte de Bath-Rabbim. Ton nez est comme la Tour du Liban, qui surveille le côté de Damas. 6 Ta tête est posée sur toi comme le Carmel, la chevelure de ta tête est comme la pourpre rouge : un roi est enchaîné à ses boucles. [L'ÉPOUX :] 7 Que tu es belle, que tu es charmante, mon amour, au milieu des délices.


Mon bien-aimé porte vers moi ses désirs

8 Ta taille ressemble au palmier et tes seins à ses grappes. 9 J'ai dit : je monterai au palmier, j'en saisirai les régimes. Que tes seins soient comme les grappes de la vigne, le parfum de ton souffle comme celui des pommes 10 et ton palais comme un vin exquis. [L'ÉPOUSE :] Qui coule aisément pour mon bien-aimé, qui glisse sur les lèvres de ceux qui s'endorment. 11 Je suis à mon bien-aimé et c'est vers moi qu'il porte ses désirs. 12 Viens, mon bien-aimé, sortons dans les champs, passons la nuit dans les villages. 13 Dès le matin nous irons aux vignes, nous verrons si la vigne bourgeonne, si les bourgeons se sont ouverts, si les grenadiers sont en fleurs ; là je te donnerai mon amour. 14 Les mandragores font sentir leur parfum et nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits, les nouveaux et aussi les vieux : mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi.


L'amour est fort comme la mort

8 1 Oh que ne m'es-tu un frère, qui aurait allaité aux seins de ma mère. Te rencontrant dehors, je t'embrasserais et on ne pourrait me mépriser. 2 Je t'amènerais, je t'introduirais dans la maison de ma mère : tu m'enseignerais et je te ferais boire du vin aromatisé, le jus de mes grenades. 3 Sa main gauche est sous ma tête et sa droite me tient embrassée. [L'ÉPOUX :] 4 Je vous en conjure, filles de Jérusalem, n'éveillez pas, ne réveillez pas la bien-aimée, avant qu'elle le veuille. [LE CHŒUR : ] 5 Quelle est celle-ci qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé ? [L'ÉPOUX:] Je t'ai réveillée sous le pommier, là, ta mère t'a conçue ; là, elle t'a conçue, là, elle t'a donné le jour. 6 Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras ; car l'amour est fort comme la mort, la jalousie est inflexible comme le schéol. Ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme du Seigneur.


Je suis celle qui a trouvé la paix

7 Les grandes eaux ne sauraient éteindre l'amour et les fleuves ne le submergeraient pas. Un homme donnerait-il pour l'amour toutes les richesses de sa maison, on ne ferait que le mépriser. [LE CHŒUR : ] 8 Nous avons une petite sœur, qui n'a pas encore de seins : que ferons-nous à notre sœur, le jour où on la recherchera ? 9 Si elle est un mur, nous lui ferons un couronnement d'argent ; si elle est une porte, nous la fermerons avec une planche de cèdre. [L'ÉPOUSE :] 10 Je suis un mur et mes seins sont comme des tours, aussi suis-je, à ses yeux, celle qui a trouvé la paix. [LE CHŒUR :] 11 Salomon avait une vigne à Baal-Hamon, il remit la vigne à des gardiens et pour son fruit chacun devait lui apporter mille sicles d'argent. [L'ÉPOUSE :] 12 La vigne qui est à moi, j'en dispose : à toi, Salomon, les milles sicles et deux cents aux gardiens de son fruit. [L'ÉPOUX :] 13 Toi qui habites les jardins, les compagnons prêtent l'oreille à ta voix, daigne me la faire entendre. [L'ÉPOUSE :] 14 Cours, mon bien aimé et sois semblable à la gazelle ou au faon des biches, sur les montagnes des baumiers.



Notes sur le Cantique des Cantiques


Explications verset par verset sur JesusMarie.com


1.5 Les tentes de Cédar ; c’est-à-dire des Arabes cédaréniens ou Scénites, étaient de poils de chèvres, lesquelles sont presque toutes noires en ce pays. ― Les tentes ; littéralement les peaux ; parce que cette sorte d’habitations étaient anciennement faite avec des peaux ; mais disons que les voyageurs qui nous dépeignent les tentes des rois d’Orient, et celles de leur vizirs et de leurs généraux, ne parlent qu’avec admiration de leur beauté, de leur richesse et de leur magnificence.

1.6 Isaïe 5, 1-7, Jérémie 12, 10 et suiv..

1.9 C’était sans doute l’attelage dont Pharaon, roi d’Égypte, son beau-père, lui avait fait présent.

1.12 Mon nard. Son parfum est sa réponse d’amour à la présence du Roi [BJ, 1951, p.32] Les femmes dans l’Orient portaient sur elles des bouquets de myrrhe.

1.14 Cypre ; c’est le nom d’un arbrisseau, ayant la feuille semblable à celle de l’olivier, la fleur blanche et odorante, et les fruits pendants en grappes d’une odeur fort agréable. On en cueillait à Engaddi, ville située non loin de Jéricho, et devenue célèbre par l’abondance de ses palmiers, de ses vignes et de ses bananiers. ― « Le cypre ou chypre, en hébreu cophér, est l’arbuste nommé par les Arabes henna ou henné (Lawsonia inermis) dont les feuilles étaient employées par les Égyptiennes pour se teindre les mains et les pieds et parfois les cheveux. Les Juives adoptèrent cette mode qui se répandit ensuite dans tout l’Orient. Cet arbuste porte de charmantes fleurs d’un jaune d’or rassemblées en grappe sur des tiges dont le vif incarnat contraste agréablement avec la fraîche verdure des feuilles. Ces fleurs étaient fort estimées, pour leur suave odeur, par les femmes israélites ; elles en faisaient des bouquets qu’elles portaient dans leur sein et des couronnes dont elles ornaient leur tête. » (E. RIMMEL.)

2.4 Dans son cellier. Chez les anciens le cellier n’était pas une cave obscure, mais un lieu élevé de la maison où l’on mettait non seulement le vin, mais encore d’autres provisions et tout ce qu’on avait de plus précieux ; ce lieu était voisin de la chambre nuptiale. Homère nous apprend, en effet, que dans le palais d’Ulysse on conservait le vin et l’huile dans de grandes cruches rangées le long de la muraille dans un appartement d’en haut, où était aussi beaucoup d’or, d’argent et d’habits, outre le lit nuptial. Ainsi il n’est pas étonnant que l’Épouse dise plus d’une fois dans ce livre qu’elle a été introduite dans le cellier de l’Époux. ― Il a réglé (ordinavit) en moi la charité ; c’est-à-dire comme l’exprime saint Thomas d’Aquin, il a mis en moi un amour bien réglé, en sorte que je ne m’aimasse moi-même, et que je n’aimasse le prochain que pour Dieu, et que j’aimasse Dieu lui-même par-dessus toutes choses.

2.7 Je vous conjure, etc. L’Époux, sortant de grand matin de la chambre de son épouse, la laisse endormie, et conjure qu’on ne le l’éveille pas. ― Par les gazelles et les biches. Ces animaux sont l’image de tout ce qui est beau et gracieux.

2.9 par le treillis. Voir Proverbes, note 7.6.

2.11 L’hiver est fini, la pluie a cessé. Les pluies cessent ordinairement en mars en Palestine et leur cessation marque la fin de l’hiver.

2.12 Les fleurs ont paru sur la terre. En mars, la Palestine est un tapis de fleurs. ― La voix de la tourterelle. Les tourterelles sont dans la Terre Sainte des oiseaux de passage qui y reviennent au printemps : leur voix annonce le retour de cette saison agréable entre toutes, car elles arrivent les premières parmi les oiseaux de passage et se font entendre partout et sans cesse.

2.13 Le figuier en Palestine produit deux ou même trois récoltes, en juin, en août et à l’entrée de l’hiver. Dès que l’hiver finit, les premières figues commencent à pousser sur l’arbre.

2.15 Les petits renards, proprement les chacals. Ces animaux font de grands ravages dans les vignes.

2.16 fait paître son troupeau parmi les lis ; qui répand une odeur aussi agréable que s’il était nourri de lis, et que s’il avait passé la nuit parmi les fleurs les plus odorantes.

2.17 Les montagnes ravinées ; selon les Septante, montagnes de cavités. On ne sait au juste quelles étaient ces montagnes ; mais on peut supposer qu’elles étaient très agréables et remplies de gibier, puisque l’Épouse compare son bien-aimé aux chevreuils et aux fanons de biches qui les habitaient.

3.5 Je vous conjure, etc. Voir Cantique, 2, 7.

3.8 les alarmes de la nuit ; c’est-à-dire à cause des surprises qu’on peut craindre pendant la nuit. La coutume de mettre ainsi des gardes pour le lit du roi existait aussi chez les Romains.

3.11 Sortez, etc. Les filles de la noce invitent les autres filles de Jérusalem à venir voir Salomon orné du diadème.

4.1 Galaad, pays fécond en troupeaux, en pâturages et particulièrement en belles chèvres. ― La montagne de Galaad est très fertile et riche en pâturages et les chèvres y sont nombreuses.

4.3 Comme une moitié de grenade. La grenade ouverte montre les graines dont elle est pleine et qui sont d’un beau rouge incarnat.

4.4 Mille boucliers y sont suspendus. Les perles et joyaux qui ornent le cou de l’Épouse.

4.8 Amana, montagne de la chaîne de l’Anti-Liban. ― Sanir, nom amorrhéen de l’Hermon. ― Hermon, partie méridionale de la chaîne de l’Anti-Liban. ― Les lions et les autres animaux féroces étaient autrefois nombreux dans ces montagnes ; on n’y trouve plus que la panthère. Le sens de ce verset est fort controversé. Plusieurs commentateurs l’entendent dans ce sens : Quitte les montagnes sauvages, repaire des bêtes fauves, et viens habiter avec moi.

4.12 Un jardin fermé. Voir Ecclésiaste, note 2.5. ― La Fontaine scellée est, pense-t-on, le Ras el-Aïn actuel, au sud de Bethléhem, à une centaine de mètres de la forteresse de Kalaâh el-Bourak. « Un escalier de vingt-six marches mène dans une première chambre taillée dans le roc et voûtée en plein cintre, ayant le haut percé d’une ouverture circulaire. Le milieu de cette chambre, qui mesure douze à treize mètres en long sur quatre à cinq de large, est occupé par un petit bassin rectangulaire. C’est là que l’eau vient se rassembler d’abord. De là elle est conduite par un aqueduc au château d’eau [des Bassins ou Vasques de Salomon, près de Kalaâh el-Bourak]. Cet aqueduc, taillé en grande partie dans la roche et voûté au commencement en forme de dos d’âne, est ouvert dans la paroi est. Par une porte qui s’ouvre dans la paroi ouest, on entre dans une deuxième chambre, également taillée dans le rocher et voûtée en plein cintre. Là on voit une abside pratiquée dans la paroi sud et une autre dans celle de l’ouest. Cette paroi est revêtue de briques, mais qui ne sont pas très anciennes. C’est au bas de cette dernière abside que sort du rocher la plus grande partie de ces eaux lesquelles, pures et limpides comme du cristal, vont se jeter par un étroit canal dans un petit réservoir d’où elles sortent aussitôt pour aller se déverser dans celui de la première chambre. » (LIEVIN.)

4.14 « Le safran se compose des stigmates desséchés [de la plante qui porte ce nom], du crocus sativus. C’était un des aromates les plus appréciés des anciens ; mais il n’est guère employé maintenant que pour la teinture ou comme condiment dans la cuisine méridionale. » (E. RIMMEL.) Pour les autres parfums, voir Exode, notes 30.23 à 30.34.

5.1 Enivrez-vous. Dans ce passage, comme dans plusieurs autres, le verbe ne signifie pas boire au point de troubler le cerveau, il veut dire seulement boire autant que la soif et la nécessité le demandent, ou bien encore faire grande chère, se réjouir.

5.3 J’ai lavé mes pieds. Comme les Orientaux portent ordinairement des sandales, ils se lavent souvent les pieds pour en enlever la poussière.

5.4 Par le trou de la serrure, pour l’ouvrir.

5.7 Mon manteau. Le manteau des femmes orientales, qui leur sert en même temps de voiles, les couvre complètement.

5.9 A quel signe pourrons-nous le reconnaître pour ton bien-aimé particulier ?

5.15 élégant comme les cèdres ; parmi tous les autres arbres.

5.16 Son palais ; c’est-à-dire, le son de sa voix, sa parole.

6.11 Bien que je sois descendu dans le jardin des noyers, afin de voir les fruits des vallées, c’est-à-dire si la vigne avait fleuri et si les grenades avaient germé, je n’ai pu m’en assurer, parce que j’ai été troublé par la rapidité avec laquelle m’entraînaient les quadriges du cocher Aminadab.

7.1 Sulamite, la pacifique, nom correspondant à Salomon, qui signifie le pacifique.Pourquoi regardez-vous. Suivant les uns, ce sont les paroles de l’Époux qu’il s’adresse à lui-même ou qu’il adresse aux filles de Jérusalem ; suivant les autres, c’est l’Épouse elle-même qui parle ; suivant d’autres enfin ce sont les filles de Jérusalem. ― L’Épouse a été déjà comparée à une armée rangée en bataille.

7.4 Tes yeux, etc. Les Hébreux donnaient aux fontaines le nom d’yeux ; c’est ce qui fait ici une des beautés de la comparaison.

7.5 Hésébon, ville ancienne et célèbre au-delà du Jourdain.

7.5 Anciennement on liait les tresses des cheveux avec des rubans de pourpre.

7.9 Digne de mon bien-aimé pour boire, et pour savourer.

8.6 Comme un sceau sur ton bras. Allusion sans doute à une coutume semblable à celle des Assyro-Chaldéens, qui avaient pour sceau une pierre précieuse gravée, en forme de cylindre ; ils la portaient attachée à leur bras.

8.8 le jour où on la recherchera ; c’est-à-dire la demander en mariage. Genèse, 34, verset 4 et suivants.

8.14 Les montagnes des baumiers, les montagnes sans doute où poussent des plantes aromatiques, comme à Cantique, 4, 6, la colline de l’encens.



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